Laure Saint-Raymond

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Laure Saint-Raymond, née le à Paris, est une mathématicienne française. Elle est professeure à l’École normale supérieure de Paris, puis à l’École normale supérieure de Lyon (depuis 2016) et professeure à l'Institut des hautes études scientifiques à partir de 2021. Elle est membre de l'Académie des sciences dans la section « sciences mécaniques et informatiques » depuis 2013.

Biographie[modifier | modifier le code]

Laure Saint-Raymond naît le à Paris[1]. Elle étudie en classe préparatoire au lycée Henri-IV avant d'intégrer l’École normale supérieure en 1994[2]. Elle obtient en 1996 un DEA d'analyse numérique à l'université Paris-VI et un autre de physique des plasmas à l'université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines[3]. Elle est reçue à l'agrégation de mathématiques[4]. Elle soutient une thèse sous la direction de François Golse sur la théorie cinétique des gaz[5],[6].

Elle est recrutée au CNRS en 2000 comme chargée de recherches, puis est élue en 2002 professeure à l'université Paris-VI[4]. Mise à disposition de l’École normale supérieure à partir de 2007, elle y dirige l'équipe d'Équations aux dérivées partielles, puis y devient directrice adjointe de département[4]. En 2008, elle co-organise avec des physiciens un trimestre de recherche à l'Institut Henri-Poincaré intitulé Singularities in Mechanics: formation, propagation and microscopic description.

Laure Saint-Raymond est invitée en 2014 à l'université Harvard et au MIT[1], en 2016 à l'Université de Zurich (Hedi-Fritz-Niggli Guest Professorship) et en 2017 à l'université de Princeton (Princeton Minerva Distinguished Visitorship).

Elle est élue en 2013 à l'Académie des sciences[7],[8]. En 2015, elle devient membre junior de l'Institut universitaire de France[9],[10].

En 2016, elle rejoint l'École normale supérieure de Lyon comme professeure, puis en 2021, elle est nommée professeure permanente à l'IHES[11],[12].

En marge de son activité de recherche, Laure Saint-Raymond participe à différentes activités de diffusion ; parmi les grandes initiatives nationales, plusieurs de ses exposés sont notables : au séminaire « Un texte, un mathématicien » en 2010[13] ; au séminaire « Une question, un chercheur » en 2013[14] ; au séminaire « Mathematic Park » en 2014[15] ; au séminaire « Une invention, des mathématiques » en 2016 ; lors du dix-neuvième Colloque Wright à Genève en 2020[16]. Elle a également prononcé un discours remarqué « La science dont je rêve » lors de la cérémonie 2018 de remise des prix de l'Académie des sciences[17].

Travaux[modifier | modifier le code]

Les travaux de Laure Saint-Raymond portent principalement sur l'analyse asymptotique de systèmes d'équations aux dérivées partielles, notamment ceux gouvernant la dynamique des gaz, des plasmas ou des fluides. Elle cherche notamment à établir l'existence de transitions continues entre les différents niveaux de modélisation. Ce faisant, elle poursuit la résolution d’un des problèmes posés par Hilbert lors du Congrès international des mathématiciens de 1900, à savoir le sixième problème concernant l'axiomatisation de la physique.

L'équation de Boltzmann, qui décrit de façon statistique le mouvement des particules dans un gaz, joue un rôle central dans les travaux de Laure Saint-Raymond. D'une part, elle a étudié ses limites hydrodynamiques, montrant ainsi qu’on peut obtenir les modèles plus simples de fluides (par exemple, les équations d'Euler ou de Navier-Stokes) à partir de l’équation de Boltzmann quand les collisions entre particules sont suffisamment nombreuses et entrainent une relaxation rapide vers l’équilibre thermodynamique. Du point de vue mathématique, il s'agit notamment de comprendre la similitude de structure entre l'équation de Boltzmann pour les gaz raréfiés et les équations de Navier-Stokes des fluides incompressibles. D'autre part, elle a étudié la validité de l'équation de Boltzmann : la description statistique donne avec grande probabilité une bonne approximation de la dynamique des particules quand le nombre de particules est très grand et dans la limite de basse densité. Cette connexion entre mécanique classique et mécanique statistique pose de nombreuses questions fondamentales sur la propagation du chaos et l'apparence d'irréversibilité. Une série de résultats récents (et remarqués par le jury du prix Bôcher) avec Thierry Bodineau, Isabelle Gallagher et Sergio Simonella permet d'analyser les corrélations dans le système de particules hors équilibre, et de mieux comprendre les fluctuations autour de l'équation de Boltzmann.

Un autre aspect des recherches de Laure Saint-Raymond concerne l'étude des fluides géophysiques, avec les mêmes questions de réduction des modèles. En collaboration avec Anne-Laure Dalibard et Isabelle Gallagher, elle a étudié les fluides en rotation rapide (par exemple, les mouvements à grande échelle des océans sous l'effet de la force de Coriolis) et la propagation des ondes inertielles. Des travaux plus récents, en collaboration avec Yves Colin de Verdière, ouvrent de nouvelles perspectives pour la compréhension de ces ondes en présence de topographie. Ils concernent également les ondes internes qui sont dues à la stratification et qui jouent un rôle essentiel pour le transport de l’énergie dans l'océan et dans les noyaux fluides des planètes :

Publications (sélection)[modifier | modifier le code]

  • From the Boltzmann equation to the Stokes-Fourier system in a bounded domain, avec N. Masmoudi, Comm. Pure Appl. Math. 56, 1263–1293 (2003) ;
  • The Navier-Stokes Limit of the Boltzmann Equation for Bounded Collision Kernels, avec F. Golse, Inventiones Math. 155, 81–161 (2004) ;
  • The Navier-Stokes limit of the Boltzmann equation with hard potentials, avec F. Golse, J. Math. Pures Appl. 91, 508–552 (2009) ;
  • Hydrodynamic limits of the Boltzmann Equation, Lecture Notes in Mathematics, Springer 1971, 1--195 (2009) ;
  • From hard spheres dynamics to the Stokes–Fourier equations: An L2 analysis of the Boltzmann–Grad limit, avec T. Bodineau et I. Gallagher, Annals PDE 3 (2017), 90 pages ;
  • Fluctuation Theory in the Boltzmann–Grad Limit, avec T. Bodineau, I. Gallagher et S. Simonella, J. Stat. Phys. 180 (2020), 873-895.
  • Mathematical study of the betaplane model, avec I. Gallagher, Mémoires de la SMF 107, 1--116 (2006) ;
  • Mathematical study of rotating fluids with resonant surface stress', avec A.-L. Dalibard, J. Differential Équations 246, 2304–2354 (2009) ;
  • Trapping Rossby waves by wind forcing, avec C. Cheverry, I. Gallagher et T. Paul, Duke J. Math. 161, 845-892 (2012) ;
  • Mathematical study of degenerate boundary layers, avec A.-L. Dalibard, Memoirs of the American Mathematical Society 826 (2015), 113 pages ;
  • Attractors for two-dimensional waves with homogeneous Hamiltonian of degree 0, avec Y. Colin de Verdière, Comm. Pure Appl. Math (2019).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Laure Saint-Raymond, entre science, famille et foi », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ).
  2. Arrêté du 15 septembre 1994 portant ordre de classement au concours d'entrée en première année à l’École normale supérieure, section des sciences (premier concours).
  3. « Entretien avec Laure Saint-Raymond », sur ens.fr (consulté le )
  4. a b et c Louise Mussat, « Laure Saint-Raymond, la boss des maths », sur lejournal.cnrs.fr, CNRS, (consulté le ).
  5. (en) « Laure Saint-Raymond », sur le site du Mathematics Genealogy Project
  6. Notice de la thèse dans le catalogue du Sudoc
  7. Philippe Douroux, « Laure Saint-Raymond, l'ingénue des maths », Libération,‎ (lire en ligne).
  8. Stéphane Foucart, « Laure Saint-Raymond, mathématicienne brillante et discrète », sur Le Monde, .
  9. Sa fiche sur le site de l'Institut universitaire de France.
  10. « Les membres - Institut Universitaire de France », sur iufrance.fr (consulté le ).
  11. « Laure Saint-Raymond joins IHES as a permanent professor », sur IHES, (consulté le ).
  12. « La mathématicienne Laure Saint-Raymond est nommée professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques », sur Magazine La Recherche, (consulté le ).
  13. Décrire mathématiquement les gaz : le défi de Boltzmann, https://vimeo.com/37116210
  14. Influence des côtes sur les courants marins, https://www.youtube.com/watch?v=x9P9_Wfkfhw
  15. Singularités des écoulements en eau peu profonde, https://www.youtube.com/watch?v=OHvk67fCB4M
  16. Désordre, hasard et grands nombres, https://www.youtube.com/watch?v=9kRcWSyr8Ds
  17. « La science dont je rêve... - Laure Saint-Raymond » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  18. Décret du 2 mai 2012 portant promotion et nomination.
  19. Décret du 31 décembre 2018 portant promotion et nomination.
  20. Communiqué sur le site de la ville de Paris
  21. Article dans la gazette de la Société mathématique de France
  22. Communiqué de l'American Mathematical Society
  23. Biographie et Zoom sur les travaux de recherche de Laure Saint-Raymond
  24. Communiqué de presse de l'académie des sciences du 10 décembre 2013
  25. Communiqué de l'American Mathematical Society
  26. Liste des conférencier⋅es plénier⋅es sur le site de l'ICM 2022

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]