Léon Navez

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Léon Navez
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Léon Navez (né le à Mons et mort le à Auderghem) est un peintre, maître verrier et décorateur belge. Peintre de nus, de portraits, d'intérieurs et de natures mortes, il cofonde le mouvement Nervia. Léon Navez est communiste et participe activement à la résistance durant la Seconde Guerre mondiale

Biographie[modifier | modifier le code]

Léon Navez est né le 5 juillet 1900 à Mons dans une famille très modeste. Il perd très tôt ses parents, Henri Charles Navez et Louise Ambroisine Cantiheau, et est élevé par sa grand-mère.

En 1928, il épouse Lulu Jouanne et ils ont un fils.

Il exerce différents métiers manuels durant sa jeunesse, notamment dans les ateliers du père de l’artiste peintre Frans Depooter, entrepreneur de peinture en bâtiments et de décoration où il découvre la peinture et rencontre ses futurs collègues du groupe Nervia : Léon Devos, Frans Depooter et Anto Carte.

Il suit les cours de l'Académie des Beaux-Arts de Mons en aquarelle chez Émile Motte et en « bois et marbre », puis, à partir de 1921, à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles les cours de dessin de Jean Delville, de peinture de Herman Richir et Anto Carte et d’art monumental d'Emile Fabry. Parallèlement il travaille comme apprenti dans des ateliers de décoration et l'atelier du maître verrier Florent-Prosper Colpaert.

Grâce au Prix Godecharle, il obtient une bourse de voyage et passe, avec Léon Devos, cinq ans à Paris, de 1924 à 1928. Il y réalise divers travaux de décoration : timbres-poste, billets de banque pour le Congo et l'Amérique, voire copies de tableaux anciens.

Il est membre fondateur du groupe Nervia en 1928, un mouvement moderne qui s’attache à promouvoir l'art wallon. Parmi les membres, on trouve: Anto Carte, Louis Buisseret, Frans Depooter, Léon Devos, Pierre Paulus, Rodolphe Strebelle, Taf Wallet et Jean Winance[1],[2].

En 1929, il est nommé professeur à l’Académie royale des Beaux-Arts de Mons où il exerce jusqu'en 1946.

En 1930, il réalise avec Charles Crespin des vitraux pour l’abbaye de la Cambre[3]

Pour l'Exposition universelle de Bruxelles de 1935, Léon Navez crée la fresque dédiée au « Roi Albert et à la Reine Elisabeth, protecteurs des sciences et des arts » qui décore l’escalier d’honneur du commissariat général.

En 1936, il participe à la Biennale de Venise avec 2 peintures. Elles font partie de l’exposition Belga képzőművészeti kiállítás (Exposition d'art belge) à Budapest en 1937[4].

Toujours soucieux de fraternité avec ses amis artistes, il fonde avec Léon Eeckman, en 1939, le groupe Orientations puis assure le secrétariat en 1949 du groupe Présence qui réunit des artistes confirmés comme André Willequet, Jacques Maes ou Maurice Wyckaert et de jeunes élèves. Son esprit de solidarité s'étend également aux mouvements sociaux de l'époque, ce qui lui vaut être considéré par Paul Caso comme un des premiers à parler de réalisme social.

La Résistance et le Faux Soir[modifier | modifier le code]

Léon Navez est membre du parti communiste belge et participe de façon active à la résistance dès 1940. Son atelier de la rue aux Laines un relais important de l’action devient un des lieux clés du Front de l’Indépendance à Bruxelles. C’est le noyau de la conception et de la réalisation du Faux Soir, édition pirate du 9 novembre 1943 du journal Le Soir confisqué par l'occupant nazi[5]. Cet acte de résistance vaut la déportation et la mort de plusieurs des personnes impliquées. Après la guerre, Léon Navez fixe la mémoire de cette aventure dans un tableau exposé en 1949 dans les locaux de l'imprimerie du journal communiste Drapeau rouge à l'occasion de la commémoration des actes de résistance. Le tableau a malheureusement disparu et on n'en a aucune représentation[5],[6].

En 1946, Léon Navez est nommé professeur d’ornementation appliquée aux métiers et industrie d’art à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs La Cambre à Bruxelles. À partir de 1956, il enseigne également à l’École technique féminine de Saint-Ghislain[7].

Il décède à Auderghem le 17 août 1967[8].

Style artistique[modifier | modifier le code]

Léon Navez est inspiré par les peintres de la Renaissance toscane.

Influencé par Anto Carte, une admiration pour la Renaissance toscane oriente son sens du métier et sa quête de perfection[9]. Vers 1948, ses recherches plastiques déterminées par Braque et Lhote vont le porter à styliser ses compositions, comme le montre le portrait du couturier Gustave van Geluwe[10]. Son œuvre est parfois reliée au mouvement de la nouvelle objectivité[9].

En 1956, un séjour au Congo auprès de son fils en compagnie de sa seconde épouse, lui inspire des tableaux intimistes et des œuvres décoratives privilégiant la pureté des formes et des paysages poétiques[11],[12].

A la même époque, il réalise une commande de verres gravés pour la Palais provincial de Mons.

Il illustre également plusieurs ouvrages dont deux publications de Maurice Carême, Mère et La Bien-aimée[13].

Expositions[modifier | modifier le code]

Si Léon Navez, personnalité discrète, n'a eu qu'une dizaine d'expositions personnelles de son vivant, ses tableaux font encore partie d'expositions du XXIe siècle et figurent régulièrement dans les catalogues de salles de vente.

  • 2002 : Nervia (19028-1938), peintres des années 30 Musée des Beaux-Arts de Mons
  • 2015 : Nervia/Laethem-Saint-Martin, Traits d’union, Musée d’Ixelles[14],[15]

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

Léon Navez est élu membre de l'Académie royale de Belgique le , après en avoir été élu membre correspondant le [16].

Les œuvres de Léon Navez sont conservées notamment par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique[17], le Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[18]

Une rue de Mons porte son nom.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gustave Camus, « Notice sur Léon Devos », Annuaire de lAcadémie Royale de Belgique,‎ (lire en ligne [PDF])
  2. Paul Caso, « Un hommage à Léon Devos, », sur Le Soir, (consulté le )
  3. Philippe Bovy, Ixelles, Primento, (ISBN 978-2-87572-009-2, lire en ligne)
  4. « A Nemzeti Szalon kiállításainak katalógusai 1937-1938 | Könyvtár | Hungaricana », sur library.hungaricana.hu, (consulté le )
  5. a et b Denis Lapière (scénario), Christian Durieux (dessin) et Daniel Couvreur (documentation), Le faux soir, Futuropolis, , 96 p. (ISBN 9782754830775)
  6. « Le faux Soir », sur www.belgiumwwii.be (consulté le )
  7. (nl) « Ontdek leraar, schilder, frescoschilder Léon Navez », sur rkd.nl (consulté le )
  8. Le Soir, 23 août 1967
  9. a et b (nl) « Léon Navez (1900-1967) Schilderijen te Koop », sur Simonis & Buunk (consulté le )
  10. (en) « Léon Navez, portrait of Gustave van Geluwe »
  11. Lynne Thornton, Les africanistes, peintres voyageurs: 1860-1960, www.acr-edition.com, (ISBN 978-2-86770-045-3, lire en ligne)
  12. « Leon Navez - Navez Leon - Groupe Nervia - Galerie du Pistolet d'Or », sur www.galeriedupistoletdor.com (consulté le )
  13. « Léon Navez [BE] (1900-1967) », sur www.aml-cfwb.be (consulté le )
  14. L'âme de Léon Navez (lire en ligne)
  15. « Réconcilier Laethem et Nervia », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
  16. « Léon Charles Louis Navez », sur www.academieroyale.be (consulté le )
  17. « Œuvre « Intérieur » – Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique », sur www.fine-arts-museum.be (consulté le )
  18. « Banyuls-sur-Mer | KMSKA », sur kmska.be (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Richard Dupierreux, Léon Navez. Monographie de l'art belge, Anvers, Éditions De Sikkel, 1950. p. 16 pl. 24
  • Léon Navez, une peinture de l’âme Fonds Léon Eeckman, 2015
  • Michel De Reymaeker, Léon Navez, une peinture de l'âme, Waudrez, Belgium, 2015, p. 173
  • Michel De Reymaeker, Pascale van Zuylen, Nervia 1928-1938, catalogue d'exposition, Centre daily-Bul & C°, 2002

Liens externes[modifier | modifier le code]