La Mouche et la Fourmi

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La Mouche et la Fourmi
Image illustrative de l’article La Mouche et la Fourmi
Gravure de Pierre Quentin Chedel d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1668
Chronologie

La Mouche et la Fourmi est la troisième fable du livre IV de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

La Mouche et la Fourmi contestaient de leur prix.
            Ô Jupiter ! dit la première,
Faut-il que l'amour-propre aveugle les esprits
            D'une si terrible manière,
            Qu'un vil et rampant Animal
A la fille de l'air ose se dire égal !
Je hante les palais, je m'assieds à ta table :
Si l'on t'immole un boeuf, j'en goûte devant toi ;
Pendant que celle-ci chétive et misérable
Vit trois jours d'un fétu qu'elle a traîné chez soi.
            Mais ma Mignonne, dites-moi,
Vous campez-vous jamais sur la tête d'un Roi,
            D'un Empereur ou d'une Belle ?
Je le fais ; et je baise un beau sein quand je veux :
            Je me joue entre des cheveux ;
Je rehausse d'un teint la blancheur naturelle ;
Et la dernière main que met à sa beauté
            Une femme allant en conquête,
C'est un ajustement des Mouches emprunté.
            Puis allez-moi rompre la tête
            De vos greniers. « Avez-vous dit ?
            Lui répliqua la ménagère.
Vous hantez les palais ; mais on vous y maudit
            Et quant à goûter la première
            De ce qu'on sert devant les Dieux,
            Croyez-vous qu'il en vaille mieux ?
Si vous entrez partout, aussi font les profanes.
Sur la tête des Rois et sur celle des Ânes
Vous allez vous planter ; je n'en disconviens pas ;
            Et je sais que d'un prompt trépas
Cette importunité bien souvent est punie.
Certain ajustement, dites-vous, rend jolie.
J'en conviens : il est noir ainsi que vous et moi.
Je veux qu'il ait nom Mouche : est-ce un sujet pourquoi
            Vous fassiez sonner vos mérites ?
Nomme-t-on pas aussi Mouches les parasites ?
Cessez donc de tenir un langage si vain :
            N'ayez plus ces hautes pensées.
            Les mouches de cour sont chassées ;
Les Mouchards (8) sont pendus, et vous mourrez de faim,
            De froid, de langueur, de misère,
Quand Phébus (9) régnera sur un autre hémisphère.
            Alors je jouirai du fruit de mes travaux :
            Je n'irai, par monts ni par vaux,
            M'exposer au vent, à la pluie ;
            Je vivrai sans mélancolie.
Le soin que j'aurai pris, de soin m'exemptera.
            Je vous enseignerai par là
Ce que c'est qu'une fausse ou véritable gloire.
Adieu, je perds le temps : laissez-moi travailler;
        Ni mon grenier, ni mon armoire,
            Ne se remplit à babiller. »

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, La Mouche et la Fourmi

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