L'Homme de fer (statue)

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Fragment de météorite similaire à celui dans lequel a été taillé L'Homme de fer.

L'Homme de fer est une statue tibétaine taillée dans un fragment de météorite de la classe des ataxites. Mesurant 24 cm de haut pour une masse de 10,6 kg environ, elle représenterait la divinité bouddhique Vaiśravaṇa, aurait été réalisée vers le XIe siècle et serait issue de la culture bön[1]. Selon Achim Bayer, un expert du bouddhisme, il s'agirait d'un faux, fabriqué au XXe siècle.

Histoire[modifier | modifier le code]

Elle aurait été rapportée en Allemagne en 1939 par l'expédition au Tibet d'Ernst Schäfer, et aurait rejoint par la suite une collection privée[1],[2]. Ces scientifiques envoyés par le Troisième Reich avaient retenu cette statue, notamment en raison de la roue solaire (ou svastika) qui l'orne en son centre[3].

Vendue aux enchères en 2009, elle est analysée par une équipe de chercheurs de l'Institut de planétologie de l'université de Stuttgart qui révèle en 2012 son origine particulière dans un article de la revue Meteoritics & Planetary Science[2]. Cette dernière analyse a été à l'origine d'un petit buzz médiatique.

Analyse[modifier | modifier le code]

Selon les analyses, le métal dont la statue est constituée proviendrait d'une météorite ferreuse qui est tombée près de la Sibérie orientale et de la Mongolie il y a 10 à 20 000 ans[4],[5].

Controverses[modifier | modifier le code]

L'Ordre de Rigden Jyepo, Nicolas Roerich (1924).

Le Dr Achim Bayer, expert du bouddhisme de l'Université de Dongguk à Séoul, remet en cause l'origine de la statue, en raison de son style qui se rapproche d'imitations européennes de l'art tibétain[6]. L'équipe qui l'a analysée (Buchner et coll.) et fait connaître au grand public déclare que « les détails ethnologiques et historiques de la sculpture de « l'homme de fer », ainsi que la date de sa création, sont actuellement des spéculations »[7]. Selon lui, il s'agirait d'un faux, une reproduction européenne, fabriquée entre 1910 et 1970[8].

Pour l'historienne allemande Isrun Engelhardt qui étudia l'expédition allemande au Tibet, il est peu probable qu'elle ait été rapportée par ses participants[8],[9]. Engelhardt a montré le lien de la statue avec Nicholas Roerich, artiste et théosophe russe. Dans le tableau de Nicolas Roerich L'Ordre de Rigden Jyepo, Isrun Engelhardt a découvert la représentation enflammée d'une divinité sur une falaise étonnamment similaire à la statue[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Daniel Cressey, « Buddhist ‘Iron Man’ found by Nazis is from space », Springer Nature, (consulté le )
  2. a et b AFP, « Le bouddha découvert en 1938 se révèle être taillé dans une météorite », La Croix, (consulté le )
  3. « Bouddha céleste », in Le Figaro Magazine, 5 octobre 2012, p. 28.
  4. (en) Mark Taylor, « Priceless Tibetan Buddha statue looted by Nazis was carved from meteorite », The Guardian, (consulté le ).
  5. (en) « Ancient statue discovered by Nazis is made from meteorite », BBC News, (consulté le ).
  6. (en) Achim Bayer, The Lama Wearing Trousers: Notes on an Iron Statue in a German Private Collection, 2012, Hamburg: Zentrum für Buddhismuskunde. [PDF] « any expert for Tibetan art can easily identify the typical pseudo-Tibetan features of this statue ».
  7. (en) Buddha from space—An ancient object of art made of a Chinga iron meteorite fragment sur Wiley Online Library.
  8. a et b (en) Stephanie Pappas, 'Space Buddha' Statue May Be a Fake, Live Science, 24 octobre 2012.
  9. (en) Nina Weber, « Meteorite Nazi Buddha Exposed as Likely Fake », Der Spiegel, (consulté le ).
  10. (de) Jörg Römer, « Der Nazi-Buddha aus dem All », Der Spiegel, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]