Lluís Companys

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Lluís Companys
Illustration.
Fonctions
Président de la généralité de Catalogne
(en exil à partir du )

(9 mois et 6 jours)
Élection
Prédécesseur Francesc Macià
Successeur Suspension de l'autonomie

(4 ans, 7 mois et 14 jours)
Prédécesseur Rétablissement de l'autonomie
Successeur Josep Irla (en exil)
Président du Parlement de Catalogne

(6 mois et 6 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Joan Casanovas
Ministre espagnol de la Marine

(2 mois et 23 jours)
Président Niceto Alcalá-Zamora
Premier ministre Manuel Azaña
Gouvernement Azaña III
Prédécesseur José Giral
Successeur Vicente Iranzo
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance El Tarròs (auj. Tornabous), Province de Lérida (Espagne)
Date de décès (à 58 ans)
Lieu de décès Barcelone (Espagne)
Nationalité espagnole
Parti politique Gauche républicaine de Catalogne
Conjoint Mercè Micó (1910-1936)
Carme Ballester (1936-1940)
Enfants Lluís Companys i Micó (1911-1956)

Lluís Companys Lluís Companys
Présidents du Parlement de Catalogne
Ministres de la Seconde République espagnole
Présidents de la généralité de Catalogne

Lluís Companys i Jover[1] est un avocat et homme politique catalan, né le à El Tarròs (aujourd'hui Tornabous) et mort le à Barcelone. Il a été président de la généralité de Catalogne de 1934 jusqu'à la guerre civile espagnole.

Il est l'avocat et le dirigeant du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Exilé en Loire-Inférieure après la guerre civile espagnole, il y est arrêté par la Gestapo[2] et livré au régime franquiste par le régime de Vichy[3] puis exécuté à Montjuïc.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Ses parents, Josep Companys et Maria Lluisa de Jover, étaient fermiers. Il suivit ses études de droit à l’université de Barcelone. Dès sa jeunesse il participa activement à la vie politique de la Catalogne. En 1906, il participa à la création de Solidaritat Catalana dont il devint le plus jeune dirigeant. Il milita au sein de l’Union fédérale nationaliste républicaine (es) dont il présida la section politique en 1910.

Il fut rédacteur en chef de La Barricada ou La Publicitat, journaux républicains. Son intense activité politique, sa proximité avec les syndicats, lui valurent d'être considéré comme un agitateur, et il fut arrêté quinze fois. Après « la Semaine tragique de Barcelone en 1909, » les rapports de police le qualifiaient d'« individu dangereux ».

Avec Francesc Layret (es), qu’il connut à l’université qui fut son inspirateur politique et son ami, il s’inscrivit au Parti républicain catalan, et siégea sous cette étiquette au conseil municipal de Barcelone en 1917.

En , en compagnie d’autres syndicalistes, Salvador Segui surnommé « el noi de sucre », Martí Barrera et Josep Viadiu (ca), il fut détenu au château « de la Mola » (es). Malgré sa relégation, il remporta les élections législatives en (dans la circonscription de Sabadell) en prenant le siège de Layret assassiné, ce qui lui assura ainsi l’immunité parlementaire, et lui rendit la liberté.

En 1922 il fut l’un des fondateurs de l’Union des Rabassaires (es), où il travailla comme directeur du magazine La Terra pendant les années de dictature, puis en 1925 comme avocat (assessor).

Emprisonné à nouveau, il ne put participer à la « conférence d’Esquerres » du 12 au où fut fondé le parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC), dont il fut membre exécutif.

Seconde République[modifier | modifier le code]

Le , il est nommé gouverneur civil de Barcelone, mais il est remplacé dès le mois de mai par Carlos Esplá.

Le , au cours des élections générales, il est élu député de Barcelone. Il vote le statut d’autonomie de la Catalogne connu sous le nom d’Estatut de Nuria. Entre autres fonctions, il exerce la présidence du Parlement catalan puis la fonction de ministre de la Marine de juin à . En même temps, il poursuit sa carrière journalistique et dirige L'Humanitat (l’organisme officiel de l'ERC) de à .

Après la mort de Francesc Macià, Companys le remplace le comme président du gouvernement autonome catalan.

Le , il proclame la République catalane[4]. Mais le soulèvement attendu est un échec et la Généralité est suspendue, ses conseillers arrêtés. On déplore 107 morts et 11 blessés en 10 heures lors de ce coup d'État. Arrêté pour rébellion en [5], Companys est condamné à 30 ans de réclusion. En 1936, après la victoire du Front populaire, la Généralité est rétablie. Revenu aux affaires, Companys doit gérer la coalition avec les forces de gauche. La Généralité estime à 8 148 personnes le nombre d'assassinats ayant eu lieu en Catalogne entre juillet 1936 et janvier 1939, dont 1 190 prêtres, 795 religieux et 50 religieuses.[réf. nécessaire]

Exil[modifier | modifier le code]

Monument érigé à la mémoire de Lluís Companys au col de Manrella.

Après l’occupation de la Catalogne par les troupes franquistes le , les mouvements anarchistes s'effondrèrent. Toutes les forces de gauche furent harcelées, exécutées. Companys s’exila le jour de l'occupation, depuis le col de Lli à La Vajol, pour se réfugier à Escoublac-la-Baule dans la Loire-Inférieure[6]. Il y rejoint sa femme, Carme Ballester[7]. Il est arrêté le par un policier espagnol, aidé par la Gestapo et la police française[8] (sans en avoir averti l'État français[9],[10]). Jugé et condamné pour haute trahison le par un tribunal militaire[11], il fut, après avoir été torturé[12], fusillé au château de Montjuïc à Barcelone le [6]. Il ne voulut pas qu’on lui bande les yeux et mourut face au peloton d'exécution en criant « pour la Catalogne ! » Visca Catalunya![13]

Une stèle a été érigée en sa mémoire au col de Manrella à la frontière franco-espagnole, situé sur le territoire de la commune d'Agullana.

Une autre stèle est présente à l'endroit de son arrestation à La Baule-Escoublac.

Lluís Companys aujourd'hui[modifier | modifier le code]

L'ancien président reste aujourd'hui une figure marquante de l’indépendantisme catalan. De nombreux hommes politiques catalans rendent hommage à Companys tous les au Fossar de la Pedrera. Le fut particulièrement médiatisé en Catalogne[14], le jour anniversaire des 75 ans du fusillement de Lluís Companys coïncidant avec une citation à comparaître de l'ancien président de la généralité de Catalogne, Artur Mas, devant la justice pour avoir organisé une consultation illégale au sujet de l’indépendance de la Catalogne le .

Des discussions ont actuellement lieu[Quand ?] dans le but d'annuler le procès qui a conduit à l'exécution de ce personnage fondamental du catalanisme historique[15],[16].

Le stade olympique Lluís-Companys de Montjuïc à Barcelone, construit par Pere Domènech i Roura et pouvant accueillir 55 926 spectateurs, porte son nom.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Prononciation catalane : approximativement ‘Lou-iss Koumpagnss’, ou, dans la transcription API : [ʎuˈis kumˈpaɲs]. Ainsi le nom ‘Companys’ ne comporte-t-il que deux syllabes. L’accent tonique doit se placer sur la deuxième (et dernière) syllabe tant pour le prénom que pour le patronyme.
    En castillan de nombreux documents, dont administratifs et officiels, ont aussi utilisé la forme castillanisée Luis Companys y Jover de son vivant, fait aujourd'hui désuet.
    (es) La Vanguardia, En honor de Francisco Maciá (journal), (lire en ligne [PDF]).
  2. Jordi Guixé, « Persécutions d'exil, Persecution of exile », Relations internationales, no 142,‎ , p. 71–86 (ISSN 0335-2013, DOI 10.3917/ri.142.0071, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Lluís Companys (1882-1940) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  4. Nicolas Berjoan, « Alejandro Nieto, La rebelión militar de la Generalidad de Cataluña contra la Repùblica. El 6 de octubre de 1934 en Barcelona », Mélanges de la Casa de Velázquez, 46-2, 2016, mis en ligne le 1er janvier 2018, consulté le 4 février 2019
  5. Benoît Pellistrandi, L'Espagne face à elle-même. Démocratie et question nationale, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2002/2, (no 74), pages 57 à 71
  6. a et b Manolo Valiente (trad. de l'espagnol), Un "vilain rouge" dans le Sud de la France, Perpignan, Mare nostrum, coll. « Terra incògnita », , 247 p. (ISBN 978-2-908476-76-7, lire en ligne)
  7. (ca) « Lluís Companys », Gran Enciclopèdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.
  8. Jordi Canal et Vincent Duclert, La guerre d'Espagne : Un conflit qui a façonné l'Europe, Armand Colin, coll. « Hors collection », , 352 p. (ISBN 978-2-200-61678-6, lire en ligne)
  9. Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la Deuxième Guerre mondiale : rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », , 383 p. (ISBN 978-2-7384-5715-8, lire en ligne)
  10. Geneviève Dreyfus-Armand, L'Exil des républicains espagnols en France : De la guerre civile à la mort de Franco, Albin Michel, , 480 p. (ISBN 978-2-226-23350-9, lire en ligne)
  11. María Santos Saínz et François Guillemeteaud, Les Espagnols à Bordeaux et en Aquitaine, Éditions Sud Ouest, coll. « Références », , 350 p. (ISBN 978-2-87901-660-3, lire en ligne)
  12. (es) « Lluís Companys, 70 años de un crimen contra Catalunya. El franquismo fusiló al president de la Generalitat tras una farsa de juicio », Público, Barcelone, Display Connectors, S.L.,‎ (lire en ligne).
  13. (en) Paul Preston, « Great statesman or unscrupulous opportunist?: Anglo-Saxon interpretations of Lluís Companys », Bulletin of Spanish Studies, 2015, pp. 1-17
  14. Nicolas Salvado, « Pourquoi Artur Mas est-il jugé le jour de l'anniversaire du fusillement de Lluis Companys », sur Equinox Radio Barcelone (consulté le ).
  15. (ca) « La Generalitat impulsarà l'anul·lació del procés a Lluís Companys », Avui, Gérone, Hermes Comunicacions S.A.,‎ (lire en ligne).
  16. Voir à ce sujet l'article Loi sur la mémoire historique.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ramón Alquézar, Esquerra Republicana de Catalunya: 70 anys d'història (1931-2001), Barcelona, Columna, 2002, 408 p. (ISBN 978-84-664-0172-2).
  • Josep Benet, Lluís Companys, presidente de Catalunya fusilado, Barcelona, Península, 2005, 220 p. (ISBN 978-84-8307-707-8).

Liens externes[modifier | modifier le code]