Ligne de Frasne à Verrières-de-Joux (frontière)

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Ligne de
Frasne à Verrières-de-Joux (frontière)
Image illustrative de l’article Ligne de Frasne à Verrières-de-Joux (frontière)
Une automotrice Z2 en attente de départ côté Français à Pontarlier
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Frasne, Pontarlier, Les Verrières
Historique
Mise en service 1860 – 1862
Électrification 1956 – 1958
Concessionnaires PLM (1857 – 1937)
SNCF (1938 – 1997)
RFF (1997 – 2014)
SNCF (depuis 2015)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 875 000
Longueur 27,690 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 25 kV – 50 Hz
Frasne à Pontarlier
15 kV – 16,7 Hz
Pontarlier aux Verrières-Frontière
Pente maximale 11 
Nombre de voies Voie unique
Signalisation BAPR à compteurs d'essieux
Frasne à Pontarlier
Block manuel Intégra (Suisse)
Pontarlier aux Verrières (Suisse)
Trafic
Propriétaire SNCF
Exploitant(s) SNCF / CFF
Trafic TER, Fret

La ligne de Frasne à Verrières-de-Joux (frontière) est une ligne ferroviaire française de la région Franche-Comté longue de 28 kilomètres, à écartement standard et à voie unique. Elle commence en gare de Frasne, dessert la gare de La Rivière, la gare de Sainte-Colombe, la gare de Pontarlier, puis se dirige vers Verrières-de-Joux où elle se connecte au réseau des Chemins de fer fédéraux suisses par la ligne suisse d'Auvernier aux Verrières frontière. Ce maillon permet de relier la France à la Suisse offrant des liaisons Paris - Dijon - Neuchâtel - Berne et au-delà, longtemps emprunté par de prestigieux trains internationaux puis, depuis les années 1980, par le TGV.

Elle est mise en service en deux sections ouvertes en 1860 et 1862 par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM). Elle est électrifiée également en deux sections équipées différemment, la première en 1956 par les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF) et la seconde en 1958 par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). Cela a nécessité le déplacement des activités de gare frontière des Verrières à Pontarlier.

Elle constitue la ligne n°875 000 du Réseau ferré national.

Histoire[modifier | modifier le code]

Chronologie[modifier | modifier le code]

Origine de la ligne[modifier | modifier le code]

L'origine de la ligne actuelle remonte à la création de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM). Le , une convention est signée entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et les Compagnies du chemin de fer de Paris à Lyon et du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée, qui fusionnent, pour réunir leurs divers concessions en une seule. Dans son article 7, l'État concède plusieurs lignes à réaliser, sans subvention ni garantie d'intérêt, à la nouvelle compagnie PLM. Au troisième point de cet article, le tracé de l'une d'entre elles est défini comme devant aller « d'un point à déterminer de la ligne de Dôle à Salins à la frontière suisse, ledit chemin passant par ou près de Pontarlier et aboutissant à ou près Les Verrières, avec embranchement sur Jougne ». Cette convention est approuvée par le décret impérial du 19 juin 1857[5],[1].

Ce projet en relation avec le réseau de la Compagnie du chemin de fer franco suisse, qui est liée financièrement avec la compagnie PLM, doit permettre des relations avec le centre de la Suisse, via Neuchâtel[6].

Verrières-de-Joux (frontière) à Pontarlier[modifier | modifier le code]

Le tracé est autorisé en . Le chantier concerne 11 kilomètres de voie sur un profil assez facile de la frontière située à 921 mètres d'altitude, à la gare de Pontarlier à 837 mètres. Les travaux de terrassement débutent entre mars et juillet 1859 pour s'achever un peu plus d'un an plus tard le 24 juillet 1860. La mise en service de l'exploitation est commune avec la ligne suisse ce qui ouvre un chemin de fer long de 53 km entre Neuchâtel et Pontarlier[1].

Frasne à Pontarlier[modifier | modifier le code]

À l'origine, la section de ligne à construire s'établit depuis Mouchard, mais le découpage ultérieur du réseau inclut le tronçon de Mouchard à Frasne, le plus difficile, dans la ligne de Dijon-Ville à Vallorbe (frontière). De Frasne à Pontarlier, le chantier concerne un tracé plutôt facile situé sur les hauteurs du plateau de Frasne dans des sols caillouteux, parfois tourbeux et marécageux. Une seule gare intermédiaire (La Rivière) est établie sur le territoire de la commune de La Rivière-Drugeon peu avant le pont sur le Drugeon. La mise en exploitation de Mouchard à Pontarlier, par Frasne, a lieu le [2].

Modernisation et électrification[modifier | modifier le code]

Durant la Seconde Guerre mondiale, la circulation ferroviaire est interrompue entre la France et la Suisse ; les occupants en profitent pour démonter la seconde voie depuis Frasne durant l'automne 1943[7].

Après guerre, les difficultés de traction, en raison des longues rampes et du climat hivernal rigoureux, ont milité pour l'électrification de la ligne en courant monophasé. Une vaste campagne de modernisation est alors engagée, avec le soutien, et les capitaux, des autorités suisses. Elle porte sur la modernisation des gares d'évitement avec, dans chacune, une voie de 700 mètres abordable à 60 km/h, la pose du block manuel unifié avec cantons de 2 000 à 3 000 mètres et la création de postes d'aiguillage tout relais à transit souple (PRS), et la reprise des quais de la gare de Frasne avec allongement des quais à 420 mètres[7].

La première section à être électrifiée est celle de la frontière suisse à Pontarlier, en 15 kV - 16,66 Hz le 3 juin 1956[3], par les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF)[8]. Il en résulte un report des activités de gare frontière, entre la Suisse et la France, à Pontarlier où vont, à partir de cette date, s'effectuer les contrôles douaniers et de police pour les voyageurs, ainsi que les changements de locomotives[9].

La deuxième section, de Frasne à Pontarlier, est électrifiée par la SNCF en 25 kV - 50 Hz le [4]. La gare de Pontarlier est dotée d'une zone neutre entre les deux types de tension, imposant une arrivée des trains en marche sur l'erre et le dégagement des machines par un locotracteur ou l'engin de reprise[7].

Cette opération permet d'importants gains de temps, la fin du renfort systématique de traction en sens impair depuis Mouchard, et met fin à la traction vapeur et à la présence des 240 A PLM, 241 A, 141 C, D, E puis aux machines unifiées 141 P de Dole, aux 141 R fuel de Dijon et aux 141 R charbon de Dole[10].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Une Z2 stationnée en gare de Pontarlier, sous la section de séparation 15/25 kV.
Une Z2 (Z 9500) stationnée en gare de Pontarlier, sous la section de séparation 15/25 kV.

Tracé[modifier | modifier le code]

La ligne débute en gare de Frasne, à 858 mètres d'altitude, en parallèle avec la ligne de Dijon-Ville à Vallorbe (frontière). Elle se débranche ensuite en prenant la direction du nord-est en suivant un tracé constitué de grande courbes sur ce haut plateau de Frasne jusqu'à la gare de La Rivière. Peu après, elle franchit le Drugeon puis, toujours dans la même direction, elle traverse la gare de Sainte-Colombe et passe près de Granges-Narboz avant de rejoindre l'ancienne ligne de Pontarlier à Gilley avant d'entrer en gare de Pontarlier et son faisceau de voies marchandises[11],[2]. Ce tronçon présente des rampes atteignant 11 [12].

À la sortie de cette gare, elle rejoint le Doubs dont elle suit la rive droite en direction du sud, avant de franchir cette rivière par un pont biais. Elle est alors parallèle à la route nationale 57 dans la cluse de Pontarlier, étroit passage autrefois commandé par le fort de Joux. Après avoir croisé la route nationale par un passage à niveau, à La Cluse-et-Mijoux, elle reprend en montée sur un axe nord-est, passe à Verrières-de-Joux, où il n'y a plus de gare, et arrive à la frontière entre la France et la Suisse à 920,70 mètres d'altitude. Elle est ensuite prolongée par la Ligne d'Auvernier aux Verrières frontière (-Pontarlier) peu avant la gare des Verrières, toujours en rampe continue atteignant 11 [11],[1].

Équipement[modifier | modifier le code]

La ligne, à voie unique banalisée, offre la particularité d'avoir deux sections bien distinctes : de Frasne à Pontarlier et de Pontarlier à la frontière.

La section de Frasne à Pontarlier, dispose d'un système d'électrification à courant alternatif 25 kV[13], de la signalisation de type BAPR à compteurs d'essieux et du contrôle de vitesse par balises (KVB)[14].

La section de Pontarlier à la frontière, dispose d'un système d'électrification à courant alternatif 15 kV (comme le réseau Suisse) et de la signalisation de type Block manuel Intégra (Suisse)[15]. Ce tronçon suit les prescriptions de circulation suisses comme le tronçon suivant de la frontière à la gare des Verrières, en territoire suisse. Des Verrières à Pontarlier la signalisation est de type suisse, même ceux d'entrée et de sortie de Pontarlier et y compris ceux provisoirement installés pour des chantiers. Les check-lists utilisées par les chefs-circulation de Pontarlier, pour des problèmes sur l'appareil d'enclenchement pour les trains se dirigeant vers Les Verrières, suivent également dans leur rédaction le modèle suisse. Par contre sur ce même tronçon, la réglementation française est appliquée pour les passages à niveau en cas de dysfonctionnement et la SNCF est chargée de la gestion d'un éventuel événement survenant entre Pontarlier et la frontière[16].

Vitesse limite[modifier | modifier le code]

La vitesse limite de la ligne en 2014 pour tous les types de trains est fixée à 120 km/h de Frasne à Pontarlier mais les trains de certaines catégories, comme les trains de marchandises, sont soumis à des limites plus faibles[12].

Exploitation à l'origine[modifier | modifier le code]

L'exploitation débute le avec des trains omnibus qui circulent entre les gares de Neuchâtel en Suisse et Pontarlier en France. Le trajet demande h 10 min pour parcourir les 51 kilomètres de la ligne qui passe par la frontière à Verrières-de-Joux. Durant les deux années qui précèdent l'ouverture du lien avec la gare de Mouchard, la ligne de Pontarlier à la frontière offre la particularité de ne pas être en relation avec le réseau français mais seulement avec celui de la Suisse. Ceci nécessite d'avoir à la gare de Pontarlier un service de voitures pour rejoindre Mouchard et les trains du réseau français[1].

La mise en service le de la section de Mouchard à Pontarlier, via Frasne, permet l'ouverture de la relation ferroviaire internationale de Paris à Berne la plus courte (574 km)[2].

Après la Seconde Guerre mondiale, la desserte internationale à longue distance repose sur le train nocturne 529/530, plus tard nommé Direct-Orient, de Calais et Paris à Trieste, composé de voitures directes Paris - Milan et Interlaken via Berne. La desserte internationale diurne est constituée par le train rapide 505/506 avec des voitures Paris - Milan via Berne. La desserte locale est assurée par un autorail ABJ et se limite à trois allers-retours quotidiens entre Dole et Pontarlier[10].

Exploitation actuelle[modifier | modifier le code]

L'offre de trains est composée actuellement uniquement de trains régionaux entre Dijon ou Dole vers Pontarlier ainsi qu'entre Berne ou Neuchatel vers Frasne où des correspondances avec les TGV Paris-Lausanne sont faites. Ce système existe depuis la suppression des 2 a/r Paris - Berne via Pontarlier et Neuchatel. De plus, quelques trains hebdomadaires de fret empruntent la ligne.

Matériel circulant sur la ligne[modifier | modifier le code]

Galerie de photographies[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Palau, mai 2001, p. 103
  2. a b c et d Palau, mai 2001, p. 177
  3. a et b Schweizerische Bundesbahnen, Rapport de gestion, 1956, p.  96 extrait(consulté le 9 mars 2014).
  4. a et b (en) International Union of Railways, Bulletin of the International Union of Railways, Volume 30, International Union of Railways, General Secretariat, 1959 extrait (consulté le 9 mars 2014).
  5. France, « no 4797 - Décret Impérial qui approuve la convention passée, le 11 avril 1857, entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et les Compagnies des Chemins de fer de Paris à Lyon et de Lyon à la Méditerranée. Du 19 juin 1857 », dans Bulletin des lois de la République Française, Volume 10, la République, 1858, pp. 275-279
  6. Palau, mai 2001, p. 104
  7. a b et c Bernard Collardey, « Dole - Frasne - Vallorbe/Les Verrières : deux itinéraires internationaux sur le haut plateau jurassien » dans Rail Passion n°22, août-septembre 1998, p. 66
  8. France, Machines à courant continu, dans Les Cahiers français, Numéros 13 à 24, La Documentation Française, 1957, p. 23 (consulté le 9 mars 2014).
  9. Site voisin.ch Historique de la ligne Neuchâtel - Pontarlier (consulté le 9 mars 2014).
  10. a et b Bernard Collardey, « Dole - Frasne - Vallorbe/Les Verrières : deux itinéraires internationaux sur le haut plateau jurassien » dans Rail Passion n°22, août-septembre 1998, p. 67
  11. a et b Site google.fr/maps Frasne à Verrière-de-Joux (consulté le 9 mars 2014)
  12. a et b Renseignements techniques SNCF/RFF, version de mars 2013
  13. [PDF]RFF - Carte des lignes électrifiées du réseau RFF (consulté le 9 mars 2014).
  14. [PDF] RFF - Carte des lignes équipées de contrôle de vitesses
  15. [PDF] site RFF annexe 4.3, liste des sections-frontières (consulté le 9 mars 2014).
  16. CFF, « Point frontière Les Verrières », dans Réglementation : dispositions d'exécution PCT - Prescriptions locales pour les trains et les mouvements de manœuvre, valable à partir du 15 décembre 2013, p. 102 (consulté le 9 mars 2014).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Électrification Pontarlier - Les Verrières », dans La Vie du Rail, no 555,
  • François et Maguy Palau, « 5.8 Pontarlier-Frontière Suisse par Les Verrières :  » et « 5.56 Mouchard-Pontarlier :  », dans Le rail en France : le second Empire, tome 2 (1858-1863), édition Palau, Paris, (ISBN 2-950-94212-1), pp. 103-104 et 177-178

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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