Les Frères Grimm

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Les Frères Grimm

Titre original The Brothers Grimm
Réalisation Terry Gilliam
Scénario Ehren Kruger
Musique Dario Marianelli
Acteurs principaux
Sociétés de production Dimension Films
Metro-Goldwyn-Mayer
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la Tchéquie République tchèque
Genre fantasy
Durée 118 minutes
Sortie 2005

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Frères Grimm (The Brothers Grimm) est un film américano-britanniquo-tchèque réalisé par Terry Gilliam et sorti en 2005.

Il met en scène Matt Damon et Heath Ledger dans des versions fictionnelles des frères Grimm, Jacob et Wilhelm, qui vivent comme escrocs et voyagent en Europe durant le XIXe siècle.

Synopsis[modifier | modifier le code]

L'un croit aux contes et à la magie, l'autre a les pieds sur terre. Les deux frères Grimm, respectivement Jacob et Wilhelm, parcourent l'Europe alors en guerre en ce XIXe siècle. Ils sont ainsi à l'écoute de villageois terrorisés, jamais à court d'histoires extraordinaires. Ils leur proposent des remèdes tout aussi farfelus pour déjouer ces sortilèges, qui sont en fait des mises en scène qu'ils organisent avec l'aide de deux complices. Ces subterfuges leur permettent d'obtenir la gloire et la fortune, notamment après avoir vaincu une supposée sorcière à Karlstadt. Leur notoriété parvient aux oreilles du général français Delatombe, qui doit faire face dans sa propre circonscription à des événements étranges. Ce dernier les envoie dans le village de Marbaden escorté du maître des tortures, Mercurio Cavaldi. Les deux frères doivent retrouver et libérer des enfants disparus. Guidés par la sœur aînée de deux d'entre eux, la belle chasseresse Angelika Krauss, ils finissent par s'aventurer dans la forêt enchantée où ont eu lieu les disparitions. Ils iront jusqu'aux ruines envahies par la forêt d'un village maudit autrefois décimé par la peste et dominé par une immense tour sans accès.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Le réalisateur Terry Gilliam au Karlovy Vary International Film Festival 2006.

Distribution[modifier | modifier le code]

Sources et légende: Version française (VF) sur AlloDoublage[2] Version québécoise (VQ) sur Doublage.qc.ca[3]

Production[modifier | modifier le code]

Genèse et développement[modifier | modifier le code]

Le projet démarre par un script spéculatif d'Ehren Kruger. En février 2001, Metro-Goldwyn-Mayer en acquiert les droits. Summit Entertainment doit également cofinancer le film[4]. En octobre 2002, Terry Gilliam entre en négociations pour réaliser le film[5]. Il réécrit ensuite le script avec Tony Grisoni, avec lequel il a écrit Las Vegas Parano. Malgré leur contribution, les deux hommes ne sont pas crédités au générique, en raison des règles de la Writers Guild of America[6],[7].

Johnny Depp était le premier choix de Terry Gilliam pour incarner Wilhelm Grimm. Cependant, Harvey Weinstein refuse car il pense que l'acteur n'est alors pas assez connu du public[6]. Matt Damon et Heath Ledger sont initialement engagés pour incarner respectivement Jacob Grimm et Wilhelm Grimm. Ils insisteront ensuite fortement auprès de la production pour échanger leurs rôles[6].

Robin Williams devait initialement apparaitre dans le film. En raison d'un conflit d'emploi du temps, il est remplacé par Tomáš Hanák (en)[6]. Uma Thurman a quant à elle refusé le rôle de la reine, finalement attribué à Monica Bellucci[6].

Tournage[modifier | modifier le code]

Le tournage a lieu de juin à novembre 2003. Il se déroule en République tchèque à Prague (notamment dans les studios Barrandov), à Krivoklát et Ledeč nad Sázavou[8].

Le tournage est marqué par des tensions entre le réalisateur et les producteurs. Par ailleurs, le directeur de la photographie Nicola Pecorini est renvoyé en plein tournage par Bob Weinstein[6]. Il sera remplacé par Newton Thomas Sigel.

Post-production[modifier | modifier le code]

En juin 2004, alors que le film est en plein montage, Terry Gilliam décide de stopper la postproduction en raison de nombreux conflits et divergences artistiques sur le montage avec le producteur Harvey Weinstein. Le cinéaste part alors tourner Tideland et revient ensuite sur le projet en janvier 2005.

Terry Gilliam voulait initialement Goran Bregović pour la musique du film. Finalement, un style plus traditionnel est adopté et Dario Marianelli est engagé[6].

Sortie et accueil[modifier | modifier le code]

Date de sortie[modifier | modifier le code]

La sortie du film en salles était initialement prévue en . Sa sortie américaine fut finalement repoussée au en raison des reports liés notamment aux conflits entre Terry Gilliam et le producteur Harvey Weinstein à propos du final cut. Le cinéaste déclarera plus tard : « Ce n'est pas le film qu'ils voulaient et ce n'est pas tout à fait le film que je voulais. C'est le film qui est le résultat de deux groupes de personnes, qui ne travaillent pas bien ensemble[9]. » Terry Gilliam évoquera aussi la relation similaire entre Martin Scorsese et les frères Weinstein lors du tournage de Gangs of New York (2002) : « Marty [Scorsese] a dit presque exactement la même phrase que j'ai dite, sans que nous le sachions : “Ils ont retiré la joie du cinéma”[9]. »

Critique[modifier | modifier le code]

Il a été diversement accueilli par la critique anglophone, recueillant 37 % de critiques positives, avec une note moyenne de 5,110 et sur la base de 177 critiques collectées, sur le site internet Rotten Tomatoes[10]. Il obtient un score de 51100 sur la base de 36 critiques sur Metacritic[11].

En France, le film a été mieux accueilli, obtenant une note moyenne de 3.445 sur la revue de presse d'Allociné[12]. Le Nouvel Observateur évoque « un film féerique et macabre, au casting impeccable », Le Figaroscope « une flamboyante fantasmagorie visuelle aux effets spéciaux spectaculaires », Positif un « film infiniment personnel et souvent séduisant », et Télé 7 Jours un mariage entre « le frisson du fantastique, l'humour de la farce et le merveilleux du conte de fées ». Libération parle d'un film généreux mais « lourd à digérer » et qui veut jouer sur trop de tableaux à la fois, L'Écran fantastique d'un film qui « manque de profondeur » mais bénéficie « des habituels dons d'illustrateur de son réalisateur », et Paris Match d'une « loufoquerie désordonnée, mais traversée de moments magiques ». Du côté des critiques négatives, Les Inrockuptibles estime que le film « ne vaut que pour la présence de Matt Damon » et L'Humanité qu'il est « beau mais vide »[12].

Box-office[modifier | modifier le code]

Le film n'est pas un grand succès commercial, rapportant 105 316 267 $ au box-office (dont 37 916 267 $ aux États-Unis)[13]. Il a réalisé 1 487 506 entrées en France, 176 111 en Belgique, 75 509 en Suisse et 36 666 au Québec[14].

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau des États-Unis États-Unis 37 916 267 $ 8
Drapeau de la France France 1 487 506 entrées - 13

Monde Total mondial 105 316 267 $ - -

Distinctions[modifier | modifier le code]

Références culturelles et métaphores[modifier | modifier le code]

De nombreux éléments folkloriques sont présents dans le film évoquant la multiplicité des origines et l'universalité des contes, dont la symbolique permet de contourner la censure pour faire passer les messages les plus subversifs tels que:

  • Les haricots magiques, évoquant l'exploitation de la crédulité des souffrants par les apothicaires et les charlatans grâce à des pilules placebo,
  • Le petit chaperon rouge, la virginité volée ;
  • Hansel et Gretel ; l'infanticide ;
  • Les corbeaux Hugin et Munin, messagers d'Odin ; la noirceur de la servilité face au pouvoir ;
  • Le cheval anthropophage hanté par des nuées d'araignées ; la rébellion des forces de la nature ;
  • Le loup-garou ; retour de l'homme proche de la nature à sa nature originelle, lycanthrope ;
  • Le crapaud hallucinogène, évoquant le besoin d'évasion via la modification de la perception ;
  • La disparition des soldats français dans la forêt enchantée évoque celle des légions de Varus dans la forêt de Teutobourg à l'origine de La Chanson des Nibelungen ;
  • L'anneau sacré est aussi utilisé pour glacer instantanément la surface d'une mare ;
  • La forêt en marche rappelle celle de Macbeth de Shakespeare, la force de l'auto-suggestion et la terreur générée par l'exploitation des fantasmes ;
  • La mise à feu de la forêt par le Général Delatombe savourant son repas devant ce spectacle qualifié par lui de romantique, rappelant l'incendie de Rome par Néron ainsi que les autodafés ;
  • La symbolique de la tour d'ivoire ; l'auto-enfermement volontaire du pouvoir face à ses responsabilités, alors que les populations sont décimées par mille tourments ;
  • La reine thuringienne rappelle le mythe[15] de la sibylle de Cumes obtenant d'Apollon le privilège de vivre 1000 ans mais en oubliant de lui demander de conserver sa jeunesse ;
  • Le combat fratricide sous le contrôle des armes elles-mêmes manipulée à distance par le pouvoir de la reine ;
  • Le rôle magique de la pleine lune; la subordination des lois humaines à celles de la nature, dont la connaissance transforme aux yeux du profane, la science en magie ;
  • L'aveuglement de la religion sous la forme d'un crucifix d'or enflammé, permettant au protagoniste de se débarrasser de son agresseur en l'empalant sur son propre étendard ;
  • La reine enfermée dans la Tour sans entrée et aux cheveux immensément longs rappelle le conte Raiponce, écrit par les Frères Grimm ;
  • L'empilement de plusieurs matelas sur lesquels repose la reine fait référence au conte La princesse au petit pois, de Hans Christian Andersen ;
  • L'Ondine de l'étang par référence aux nymphes, et autres créatures mythologiques.

Analyse[modifier | modifier le code]

Terry Gilliam dénonce dans ce film le rôle de la terreur comme outil de pouvoir et d'enrichissement, à travers tout l'éventail des manipulations; trucages, mensonges, séduction, corruption, chantage, torture, exécution, falsification, séparation hermétique entre le pouvoir et ses esclaves, exploitation de la crédulité, des superstitions, des peurs irraisonnées, détournement des croyances ancestrales. Il nous offre aussi l'illustration que l'instruction est seul remède efficace contre celles-ci.

Terry Gilliam prend délibérément le parti d'une narration mettant en exergue l'aspect merveilleux au lieu de se contenter d'une lecture purement objective de la vie des deux célèbres conteurs, présentés ici comme des aventuriers, ayant réellement vécu les événements relatés de manière romancée dans leurs contes, ce qui diffère quelque peu avec les éléments connus de leur véritable parcours.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Parental guide » ((en) guide parental), sur l'Internet Movie Database
  2. « Fiche du doublage français du film », consultée le 6 octobre 2018
  3. « Fiche du doublage québécois du film », consultée le 6 octobre 2018
  4. Charles Lyons; Kathy Dunkley, « Lion future looks 'Grimm' », Variety,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Adam Dawtrey, « Inside Move: Back on his horse », Variety,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a b c d e f et g « Trivia » ((en) anecdotes), sur l'Internet Movie Database
  7. Staff, « Hot Picks », Variety,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Locations » (tournage et production), sur l'Internet Movie Database
  9. a et b Peče, Maša (2009). "You've got to work at maintaining your version of the world. So start being alone!" An Interview with Terry Gilliam, Senses of Cinema, no. 53, 2009. Retrieved 25 April 2010
  10. (en) « The Brothers Grimm », Rotten Tomatoes
  11. (en) « The Brothers Grimm », Metacritic
  12. a et b « Les Frères Grimm - Critiques Presse », Allociné (consulté le )
  13. (en) « The Brothers Grimm », Box Office Mojo
  14. « Les Frères Grimm », Lumière (consulté le )
  15. Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne], XIV.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]