Ligne de Caen à Vire

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Ligne de
Caen à Vire
Voir la carte de la ligne.
Carte de la ligne
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Caen, Vire
Historique
Mise en service 1886 – 1891
Fermeture 1938 – 1972
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 413 000
Longueur 72 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Anciennement à voie unique

La ligne de Caen à Vire est une ligne du réseau ferré français ouverte entre 1886 et 1891 pour relier Caen à Vire en passant par le Bocage virois. La ligne a été fermée au trafic voyageurs en 1938. Après la Seconde Guerre mondiale, la ligne a également été fermée au transport de marchandises en plusieurs étapes. Par la suite, elle a été déclassée, puis déposée.

Elle constituait la ligne 413 000[1] du réseau ferré national.

Histoire[modifier | modifier le code]

Genèse du projet[modifier | modifier le code]

L'agglomération caennaise a été reliée à Paris par le chemin de fer à partir de 1855. Vire a été atteint en 1867 par les trains en provenance de la gare de Paris-Montparnasse par la gare de Flers-de-l'Orne ; trois ans plus tard la ligne est prolongée jusqu'à Granville. Ces deux liaisons suivaient un axe est-ouest au départ de la capitale. Mais il n'existait alors aucune liaison transversale qui eut permis de relier directement la préfecture du Calvados et sa sous-préfecture. Le voyageur devait en effet faire un grand détour en prenant la ligne Caen - Tours puis faire une correspondance à la gare d'Argentan pour prendre la ligne Paris - Granville.

Le , le conseil général du Calvados décide d'étoffer le réseau ferré national en établissant cinq lignes de chemin de fer d'intérêt local. L'un de ces projets consiste en la construction d'une nouvelle ligne entre Caen et Aunay-sur-Odon[2]. M. Amand-Guilet reçoit le [3] la concession de la ligne assortie d'une subvention de 1 216 000 francs. L'entrepreneur avance les fonds, mais le projet est ajournée du fait de la guerre franco-prussienne de 1870. Après la défaite, les circonstances sont peu propices au projet ; le conseil général, sur recommandation du préfet, décide le de temporiser le projet[4].

La déclaration d'utilité publique pour la construction d'une ligne de chemin de fer entre la gare de Caen et Aunay-sur-Odon est proclamée le [5] et la convention passée entre le département et M. Guilet est approuvée[6]. Mais deux ans plus tard, le , la concession est résiliée[7]. Il est également précisé que la déclaration d'utilité publique de la ligne serait annulée si une autre concession n'est pas signée dans les deux ans[8],[3].

L'ouverture de la ligne et son exploitation[modifier | modifier le code]

La loi du (dite plan Freycinet) portant classement de 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d’intérêt général retient en n° 46 une ligne de « Vire à Saint-Lô » et en n° 47, une ligne de « Fougères à Vire et à un point à déterminer entre Bayeux et Caen[9] ».

Une loi du déclare à nouveau la construction d'une ligne de Vire à Saint-Lô avec embranchement vers Caen passant par ou près de Saint-Martin-des-Besaces, Aunay et Villers-Bocage d'utilité publique[10] La ligne est concédée à titre définitif par l'État à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest par une convention signée entre le ministre des Travaux publics et la compagnie le . Cette convention est approuvée par une loi le suivant[11]. La ligne Caen – Aunay-Saint-George est finalement ouverte le [12]. Elle est ensuite prolongée jusqu'à la gare de Vire le [13].

Douze arrêts (voir schéma de ligne) sont aménagés sur la ligne, dont deux permettaient des correspondances :

En , le conseil général du Calvados présente un projet pour étayer le réseau des chemins de fer du Calvados. Deux lignes, en direction de Bayeux et Potigny, seraient venues se greffer sur l'axe Caen - Vire à Villers-Bocage et à Aunay-sur-Odon. Le projet est reporté par la Première guerre mondiale et finalement abandonné[14].

Carte postale ancienne, train en gare de Verson

La gare de Jurques était connectée par une voie étroite (60 cm) de 3 kilomètres à une mine de fer exploitée de 1895 à 1940[15].

À la gare de Villers-Bocage, 200 m de quais sont aménagés pour permettre le transbordement du bétail, le marché de Villers étant un des plus importants de Normandie[16].

La construction de nombreux ouvrages d'art a été rendue nécessaire par le relief accidenté de cette partie du massif armoricain. Le viaduc de la Souleuvre, pont en granit long de 364,20 m, a ainsi été construit de 1887 à 1889 selon les plans de Gustave Eiffel[17] pour traverser la vallée de la Souleuvre. En 1893, quatre trains de voyageurs empruntaient quotidiennement la ligne[18].

Fermeture progressive de la ligne[modifier | modifier le code]

Carte
Map

La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, à laquelle la ligne était concédée, est rachetée par l'État le . La ligne est donc incorporée au réseau de la Compagnie des chemins de fer de l'État. En 1938, cette compagnie fusionne avec la SNCF nouvellement créée. Cette fusion s'accompagne de la fermeture d'un certain nombre de lignes et le , le trafic voyageurs est interrompu sur la ligne Caen - Vire[19]. Mais le transport de marchandises est toujours assuré. Après la Seconde Guerre mondiale cependant, la section centrale entre Saint-Martin-des-Besaces et Jurques est totalement fermée et cette partie de la ligne est déclassée[20]. Puis le service cesse d'être assuré entre Saint-Martin-des-Besaces et la Graverie. Une section de ligne reste en service entre Vire et la Graverie jusqu'en 1987[21]. Le , la circulation cesse entre Louvigny et Aunay-Saint-Georges. Afin de desservir un embranchement particulier, la circulation est maintenue entre Caen et Louvigny[22] jusqu'en 1989[1].

L'ensemble de la ligne a été déclassé pour être déferré. Ce déclassement se fait en plusieurs étapes :

  • en 1954, entre Jurques et la Besace (km 40,130 – 47,450)[20] ;
  • en 1964, entre la Besace et la Graverie (km 47,700 – 67,500)[23]
  • en 1973, une très courte section à la Graverie (km 67,500 – 67,726)[24] ;
  • en 1975, entre Louvigny et Aunay-Saint-Georges (km 5,380 – 33,840)[25] ;
  • en 1982, à la Graverie (km 67,726 – 67,746)[26] ;
  • en 1994, entre Caen et Louvigny (km 1,280 – 5,380)[1] ;
  • en 1995 entre la Graverie et Vire (km 67,746 – 74,648)[21].

Vestiges[modifier | modifier le code]

Voir l'ancienne emprise ferroviaire sur une vue satellite : Google Maps

L'emprise de la voie ferrée a en partie été reprise :

Le souvenir de la ligne se retrouve également dans les noms de lieux :

Le tablier métallique du viaduc de la Souleuvre a été déposé et remplacé en partie par une passerelle pour servir de base de saut à l'élastique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Décret du 11 juillet 1994 ; Journal officiel de la République française, 14 juillet 1994, p. 10204 [lire en ligne]
  2. Les autres lignes sont : Lisieux - Orbec, Falaise - Condé-sur-Noireau, Caen - Courseulles-sur-Mer, Mézidon - Dives-Cabourg
  3. a et b Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'État, 1876, pp. 134–135 [lire en ligne]
  4. Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Corlet, 1989, p. 17
  5. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'État, 1872, p. 192 [lire en ligne]
  6. Répertoire de la législation des chemins de fer Français : réseaux secondaires et tramways : situation au 31 décembre 1893, p. 46 [lire en ligne]
  7. Ibid., p. 47
  8. Alfred Picard, Les chemins de fer français : étude historique sur la constitution et le régime du réseau, Paris, J. Rothschild, 1884, t. 3, p. 330 [lire en ligne]
  9. « N° 8168 - Loi qui classe 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d'intérêt général : 17 juillet 1879 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 19, no 456,‎ , p. 6 - 12 (lire en ligne).
  10. « N° 10260 - Loi qui déclare d'utilité publique l'établissement d'un chemin de fer de Vire à Saint-Lô, avec embranchement sur Caen : 7 janvier 1881 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 22, no 593,‎ , p. 49 - 50 (lire en ligne).
  11. « N° 14218 - Loi qui approuve la convention passée le 17 juillet 1883, entre le ministre des Travaux publics, et la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest : 20 novembre 1883 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 28, no 834,‎ , p. 359 - 367 (lire en ligne).
  12. Le Journal des transports : revue internationale des chemins de fer et de la navigation, Paris, n°28, 25 mai 1887, p. 218 [lire en ligne]
  13. Histoire chronologique des chemins de fer européens et russes
  14. Alain de Dieuleveult, Calvados pour les petits trains, La Vie du rail, Paris, 1997, (ISBN 2902808747), pp. 94–98
  15. Auguste Pawlowski, Une Normandie inconnue : le bassin minier de la Basse-Normandie, Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1911, p. 40
  16. J'entends siffler le train
  17. Structurae.de
  18. Roynel.com
  19. Wilez.com
  20. a et b Décret n°54-1099 du 12 novembre 1954 ; Journal officiel de la République française, 13 novembre 1954, p. 1076 [lire en ligne]
  21. a et b Décret du 20 septembre 1995 ; Journal officiel de la République française, 27 septembre 1995, p. 14094 [lire en ligne]
  22. Ouest-France, 6 avril 1972
  23. Décret du 13 février 1964 ; Journal officiel de la République française, 22 février 1964, p. 1827 [lire en ligne]
  24. Décret du 26 juillet 1973 ; Journal officiel de la République française, 22 août 1973, p. 9122 [lire en ligne]
  25. Décret du 24 février 1975 ; Journal officiel de la République française, 8 mars 1975, p. 2620 [lire en ligne]
  26. Décret du 23 juin 1982 ; Journal officiel de la République française, 26 juin 1982, p. 6037 [lire en ligne]
  27. La gare d'Aunay - St Georges sur Google Maps
  28. Emplacement sur la carte IGN de Géoportail
  29. La gare du Bény-Bocage - Carville sur Google Maps

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]