Lettre sur les sourds et muets

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Lettre sur les sourds et muets
Auteur Denis Diderot
Pays Drapeau de la France France
Genre essai philosophique
Date de parution 1751

La Lettre sur les sourds et muets à l'usage de ceux qui entendent & qui parlent est un essai de Denis Diderot, publié anonymement en 1751, avec permission tacite. Diderot venait juste de sortir de son emprisonnement à Vincennes, pour avoir publié la Lettre sur les aveugles et Les Bijoux indiscrets.

Résumé[modifier | modifier le code]

Le point de départ de la lettre est une question de grammaire, la question des inversions : peut-on opposer des langues naturelles, qui s'expriment dans l'ordre naturel de la pensée, et des langues à inversion, qui inversent l'ordre des mots dans la phrase par rapport à l'ordre des idées dans l'esprit ? On constate en effet que l'ordre des mots est inversé entre le latin et le français.

Pour résoudre ce problème, Diderot se livre à une expérience de pensée. Soit un sourd-muet virtuel de naissance. Il doit s'exprimer par gestes : étudions comment il procède. Diderot constate alors que le geste est plus énergique que la parole, et exprime souvent simultanément ce qui dans le langage nécessite un long discours. Au théâtre, le geste sublime (par exemple le geste de Lady Macbeth somnambule se lavant les mains) reproduit cette énergie simultanée du geste expressif. En poésie, la sonorité des mots, le rythme, les images permettent également cette expression immédiate du sens : ce sont les hiéroglyphes poétiques.

Enjeu[modifier | modifier le code]

La Lettre sur les sourds marque un tournant décisif dans la pensée de Diderot, qui entame à cette époque la publication de l’Encyclopédie. Se situant apparemment en retrait par rapport aux audaces des écrits qui l'avaient conduit en prison, pour athéisme et libertinage, elle engage une réflexion sur le fonctionnement et l’articulation du langage et de la pensée et prépare la réflexion esthétique sur laquelle il appuiera sa théorie et sa pratique du drame (Entretiens sur Le Fils naturel, De la poésie dramatique) et sa réflexion sur la peinture (Salons).

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Édition originale
  • Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient suivie de Lettre sur les sourds et muets à l’usage de ceux qui entendent et qui parlent, présentation, notes, dossier, chronologie, bibliographie par Marian Hobson et Simon Harvey, Flammarion, « GF », Paris, 2000.
  • Lettre sur les sourds et muets, édition commentée et présentée par Paul Hugo Meyer ; préf. de Georges May. In : Diderot Studies VII, Genève, Droz, 1965 (lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stéphane Lojkine, La Lettre sur les sourds aux origines de la pensée. Le silence, le cri, l’image. Dans : Diderot, une pensée par l’image, cours donné à l’université de Toulouse-Le Mirail, année 2006-2007.