Le Traître et le Juif

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Le Traître et le Juif est un essai controversé d'Esther Delisle, paru en 1992, qui porte sur l'antisémitisme québécois et l'intolérance fasciste enracinée dans la province.

Les recherches d'Esther Delisle (Le Traître et le juif[1],[2], de même que Mythes mémoires et mensonges et Essai sur l'imprégnation fasciste au Québec qui constituent la suite de sa thèse principale) sont novatrices et inédites dans l'histoire du Québec, mais elles relèvent essentiellement du genre de l'essai et d'une volonté de dénonciation des erreurs du passé. Delisle emploie sciemment les termes « fasciste » et « nazi » dans le contexte québécois et prétend que bien des précurseurs de la Révolution tranquille ont "menti" sur leur passé de sympathisant fasciste (ou pétainiste pour certains) ou auraient occulté des faits liés à des engagements d'extrême droite durant leur jeunesse.

Il y a eu au Québec des militants qui se revendiquaient du fascisme et du nazisme, mais il est incertain s'il s'agissait de mouvements organisés. L'antisémitisme au Québec a été marquant durant les années 1930-1940, mais il n'a pas l'ampleur de l'antisémitisme nazi ou de celui du Régime de Vichy.

Esther Delisle a lancé une polémique et les réactions médiatiques qu'elle a produites ont initié des recherches sur la mémoire québécoise qui va de 1867 jusqu'en 1960. En s'intéressant en particulier à Pierre Trudeau, à Jean-Louis Roux et à Lionel Groulx, Delisle fait une analyse générale des problèmes historiques de l'intolérance ethnique au Québec. Elle analyse particulièrement les mouvements de jeunesse et les hommes impliqués.

On ne saurait qualifier de « révisionnistes » les travaux de Delisle puisqu'ils comptent parmi les premiers à s'intéresser à l'extrême droite au Québec, mais il s'agit d'un point de vue spécifique qui ne doit pas faire oublier la complexité des différents mouvements idéologiques du Québec de l'entre-deux guerres jusqu'à la Révolution tranquille.

D'autres contributions méritent de compléter et de nuancer les recherches d'Esther Delisle. Ce type de travail offre certes une multiplicité d'informations tirés du dépouillement de nombreux documents d'archives, mais, en général, ces ressources ne font pas l'objet d'un travail interprétatif qui contextualise les données.

Le fascisme mussolinien et le nazisme hitlérien ont eu une influence dans les autres provinces canadiennes durant les mêmes années. Au XXIe siècle, le négationnisme existe surtout en dehors du Québec français. Il semble exagéré de parler de « mémoire réprimée » ou de dénégation du passé dans les discours historiques portant sur le Québec des années 1930-1960. Bien des travaux restent à faire et de nombreux acteurs à relire et à mettre en perspective. Une comparaison avec la situation d'autres pays permettrait également de mieux comprendre l'« imprégnation » fasciste au Québec et, plus largement, au Canada.

Notes et références[modifier | modifier le code]