La Périchole

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La Périchole
Description de cette image, également commentée ci-après
Hortense Schneider en costume de Périchole (1874)
cliché Reutlinger
Genre opéra-bouffe
Nbre d'actes 2 ou 3 actes et quatre tableaux
Musique Jacques Offenbach
Livret Ludovic Halévy et Henri Meilhac
Langue
originale
Français
Sources
littéraires
Prosper Mérimée: Le Carrosse du Saint-Sacrement
Création
théâtre des Variétés, Paris

Versions successives

  • 1868 : 1re version en deux actes
  • 1874 : 2e version en trois actes et quatre tableaux

Personnages

  • La Périchole, chanteuse des rues
  • Piquillo, chanteur des rues
  • Don Andrès de Ribeira, vice-roi du Pérou
  • Don Miguel de Panatellas, premier gentilhomme de la Chambre
  • Don Pedro de Hinoyosa, gouverneur de Lima
  • Guadalena, 1re cousine
  • Berginella, 2e cousine
  • Mastrilla, 3e cousine
  • Le Marquis de Tarapote, grand chambellan
  • Manuelita, Frasquinella, Brambilla, Ninetta, dames de la Cour
  • Deux notaires
  • Le Marquis de Satarem, vieux prisonnier (1874)
  • Un geôlier (1874)

Airs

  • Couplets de l'Incognito - acte I
  • Complainte « L'Espagnol et la Jeune Indienne » - acte I
  • Air de la lettre - acte I
  • Griserie ariette - acte I
  • Couplets « Les femmes, il n'y a qu'ça » - acte II
  • Couplets « Que les hommes sont bêtes » - acte II
  • Final II - « Rondo des maris récalcitrants »
  • Air de Piquillo « On me proposait d'être infâme » - acte III
  • Couplets de l'Aveu « Je t'adore, brigand » - acte III

La Périchole est un opéra-bouffe de Jacques Offenbach, sur un livret de Ludovic Halévy et Henri Meilhac inspiré d'une comédie de Prosper Mérimée : Le Carrosse du Saint-Sacrement créé le au Théâtre des Variétés dans une version en deux actes, puis dans une version remaniée en 3 actes et 4 tableaux le , toujours aux Variétés.

Genèse

En 1867, Offenbach est présent sur 4 théâtres à la fois : La Vie parisienne continue de divertir le public de l'Exposition universelle au Palais-Royal, tandis que La Grande-duchesse de Gérolstein triomphe aux Variétés avec Hortense Schneider (les deux œuvres étant dues à la plume de ses librettistes favoris, Henri Meilhac et Ludovic Halévy), que les Menus-Plaisirs font florès avec la seconde version de Geneviève de Brabant et que l'Opéra-Comique donne à nouveau sa chance au compositeur avec Robinson Crusoé, dans lequel Offenbach alterne avec talent romantisme et bouffonnerie, sans convaincre tout à fait.

En revanche, 1868 est une année plus sombre : Le Château à Toto, nouvel opéra-bouffe signé Offenbach, Meilhac et Halévy, surprend en raison d'un livret où la nostalgie et la lassitude de la grande ville ont pris la place de la bouffonnerie échevelée à laquelle le trio a habitué son public (Halévy traverse cette année-là une phase de dépression). Le Pont des soupirs (2e version en 4 actes) a fait son retour le 8 mai au théâtre des Variétés et se solde par un demi-échec. Ce n'est que fin septembre qu'Offenbach retrouve les faveurs du public aux Bouffes-Parisiens, où il donne deux opérettes en 1 acte : Le Fifre enchanté, créé en 1865 à Bad Ems et dont c'est ici la première apparition à Paris, et L'Île de Tulipatan, toutes deux saluées par la critique, la première pour sa musique, la seconde pour son excellent et audacieux livret.

Fort de ce succès, Offenbach revient aux Variétés avec Hortense Schneider et Dupuis, sur un nouveau livret de Meilhac et Halévy : La Périchole. La pièce est un demi-succès… Le livret est, tout comme le Château à Toto, très différent dans l'atmosphère : on y a faim, on y est incapable d'aimer car pauvre, on y est méprisé, malheureux, on y est le jouet des souverains (contrairement à la Grande-Duchesse où c'est l'héroïne qui est le jouet de ses amours capricieuses). La scène de griserie et le mariage à la fin de l'acte I, où les futurs conjoints sont saouls, sont très mal perçus. Le livret se termine de façon abrupte. Et même si les « Couplets de l'Espagnol », la « Lettre » et d'autres airs deviennent très vite populaires, la pièce ne reste pas à l'affiche. Il est vrai que la situation politique s'assombrit : la guerre franco-prussienne (qui précipitera la chute du Second Empire) couve, ainsi que le trio le prédisent en 1869 dans Les Brigands et leurs célèbres « bruits de bottes ».

Il faudra attendre 1874 pour que l'œuvre connaisse enfin un succès pérenne dans sa version définitive en 3 actes et 4 tableaux (Offenbach en aura donné entre temps pas moins de 5 versions entre Vienne et Paris). Avec le Château à Toto, La Périchole constitue ainsi les prémices d'une évolution irrémédiable d'Offenbach vers le style « opéra-comique » abordé ponctuellement jusque-là (Les Bergers, La Chanson de Fortunio, etc.) et qui fera le succès de Charles Lecocq sous la Troisième République.

Argument

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Version de 1874.

À Lima, le vice-roi du Pérou sort s'encanailler incognito - croit-il - auprès du bon peuple. Deux chanteurs des rues, la Périchole et son amant Piquillo n'ont guère de succès, même pas l'argent pour se marier. Alors que Piquillo s'éloigne, La Périchole s'endort pour tromper sa faim. Le vice-roi, subjugué par sa beauté lui propose de devenir demoiselle d'honneur. La Périchole n'est pas dupe mais au comble de la faim, elle accepte et rédige une lettre d'adieu à Piquillo. Celle-ci le plonge au désespoir et il veut se pendre. Heureux hasard, il est sauvé par le premier gentilhomme de la cour qui cherche un mari à la future favorite du vice-roi pour respecter les apparences. Après avoir été rassasiés l'un et l'autre et aidés par les alcools, le mariage est célébré, sans que Piquillo n'ait réalisé l'identité de son épouse.

Le lendemain, dégrisé, Piquillo fait savoir qu'il en aime une autre et veut la retrouver. Il doit préalablement présenter officiellement son épouse au vice-roi. Quand il découvre que la Périchole est la maîtresse de celui-ci, il éclate de fureur, insulte le monarque et est aussitôt expédié au cachot, comme tous les maris récalcitrants.

En prison, la Périchole vient visiter son Piquillo. Après un mouvement d'humeur de sa part, elle l'informe qu'elle n'a pas cédé aux avances du roi, et qu'elle va corrompre le geôlier. Celui-ci se présente mais n'est autre que le vice-roi déguisé, qui les fait enfermer tous les deux. Une fois laissés seul, un vieux prisonnier les fait évader par le tunnel qu'il a creusé.

Les trois évadés se retrouvent en ville, mais sont identifiés par une patrouille et le vice-roi qui se présente aussitôt. La Périchole et Piquillo chantent leurs malheurs, ce qui attendrit le roi qui, magnanime, les laisse se marier et avoir des enfants qui grandiront, car ils sont Espagnols.

Interprètes de la création

  • La Périchole, chanteuse des rues : Hortense Schneider (1868 et 1874)
  • Piquillo, chanteur des rues : José Dupuis (1868 et 1874)
  • Don Andrès de Ribeira, vice-roi du Pérou : Pierre-Eugène Grenier (1868 et 1874)
  • Don Miguel de Panatellas, premier gentilhomme de la Chambre : Christian (1868) puis Baron (1874)
  • Don Pedro de Hinoyosa, gouverneur de Lima : Lecomte (1868) puis Léonce (1874)
  • Guadalena, 1re cousine  : Legrand (1868) puis J. Grandville (1874)
  • Berginella, 2e cousine : Carlin (1868) puis Lina Bell (1874)
  • Mastrilla, 3e cousine : C. Renault (1868) puis Schweska (1874)
  • Le marquis de Tarapote, grand chambellan : Charles Blondelet (1868 et 1874)
  • Manuelita, dame de la Cour :  : Julia H. (1868) puis Martin (1874)
  • Frasquinella, dame de la Cour : A. Latour (1868) puis Julia H. (1874)
  • Brambilla, dame de la Cour : Gravier (1868) puis Estelle Lavigne (1874)
  • Ninetta, dame de la Cour : Bénard (1868) puis Valpré (1874)
  • 1er notaire : Bordier (1868 et 1874)
  • 2e notaire : Horton (1868) puisMonti (1874)
  • Le marquis de Santarem, vieux prisonnier : Daniel Bac (1874)
  • Un geôlier : Coste (1874)

Numéros musicaux

Version de 1868
Acte I
  • Ouverture
  • n°1 Chœur de fête et Chanson des Trois Cousines
  • n°1bis Reprise du chœur
  • n°2 Chœur et Couplets de l'Incognito
  • n°3 Marche indienne et Entrée des chanteurs
  • n°4 Complainte « L'Espagnol et la Jeune Indienne »
  • n°5 Séguedille « Le Muletier et la Jeune Personne »
  • n°6 Chœur des saltimbanques
  • n°7 Air de la lettre
  • n°7bis Mélodrame
  • n°8 Final
    • Chœur et Duetto des notaires
    • Griserie-Ariette
    • Duetto du mariage
    • Final et Marche de palanquins
Acte II
  • n°9 Entr'acte
  • n°10 Chœur des dames de la cour
  • n°11 Cancans-Couplets
  • n°12 Chœur des seigneurs
  • n°13 Couplets « Les femmes, il n'y a qu'ça »
  • n°14 Final
    • Chœur de la présentation
    • Couplets « Que les hommes sont bêtes »
    • Rondo de bravoure
    • Galop de l'arrestation
    • Rondo des maris ré...
  • n°15 Duo des bijoux
  • n°16 Couplets « Aie donc confiance »
  • n°17 Le Couvert du Roi - Chœur
  • n°17bis Entrée des chanteurs
  • n°18 Séguedille « Le Chanteur et la Chanteuse »
  • n°19 Final
Version de 1874
Acte I
  • Ouverture
  • n°1 Chœur de fête et Chanson des Trois Cousines
  • n°1bis Reprise du chœur
  • n°2 Chœur et Couplets de l'Incognito
  • n°3 Marche indienne et Entrée des chanteurs
  • n°4 Complainte « L'Espagnol et la Jeune Indienne »
  • n°5 Séguedille « Le Muletier et la Jeune Personne »
  • n°6 Chœur des saltimbanques
  • n°7 Air de la lettre
  • n°7bis Mélodrame
  • n°8 Final
    • Chœur et Duetto des notaires
    • Griserie-Ariette
    • Duetto du mariage
    • Final et Marche de palanquins
Acte II
  • n°9 Entr'acte
  • n°10 Chœur des dames de la cour
  • n°11 Cancans-Couplets
  • n°12 Chœur des seigneurs
  • n°13 Couplets « Les femmes, il n'y a qu'ça »
  • n°14 Final
    • Chœur de la présentation
    • Couplets « Que les hommes sont bêtes »
    • Rondo de bravoure
    • Galop de l'arrestation
    • Rondo des maris ré... »
Acte III - Premier tableau
  • Entr'acte
  • n°15 Couplets-Boléro
  • n°16 Air « On me proposait d'être infâme »
  • n°16bis Mélodrame
  • n°17 Duo et Couplets de l'Aveu
  • n°18 Trio du Joli Geôlier
  • n°19 Trio de la prison
  • n°19bis Mélodrame
  • n°20 Final
Acte III - Deuxième tableau
  • Entr'acte
  • n°21 Chœur des patrouilles, Ariette-valse des Trois Cousines et Ensemble
  • n°21bis Mélodrame
  • n°22 Complainte des Amoureux
  • n°23 Final

Analyse de la version de 1868

La version de 1868 compte 19 numéros, dont 4 disparaîtront dans la nouvelle version.

L'acte I est identique à la seconde version, bien que la Séguedille (n°5 « Le Muletier et La Jeune Personne ») soit mentionnée alors comme « passée au théâtre » (non jouée). La première partie de l'acte II, inchangée, constitue le deuxième acte de la version de 1874. Elle s'achève sur le n°14, l'ensemble des « Maris récalcitrants » (qui devient ainsi un Final, alors qu'il est le morceau central de l'acte II dans la version de 1868) identique, si ce n'est la ritournelle sur laquelle tombe désormais le rideau.

Le n°15 de la version de 1868 est un duo entre la Périchole et le Vice-Roi, le « Duo des bijoux » et dont le « Ah ! que j'aime les diamants » est un clin d’œil au « Ah ! que j'aime les militaires » de la Grande-duchesse. Le n°16 est une reprise, par la Périchole, de l'air « Les Femmes il n'y a qu'ça » et dans laquelle elle chante à Piquillo qu'il vaut mieux se laisser conduire par sa bien-aimée lorsqu'elle sait où elle va. Le n°17 est un morceau choral, le « Couvert du Roi », durant lequel on sert son dîner à Don Andrès (ce dernier ne mangera rien par peur qu'on l'empoisonne)[1]. Le n°18 est une reprise intégrale de la Séguedille du premier acte mais avec de nouvelles paroles résumant la pièce. Don Andrès pardonne, autorise la Périchole à garder ses diamants et le Final (n°19) reste inchangé par rapport au finale de l'acte III actuel, à savoir une reprise de « l'Espagnol et la Jeune Indienne » avec de nouvelles paroles.

Sources et citations

  • Le personnage de la Périchole apparaît en 1825 dans une pièce de théâtre de Prosper Mérimée : Le Carrosse du Saint-Sacrement. Il est inspiré d'un personnage réel : la comédienne péruvienne Micaela Villegas, surnommée « la perra chola » (« chienne de métisse ») en raison de la mésalliance de sa mère avec un chanteur des rues, et qui devint la maîtresse du vice-roi du Pérou.
  • La teneur de la lettre que la Périchole adresse à Piquillo au premier acte reproduit en vers celle que Manon Lescaut, dans le roman homonyme de l'abbé Prévost, laisse à son amant, le chevalier des Grieux :
O mon cher amant, je te jure
Que je t’aime de tout mon cœur ;
Mais, vrai, la misère est trop dure,
Et nous avons trop de malheur !
Tu dois le comprendre toi-même,
Que cela ne pourrait durer,
Et qu’il vaut mieux… (Dieu ! que je t’aime ! )
Et qu’il vaut mieux nous séparer !
Crois-tu qu’on puisse être bien tendre,
Alors que l’on manque de pain ?
À quels transports peut-on s’attendre,
En s’aimant quand on meurt de faim ?
Je suis faible, car je suis femme,
Et j’aurais rendu, quelque jour,
Le dernier soupir, ma chère âme,
Croyant en pousser un d’amour…
Ces paroles-là sont cruelles,
Je le sais bien… mais que veux-tu ?…
Pour les choses essentielles,
Tu peux compter sur ma vertu.
Je t’adore !… Si je suis folle,
C’est de toi !… compte là-dessus…
Et je signe : la Périchole,
Qui t’aime mais qui n’en peut plus !…
La Périchole, acte I, scène IX
Je te jure, mon cher Chevalier, que tu es l’idole de mon cœur et qu’il n’y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t’aime ; mais ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l’état où nous sommes réduits, c’est une sotte vertu que la fidélité ? Crois-tu qu’on puisse être bien tendre lorsqu’on manque de pain ? La faim me causerait quelque méprise fatale ; je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un d’amour. Je t’adore, compte là-dessus ; mais laisse-moi, pour quelque temps, le ménagement de notre fortune.
Manon Lescaut, livre premier

Reprises notables

En 1969, la pièce obtient un vif succès plusieurs mois durant, avec Jane Rhodes, Jane Berbié puis Suzy Delair dans le rôle-titre et Jean Le Poulain dans celui du Vice-roi au théâtre de Paris.

Plus récemment, Jérôme Savary s'en est emparé à plusieurs reprises, d'abord sous sa forme traditionnelle, puis adaptée en comédie musicale en 1999 au Théâtre national de Chaillot et en 2000 au Théâtre national de l'Opéra-Comique où elle fut reprise fin janvier 2007.

Discographie

Notes et références

  1. Inséré de façon tronquée par Michel Plasson pour son enregistrement chez EMI Classics vant le final de l'acte II, on peut l'entendre en intégralité - tout comme les autres numéros de la version de 1868 - dans l'enregistrement live du Théâtre impérial de Compiègne chez Mandala.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes