Karl Ludwig Sand

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Karl-Ludwig Sand
Description de l'image Karl Ludwig Sand.png.
Naissance
Wunsiedel, Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Décès (à 24 ans)
Mannheim, Grand-duché de Bade
Nationalité Drapeau du Royaume de Bavière Royaume de Bavière
Profession
Étudiant

Karl-Ludwig Sand[1], né le à Wunsiedel et exécuté le à Mannheim, est un étudiant bavarois, membre d'une Burschenschaft et auteur du premier assassinat politique répertorié en Allemagne, celui du dramaturge August von Kotzebue.

Origine familiale

Issu par son père Gottfried Christoph (von) Sand (1753-1823), haut magistrat, d'une ancienne famille de la petite noblesse[2] de Cobourg, et par sa mère, Dorothée Johanna Wilhelmina Schöpf (1766–1826), de la riche bourgeoisie brandebourgeoise.

Jeunesse, études et activisme politique

Ses jeunes années fut marquées par l'occupation des troupes françaises (1806-1807) et ses conséquences humaines et financières sur les Allemands. Très patriote, fortement inspiré par le luthéranisme[3], il subit aussi l'influence de l'enseignement pangermaniste de l'éducateur Jahn (1778-1852).

Inscrit en théologie le 27 novembre 1814 à l'Université de Tübingen, il fut rapidement initié dans la branche locale de la Teutonia[4] (et admis définitivement comme membre le 22 avril 1815).

C'est à cette époque qu'il effectue un petit voyage en Suisse dont il reviendra très déçu: il souhaitait y retrouver l'esprit patriotique du Guillaume Tell de Schiller.

A l'annonce du retour de Napoléon de l'île d'Elbe, il s'engage comme volontaire dans les forces alliées contre les Français et combat à Waterloo ; il est ensuite stationné à Auxerre pendant l'occupation, puis, démobilisé en décembre 1815, s'inscrit à l'Université d'Erlangen.

Il y participe activement à la fondation (1817) de la fraternité Alten Erlanger Burschenschaft Teutonia 1[5], dont il sera le chef spirituel (jusqu'en juin 1817) et le principal rédacteur du règlement[6].

Il est alors témoin de la mort par noyade (22 juin 1817) de son ami Georges Dittmar (1795-1817)[7], mort qui le déstabilise profondément.

Procession des étudiants allemands vers le château de Wartburg (18 et 19 juin 1817)

Il participe peu après aux cérémonies de Wartburg (18 octobre 1817), organisées sur le modèle de la fête de la raison et pour le trois-centième anniversaire de la affichage des 95 thèses de Luther sur les portes l'église de Wittenberg[8], et, plus justement (les dates coincident) le quatrième anniversaire de la défaite française de Leipzig.

À cette occasion, il prend une part active avec d'autres étudiants à un autodafé improvisé d'ouvrages jugés antigermanistes et de symboles napoléoniens[9], dont l'Histoire de l'Empire allemand d'Auguste de Kotzebue, auteur de théâtre à (grand) succès mais considéré par les pangermanistes comme un francophile[10], un agent russe[11], traître à sa patrie[12].

Poursuivant ses études à l'Université d'Iéna, il y est particulièrement sensible à l'enseignement des pangermanistes Fries (1773-1843), Luden (1778-1847) et Oken (1779-1851), lesquels avaient tous trois participé activement aux cérémonies de Wartburg et étaient, du moins Luden et Oken, ennemis affichés de Kotzebue. Quoiqu'inscrit en théologie, Sand y suivra aussi des cours d'anatomie, dans le but[13] de mieux connaitre les faiblesses du corps humain. Il est alors admis dans la fraternité Urburschenschaft[14] (modèle de la Teutonia à laquelle il avait appartenu), et y fonde un cercle scientifique qui regroupe certains des futurs organisateurs de l'unité allemande, notamment Gagern (1799-1880), Léo (1799-1878), Binzer (1793-1868) et Lornsen (1793-1838). Parallèlement, il adhère aux thèses de Follen (1793-1840), qui fédère alors les membres les plus extrémistes de la fraternité, partisans de la violence politique.

L'assassinat de Kotzebue

Pourquoi Kotzebue ?

Naguère auteur à succès[15], alors très apprécié pour ses critiques virulentes anti-napoléoniennes[16], Kotzebue va, notamment pour son rôle de consul général de Russie à Weimar, passer peu à peu du statut de héros national à celui de traître, aux yeux de la jeunesse libérale allemande, éprise de liberté et d'unité patriotique[17]. Il faut dire qu'il avait su se faire détester des habitants de Weimar[18].

Assassinat d'Auguste de Kotzebuë (23 mars 1819)

Habile écrivain, sachant suivre sinon amorcer les tendances littéraires, il se révélera par ailleurs un bien piètre politique et le soutien farouche d'un régime de plus en plus honni. Intervenant souvent dans la vie politique allemande pour y défendre la cause russe, il s'y fera peu à peu de nombreux ennemis, notamment parmi les intellectuels patriotes, tout à fait opposés au système autocratique qu'il prétendait défendre.

Ainsi, selon des témoignages recueillis peu après son assassinat par Dumas père, qui les consigna avec enthousiasme dans son excursion sur les bords du Rhin, Kotzebue s'attira maladroitement la haine d'Oken et de Luden, donc de leurs étudiants et disciples, au nombre desquels le jeune Sand.

  • Affaire Kotzebue-Oken : le savant naturaliste Oken avait peu à peu, suivant l'exemple fameux des encyclopédistes, converti son journal scientifique Isis en un pamphlet scientifico-patriotique. Devant le succès croissant de cette nouvelle version du journal, le duc de Saxe-Weimar préféra tout d'abord ne pas intervenir. Néanmoins, les articles devenant plus critiques à chaque parution, notamment à l'endroit de la Russie, alors représentée à Weimar par l'ombrageux Kotzebue, le duc exigea à la demande de l'écrivain qu'Oken choisisse entre son journal et ses fonctions professorales, proposition que l'intéressé rejeta: il fut alors immédiatement limogé, mesure qui fut des plus impopulaires. Et Oken de poursuivre ses articles politiques dans Isis.
  • Affaire Luden-Kotzebue : l'historien Luden avait lui aussi fondé avec l'écrivain Bertuch (1747-1822) la Nemesis, revue politique initialement destinée à soutenir la lutte allemande contre l'envahisseur français[19] ; à la chute de l'Empire, Nemesis devint l'organe de référence du patriotisme allemand, et tout particulièrement de l'unité allemande, publiant fréquemment des critiques sur les autres puissances européennes. C'est justement l'un de ces articles, fustigeant l'administration russe, qui attira l'attention de Kotzebue, lequel rédigea alors un rapport en français[20] destiné à l'empereur Alexandre où il soulignait tous les points litigieux; peu sûr de son style et souhaitant envoyer un rapport lisse et bien écrit, Kotzebue confia son brouillon à un copiste-relecteur qui - maladresse ou malignité - demanda de l'aide à des professeurs spécialistes du français, dont l'un envoya une copie à Luden, qui décida immédiatement d'en faire paraître dans le prochain Nemesis une traduction partielle, assortie de commentaires sur Kotzebue. Lequel en fut averti et tenta, par tous moyens, d'en empêcher la parution. Si l'essentiel du tirage fut bien détruit par les Autorités à la demande de l'intéressé, une partie (environ 300 exemplaires furent - curieusement - épargnés par l'administration) fut toutefois distribuée aux étudiants, dont le sentiment anti-Kotzebue n'en fut que renforcé ; ennemi juré de Kotzebue, Oken en reçu lui aussi un exemplaire et le reproduisit dans l'Isis.

Et c'est ainsi tous les Allemands furent rapidement au courant des activités antipatriotiques et de l'allégeance à la tyrannie de Kotzebue, lequel, ulcéré par l'affaire autant que par la mauvaise volonté affichée des autorités de Weimar à son endroit, répliqua en fustigeant pêle-mêle dans sa literarische Wochenblatt (novembre 1817), l'administration du duché, la presse, les universités et les fraternités étudiantes, se mettant ainsi définitivement à dos l'ensemble des habitants de Saxe-Weimar sinon tous la jeunesse allemande.

Sand et Kotzebue

C'est vraisemblablement peu après ces deux affaires que Sand conçut le projet d'assassiner l'écrivain Kotzebue, symbole à ses yeux (ainsi qu'à tous les patriotes Allemands) de la tyrannie et de la traîtrise, comme il l'écrit dans son journal le 5 mai 1818 ; il avait été profondément choqué par le pamphlet anti-Weimar, ainsi qu'il le consigna le 17 novembre 1817[21] dans son journal, de grande qualité littéraire, dont Dumas père a traduit de larges extraits dans son Excursion sur les bords du Rhin. Patriote mystique, Sand semble aussi s'être beaucoup inspiré de la vie et de l'œuvre du poète militaire Körner, mort au champ d'honneur en 1813 contre les Français et modèle de la jeunesse allemande[22], notamment des patriotes : il en citait tout particulièrement la première strophe[23] du poème-testament de Körner - An mein Volk (= à mon peuple)[24]. Cette recherche, quasi-mystique, d'un destin historique[25] l'obsède: Seigneur, ... fais que je sois un Christ pour l'Allemagne et que, comme et par Jésus, je sois fort et patient dans la douleur[26] !... Le 5 mai 1818, l'ennemi a un nom et un qualificatif : ... je m'étonne toujours qu'il ne s'en trouve pas un parmi nous assez courageux pour enfoncer un couteau dans la gorge de Kotzebuë ou de tout autre traitre[27] !... Il se focalise désormais sur le consul général de Russie, et comprend que son destin est de le tuer, tel qu'il le consigne dans son journal le 31 décembre 1818[28]. Afin, semble-t-il, de ne pas associer aux conséquences de son projet ses camarades de l'Urburschenschaft, il démissionne de ses fonctions en février 1819 et abandonne définitivement l'université et ses amis en mars, prétextant un voyage vers sa famille[29]. Il laisse sur la table de sa chambre d'étudiant une lettre testament fleuve (datée du 8 mars 1818), destinée à sa famille et expliquant son futur geste.

L'assassinat

Il se rend à Manheim[30] le 23 mars 1819 afin d'obtenir, sous une fausse identité courlandaise[31], une entrevue avec Kotzebue, entrevue qui lui est accordée au domicile de l'écrivain à cinq heures de l'après-midi. Presque aussitôt après avoir été introduit, il frappe son hôte de plusieurs coups de poignard à la poitrine, le traitant de traître à la Patrie[32].

Interrompu dans son action par le plus jeune fils (4 ans)[33] de l'écrivain, témoin malgré lui de l'assassinat de son père, Sand se donne alors lui-même un violent coup de poignard dans la poitrine, se blessant au poumon[34], puis s'enfuit dans la rue, où il se poignarde à nouveau, cette fois dans le dos, et perd conscience.

Condamnation[35]

Convalescence et traitement de faveur

Sand est alors ramassé évanoui par la police et transporté dans un hôpital où l'on lui soigne une vilaine blessure au poumon (il y reste un trimestre), puis est conduit une fois guéri à la prison de Manheim, où il bénéficiera d'un traitement de faveur[36]: pas de chaînes, visites autorisées[37], une cellule spacieuse et aucune promiscuité avec les autres prisonniers; il se tiendra lui même comme un prisonnier modèle, toujours courtois et déférent avec ses gardiens, les membres de la commission d'enquête et les magistrats.

Exécution publique de Carl-Ludwig Sand (20 mai 1820)

La durée de sa longue convalescence - plus de 13 mois pendant lesquels il fut, selon les témoignages recueillis, constamment alité - agaça particulièrement l'empereur de Russie qui exigea que la commission d'enquête, qui penchait de plus en plus en faveur de l'acquittement, dépêcha un médecin pour constater que le prisonnier était suffisamment bien portant pour faire face à ses juges. Un médecin fut donc missionné qui informa la Cour suprême, à la demande expresse du convalescent[38], que Sand était en état d'être jugé.

Procès et condamnation

Au cours du procès, Sand reconnut sans discuter la totalité des faits qui lui étaient reprochés, regrettant toutefois son geste, tout en le replaçant dans un contexte politique. Soupçonnant, mais sans pousser davantage, Follen d'être instigateur du crime, le juge baron Karl von Sauerbronn du tribunal de Manheim le condamna à mort par décollation le 20 mai 1820; la sentence fut notifiée (le 17 mai) au condamné trois jours avant son exécution, selon la loi en vigueur.

Derniers jours du condamné

Le condamné, toujours alité, passa la journée du 18 mai à recevoir des proches et d'autres personnes qui avaient demandé à le voir : tous les visiteurs - notamment le major Holzungen[39], qui l'avait ramassé dans la rue et mis aux arrêts - témoignèrent leur admiration devant son courage et sa détermination.

Mais ce fut le bourreau Widemann[40] qui, selon le témoignage qu'il en fit à Dumas, fut le plus impressionné par le courage et le sang-froid du condamné, qui n'hésita pas à mettre en scène son exécution afin qu'elle réussisse au mieux[41], considérant la demi-paralysie dont il souffrait. Au partir du bourreau, tout retourné par l'entrevue, Sand l'encouragea encore pour le lendemain en lui prodiguant un ultime conseil[42]...

Exécution : du meurtrier de Kotzebue au martyr de la cause de la liberté allemande

Depuis que la date de l'exécution avait été divulguée, de nombreux étudiants allemands affluaient à Mannheim, certains logeant dans les villages alentour, ne trouvant plus de place dans la ville. Le duché s'en émut qui y dépêcha quinze ou dix-huit cents hommes, sous le commandement du général von Neustein, ainsi qu'une compagnie d'artilleurs et quatre pièces de canon[43].

Craignant toujours un affrontement généralisé des étudiants et des militaires, les Autorités eurent alors l'idée d'avancer l'heure de l'exécution (initialement fixée à deux heures de l'après-midi), ce qui n'était légalement possible qu'avec l'assentiment exprès du condamné : on alla donc le réveiller dans sa cellule à quatre heures du matin en lui demandant, afin d'empêcher toute rixe, d'accepter de mourir à six heures du matin. Ce que l'intéressé confirma par écrit dans un billet qu'il remit à ses geôliers[44] ; après s'être lavé et habillé, Sand rencontra son bourreau, lequel tenta de lui cacher la vue de l'épée. Sand la remarqua et demanda à l'examiner, avec une pointe d'humour : ... montrez-mol votre épée ; il faut bien faire connaissance avec les gens à qui on aura à faire[43].

Malgré tout ce luxe de précautions, la foule fut rapidement au courant du passage du condamné, et certains, en larmes, lancèrent des bouquets de fleurs dans sa calèche. Tous tentèrent de l'accompagner vers l'échafaud, si bien que son déplacement en fut quelque peu retardé. Une fois sorti de sa calèche, Sand parvint, avec difficultés (il souffrait toujours de ses blessures), à monter les huit marches de l'estrade, puis s'assit sur la chaise qui lui avait été préparée.

Il tenta de faire une déclaration à la foule amie[43], mais s'arrêta brusquement comme on lui rappelait qu'il s'était engagé - verbalement - à n'en faire aucune. Il s'essuya alors la sueur du cou et du front et roula le mouchoir puis le jeta dans la foule. Au même instant, le mouchoir fut déchiré en mille morceaux, et tous ceux qui en avaient un lambeau élevèrent la main en criant: - Sand! Sand !.. adieu, Sand[43] !... Le bourreau lui coupa alors les cheveux[45], qu'il portait longs, puis lui lia les mains, non dans le dos mais sur les cuisses, afin que sa tête, qu'il tenait avec difficulté, fut enfin droite.

Le bourreau, visiblement ému, dut s'y reprendre à deux fois, lui coupant la tête et la main gauche[46].

Ensuite, et cela est rapporté par de nombreux témoins (certaines pièces sont parvenues jusqu'à nous, pieusement conservées dans les archives de certaines fraternités), la foule, dans un élan quasi-mystique, se précipita vers l'échafaud, afin d'y recueillir des reliques du martyr pour la liberté allemande[47]

Les Autorités parvinrent, difficilement, enfin canaliser les pèlerins, et transportèrent les restes de Sand jusqu'au cimetière luthérien de Mannheim, sur la route vers Heidelberg, où ils furent discrètement inhumés, afin d'éviter de le transformer en lieu de pèlerinage.

Et pèlerinages il y eut, durant les cinq années qui suivirent l'exécution : ainsi, Dumas, pour son enquête, rendit visite (douze années après l'affaire) au bourreau à Heidelberg et y appris du fils de ce dernier que Widemann, très touché par la mort de Sand, avait tenu à conserver des pièces de l'échafaud qu'il avait fait retailler en portes et fenêtres, depuis régulièrement tailladées par des étudiants en mal de souvenirs[48] .

Compagnons pour l'éternité

Tombe de Karl-Ludwig Sand (cimetière )

Ironie de l'histoire, les mausolées de Kotzebue et de son jeune assassin voisinent désormais au cimetière de Mannheim, situés respectivement aux emplacements n°83 et n°138; en réalité, les cendres du condamné, d'abord conservées dans le cimetière luthérien[49], y furent translatées en 1869[50], en préparation du cinquantième anniversaire de son décès. Le monument de Sand - pyramide tronquée (grès) et médaillon de bronze - serait du sculpteur allemand Kowan[51] et daterait de 1906. Au-dessus du médaillon, un célèbre vers du poète Théodore Körner, que Sand aimait tant : Alles Ird'sche ist vollendet, und das Himmlische geht auf[52]! (Bundeslied vor der Schlacht (12 mai 1813).

Le monument de Kotzebue lui fait écho qui porte: que le ciel lui pardonne, il a pardonné au monde...

Conséquences : promulgation des Décrets de Carlsbad

Peu après la mort de Kotzebue en mars 1819, un jeune apothicaire d'Idstein, Charles Löning[53] (1791- 18 juillet 1819), lui-aussi membre d'une fraternité étudiante, tenta d'assassiner la même année (1er juillet 1819) le président réformateur du duché de Nassau, Charles d'Ibell[54] (1780-1834). Cette fois-ci, la victime résista et vint à bout de l'agresseur qui, une fois arrêté, se suicida en prison en avalant du verre pilé.

Les deux affaires Sand et Löhning - qui se réclamaient tous deux des thèses révolutionnaires de Follen - servirent de prétexte à Metternich pour museler durablement les universités allemandes (décrets de Carlsbad - 20 septembre 1819).

Sources

Notes et références

  1. Contrairement au choix de certains de ses biographes, Sand se prénommait bien Karl-Ludwig (en attaché) et non Karl (tout court). Et c'est d'ailleurs ainsi qu'il signait ses lettres.
  2. http://sand-clan.net/familiengeschichte.html
  3. Avec l'appui de ses parents, il avait depuis longtemps envisagé de poursuivre des études de théologie. Il est à noter que sa famille, luthérienne, était implantée dans un royaume à prédominance catholique.
  4. Fraternité étudiantine promouvant la réunion de tous les peuples allemands dans un seul pays, dont beaucoup de membres, tel Sand, avaient naguère combattu l'ogre Napoléon. Elle sera refondée à Giessen en 1839, sous son même nom de Teutonia Corps (de).
  5. Devenue depuis la Fraternité de Bubenreuth.
  6. Fondé sur des principes patriotiques, pangermanistes, démocratiques et antisémites
  7. Survenue quatre jours après une commémoration de la bataille de Waterloo, à laquelle il participait.
  8. Plus exactement le 31 octobre 1517: date de départ de l'insurrection germanique contre l'Empire des Habsbourg
  9. Dont une édition du Code Napoléon, que les étudiants allemands jugeaient alors comme la codification de la tyrannie.
  10. Il était francophone et nombre de ses pièces avaient été traduites et jouées avec succès en France.
  11. Il avait longtemps travaillé au service de l'Empereur de Russie, et ne s'était définitivement installé dans sa mère patrie qu'après le décès de sa première épouse.
  12. D'aucuns le considéraient comme un agent russe.
  13. Selon Dumas père, Excursion sur les bords du Rhin.
  14. Première fraternité étudiante allemande, fondée à Iéna le 12 juin 1815, et reprenant certains des idéaux des Illuminati.
  15. Il sera l'un des auteurs de théâtre les plus joués des XVIIIe-XIXe siècles, notamment en Allemagne et en France.
  16. Napoléon n'ayant pas daigné répondre à ses offres de service, il étrilla régulièrement la France et l'Empereur, à sa grande colère, dans les colonnes de son trimestriel Die Biene (= l'abeille), en 1808-1810, puis dans Die Grille, en 1810-1811.
  17. La Russie étant l'élément central de la Sainte-Alliance, sorte de préfiguration de la Société des Nations, mais dont l'objectif principal était le maintien du statu quo européen en réprimant tout mouvement révolutionnaire.
  18. Notamment par ses attaques récurrentes contre la statue Goethe.
  19. D'où son titre.
  20. Alors langue diplomatique européenne.
  21. ... En traversant la place du marché, nous y avons entendu lire la nouvelle et empoisonnée insulte de Kotzebüe. Quelle rage anime donc cet homme contre les Burchen (sic!) et contre tout ce qui touche l'Allemagne!.. (Traduction de Dumas dans son excursion, op. cit.)
  22. Sand portait constamment sur lui la première édition (1814) des poèmes de Körner, dont An mein Volk (= à mon peuple - 1813), sorte de testament du poète, qu'il connaissait par cœur.
  23. Frisch auf, mein Volk! die Flammenzeichen rauchen,

    Hell aus dem Norden bricht der Freiheit Licht,
    Du sollst den Stahl in Feindesherzen tauchen,
    Frisch auf, mein Volk! -- Die Flammenzeichen rauchen,
    Die Saat ist reif, ihr Schnitter, zaudert nicht!
    Das höchste Heil, das letzte liegt im Schwerdte;
    Drück dir den Speer ins treue Herz hinein.
    Der Freiheit eine Gasse! -- Wasch die Erde

    Das deutsche Land mit deinem Blute rein...

  24. Qui reprenait la célèbre déclaration du héros suisse Arnold von Winkelried avant la victoire décisive des Confédérés à Sempach (1386): Eidgenossen, ich will euch eine Gasse machen..
  25. Cette intime conviction en sa prédestination proviendrait, aux dires de son biographe Dumas, de la jeunesse même de Sand: il aurait échappé miraculeusement à plusieurs dangers...
  26. Journal de Carl Sand, 1er janvier 1818 (traduction de Dumas, op. cit.)
  27. Journal de Carl Sand, 5 mai 1818 (traduction de Dumas, op. cit.)
  28. ... l'infâme Kotzebuë sera tombé. Tant que je n'aurai pas accompli l'œuvre que j'ai résolue, je n'aurai plus aucun repos.. (Journal de Carl Sand, 31 décembre 1818 ; traduction de Dumas, op. cit.)
  29. Dumas, Excursion sur les bords du Rhin, op. cit.)
  30. Où l'écrivain batailleur, honni à Weimar, avait jugé plus prudent de chercher domicile.
  31. Il s'était présenté comme l'étudiant Heinriks (ou "Heinrichs"), de l'université d'Erlangen (le duché de Courlande relevait alors de la couronne russe).
  32. Hier, du Verräter des Vaterlandes!; expression visiblement inspirée du Chant de la Patrie d'Arndt, poème patriotique que connaissaient alors par cœur la plupart des jeunes Allemands.
  33. Selon Dumas, il s'agirait de la fille de l'écrivain, alors âgée de 6 ans.
  34. Et mêlant ainsi son sang à celui de sa victime, selon Dumas, op. cit.
  35. Les témoignages ici rapportés proviennent principalement des deux récits de Dumas père, qui recueillit personnellement et consigna en français les confidences de certains acteurs du drame, dont le bourreau. Tous assurèrent que Sand fit montre d'un sang-froid et d'un courage hors du commun, assortis d'une courtoisie des plus exquises. Il n'est pas inutile de rappeler que ces témoignages furent notés par le fils d'un des meilleurs soldats de l'Empire, habitué aux descriptions des combats les plus sanglants et particulièrement sensible à la bravoure et à l'honneur... Voilà pourquoi, de chroniqueur se voulant impartial, Dumas en devint rapidement le biographe très admiratif de Sand.
  36. Il le reconnait lui même dans une deuxième lettre à ses parents. Dumas, op. cit.)
  37. Auxquelles il renoncera dans une troisième lettre à ses parents. Dumas, op. cit.)
  38. ...On décida donc qu'un médecin de Heidelberg visiterait Sand, et que, sur son rapport, selon que Sand serait en état de se lever ou dans l'impossibilité de quitter le lit, on hâterait ou ralentirait l'instruction.
    En conséquence, un matin, un inconnu se présenta dans la chambre du prisonnier, s'annonçant comme un professeur de l'école de médecine de Heidelberg, qui, attiré par l'intérêt, venait demander de ses nouvelles.
    Sand le regarda un instant comme pour lire jusqu'au fond de son âme, puis voyant que, quelque empire qu'il eut sur lui, le médecin ne pouvait s'empêcher de rougir :
    - Ah! oui, lui dit-il, je comprends. On désire savoir à Saint-Pétersbourg si je suis assez fort pour être exécuté, eh bien! monsieur, nous allons en faire l'expérience ensemble. Je vous demande pardon, ajouta-t-il, pour le cas où je me trouverais mal, mais comme il y a treize mois que je ne me suis levé, il est possible que, malgré toute ma bonne volonté, la chose arrive.
    À ces mots Sand se leva, et sans appui avec un courage surhumain, il fit deux fois le tour de sa chambre et revint presque évanoui tomber sur son lit. Le médecin lui fit respirer des sels.
    - Vous voyez, monsieur, dit Sand en revenant à lui, que je suis plus fort que je ne le croyais moi-même; portez, je vous prie, cette bonne nouvelle à mes juges. (Dumas, op. cit.)
  39. ... Étonné de ce sang-froid et de cette tranquillité dans un jeune homme qui allait mourir..., le major adressa à Sand quelques paroles de pitié. Mais Sand lui répondit en souriant : Ce n'est pas moi qu'il faut plaindre, monsieur le major, c'est vous ; je meurs pour une conviction qui m'est propre, et vous, vous mourrez probablement pour une conviction qui vous sera étrangère. Le major Holzungen l'invita à se maintenir dans cette fermeté... (Dumas, op. cit.)
  40. Venu rendre visite au condamné, à la demande de celui-ci, le 19 mai.
  41. ... Alors commença la répétition de l'horrible drame de l'échafaud, répétition pendant laquelle les forces manquèrent, non pas au patient, mais au bourreau ; car, déplacé ainsi de son terrain, la fiction lui parut plus horrible que la réalité: Il n'en acheva pas moins l'homicide démonstration ;... Sand écouta les unes après les autres toutes les explications avec le même sang-froid; puis, lorsque monsieur Widemann les lui eut données, depuis la première jusqu'à la dernière, il le remercia et regagna son lit, laissant le bourreau plus pâle et plus chancelant que lui.... (Dumas, op. cit.)
  42. ... Surtout, ajouta Sand, n'allez pas faire comme aujourd'hui, je vous ai senti trembler.... (Dumas, op. cit.)
  43. a b c et d Dumas, op. cit.
  44. Je remercie les autorités de Manbeim d'avoir été au-devant de mes désirs, en avançant de huit heures le moment de mon exécution.
    Sit nomen Domini benedictum.
    Karl-Ludwig SAND (Dumas, op. cit.)
  45. Après avoir hésité (les cheveux longs et la barbe naissante étaient deux des signes de reconnaissance de la fraternité à laquelle Sand était affilié), le condamné l'y autorisa, sur la promesse qu'ils seraient remis à sa mère. (Dumas, op. cit.)
  46. L'épée flamboya comme un éclair et s'abattit. Alors un grand cri retentit dans cette foule; la tête n'était pas tombée, et, à moitié détachée du corps, penchait sur la poitrine. Le bourreau donna un second coup qui rabattit entièrement, et en même temps alla couper la main qui était liée sur le genou gauche. (Dumas, op. cit.)
  47. En ce moment, sans qu'il fut possible de l'arrêter, la foule rompit la haie de soldats et se précipita sur l'échafaud, chacun trempant son mouchoir dans le sang, puis ceux qui vinrent après et qui trouvèrent le sang étanché, mirent en morceaux la chaise sur laquelle il avait été exécuté, emportant les uns le bois, les autres la paille ; puis enfin vinrent ceux qui n'avaient pu avoir ni du sang, ni de la chaise, et qui se mirent à tailler à même de la plate-forme, pour avoir au moins de l'échafaud... (Dumas, op. cit.)
  48. ...tout le monde vous la montrera. Les portes et les fenêtres en sont hachées, car, pendant cinq ou six ans, c'était un pèlerinage pour les étudians, qui venaient enlever avec la pointe de leur couteau des morceaux de ce bois; puis petit à petit les visiteurs se sont faits plus rares, jusqu'à ce qu'ils aient fini par ne plus venir du tout. (Dumas, op. cit.)
  49. Dumas écrit pourtant que le l'assassin et la victime (ou le traître et le martyr - Dumas laisse le choix) se trouvaient déjà réunis dans ce même cimetière luthérien, étant tous deux de la même confession.
  50. Selon la légende, les cendres du juge Drais furent déplacées pour l'occasion jusqu'au nouveau cimetière de Mannheim, à la demande des fidèles de Sand (Wilhelm Langeloth et Louis Hunkler, qui financèrent les deux translations), afin que juge et condamné ne cohabitent pas pour l'éternité.
  51. Salli Katzenstein (1865-1942)?
  52. Cineis et pulveris...
  53. Ou Löhning.
  54. Réformateur et administrateur d'inspiration libérale, gagné aux idées françaises, Ibell lança une série de réformes dans le duché qui appauvrirent durablement la petite noblesse et servirent de modèle aux autres réformateurs allemands : suppression du servage (1808), égalité de tous les citoyens devant l'impôt (1809), libre circulation des citoyens (1810), rédaction de la constitution du duché (1813-1814), unification de l'Eglise luthérienne (1817), etc.