Léo Collard

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Léo Collard, né le à Aulnois et mort le à Mons, est un homme politique belge président du Parti socialiste belge (PSB) de 1959 à 1971, député à la Chambre des représentants de 1932 à 1971, ministre de l'Instruction publique de 1954 à 1958 et bourgmestre de Mons de 1953 à 1974. Il est également professeur d'université de 1937 à 1967.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vie privée[modifier | modifier le code]

Léo Collard est né à Aulnois dans le Hainaut le [1]. Sa mère est institutrice, ainsi que ses grands-parents, et son père fonctionnaire de l’administration des douanes[2]. Il meurt à Mons le , sans descendance directe[2].

Formation et carrière[modifier | modifier le code]

Ses études secondaires sont suspendues en 1917, lorsqu’il est déporté dans un camp de travail. Cette expérience lui révèle les véritables conditions de vie des ouvriers, qui, à cette époque, étaient déplorables. Ce passage l’influence durant toute sa carrière politique[1]. Il suit une formation de droit à l’Université libre de Bruxelles où il fait un doctorat, puis s’inscrit au barreau de Mons, en 1926, dans un des seuls cabinets socialistes de la ville. Durant la même année, il commence sa carrière politique, en devenant membre du Parti Ouvrier Belge[1]. En 1932, il est élu conseiller communal de la ville de Mons, ainsi que député[1]. C’est en 1947 qu’il est élu échevin dans cette même ville, pour enfin en devenir le bourgmestre de 1953 à 1974[2].

Il occupe également des fonctions gouvernementales, au-delà de celles exercées dans la ville de Mons, ce qu’il regrette un peu, s’étant toujours senti très proche de la ville de Mons, et ayant donc voulu participer plus activement à la vie locale[3]. Sa fonction gouvernementale la plus marquante fut celle de ministre de l’Instruction publique de 1954 à 1958, période de la deuxième “guerre scolaire”, fonction qu’il avait déjà occupée en 1946[4]. Il obtient en 1959 la présidence du Parti socialiste belge (PSB), qu’il quitte, en même temps que son mandat de député, en 1971[1]. La politique ne représente pas l’unique domaine dans lequel il met à profit son énergie. Il est, en effet, professeur universitaire durant trente ans, à savoir de 1937 à 1967, dispensant le cours de droit International public à l’Institut supérieur de Commerce de la province du Hainaut[1]. Durant toute sa carrière, il a tenté de trouver un juste milieu entre la défense des intérêts de ses semblables wallons et la solidarité qu’il éprouve envers ses camarades flamands[3].

Guerre scolaire (1954-1958)[modifier | modifier le code]

Cette période, de 1954 à 1958, est la seule du XXe siècle où le gouvernement est laïque[5]. Léo Collard reçoit les fonctions de ministre de l’Instruction publique, succédant à Pierre Harmel, membre du PSC (parti catholique). Pierre Harmel avait, en 1952, fait voter, une série de lois concernant l’éducation, ce qui avait fait fortement réagir l’opposition au Parlement. Ces lois visaient entre autres à attribuer un versement d’une somme de 8 000 francs belges par élève à l’enseignement libre, ainsi que l’égalisation du minerval dans les deux réseaux[6].

Léo Collard. Histoire illustrée de la Belgique, p. 146

Léo Collard est très soucieux de la question de l’enseignement. En effet, le , il déclare au Sénat que “seul compte l’enseignement de l’État”[7]. Tout juste arrivé à sa fonction, il va supprimer les prérogatives que Pierre Harmel avait octroyées à l’enseignement libre. En 1955, il fait voter la “loi Collard”. Celle-ci visait à couper les subsides octroyés au réseau de l’enseignement libre de 500 millions de francs belges et à licencier 110 intermédiaires catholiques[8], afin d’augmenter les subsides attribués à l’enseignement officiel. La “loi Collard” prévoyait également que les salaires des professeurs du réseau libre soient pris en charge par l’État, ainsi que la possibilité pour l’État de créer des écoles techniques afin d’assurer une liberté de choix du réseau scolaire des parents[9]. Il agissait dans un souci de démocratisation de l’enseignement, visant un enseignement pour tous nettement plus accessible.

Mais cela ne se fait pas sans peine. L’opinion catholique réagit avec rage : des pétitions sont signées par plus de deux millions de personnes, ce qui représentait plus que le nombre de suffrages obtenus par le PSC[8]. De grandes manifestations, soutenues par les évêques, ont lieu. L’une d’entre elles rassemble jusqu’à 250 000 personnes, majoritairement flamandes, à Bruxelles[8]. Le nom de Léo Collard attisait une haine déchainée dans le monde catholique. Cependant, la loi est votée[10]. Les élections de 1958 sont remportées par les catholiques. Cependant, ils ne peuvent former une majorité homogène[11]. Ainsi, les trois partis traditionnels sont obligés de trouver un compromis, le “Pacte Scolaire”. Celui-ci, satisfaisant les deux réseaux, prévoit une aide étatique à toutes les formes d’enseignement reconnues, ainsi que la gratuité de l’enseignement gardien, primaire et secondaire, ainsi que la liberté de choisir entre un cours de religion ou de morale[12]. Le “Pacte Scolaire” est aussi le texte instaurant une Commission du Pacte Scolaire, elle-même chargée de contrôler les subventions que l’État accorde à chacun des deux réseaux. La politique de Léo Collard permet une croissance dans l’enseignement de la population que jamais la Belgique n’avait connue auparavant[13]. En effet, l’année de 1958 à 1959 connaît une évolution du nombre d’élèves du secondaire supérieur de 7,8 %, de 11,1 % l’année d’après et de 13,5 % entre 1960 et 1961, passant de 44 017 élèves en 1958 à 55 471 en 1961[14].

Question ouvrière[modifier | modifier le code]

Ayant accédé à la présidence du Parti socialiste belge (PSB) en 1959[1], Léo Collard a toujours prôné une solidarité entre les deux grandes communautés linguistiques du pays[3]. Il estimait en effet que les problèmes auquel la Belgique faisait face étaient surtout de natures économique et sociale[15], au-delà de la différence linguistique qui divisait le monde politique belge. Il désirait industrialiser la Flandre et rénover les industries vieillissantes de la Wallonie[15]. Il cherche également à trouver des compromis avec les chrétiens de gauche. Pour lui, estimant que la religion ne pouvait être un barrage à leur entente avec les socialistes, une union entre les deux était nécessaire au progrès[16]. Léo Collard apporte tout son soutien aux grèves ouvrières ainsi qu’aux projets de reconversion économique[15], revendiquant en permanence une amélioration générale des conditions de vie des ouvriers. Son soutien était d’un naturel calme mais ferme, favorisant toujours le dialogue[1].

Distinctions[modifier | modifier le code]

En 1963, il reçoit le titre de Ministre d'État[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Stengers et al. 1999, p. 64
  2. a b et c « Léo Collard », sur le site officiel de la ville de Mons
  3. a b et c Stengers et al. 1999, p. 65
  4. H. Hasquin, Dictionnaire d’Histoire de Belgique, p. 96
  5. De Broux, P.O., Histoire des Institutions et du Droit de la Belgique contemporaine (Document non publié), Université Saint-Louis Bruxelles, Bruxelles, , p. 77
  6. « La « guerre » continue au XXe siècle ! », sur Histoire des Belges au fil du temps, un site de A. Gurrickx (consulté le )
  7. Vincent Dujardin, Jean Duvieusart (1900-1977), Quorum, , p. 148
  8. a b et c Stephany, p. 284
  9. Witte et Craeybeckx 1987, p. 355
  10. Stephany, p. 285
  11. Witte et Craeybeckx 1987, p. 356
  12. « Le pacte scolaire de 1958 », sur Histoire des Belges au fil du temps, un site de A. Gurrickx (consulté le )
  13. Golden Sixties 2000, p. 22
  14. Golden Sixties 2000, p. 23
  15. a b et c Stengers et al. 1999, p. 66
  16. Stengers et al. 1999, p. 67
  17. « Distinctions honorifiques aux membres du Parlement », Le Soir,‎ , p. 2

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Stengers (dir.), Florenet Bureau, André Molitor et Philippe Roberts-Jones, « Léo Collard », dans Nouvelle biographie nationale, t. 5, Académie Royale de Belgique, (lire en ligne [PDF]), pp. 64-67 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Els Witte et Jan Craeybeckx, La Belgique politique de 1830 à nos jours : les tensions d'une démocratie bourgeoise, Labor-Nathan, , 639 p. (lire en ligne), p. 355
  • P. Stephany, Nos années 50 (Document Duculot)
  • Golden Sixties (1958-1973) : La Belgique dans les années 60, Ludion Distributie,

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