Syringa vulgaris

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Le Lilas commun, ou lilas français (Syringa vulgaris) est un arbrisseau ornemental de la famille des Oleaceae, originaire de la péninsule des Balkans, où il pousse sur les collines rocheuses.

Le lilas est largement naturalisé en Europe occidentale et septentrionale. Il a été choisi comme fleur d'état de l'État américain du New Hampshire, parce qu'il « symbolise bien le caractère robuste des hommes et des femmes de l'État de granit ».

Cet arbrisseau très populaire est fréquemment planté dans les jardins d'Europe en raison de ses attrayantes fleurs odorantes, qui apparaissent au milieu du printemps, juste avant que la plupart des roses et d'autres fleurs d'été entrent en floraison.

Histoire[modifier | modifier le code]

Deux lilas (Syringa vulgaris et S. x persica, désormais considéré comme un hybride naturel) ont été introduits dans les jardins européens à la fin du XVIe siècle, depuis les jardins ottomans. L'ambassadeur du Saint-Empire, Ogier Ghislain de Busbecq, aurait ramené du lilas à Charles de L’Écluse vers 1562. Des botanistes bien informés, comme le grand herboriste John Gerard, récupèrent alors la rareté dans leurs jardins : Gerard note alors qu'il avait des lilas poussant « en très grande abondance » en 1597. John Loudon est d'avis que le lilas a été introduit dans les jardins anglais par John Tradescant l'Ancien.

Dans les colonies américaines, les lilas ont été introduits au XVIIIe siècle.

Description[modifier | modifier le code]

L'arbrisseau, le plus souvent à plusieurs tiges, peut atteindre une hauteur de 6 à 7 mètres. Il produit des pousses secondaires (« drageons ») depuis sa base ou ses racines. Sa souche peut alors mesurer jusqu'à 20 cm de diamètre et, avec le temps, peut produire un petit bosquet clonal. Son écorce est grise à gris brun, lisse sur les jeunes tiges, sillonnée longitudinalement et se desquamant sur les plus vieilles tiges.

Ses feuilles caduques simples, non coriaces, mesurent 4 à 12 cm et 3-8 cm de large. Elles sont vert clair à glauque, opposées ou parfois verticillées, pétiolées et pointues au sommet.

L'inflorescence est une grappe composée appelée thyrse. Leur amertume leur évite d'être broutées.

Les fleurs parfumées comportent quatre pétales, la corolle formant un tube de 6-10 mm de long à la base. Elles sont le plus souvent de couleur lilas, mais elles peuvent aussi être blanches ou rougeâtres, en passant par le bleu violacé et le rose carmin. Il existe des variétés à fleurs simples ainsi qu'à fleurs doubles. Elles sont disposées en denses panicules terminales de 8-18 cm de long.

Son fruit est une capsule brune de 1-2 cm de long, se fractionnant en deux pour libérer deux graines ailées.

Aire naturelle de répartition, habitat[modifier | modifier le code]

Cette espèce est originaire du sud-est de l'Europe et de l'ouest de l'Asie. Elle apprécie les sols riches, bien drainés, calcaires ou neutres.

Culture[modifier | modifier le code]

Le lilas commun tend à fleurir à profusion en alternance tous les deux ans, une tendance qui peut être améliorée par la taille des grappes de fleurs après la floraison et avant que les graines, dont quelques-unes sont fertiles, se forment. Les pousses qui ont fleuri plus d'une fois ou deux fois peuvent être coupées de façon à faire apparaître de nouvelles pousses florifères.

Multiplication[modifier | modifier le code]

Le lilas drageonne souvent et on peut donc facilement le multiplier par prélèvement des drageons.

On peut aussi utiliser les rameaux issus de la taille d'entretien faite dès que la floraison est terminée (en mai ou juin selon les variétés) pour faire des boutures à crossette qu'on place à l'étouffée à 20 °C.

Cultivars[modifier | modifier le code]

Le lilas existe en différentes couleurs du blanc au mauve.
Le lilas ' Charles Joly ' est une variété horticole, obtenue à Nancy par Victor Lemoine.
Le lilas 'Belle de Nancy' (Victor Lemoine, 1891), au jardin botanique de Lublin.

La plupart des lilas de jardin sont des cultivars dont la taille ne dépasse pas 4 à 5 m de hauteur. Entre 1876 et jusqu'à sa fermeture en 1968, le pépiniériste Victor Lemoine de Nancy a créé plus de 214 variétés de lilas communs, notamment des lilas aux fleurs doubles avec les étamines remplacées par des pétales supplémentaires[1] dont beaucoup sont considérés comme des classiques et encore dans le commerce aujourd'hui, comme 'Belle de Nancy' (1891). Leur nom de lilas français ou hybride français est donc dû au développement de sa culture en France. Lemoine a étendu la gamme de couleurs en créant des teintes plus profondes et plus saturées.

Les cultivars suivants ont gagné le prix du « Garden merit » de la Royal Horticultural Society :

  • 'Andenken an Ludwig Späth'[2]
  • 'Firmament'[3]
  • 'Katherine Havemeyer'[4]
  • 'Madame Lemoine'[5]
  • 'Vestale'[6]

Les cultivars peuvent être greffés sur des rejets de tous les lilas ou sur troène commun, ce dernier évite le risque de drageonnement, mais il faut ensuite affranchir les plants greffés sur le troène, sans quoi la greffe « claque » au bout de quelques années. Greffage possible aussi sur frêne, mais avec une faible espérance de vie. Idéalement, il faut greffer en écusson en juillet ou, à défaut, tardivement au printemps quand le porte-greffe est déjà bien en sève.

Maladies et ravageurs[modifier | modifier le code]

En fin d'été, les lilas peuvent être attaqués par l'oïdium, en particulier Erysiphe syringae, une espèce d'Erysiphaceae.

Usages[modifier | modifier le code]

Le lilas est un arbrisseau très populaire.

L'usage du lilas est principalement ornemental. Son intérêt esthétique se situe principalement en début d'été, car ses couleurs d'automne et ses grappes de graines sont bien moins attrayantes.

Avec la bugle rampante, cette plante est reconnue au sein de l'ethnobotanique européenne, comme une herbe médicinale efficaces pour ses propriétés cicatrisantes, anti-inflammatoires, anti-rhumatismales, antipyrétiques et comme remède antifongique depuis des siècles[8].

De la syringine (dérivé de styrène, glucoside produit par la plante, poison au-delà d'une certaine dose) a été isolée de l'écorce du Syringa vulgaris. Des tests (via injection intraveineuse) sur des rats Wistar anesthésiés ont montré une action pharmacologique : une baisse dose-dépendante de l'activité la tension systolique, diastolique et de la tension artérielle moyenne ; à dose légèrement plus élevée, la fréquence cardiaque diminue. L'activité antihypertensive n'a pas été inhibée par des antihistaminiques ni par des agents anti-muscariniques.

La syringine n'a pas montré d'action sur l'effet vasopresseur induite par la noradrénaline ou une occlusion de la carotide[9].

Le lilas dans les arts[modifier | modifier le code]

Édouard Manet, Lilas dans un vase, 1882

Lilas et peinture[modifier | modifier le code]

Van Gogh, Lilas, 1889

Lilas et chansons[modifier | modifier le code]

Beaucoup de chansons comportent le mot « lilas » dans leur titre ou l'évoquent dans leur texte. La liste ci-dessous n'est pas exhaustive :

Lilas et cinéma[modifier | modifier le code]

Le quartier de la Porte des Lilas est à l'origine du film Porte des Lilas, de René Clair (1957), avec Pierre Brasseur et Georges Brassens dans les deux rôles principaux.

Symbolique[modifier | modifier le code]

Lilas 'Belle de Moscou'.

Langage des fleurs[modifier | modifier le code]

Dans le langage des fleurs, le lilas blanc symbolise la grâce et la fraîcheur[10].

Calendrier républicain[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Origine et histoire du lilas (Syringa)
  2. « RHS Plant Selector - Syringa vulgaris 'Andenken an Ludwig Späth' » (consulté le )
  3. « RHS Plant Selector - Syringa vulgaris 'Firmament' » (consulté le )
  4. « RHS Plant Selector - Syringa vulgaris 'Katherine Havemeyer' » (consulté le )
  5. « RHS Plant Selector - Syringa vulgaris 'Madame Lemoine' » (consulté le )
  6. « RHS Plant Selector - Syringa vulgaris 'Vestale' » (consulté le )
  7. [PDF]« fiche8-nematodes.pdf » [PDF] (version du sur Internet Archive)
  8. (en) LG Korkina, E Mikhal'Chik, MV Suprun, S Pastore, « Molecular mechanisms underlying wound healing and anti-inflammatory properties of naturally occurring biotechnologically produced phenylpropanoid glycosides », Cellular and Molecular Biology, vol. 53, no 5,‎ (DOI 10.1170/T822)
  9. Fiche Inist/CNRS
  10. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).
  11. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 25.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]