Ligue internationale pour l'éducation nouvelle

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La Ligue internationale pour l'Éducation Nouvelle (LIEN) fut créée en 1921 lors du premier congrès de l'éducation nouvelle à Calais. Au cours des années qui suivent et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, ses congrès rassembleront les militants de l'éducation nouvelle, permettant des échanges sur les pratiques et les travaux de recherche de chacun.

Parmi les cofondateurs figurent John Dewey, Ovide Decroly, Jean Piaget, Maria Montessori, Beatrice Ensor, Adolphe Ferrière et Elisabeth Rotten.

Ovide Decroly, Pierre Bovet, Beatrice Ensor, Édouard Claparède, Paul Geheeb et Adolphe Ferrière à un congrès de la Ligue

La charte de l'éducation nouvelle[modifier | modifier le code]

La première charte de l'éducation nouvelle est rédigée par Adolphe Ferrière pour le premier congrès de la LIEN en 1921. Elle explique en 30 points les caractéristiques qui font d'une école, une école nouvelle.

Les différents congrès[modifier | modifier le code]

Congrès fondateur à Calais (6 août 1921)[modifier | modifier le code]

La plupart des grands noms de l'éducation nouvelle sont présents à ce congrès : Adolphe Ferrière bien sûr, Jean Piaget, Maria Montessori et AS Neill qui fondera l'école de Summerhill quelques mois plus tard[1]. Marqués par les dégâts de la Première Guerre mondiale, il s'agit pour eux de lancer le grand projet d'une éducation internationale.

Henri Wallon dira plus tard [2]:

« Ce Congrès était le résultat du mouvement pacifiste qui avait succédé à la Première Guerre mondiale. Il avait semblé alors que pour assurer au monde un avenir de paix, rien ne pouvait être plus efficace que de développer dans les jeunes générations le respect de la personne humaine par une éducation appropriée. Ainsi pourraient s'épanouir les sentiments de solidarité et de fraternité humaines qui sont aux antipodes de la guerre et de la violence. »

C'est à l'occasion de ce premier congrès qu'est fondée la revue Pour l'ère nouvelle.

Congrès de Montreux (1923)[modifier | modifier le code]

Adolphe Ferrière, Édouard Claparède, Émile Coué y interviennent, ainsi que Roger Cousinet qui rend compte de ses travaux sur la méthode libre de travail par groupe. C'est le premier congrès auquel assiste Célestin Freinet, qui en sort très intéressé mais dubitatif quant aux possibilités d'application dans un milieu prolétaire.

Congrès de Heidelberg (1925)[modifier | modifier le code]

Congrès de Locarno (1927)[modifier | modifier le code]

Le thème de ce congrès était « Que faut-il entendre par Liberté en éducation ? ». La chorale des enfants de l'institut Frantisek Bakule participe à la cérémonie d'ouverture de ce congrès. C'est à cette occasion que Paul Faucher fait la connaissance de Bakulé.

Congrès d’Elseneur (1929)[modifier | modifier le code]

Congrès de Nice (1932)[modifier | modifier le code]

Le thème de ce congrès était « L'éducation dans ses relations avec l'éducation sociale ». Y étaient présents, entre autres, Roger Cousinet, Paul Langevin, Robert Dottrens et Célestin Freinet.

Selon Élise Freinet [3], le congrès fut dominé par le prestige de Maria Montessori, qui présente l'utilisation de son matériel pédagogique. Freinet y présente également ses travaux sur l'imprimerie en classe, commencés dès 1922.

Le congrès est immédiatement suivi de celui de Coopérative de l'enseignement laïc, à Saint-Paul-de-Vence, auquel sont conviés les participants du congrès de la ligue.

Congrès de Cheltenham (1936)[modifier | modifier le code]

Congrès 'de retrouvailles' à Paris (1946)[modifier | modifier le code]

Les congrès sont interrompus pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1946, un congrès dit 'de retrouvailles' est organisé. Il n'aura pas le succès escompté, et la politisation croissante des différents mouvements dans un contexte de guerre froide aura raison de ces rencontres internationales.

Travaux[modifier | modifier le code]

Outre ces congrès, la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle publiait les travaux des pédagogues du mouvement dans la revue Pour l'ère nouvelle. Cette revue paraissait à l'origine en trois langues, la version francophone étant coordonnée par Adolphe Ferrière, la version anglophone - The new Era - par Beatrice Ensor et A. S. Neill et celle en allemand - Das werdende Zeitalter - par Elisabeth Rotten.

La Ligue internationale pour l'éducation nouvelle et ses déclinaisons nationales[modifier | modifier le code]

En France, en 1929, d'un groupe d'abonnés à la revue Pour l’Ère Nouvelle se forme le Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN) hébergé dans les locaux du Musée pédagogique de l’Éducation nationale. D'autres groupes nationaux émergeront plus tardivement.

Les nouvelles Rencontres internationales de l'éducation nouvelle[modifier | modifier le code]

Depuis 2003, les différents mouvements nationaux d'éducation nouvelle ont créé une résurgence de la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle sous le nom de Lien International de l’Éducation Nouvelle et organisent à nouveau des congrès internationaux :

En 2021, le groupe du Lien International de l’Éducation Nouvelle, l’Institut Coopératif de l’École moderne Pédagogie Freinet, le Groupe français d’éducation nouvelle, la Fédération Internationale des Mouvements de l'École moderne, la Fédération Internationale des Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active, la Fédération des établissements scolaires publics innovants, les CRAP-Cahiers Pédagogiques, les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active, s'unissent et créent Convergence(s) pour l'éducation nouvelle[5], qui est une reprise des logiques fondatrices de la Ligue du LIEN de 1921.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Robert Skidelsky, Le mouvement des écoles nouvelles anglaises
  2. Henri Wallon, dans Pour l’Ere Nouvelle, n°10, 1952,
  3. Élise Freinet, Naissance d'une pédagogie populaire
  4. « Premières informations sur les Rencontres 2018 du LIEN en Roumanie (mars 2018) - Le site du Lien international d'éducation nouvelle », Le site du Lien international d'éducation nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Qui fait Convergence(s) », Convergence(s) pour l'Éducation Nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Annika Blichmann, Schulreform und Reformschule in Frankreich : Die "Ecole élémentaire Vitruve" im Horizont der Geschichte, Iéna, Garamond, , 150 p. (ISBN 978-3-938203-68-2)
  • (de) Annika Blichmann, Ovide Decroly. Die Methode Decroly als Beitrag zur internationalen Reformpädagogik : Einführende Texte. Französisch/Deutsch & Italienisch/Deutsch, Iéna, Paideia, IKS Garamond, , 180 p. (ISBN 978-3-941854-49-9)
  • Béatrice Haenggeli-Jenni, Pour l'Ère Nouvelle : une revue-carrefour entre science et militance (1922-1940), Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l'université de Genève, , 338+34 (lire en ligne)
  • Laurent Gutierrez, « La Ligue internationale pour l’éducation nouvelle », Spirale, no 45,‎ , p. 29-42
  • Annick Raymond, L'éducation morale dans le mouvement de l'Éducation nouvelle : comment éduquer moralement un enfant ?, Paris, L'Harmattan, , 264 p. (ISBN 2-7475-2736-0)
    Voir plus particulièrement la 1ère partie L'éducation morale de congrès en congrès : une préoccupation constante, pp. 14-126.
  • Annick Raymond, « L'éducation naturelle : une idée centrale mais controversée dans les congrès de la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle (1921-1936) », Carrefours de l'éducation, vol. 1, no 31,‎ , p. 41-60 (lire en ligne)

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Révolution École 1918-1939, de Joanna Grudzinska, France, 2016, 85' Production : Les Films du poisson/ Arte.

Liens externes[modifier | modifier le code]