Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais

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Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais
Louis Charles Mahé de La Bourdonnais
Portrait post-mortem réalisé par Marlet à partir d'un moulage du visage[1].
Biographie
Naissance
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Sépulture
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Activité
Père
Louis François Mahé de La Bourdonnais (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Sport

Louis Charles Mahé de La Bourdonnais, parfois abrégé en Charles de La Bourdonnais[a], né vers 1796[b] à l'île de La Réunion[c] et mort le à Londres, est un joueur d'échecs français.

Petit-fils de Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, il est le fondateur de la première revue d'échecs, Le Palamède. Il est considéré comme le plus fort joueur d'échecs au début du XIXe siècle et l'un de ceux que la France a eu après François-André Danican Philidor, notamment grâce à son talent extraordinaire pour les combinaisons. Son style de jeu est moderne. Certaines ouvertures portent son nom encore aujourd'hui, dans la partie italienne[2], Evgueny Svechnikov lui a attribué une variante de la défense sicilienne : la variante La Bourdonnais.

La Bourdonnais était considéré comme le champion du monde d'échecs non officiel (il n'y avait pas de titre officiel à l'époque) à partir de 1821 — date à laquelle il put battre son professeur Alexandre Deschapelles — jusqu'à sa mort en 1840. En effet, sa série de matches la plus célèbre, considérée comme un championnat du monde officieux, a été celle contre le joueur irlandais Alexander McDonnell en 1834.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Dans sa jeunesse, Charles Mahé de La Bourdonnais passe déjà beaucoup de temps au célèbre Café de la Régence à Paris, où il a sa propre table et joue aux échecs presque chaque jour, de midi jusqu'à minuit, le « jeu royal » occupant toute sa vie. Il joue contre quiconque est disposé à risquer une petite somme. Il prend des cours auprès d'Alexandre Deschapelles, le joueur le plus fort de France jusque-là, mais il finit par le détrôner.

En 1821, il bat John Cochrane dans un match à Paris par le score de 7 à 0.

En 1827, il publie la biographie de son grand-père, Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, un éminent amiral français.

En 1833, il publie un manuel sur les échecs : Nouveau Traité du jeu des échecs (Paris), entièrement composé pour les amateurs et les passionnés d'échecs.

Match avec McDonnell (1834)[modifier | modifier le code]

Puisqu'il n'y avait plus en France aucun joueur qui pût le battre, La Bourdonnais alla en 1834 à Londres pour y défier celui qui était le joueur le plus fort du Royaume-Uni, l'Irlandais Alexander McDonnell. Ce premier match, mémorable dans l'histoire des échecs, dura de juin jusqu'à en plusieurs étapes et totalisa 85 parties. La Bourdonnais gagna sur le score de 45 victoires, 27 défaites et 13 parties nulles (+45 −27 =13).

Les parties, jouées encore sans minutage, furent notées et publiées. Les rencontres se déroulaient dans les cafés de l'époque, et dans une atmosphère bruyante, ce qui déstabilisa le calme McDonnell, alors que La Bourdonnais y était insensible. Celui-ci d'ailleurs, ne se privait pas de faire des commentaires sur le jeu de son adversaire pendant les parties.

Fin de carrière[modifier | modifier le code]

Après cette victoire contre McDonnell, La Bourdonnais fut considéré comme le joueur le plus fort du monde. Il revint à Paris et y fonda le premier journal d'échecs, Le Palamède, dont la première version parut de 1836 à 1839.

Peu après, il fut atteint d'hydropisie. Il partit en Angleterre pour se soigner et mourut à Londres le à 43 ans.

Quelques parties remarquables[modifier | modifier le code]

McDonnell vs. La Bourdonnais
abcdefgh
8
Fou noir sur case noire d8
Tour noire sur case blanche g8
Roi noir sur case noire h8
Pion blanc sur case blanche d7
Pion noir sur case noire g7
Pion noir sur case blanche h7
Pion noir sur case noire a5
Dame blanche sur case noire c3
Pion blanc sur case blanche a2
Pion blanc sur case noire b2
Pion noir sur case noire d2
Pion noir sur case blanche e2
Pion noir sur case noire f2
Pion blanc sur case blanche g2
Pion blanc sur case noire h2
Tour blanche sur case blanche d1
Roi blanc sur case blanche h1
8
77
66
55
44
33
22
11
abcdefgh
Position finale après 37. ..e2

La première partie ci-dessous démontre la force des pions. La position finale est l'une des plus surprenantes de l'histoire des échecs.

Alexander McDonnell - Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais,
Londres, 1834, défense sicilienne (Code ECO : B32)[3] :

1. e4 c5 2. Cf3 Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 e5

Il s'agit de la variante La Bourdonnais.

5. Cx6 bxc6 6. Fc4 Cf6 7. Fg5 Fe7 8. De2 d5 9. Fxf6 Fxf6 10. Fb3 0-0 11. 0-0 a5 12. exd5 cxd5 13. Td1 d4 14. c4 Db6 15. Fc2 Fb7 16. Cd2 Tae8! 17. Ce4 Fd8 18. c5 Dc6 19. f3 Fe7 20. Tac1 f5 21. Dc4+ Rh8 22. Fa4 Dh6! 23. Fxe8 fxe4 24. c6 exf3? (24...De3+ 25. Rh1 exf3) 25. Tc2 De3+ 26. Rh1?

Le maître yougoslave Vukovic indique qu'après 26. Tf2 fxg2, le coup 27. De2 est bon pour les Blancs[4].

26...Fc8 27. Fd7 f2 28. Tf1 d3 29. Tc3 Fxd7 30. cxd7 (si 30. Txd3, alors 30...De2!) 30...e4 31. Dc8 Fd8 32. Dc4 De1 33. Tc1 d2 34. Dc5 Tg8 35. Td1 e3 36. Dc3 Dxd1! 37. Txd1 e2 (diagramme) 0-1.

Les trois pions noirs dominent la dame et la tour blanche, la promotion d'un pion noir en dame est inarrêtable.

Autre partie :

La Bourdonnais (avec les Blancs) punit l'attaque prématurée de McDonnell.

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon Carry Utterberg, De La Bourdonnais versus McDonnell (2005), p. 5, l'acte de mariage et l'acte de décès de La Bourdonnais écrivent son nom Charles de La Bourdonnais, tandis que les livres de La Bourdonnais portaient comme nom d'auteur : L. C. DE LA BOURDONNAIS.
  2. Il est né selon les sources en 1795, 1796 ou 1797 : (en) Harold Murray, A History of Chess, Oxford University Press, , 900 p. (ISBN 0-19-827403-3), p. 879 ; François Le Lionnais, Dictionnaire des échecs, PUF, 1967 ; Le Guide des échecs de Nicolas Giffard donne la date de 1795 page 352, comme date de naissance 1797, page 796 et indique page 356 qu'il est mort à 43 ans en décembre 1840.
  3. Et non pas l'île Bourbon, car l'île avait été rebaptisée en 1793.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Le Palamède, Revue mensuelle des échecs et autres jeux, 15 décembre 1841.
  2. « Ouvertures d'échecs - C53: ouverture italienne (système Giuoco Piano, variante Labourdonnais) [1.e4 e5 2.Nf3 Nc6 3.Bc4 Bc5 4.c3 d6 5.d4 exd4 6.cxd4 Bb6 ] », sur chessopenings.com (consulté le )
  3. (en) La partie sur Chessgames.com (consulté le 27 décembre 2020).
  4. Tristan Roux, Florilège des échecs en France, Payot, 1974, p. 50. (ISBN 2-228-15200-5)
(en)/(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais » (voir la liste des auteurs) et en allemand « Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]