Kumbha

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कुम्भा Kumbha (fruit de Careya arborea).

Kumbha (devanāgarī : कुंभ )[1] est un mot sanskrit, précisément un nom d'action masculin. Kumbha est d'abord l'action de mesurer un volume à l'aide d'un récipient. Par extension, ce mot nomme aussi la « mesure de capacité » qui résulte de cette action[2]. Il s'étend ensuite aux outils permettant d'effectuer cette mesure, tels « une jarre, une cruche, un pot, un vase[2] ».

Kumbha est aussi un nom neutre, il désigne en ce cas soit une plante (Careya arborea), soit un mantra[2].

À ce mot s'apparente le mot féminin kumbhī, mesure de capacité plus petite, « vase de terre pour la cuisine[2]» ou simplement « petit pot ». D'autres élargissements sémantiques sont présentés dans le corps de cet article.

Analyse morphologique[modifier | modifier le code]

Kumbha est un mot sanskrit qui se note « कुंभ » en écriture devanāgarī.

Ce substantif masculin est un dérivé primaire[3] d'une racine verbale[4] qui, suivie d'un suffixe[5], permet de construire des noms d'action[6]. Le suffixe « -a » qui suit une racine, souvent portée au degré plein[7], signale l'action que la racine évoque[8]. Exemple : de la racine YUJ- procède le mot yoga signifiant « action de lier ».

De la racine KUMBH- provient le mot kumbha, qui signifie au sens premier « action de mesurer un volume à l'aide d'une jarre ».

Mots dérivés[modifier | modifier le code]

Le féminin est une formation secondaire, qui, dans le cas présent, substitue un à la voyelle thématique -a[9], et donne le nom kumbhī qui se traduit « un petit pot ou une petite jarre[10] ».

Les adjectifs qualificatifs sont aussi des dérivés secondaires. Ils se forment en ajoutant un suffixe au radical nominal. Le suffixe masculin -ka et les suffixes féminins -kā ou -kī ont souvent une valeur diminutive. Ces adjectifs peuvent être utilisés comme substantifs, ainsi kumbhaka, nom masculin, et kumbhikā, nom féminin, signifient tous les deux une « petite jarre[11] ».

Le Haṭha yoga utilise le mot dérivé kumbhaka dans le sens d'une « rétention du souffle[12] ».

Mots composés[modifier | modifier le code]

Le lexique sanskrit offre plusieurs mots composés dont le premier élément est kumbha comme kumbhakarna, kumbhapāka, kumbhadhānya.

Variations sémantiques[modifier | modifier le code]

Le mot kumbha désigne aussi la « bosse frontale de l'éléphant », qui ressemble à une jarre.

Usages divers[modifier | modifier le code]

Astrologie et astronomie[modifier | modifier le code]

Kumbha est le nom sanskrit du signe du Verseau dans l'astrologie Jyotish, repris dans le calendrier darien et le calendrier hindou.

Géographie[modifier | modifier le code]

Le mont Jannu situé dans l'Himalaya, ayant la forme d'une bosse frontale d'éléphant, est connu sous le nom de Kumbhakarna.

Hindouisme[modifier | modifier le code]

À l'origine, la fête de Kumbha Mela comporte, aux temps des semailles, diverses cérémonies propitiatoires au cours desquelles des kumbha chargés de grains sont immergés dans l'eau des fleuves sacrés afin d'y germer. Le kumbha symbolise par sa forme la matrice du monde. Kumbha mela peut être considéré comme un rituel de fertilité. Cette fête s'inscrit dans la tradition du barattage de la mer de lait. Lors de ce barattage, les mains de Dhanvantari, avatar mineur de Vishnou et futur roi de Kâshi, saisissent une kumbha débordante d'amrita, le nectar d'immortalité.

En 1989, Michelangelo Antonioni tourne un court métrage sur la fête de Kumba Mela.

Cette fête attira aussi les Beatles en Inde.

Noms propres[modifier | modifier le code]

Rana Kumbha, alias Maharana Kumbhakarna, qui fut raja du Mewar de 1433 à 1468, a donné son nom au site de Ranakpur (décennie 1440 en architecture). Il vainquit le sultan du Mâlvâ Mahmûd Khaljî en 1437 et construisit la ville d'Achalgârh en 1452.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gérard Huet, The Sanskrit Heritage Dictionary.
  2. a b c et d N. Stchoupak, L. Nitti et L. Renou, Dictionnaire sanskrit-français, page 198. Voir bibliographie.
  3. Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, page 16, traduit kṛt par « dérivé primaire ». Voir bibliographie.
  4. Louis Renou, opus citatum, page 17, traduit dhātu par « racine verbale ».
  5. Louis Renou, op. cit., page 17, traduit pratyaya par « suffixe ».
  6. Louis Renou, op. cit., pages 16 et 17.
  7. Jean Varenne, Grammaire du sanskrit, page 38, traduit degré guṇa par « degré plein ».
  8. Jean Varenne, op. cit., page 38, §49 a). Voir bibliographie.
  9. Jean Varenne, op. cit., page 39, §50.
  10. R.S.Mc Gregor, The Oxford Hindi-English Dictionary, page 201 : « a small pot or jar ». Voir bibliographie.
  11. N.Stchoupak, L.Nitti et L.Renou, op. cit., page 199.
  12. Julien Tondriau et Joseph Devondel, Le guide Marabout du Yoga, pages 182 & 183. Voir bibliographie.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Linguistique :

  • Jan Gonda, Manuel de grammaire élémentaire de la langue sanskrite, Adrien Maisonneuve, Paris 1966 (Éd. revue et corrigée 1997, réimpression 2002).
  • Jean Varenne, Grammaire du sanskrit, Presses Universitaires de France, Paris 1971.
  • Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien Maisonneuve, Paris 1978.
  • Nicole Stchoupak, L.Nitti et Louis Renou, Dictionnaire sanskrit-français, Jean Maisonneuve Successeur, Paris 1987 (réimpression, 2008).
  • R.S.Mc Gregor, The Oxford Hindi-English Dictionary, Oxford University Press, Oxford and Delhi 1993 (réimpression 2002).

Hindouisme :

  • Richard Waterstone, L'Inde éternelle, Taschen GmbH, Cologne 2001.
  • Mircéa Eliade, Patanjali et le Yoga, Éditions du Seuil, Paris 1962.
  • Ernest Egerton Wood, La pratique du Yoga ancien et moderne, Petite bibliothèque Payot, Paris 1962.
  • Philippe de Méric, Yoga pour chacun, Le livre de poche, Paris 1968.
  • Julien Tondriau et Joseph Devondel, Le guide Marabout du Yoga, Collection Marabout Service, Éditions Gérard & C°, Verviers 1968
  • Georg Feuerstein & Larry Payne, Le Yoga pour les nuls, traduction française de Véronique Lévy, Éditions First, Paris 2003.