Liste des commanderies templières en Bretagne

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Chapelle templière de Carentoir.

Cette liste recense les commanderies et maisons de l'Ordre du Temple qui ont existé sur le territoire de l'actuelle région Bretagne. Le duché de Bretagne tel qu'il existait à l'époque des templiers s'étendait également sur une partie de l'actuelle région Pays de la Loire[note 1].

Éléments historiques[modifier | modifier le code]

Bretagne

En Bretagne, l'ordre du Temple « a disparu depuis si longtemps que ses archives sont devenues extrêmement rares ; ses monuments sont tombés en ruines[note 2] ; ses traditions n’offrent plus guère qu’incohérence et incertitude » selon Amédée Guillotin de Corson, président de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine de 1886 à 1888[2].

Vers 1130, soit peu de temps après le concile de Troyes et la création de l'Ordre du Temple, Hugues de Payns se rend dans le Duché de Bretagne, et y reçoit diverses donations de la part de Pierre I de la Garnache et de Garsire II de Machecoul, grands seigneurs du pays de Retz. Certains de ces dons constituent le noyau de la commanderie des Biais à Saint-Père-en-Retz dans le diocèse de Nantes, considérée souvent comme étant la première implantation templière dans le Duché de Bretagne[3]. D'autres dons des mêmes donateurs apparaissent cependant dans le cartulaire de la Coudrie, et auraient permis la fondation de la future Commanderie du Temple de la Coudrie, en Bas-Poitou alors dépendant du Duché de Bretagne. Un document postérieur aux dons indique qu'ils ont été remis "dans la main de maître Hugues de Payns", ce qui fait dire à l'historien P. Josserand que la première donation est celle de l'établissement des Templiers à la Coudrie, et qu'elle doit datée du printemps 1128[4],[5].

« En 1141, le duc Conan III leur fait plusieurs concessions, qui sont confirmés, en 1201, par la duchesse Constance, et, en 1217, par Pierre Mauclerc. Malheureusement ces chartes de concessions et de confirmations, qui ont été reproduites par dom Morice dans ses Preuves de l'histoire de Bretagne, ne désignent spécialement aucun des biens de l'ordre du Temple. »

— M. Rosenzweig - p. 191[6].

La charte qui relate cette double donation[7] n'est pas datée, mais elle mentionne la concession d'une île voisine de Nantes appelée la Hanne en Doulon, et de deux métairies dans la forêt de Rennes[8].

Une autre charte, datée de la ville de Quimper en l'an 1182, mais plus probablement rédigée à la fin de XIIIe siècle[9], donne une autre liste de possessions templières potentielles[10]. Puis en 1217, le duc Pierre Mauclerc et Alix de Thouars, sa femme, confirmèrent aux chevaliers du Temple toutes les donations faites par leurs prédécesseurs : Conan III et Conan IV, Alain Le Noir comte de Penthièvre et Hoël comte de Nantes, le duc Geoffroy II et la duchesse Constance[11].

Après la suppression de l'Ordre en 1312, les Templiers, connus en particulier sous le nom de moines rouges en Bretagne, sont demeurés vivants dans la mémoire collective et ont été à l'origine de nombreuses légendes populaires[12],[13].

Le , le roi Philippe le Bel ordonna à Jean de Vaucelles, bailli de Tours, de faire procéder en Bretagne à la dévolution des biens templiers aux Hospitaliers. De ce transfert, opéré en , un procès-verbal unique mentionne les établissements du Créac’h, de la Caillibotière et de la Nouée, aux diocèses de Saint-Brieuc et de Saint-Malo[14].

Liste des commanderies ou chapelles templières de Bretagne[modifier | modifier le code]

Commanderie Ville actuelle (ou à proximité) Observations
Carentoir Carentoir [15],[16] possession à Questembert de l'Hôpital Saint-Jean
La Coëffrie Messac [17]
La Guerche La Guerche-de-Bretagne le Temple de Blosne et le Temple du Cérisier[18], constituant le domaine du Temple de Rennes, étaient membres de la commanderie[19],[20]
La Nouée Yvignac-la-Tour [21],[22]
Lantiern Arzal [23]
Le Créac'h Plédran [24] Possession: la chapelle de Créhac[25]
Limerzel Limerzel [26] possession de 2 chapelles le Temple de haut et le Temple de bas
Vildé-Guingalan Vildé-Guingalan commanderie relevant de celle de La Nouée, à Yvignac[27]
Vildé Plouër sur Rance commanderie relevant de la Nouée, chapelle similaire à la Nouée
Localisation géographique
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Commanderie templière Commanderie autre possession
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Langonnet
Lamballe
Lizio
Merlevenez
Plounérin
Penhars
Ploulec'h
Kervignac
Runan
Squiffiec
Treffléan

Autres possessions à confirmer[modifier | modifier le code]

Certains de ces biens font partie de ceux qui figurent dans la charte apocryphe de Conan IV de Bretagne et pour lesquels il n'existe aucun autre document permettant d'attester leur appartenance initiale aux templiers[28]:

Baillie de Bretagne[modifier | modifier le code]

Les commanderies du duché de Bretagne constituaient une baillie, dite de Bretagne et qui dépendait de la province d'Aquitaine[41]. Historiquement, ce duché comprenait le Pays nantais (comté de Nantes) et il faut donc ajouter une partie des commanderies des Pays de la Loire (celles de Loire-Atlantique) pour avoir une vision d'ensemble de cette baillie.

La province d'Aquitaine intégra pour la première fois le Duché de Bretagne, à la suite de l'accord établi en 1225 entre Giraud des Bruyères (Girardus de Breies), maître provincial d’Aquitaine, et les seigneurs de Retz[42]. Il s'était adjoint les services d'un lieutenant, Pierre de Langan, et c’est sans doute ainsi qu’il faut entendre le rôle de celui-ci, cité en 1245 comme "commandeur des maisons de la chevalerie du Temple en Bretagne"

Maître de la baillie de Bretagne Période Observations
fr. Guillaume Faucon 1141 [8]
... ...
fr. Guillaume Ferron c. 1170 [43],[44]
... ...
Girardus de Breies, maître provincial d’Aquitaine,
secondé de fr. Pierre de Langan, commandeur des maisons de la chevalerie du Temple en Bretagne
1225 - 1245 ? [44],[42]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Notamment le Pays nantais.Les commanderies templières situées dans cette région sont listées sur l'article intitulé liste des commanderies templières dans les Pays de la Loire.
  2. « S'il est difficile de retrouver aujourd'hui, d'une manière exacte, les biens des chevaliers du Temple, il n'en est pas de même de ceux des chevaliers de Saint-Jean ou Hospitaliers [...]. Dès l'origine, en effet, une charte de Conan IV, rapportée par dom Morice à la date de 1160, énumère, pour les confirmer, toutes leurs possessions en Bretagne. C'est au sujet de ce document que régna jusqu'à ces dernières années, même dans le public lettré, la confusion [...]. La charte de Conan porte, en effet, pour titre, dans le premier volume des Preuves, Charte du duc Conan IV pour les Templiers ; d'autre part, la charte de Pierre Mauclerc (1217) cite, parmi les bienfaiteurs de cet ordre, ce même Conan IV. Or, s'il est vrai que Conan IV ait augmenté ou confirmé les possessions des chevaliers du Temple, il n'en est pas moins vrai que la charte de 1160 se rapporte uniquement aux chevaliers de Saint-Jean (...), ainsi que l'a très-heureusement fait observer M. Delabigne-Villeneuve, au congrès de l'Association bretonne tenu à Saint-Brieuc en 1862 : le titre explicatif est faux[1]. ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Rosenzweig 1863, p. 194.
  2. Amédée Guillotin de Corson, Les Templiers et les chevaliers de Malte en Bretagne, La Découvrance, , p. 20.
  3. Guillotin de Corson 1982, p. 209 consulter sur Google livre
  4. Josserand 2012, p. 10
  5. Cartularium de Coudrie sur le site templier.net
  6. Rosenzweig 1863, p. 191
  7. Archives de la Vienne, 3 H, 764
  8. a et b Guillotin de Corson 1982, p. xiii
  9. Barthélémy 1872, p. 453-454
  10. Guillotin de Corson 1982, p. xv
  11. Guillotin de Corson 1982, p. xix
  12. Josserand 2012, p. 7
  13. site NON NOBIS DOMINE NON NOBIS SED NOMINI TUO DA GLORIAM, article Les MOINES ROUGES, Templiers de Haute-Bretagne, consulté le 24/01/14
  14. Josserand 2012, p. 15
  15. Notice no IA00009695, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. la Commanderie du Temple de Canretoir, sur le site infobretagne.com, visité le 10/01/14
  17. Guillotin de Corson 1982, p. 90
  18. Guillotin de Corson 1982, p. xiii et 132
  19. Guillotin de Corson 1982, p. 123
  20. Amédée Guillotin de Corson, « Commanderie de Guerche et Nouée », Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t. XVI,‎ , p. 172-213, lire en ligne sur Gallica, lire en ligne sur www.infobretagne.com
  21. Notice no PA00089754, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  22. Guillotin de Corson 1982, p. 136 lire en ligne sur http://www.infobretagne.com
  23. Guillotin de Corson 1982, p. 77
  24. Guillotin de Corson 1982, p. 138
  25. Notice no PA00089400, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  26. Notice no IA00008686, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  27. site infobretagne.com, ETYMOLOGIE et HISTOIRE de VILDE-GUINGALAN, consulté le 24/01/14
  28. a b et c Colin 2008, p. Annexe 2 – Charte dite de 1182
  29. Demurger 2008, p. 159
  30. F. Gueriff, « Les chevaliers templiers et hospitaliers dans l'ancien pays de Guérande », Bulletin de la société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, no 106,‎ , p. 6-32
  31. Tanguy 2011
  32. Guillotin de Corson 1982, p. 258-259
  33. Guillotin de Corson 1982, p. 209
  34. Guillotin de Corson 1982, p. 43
  35. Guillotin de Corson 1982, p. 16
  36. Guillotin de Corson 1982, p. xvi
  37. Guillotin de Corson 1982, p. 35-36, lire en ligne sur http://www.infobretagne.com
  38. lieux mentionnés dans la charte des Anciens Evêchés de Bretagne, repris et analysés sur le site infobretagne.com, L'ordre du Temple en Bretagne
  39. Josserand 2012, p. 24
  40. Hénansal, sur infobretagne.com
  41. Josserand 2012, p. 21
  42. a et b Josserand 2012, p. 22
  43. Colin 2008, p. 14 (PDF)
  44. a et b Guillotin de Corson 1982, p. xx

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Anatole de Barthélémy, « Chartes de Conan IV, duc de Bretagne, relatives aux biens de l'Ordre du Temple et de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. », Bibliothèque de l'école des Chartes, vol. 33, no 33,‎ , p. 443-454 (lire en ligne)
  • François Colin, « Quand l’historien doit faire confiance à des faux : les chartes confirmatives de Conan IV, duc de Bretagne, aux Templiers et aux Hospitaliers », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, vol. 115, no 3,‎ , p. 33-56 (lire en ligne), « (lire en PDF »)
  • Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (1re éd. 2005), 664 p., poche (ISBN 978-2-7578-1122-1)
  • Amédée Guillotin de Corson, Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dits Chevaliers de Malte en Bretagne, Paris, Lafitte reprints, (1re éd. 1902)
  • Philippe Josserand, « Les Templiers en Bretagne au Moyen Âge : mythes et réalités », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, vol. 119, no 4,‎ , p. 7-33 (lire en ligne)
  • M. Rosenzweig, Mémoires lus a la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité impérial des travaux historiques et des sociétés savantes tenues les 21, 22 et 23 novembre 1861 - tenues les 14, 15, et 17 avril 1868 : Mémoire sur les ordres religieux militaires du Temple et de l'Hôpital, leurs établissements et leurs églises observés dans le département du Morbihan, vol. 1, Imprimerie Impériale, , 356 p. (lire en ligne), p. 191-201
  • Bernard Tanguy, « Le culte de saint Jean-Baptiste et l'implantation templière et hospitalière en Bretagne », Kreiz, no 14,‎ , p. 137-170

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]