Karl Loewenstein

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Karl Loewenstein
Biographie
Naissance
Décès
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Formation
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Marineoffizier, homme d'affaires, banquierVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Partis politiques
Parti de la Patrie allemande (en) (-)
Parti populaire allemand (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Lieu de détention

Karl Loewenstein, également connu sous le nom de Karl Loesten, né le à Siegen et mort en 1976 à Bad Neuenahr-Ahrweiler, est un banquier allemand, connu pour avoir été responsable de la sécurité dans le camp de concentration de Theresienstadt.

Biographie[modifier | modifier le code]

Loewenstein est présenté comme demi-juif par certaines sources[1],[2]. Selon Tom Lampert, il s'agit d'une invention de Loewenstein lui-même[3], ses deux parents étant juifs[4]. Certaines autres affirmations de Loewenstein sur sa jeunesse, tels le fait qu'il ait participé à la Première Guerre mondiale comme officier dans la marine ou qu'il soit titulaire d'un doctorat en économie sont invérifiables, les archives ayant été détruites[5]. Après la guerre, il s'engage dans les corps francs pour lutter contre les insurrections de Silésie[2]. En 1922, il s'installe à Berlin[4]. De 1924 à 1941, il dirige la banque berlinoise Busse[5]. En , il est arrêté par la Gestapo, contraint de vendre ses actions de la banque à des aryens et déporté au ghetto de Minsk[6]. Le commissaire général du ghetto, Wilhelm Kube, se croit (à tort) apparenté à Loewenstein et intervient auprès d'Hitler pour obtenir sa libération[3]. En , Loewenstein est libéré[7], envoyé à Vienne, puis quelques jours plus tard au camp de concentration de Theresienstadt[8]. Il y jouit d'un traitement de faveur[9] et se voit confier le par Siegfried Seidl, le commandant du camp, la direction de la sécurité au sein de celui-ci[10]. Loewenstein s'attèle à cette tâche avec un « zèle inattendu pour tout le monde »[11]. Il prend sous sa responsabilité la police du ghetto, le serive d'orientation, la police criminelle et y ajoute les pompiers, la défense aérienne, la surveillance des travaux et le bureau de contrôle économique[11]. Il a libre accès à la Kommandantur où il fait un rapport quotidien et croit pouvoir influencer Seidl, sensible au respect de la discipline militaire[12]. Il proclame « couvrir de son corps » le chef du conseil des anciens et n'avoir « absolument pas peur du commandant du ghetto »[13]. Il prend des mesures énergiques et brutales pour lutter contre le vol et la corruption, s'attachant en particulier à l'équité de la distribution de nourriture et à la protection des plus âgés[14], au prix de tension avec le conseil des anciens et d'inimitiés au sein du camp[15]. En , Seidl est destitué et Anton Burger prend la direction du camp. Il déporte ou congédie une partie de la police du ghetto et suspend Loewenstein de ses fonctions[16]. Quelques jours plus tard, Loewenstein est arrêté, déféré devant le tribunal juif et condamné par ce dernier à cinq mois de cachot, ramenés en appel à trois, et à la démission de ses fonctions pour abus de pouvoir et détournement d'objets confiés[17],[18]. Il échappe ensuite miraculeusement à la déportation vers Auschwitz, alors que presque tous les membres de l'auto-administration du ghetto sont liquidés[19]. À la libération du camp, il est arrêté par les soldats soviétiques et jugé à Prague pour collaboration[20]. Estimé « strict mais juste », il est libéré en 1947[21]. Il émigre en Australie, y travaille dans une filature, puis revient en Allemagne en 1952 pour faire valoir ses droits à indemnisation[22]. Ces demandes, ainsi que les procédures qu'il intente pour récupérer ses biens, restent pour l'essentiel infructueuses. Il meurt avant la fin de ces procédures[23].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • (de) Aus der Hölle Minsk in das 'Paradies' Theresienstadt, tapuscrit, Leo back Center for Jewish History.
  • (de) « Minsk. Im Lager der deutschen Juden », Schriftenreihe der Bundeszentrale für Heimatsdient, numéro 51, Bonn, 1961 (première partie de Aus der Hölle Minsk in das 'Paradies' Theresienstadt).

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) H. G. Adler, Theresienstadt: das Antlitz einer Zwangsgemeinschaft, Wallstein Verlag, (lire en ligne), p. 138
  2. a et b (de) « Loewenstein, Dr. Karl », sur Theresienstadt Lexikon
  3. a et b Lampert 2006, p. 117
  4. a et b Lampert 2006, p. 110
  5. a et b (en) « Document Collections », sur Wiener Library
  6. Lampert 2006, p. 113
  7. Seuls deux autres des Juifs berlinois déportés au ghetto de Minsk survivront.
  8. Lampert 2006, p. 118
  9. En tant que Prominent de « classe A », nommé à ce statut par la Gestapo de Berlin, Loewenstein est dispensé de convoi, dispensé de travail et jouit d'un meilleur hébergement. Au surplus, il bénéficie d'une nourriture spéciale et reçoit tous les jours un journal allemand, un avantage dont ne dispose pas le chef du conseil des anciens.
  10. Lampert 2006, p. 122
  11. a et b Lampert 2006, p. 124
  12. Lampert 2006, p. 139
  13. Lampert 2006, p. 137
  14. Lampert 2006, p. 132-134
  15. Lampert 2006, p. 138-149
  16. Lampert 2006, p. 152
  17. Lampert 2006, p. 152-153
  18. Il n'est pas reproché à Loewenstein d'avoir recherché un avantage personnel mais de ne pas avoir respecté les procédures et d'avoir attribué de plus grandes quantités de nourriture à des sentinelles.
  19. Lampert 2006, p. 157
  20. Lampert 2006, p. 158
  21. Lampert 2006, p. 159
  22. Lampert 2006, p. 162
  23. Lampert 2006, p. 181

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Tom Lampert (trad. Barbara Fontaine), Une seule vie : huit histoires sur la période du nazisme [« Ein einziges Leben : acht Geschichten aus dem Krieg »], Paris, Joelle Losfeld, (ISBN 978-2-070-78952-8)

Liens extérieurs[modifier | modifier le code]