L'Humanitaire

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L'Humanitaire
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Diffusion 1000[1] ex.
Date de fondation juillet 1841

Directeur de publication Gabriel Charavay
Août 1841 - dernière page.
52 rue de la Verrerie, siège du journal.

L'Humanitaire[2], « organe de la science sociale » est un journal communiste, anti-autoritaire et pré-marxiste, qui parait au cours de l'été 1841.

Son objectif : « expose[r] clairement et nettement l’organisation communiste », système où « toute domination de l’homme sur l’homme serait entièrement abolie »[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Franchement matérialiste, il annonce selon Maurice Dommanget, le socialisme scientifique de Marx et fait scandale. Étienne Cabet, intellectuel partisan du communisme chrétien, publie alors sa « réfutation de L'Humanitaire » où il dénonce Charavay tel un procureur monarchiste : « s’obstiner à prêcher cette doctrine dans un nouveau journal, dans les réunions, dans les rues, sur les quais, partout, n’est-ce pas vouloir provoquer tous les désordres, tous les dangers, tous les soupçons, toutes les accusations ? ».

Il s'agit du « premier organe communiste libertaire et l'unique en France pour quarante ans », selon l'historien Max Nettlau[4],[5].

Le gérant Gabriel Charavay arrêté le soir du , veille de l'attentat de Quénisset contre le Duc d'Aumale, sera condamné à deux ans de prison et enfermé à la citadelle de Doullens. Théodore Dezamy, qui s'était opposé jusqu'alors [6] à Charavay, rompt avec Cabet[7] et développe les idées matérialistes défendues par le groupe de L'Humanitaire.

La police s'intéressera à la correspondance de Gabriel Charavay avec Jules Gay, sympathisant qui ne sera pas inculpé dans cette affaire. On apprendra pendant le procès que la féministe Louise Dauriat devait participer à la rédaction[8].

Collaborateurs[modifier | modifier le code]

  • Gabriel Charavay journaliste et gérant (rédacteur)
  • Jean Joseph May, agronome (rédacteur)
  • Julien Gaillard, plombier (rédacteur)
  • Pierre Antoine Nicolas Page, bijoutier (rédacteur)

Mais aussi d'autres ouvriers seront inquiétés ou inculpés:

  • des bonnetiers, Jean Charavay et Donatien Dauvergne.
  • des bijoutiers, Anselme Mugnier et Augustin Noël
  • des imprimeurs, François Garde,Claude Chassard
  • le cordonnier Antoine Fombertaux, le couvreur Désiré Gaillard, les tailleurs Alexis Trottier et Théodore Ber, le teneur de livres (comptable) Corneille Homberg, le maçon Silvain Mourlon, l'ébéniste Quéré, le corroyeur Auguste Sauvaitre, le bottier Jean Sans, le marchand de vin Etienne Rousseau et le commis négociant Hyppolite Loudier.

Un seul est originaire de Paris. Ces ouvriers viennent de la Creuse, du Gard, du Rhône, de la Sarthe, des Vosges, des Pyrénées, du Pas de Calais, du Finistère, du Lot, d'Aix La Chapelle, de la Drôme....

Sources[modifier | modifier le code]

  • Citations :
  1. Maurice Dommanget[9]
  2. Jacques Grandjonc[10]
  3. Alain Maillard[11]
  4. Victor Bouton[12]
  5. Georges Sencier[13]
  6. Joseph Benoit[14]
  7. Etienne Cabet[15]
  8. Armand Cuvillier[16]
  9. Gazette des tribunaux[17].
  10. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
  • Dépôts
  1. Bibliothèque François Mitterrand, BNF ref. NUMP- 5759 (Notice n°FRBNF32787713).
  2. Archives Nationales, Série CC 786 à 791.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Alain Maillard, La communauté des égaux : le communisme néo-babouviste dans la France des années 1840, Kimé, 1999, page 264.
  2. L'Humanitaire, journal, numéros juillet et août 1841.
  3. n°1, juillet 1841.
  4. Jean-Michel Paris, L'Humanitaire (1841) : Naissance d'une presse anarchiste ?, L'Harmattan, Paris, 2014, page 8.
  5. Alain Brossat, Ernest Cœurderoy, Paris, L'Harmattan, coll. « Forum de L'IRTS », 2005 (ISBN 2747575926), page 32.
  6. Lettres saisies chez Charavay Arch. Nat. Série CC786 à 791
  7. Dézamy dans Code de la communauté : « Dans les journaux et les réquisitoires, on a accusé "l’Humanitaire" de vouloir proscrire les beaux-arts. J’ai suivi attentivement le procès de ce journal : il est résulté de l’instruction, des débats et même des faits allégués par l’avocat du roi, que "l’Humanitaire", dans son programme comme partout, adoptait l’opinion contraire. Il classait les beaux-arts dans la catégorie des besoins d’agrément et les plaçait en conséquence après les besoins de nécessité et les besoins moraux. Ce qui a pu un instant donner quelque crédit aux ignobles et absurdes faussetés débitées à ce sujet contre nos doctrines, c’est qu’il s’est trouvé un écrivain communiste assez déplorablement inspiré pour paraître accepter comme vrais les propos attribués à "l’Humanitaire". »
  8. Lire: Alphonse Karr, Les Guêpes, Paris 1842, page 174 - Michèle Riot-Sarcey Par mes œuvres on saura mon nom in Romantisme n°77, page 42 - Paulette Bascou-Bance, La mémoire des femmes : anthologie, Elytis Editions, Cestas, 2004, p. 205.
  9. « G. Charavay, né à Lyon en 1818, s’était fait connaître sous la monarchie de juillet par la publication de l’Humanitaire, journal éphémère mais dont la place est de premier ordre dans le mouvement révolutionnaire. » Maurice Dommanget (Auguste Blanqui et la révolution de 1848, Paris Mouton La Haye 1972).
  10. Communisme, Kommunismus, Communism… Trier, Karl Marx Haus 1989.
  11. La communauté des égaux, éditions Kimé, Paris 1989.
  12. Profils révolutionnaires, 1849.
  13. Le Babouvisme après Babeuf, M. Rivière, Paris 1912.
  14. Confessions d'un prolétaire, Lyon 1871.
  15. Œuvres (Réfutation de l'Humanitaire, Douze lettres d'un communisme, Procès du communisme, Le salut est dans l'union, etc.)
  16. Hommes et idéologies de 1840, M. Rivière, Paris 1956
  17. N° des 11, 12 et 13 novembre 1841.