Affaire du sacre de Napoléon III

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 20 novembre 2014 à 20:02 et modifiée en dernier par Easy Tempo (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Portrait de l'Empereur Napoléon III par Winterhalter

L'affaire du sacre de Napoléon III est la négociation secrète du sacre qui n'a pas suivi la proclamation comme empereur des Français sous le titre de Napoléon III, après le sénatus-consulte du 7 novembre et l'approbation du peuple par plébiscite du 21 novembre 1852. La proclamation se déroula le dimanche 2 décembre 1852, mais la cérémonie du sacre ne se fit pas.

Contexte

La proclamation du senatus-consulte

Prince-président Louis-Napoléon, par A. Belin

Le 7 novembre 1852, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte reçut au Château de Saint-Cloud la délégation du Sénat lui présentant le sénatus-consultes promulgué à midi et demi, qui le proclame empereur des Français sous le nom de Napoléon III.

Plébiscite

À la suite de la proclamation, Louis-Napoléon demanda au peuple une confirmation par un plébiscite le 21 novembre, afin d'accepter le « rétablissement de la dignité impériale ». Les résultats de ce plébiscite furent connus le mercredi 1er décembre: 7 824 000 oui contre 253 000 non, soit plus de 96,7 % d'approbation. Aussitôt, le parlement vote le texte de promulgation de l'Empire. Son président, Adolphe Billault porte à Saint-Cloud le résultat officiel du plébiscite. Louis-Napoléon, habillé avec l'uniforme de général de division, lui répond : « Je prends dès aujourd'hui, avec la couronne, le nom de Napoléon III. »

La cérémonie d'investiture

Cérémonie

La journée d'investiture commença le jeudi 2 décembre à 6 h 45 par 101 coups de canon à l'Esplanade des Invalides. Elle dura toute une journée, et vue la proclamation de Napoléon III, se termina le lendemain par la visite de l'Empereur à l'Hôtel-Dieu, Notre-Dame et au Val-de-Grâce.

« Les réjouissances publiques seront réservées pour le sacre »

Le 29 novembre 1852, le ministre de l'Intérieur Persigny dit que la proclamation de l'Empire, « doit être faite avec le concours de toutes les autorités civiles et militaires, les cérémonies religieuses officielles étant réservées pour une autre époque ».

Festivités

Les festivités commencèrent le jeudi 2 décembre à 10 h 00 à l'Hôtel de ville de Paris, où le préfet de la Seine, Jean-Jacques Berger, donne le résultat du plébiscite et proclame l'Empire[1].

Napoléon III par Boutibonne

À midi, Louis-Napoléon quitte à cheval le Château de Saint-Cloud, vêtu de l'uniforme de lieutenant général, escorté par Persigny et Saint-Arnaud. Des jeunes Clodoaldiennes lui donnèrent un bouquet de violettes. Il traversa la Seine au Pont de Saint-Cloud, entra dans Boulogne-Billancourt, remonta le Bois de Boulogne, arriva à la Porte Maillot, et monta à l'Arc de triomphe de l'Étoile[2].

Entrée de Napoléon III dans Paris par Theodore Jung

Napoléon descendit l'Avenue des Champs-Élysées, traversa la Place de la Concorde, puis le jardin des Tuileries, et monta dans la salle du trône du Palais des Tuileries, où l'attendaient le prince impérial, Jérôme Bonaparte, Abd el-Kader, et Joachim Murat.

À 14 h 15, un coup de canon retentit, le drapeau tricolore se déploie sur le faîte du palais. L'empereur se montre au grand balcon, Place du CarrouselSaint-Arnaud lit le résultat du plébiscite à l'armée. De l'autre côté, sur la place de la Concorde, Persigny lit également le texte au peuple, proclamant l'Empire: Vive Napoléon III ! Vive l'Empereur ! répond la foule[3]. Vers 19 h 00, toujours au Palais des Tuileries, l'Empereur dîne avec Mathilde Bonaparte, Élisa Camerata-Baciocchi, Jérôme Bonaparte, Joachim Murat, la princesse Murat, Lucien Murat, la comtesse Rasponi, Louis-Lucien Bonaparte, et Pierre-Napoléon Bonaparte. Ils fêtent la mort de la Deuxième République et la naissance du Second Empire. À 20 h 00, Napoléon III reçoit dans la salle du Trône, les félicitations des ambassadeurs et de l'archevêque de Paris, Mgr Sibour. Il signa : « Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français »[4].

Napoléon est proclamé empereur sous le nom de Napoléon III.

Allégorie du Second Empire

Le lendemain, vendredi 3 décembre, à 11 h 00, l'archevêque, le préfet de la Seine, Berger, le préfet de police de Paris, Pierre Marie Pietri, le directeur de l'assistance publique, Henri Jean-Baptiste Davenne, et le secrétaire général de l'Intérieur, Henri Chevreau, reçoivent Napoléon III à l'Hôtel-Dieu. Napoléon III est accompagné de Victor de Persigny, Saint-Arnaud, Goyon, et du commandant de Toulongeon. Napoléon III va à la Chapelle Saint-Julien-le-Pauvre. Il s'agenouille quelques instants, l'archevêque entonne le Domine salvum fac Imperatorem nostrum Napoleonem de Giovanni Paisiello, donnant ainsi l'exemple de la substitution qu'il vient de prescrire au clergé du diocèse. Puis Napoléon III visita les malades, qui le reçurent au cri de Vive l'Empereur !.

Lors du sacre des rois de France, le prince ayant reçu l'onction de la Sainte Ampoule, devient thaumaturge : « Le Roi te touche, Dieu te guérit. » Mais Napoléon III n'ayant pas été sacré et n'étant pas roi de France ne pouvait guérir les écrouelles. Il distribua une croix d'honneur, une pension, et puis décora Eugène Bouchut[5]. À 12 h 30, prenant le bras de l'archevêque, Napoléon III quitta l'Hôtel-Dieu, traversa à pied le parvis Notre-Dame et entra dans la cathédrale.

Le couronnement fut remplacé par une cérémonie religieuse où le Te Deum fut chanté. Hector Berlioz fut déçu car ce ne fut pas son Te Deum qui accompagna la cérémonie, alors que l'entourage de Napoléon III lui avait promis que le sien serait choisi[6]. Napoléon III retourna au Palais des Tuileries, où commencèrent à arriver les lettres de créance des autres États reconnaissant l'Empire, puis il rentra à Saint-Cloud.

L'échec du sacre

Napoléon III avait, dès août 1852, commencé les négociations de son sacre par le pape Pie IX. Il envoya à Rome son aide-de-camp, le Général Jules Comway de Cotte, et l'abbé Louis-Gaston de Ségur, auditeur de la Rote romaine pour la France. Mais en échange du sacre, Pie IX exige que le sacre se déroule à Rome et non pas à Paris, que soient annulés les Articles organiques de Napoléon Ier de 1801 et que soit rendu à nouveau obligatoire le mariage catholique pour tout mariage civil. En avril 1853, Napoléon III, refusant de se faire sacrer à Rome, le gouvernement ainsi que l'opinion publique n'acceptant pas les concessions demandées par Pie IX, les négociations du sacre de Napoléon III sont abandonnées. Napoléon III n'a donc pas l'investiture de droit divin, car il n'a pas été sacré Empereur par le pape, il a un simple mandat impérial, puisque sa légitimité est seulement donnée par le plébiscite du peuple. Napoléon III en gardera rancune[7]:

  • « Sa Sainteté se débrouillera seule avec les Italiens »
  • « Sa chute ne sera pas troublée par la mienne »
  • « Les prêtres ne pleurent que sur leurs propres malheurs »

Émile Ollivier dira en mai 1853 : « À ce moment, je suis sorti de ma tentation catholique. C'était une maladie, une faiblesse d'esprit. »

La revanche du sacre

Napoléon III dit le jour du baptême de son fils, dont le parrain n’est autre que Pie IX[8]: « Un tel baptême vaut bien un sacre » (1856)[9].

Représentations en costume du sacre

Représentations de Napoléon III en costume du sacre (2 décembre 1852)

Winterhalter

Napoléon III par Winterhalter

Napoléon III, Empereur des Français par Winterhalter, 1852, Rome, (it). L'Empereur est devant le palais des Tuileries, portant l’uniforme militaire de lieutenant général ou général de division, le Grand collier de la Légion d'honneur, l’écharpe de moire rouge de cet ordre, qui lui barre le tronc et, accroché sur ses épaules, le manteau de pourpre brodé d'abeilles dorées[10] et fourré d'hermine, mais inexistant dans la réalité[11]. Il est imaginé à partir du manteau d'Isabey et Percier[12]. Napoléon III tient dans sa main droite la main de justice (main de Licorne), tandis que sa main gauche repose sur son épée. La couronne[13] est semblable à celle fabriquée en 1853 par Alexandre-Gabriel Lemonnier[14] avec les pierres de celle de Charles X[15] (dont les aigles furent fabriqués par les frères Fannière). La couronne est fermée, comme celle de Louis XV, mais fut vendue (1887)[16]. Apparaît sous le manteau impérial[17]le sceptre de Charles V (ou de Charlemagne), restauré en 1804. Dans le fond repose le trône de Jacob-Desmalter[18], au dossier rond et orné de lauriers, créé pour son oncle Napoléon Ier.

Cabasson

Apothéose de Napoléon III par Cabasson

L’Apothéose de Napoléon III par Guillaume Cabasson (1854, Compiègne, Musée national du château de Compiègne)[19] : Napoléon III est sur un char avec l'allégorie de la France, qui tient le drapeau tricolore. Devant lui: Héraclès (Hercule) et Minerve (Athéna). Napoléon III est suivi par trois déesses: la Peinture, la Sculpture et l’Architecture. À l’arrière, figurent trois autres déesses: la Justice, assise sur le lion de la Clémence, la Loi à gauche et l’Autorité à droite. Tout en haut, l’aigle impérial plane au-dessus d'une Renommée ailée qui sonne les trompettes et de la déesse de la Victoire qui tient une couronne de laurier et un rameau d’olivier « L’Empire c’est la paix ». En haut et à gauche, deux amours ailés tiennent l’urne du plébiscite, et son résultat sur parchemin : « Napoléon III Empereur ». Au paradis des braves, Napoléon Ier avec ses maréchaux, salue en soulevant son chapeau. En bas, la déesse de l’Abondance (couverture bleue), Hermès, Cérès (Déméter). En bas et à gauche, deux putti portent les armoiries impériales[20],[21].

Cabanel

Portrait de l'Empereur Napoléon III[22], par Alexandre Cabanel (1865, Ajaccio, Musée Fesch)[23]. Il s'agit d'une esquisse préparatoire pour le tableau présenté au Salon de 1865.

Cabanel

Napoléon III par Alexandre Cabanel

Portrait en pied de Sa Majesté l'Empereur Napoléon III[24], par Alexandre Cabanel (1865, Compiègne, Musée national du château de Compiègne)[25]. Dans ce grand portrait présenté au Salon de 1865, dernier grand portrait d'un souverain français, Napoléon III se trouve au palais des Tuileries, dans l'ancien cabinet de travail de Napoléon Ier. Il pose en civil, comme un homme d'État civil ou un gentleman et non pas en uniforme militaire impérial. L'impératrice Eugénie avait souhaité un portrait à la fois intime et officiel, bien différent de celui de Flandrin. Les indications du statut de l'empereur sont:

  • le manteau rouge à hermine
  • la couronne impériale
  • le sceptre posé sur la table, sur laquelle Napoléon III repose sa main gauche.

Il ne porte qu'une seule décoration: la médaille de la Légion d'honneur à sa gauche, et son torse est barré en travers de son épaule droite du grand cordon de la Légion d'honneur. La critique dira de lui qu'il ressemblait à « un garçon prêt à servir le souper »[26], ce qui valut au tableau le sobriquet « portrait de maître d'hôtel! »[27].

Cabanel

Napoéeon III par Cabanel - Walters

Portrait de l'empereur Napoléon III, par Alexandre Cabanel (1865, Baltimore, Walters Art Museum)[28]. Autre esquisse pour le grand portrait présenté au Salon de 1865 par Cabanel.

Castagnola

Napoléon III par Castagnola

Napoleone III Imperatore dei Francesi, par Gabriele Castagnola (1828-1883)[29]. Cette lithographie est daté de la fin du XIX sec. Napoléon III pose avec quelques médailles de décorations, et tient non plus le sceptre de Charles V, mais tient le sceptre orné de l'aigle Impérial de Napoléon Ier[30].

Arkesteijn

Napoléon III

Napoleon III, par Jan Arkesteijn, date inconnu, Napoléon III pose la aussi avec quelques médailles de décorations.

Articles connexes

Textes complets sur Wikisource

Victor Hugo


Bibliographie

  • Henry de Kock, Souvenirs et notes intimes de Napoléon III à Wilhelmshoehe" Librairie internationale, 1871

Notes et références

  1. http://www.royalcollection.org.uk/eGallery/object.asp?maker=11746&object=406011&row=1
  2. Le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche du 3 décembre
  3. le Constitutionnel du 3 décembre
  4. '. « Il peut, quand il voudra, se faire sacrer par M. Sibour » in Napoléon_le_Petit/1/VI, Dumas
  5. L'univers, vendredi 3 décembre.
  6. Histoire des papes, Volume 3.
  7. Souvenirs et notes intimes de Napoléon III à Wilhelmshoehe, Librairie internationale, 1871
  8. http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/BaptemePrinceImperiale_juin1856_2006.asp
  9. Napoléon III essaiera d'attirer le pape à Paris pour le baptême, mais il s'est fait représenter par le cardinal-légat Patrizzi, qui baptisa l'enfant
  10. http://www.la-ruche-sauvage.com/abeille/symbolisme.php
  11. http://crcv.revues.org/99?lang=en
  12. http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=113&d=1&a=17&c=Napoleon%20Bonaparte&id_sel=237
  13. http://commons.wikimedia.org/wiki/Files:Imperial Crown of Napoleon III. (Reproduction by Abeler, Wuppertal).png
  14. http://www.napoleon.org/fr/collectionneurs/objet/files/couronne_lemonnier.asp
  15. http://commons.wikimedia.org/wiki/Files:Crown of Charles X.png
  16. http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/couronne-de-limperatrice-eugenie
  17. http://img117.imageshack.us/img117/8750/sacremannequin3netoc9.jpg
  18. http://www.muzeocollection.com/data/modules/oeuvre/e2/97/e29793a9c3c5029a-grand-trone-napoleon-bois-dore-provenant-saint-cloud-jacob-desmalter-francois.jpg
  19. http://histoiredesartsrombas.blogspot.fr/2008/10/lapothose-de-napoleon-iii-cabasson.html
  20. http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2007/11/19/6969481.html
  21. http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=467&d=1&m=1852
  22. http://museefabre.montpellier-agglo.com/pdf.php/?filePath=var/storage/original/application/8925d28519f7ddfda96791cfa51b26ca.pdf
  23. http://www.musee-fesch.com/index.php/musee_fesch/content/view/full/27362
  24. http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/archim/0004/dafanch99_763601_2.jpg
  25. http://www.alaintruong.com/tag/Alexandre%20Cabanel
  26. http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Alexandre_Cabanel_002.jpg
  27. http://www.napoleon.org/fr/essentiels/tableaux/files/477475.asp
  28. http://art.thewalters.org/detail/5312/napoleon-iii/
  29. http://en.academic.ru/dic.nsf/enwiki/8858172#sel=4:75,4:91
  30. http://www.nationalmuseum.se/Global/Pressbilder/Harskarkonst/jpg/HK100-19_HR.jpg