Lois noahides

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L'Arc-en-ciel est le symbole classique du mouvement noahide, rappelant l'arc-en-ciel apparu dans les cieux à la suite du Déluge biblique.

Les Sept Lois de Noé (hébreu : שבע מצוות בני נח - Sheva mitzvot B'nei Noa'h), plus souvent appelées lois noahides et parfois lois noachiques, sont une liste de sept impératifs moraux qui auraient été donnés, d'après la tradition juive, par Dieu à Noé comme une alliance éternelle avec toute l'humanité.

Judaïsme intertestamentaire[modifier | modifier le code]

Au chapitre VII du Livre des Jubilés, verset 21, Noé « prescrit à ses enfants d'accomplir la justice, de couvrir la honte de leur corps, de bénir leur Créateur, d'honorer père et mère, d'aimer chacun son prochain, de se garder de la fornication, de l'impureté et de toute violence. » Les éditeurs des Écrits intertestamentaires (Pléiade) précisent (note 20) : « la notion de commandements noahides est commune à l'essénisme et au pharisaïsme, mais leur nombre et leur liste paraissent avoir varié. »

Judaïsme rabbinique[modifier | modifier le code]

La tradition juive actuelle, qui se base notamment sur Gen. 2, 24; 9, 4-6 et Lv. 17-18; 24, 16, se lit principalement dans une baraitha (IIe siècle de notre ère) du Talmud de Babylone (Sanhédrin 56a), à laquelle fait allusion aussi la Tosefta (Avoda Zara, IX). Elle énumère les commandements suivants.

Liste des sept lois noachides[modifier | modifier le code]

Les commandements :

  • d'établir des tribunaux ;
  • de l'interdiction de blasphémer ;
  • de l'interdiction d'idolâtrie ;
  • de l'interdiction d'unions illicites ;
  • de l'interdiction d'assassiner ;
  • de l'interdiction de voler ;
  • de l'interdiction de manger la chair arrachée à un animal vivant.

Selon le judaïsme, tout non-Juif vivant en accord avec ces sept lois est considéré comme un Gentil Vertueux et a, par l'observance de ces lois, sa part au monde à venir[1]. Les adhérents à ces lois sont souvent appelés B'nei Noah (Enfants de Noé) ou Noahides, et peuvent souvent se retrouver dans des synagogues juives.

Les lois noahides furent, toujours selon la tradition rabbinique, précédées par les Six Lois d'Adam, données à Adam par Dieu dans le jardin d'Éden[2]. Lors de la révélation sur le Sinaï, les sept lois furent suivies des Dix Commandements. Les 613 mitzvot contenues dans la Torah écrite et leurs élaborations dans la Torah orale (bien que ce nombre de 613 remonte probablement lui-même à un enseignement rabbinique), n'ont de caractère obligatoire que pour les seuls Juifs, ayant hérité des obligations de leurs ancêtres, qui reçurent ce « joug des commandements » de leur plein gré.

On précisera toutefois que les lois noahides se retrouvent dans les 613 commandements talmudiques, et même le décalogue, pour les interdictions du blasphème, de l'idolâtrie, du meurtre et du vol.

Du point de vue de la tradition strictement rabbinique[3], les Chrétiens trinitaires comme les Catholiques, les Orthodoxes et les Protestants ne bénéficient pas des lois noahides, la sainte Trinité étant assimilée à du polythéisme. À l'inverse, les petits groupes religieux chrétiens comme les christadelphes et les unitariens sont reconnus par les autorités juives comme monothéistes.[réf. nécessaire]

Judéo-christianisme[modifier | modifier le code]

Dans les Actes des Apôtres, Luc raconte que, lors du concile de Jérusalem, sous la présidence de Jacques et en présence de Pierre, on convint d'imposer aux païens qui se convertissent en la foi en Jésus-Christ (qui ne s'appelait pas encore le christianisme), des obligations dont il donne à trois reprises la liste (Ac. 15, 20.29; 21, 25) :

  • s'abstenir des viandes immolées aux idoles (comparer la troisième loi noahide : interdiction de l'idolatrie) ;
  • s'abstenir de l'impudicité (comparer la quatrième loi noahide : interdiction des unions illicites, c'est-à-dire les relations hors mariage et l'inceste) ;
  • s'abstenir des animaux étouffés, c'est-à-dire des viandes non saignées (comparer la dernière loi noahide, dont la formulation rabbinique, toutefois, ne correspond pas exactement : interdiction d’arracher un membre d'un animal vivant) ;
  • s'abstenir du sang (comparer la cinquième loi noachide ; interdiction de l'assassinat).

La Première épître aux Corinthiens ferait allusion aux deux premières (I Co. 5, 1 : allusion à l'interdit de l'inceste ; I Co. 8, 1ss : allusion à l’interdit des viandes offertes aux idoles), mais aussi à la première loi noachide (obligation de respecter un tribunal, v. I Co. 6, 1-10) et à la sixième (interdiction du vol, v. I Co. 6, 10) ; quant à la deuxième (interdiction de blasphémer), elle pourrait être évoquée dans d'autres passages pauliniens, comme l'épître aux Romains, 2, 24[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sheva M Bnei Noach, Mishneh Torah.
  2. Gn. 2, 16.24.
  3. En réalité, la « tradition strictement rabbinique » ne prend pas position sur cette question ; l'opinion reçue vient de Maïmonide, mais il s'est trouvé lui-même sur cette question en opposition à des représentants du judaïsme séfarade.
  4. Sur les lois noachides dans le décret apostolique du concile de Jérusalem, voir par exemple l'article de J. DELOBEL dans Noé, l'homme universel (Publ. de l’Inst. Jud., Bruxelles, no 3).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]