Sous-marin soviétique K-3 Leninsky Komsomol

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K-3
illustration de Sous-marin soviétique K-3 Leninsky Komsomol
Le K-3 Leninski Komsomol.

Autres noms K-3 Leninski Komsomol
Type Sous-marin nucléaire d'attaque de classe November / Projet 627
Classe Classe November
Histoire
A servi dans  Marine soviétique
Chantier naval Sevmash, Severodvinsk
Quille posée
Lancement
Mise en service
Commission
Statut Retiré du service en 1988
Équipage
Équipage 104 personnes (30 officiers)
Caractéristiques techniques
Longueur 107,4 m
Maître-bau 7,9 m
Tirant d'eau 5,6 m
Déplacement 3 065 tonnes (en surface)
4 750 tonnes (en plongée)
Propulsion 2 réacteurs nucléaires à eau pressurisée VM-A de 70 MW chacun avec des générateurs de vapeur PG-13,
2 groupes turbo-réducteurs 60-D (développant 35 000 cv au total),
2 turbo-alternateurs GPM-21 développant 1 400 kW chacun de 1550 à 2 250 tr/min, 320 V continu,
2 générateurs diesel DG-400 développant 460 cv chacun,
2 moteurs électriques de secours PG-116 développant 450 cv chacun,
2 hélices à pas constant à 6 pales.
Vitesse 30 nœuds (56 km/h)
Profondeur 480 m
Caractéristiques militaires
Armement 8 tubes lance-torpilles de 533 mm
20 torpilles (8 en tubes + 12 en réserve) SET-53, SET-65, 53-61MA, 53-65K
Électronique Système sonar MG-200 ARKTIKA-M actif/passif pour la détection des cibles,
intercepteur sonar MG-13M SVET-M,
sonar passif MARS-16KP,
sonar anti-mines LUCH,
radar de veille surface PRIZMA,
intercepteur guerre électronique MRP-10 NAKAT.
Carrière
Port d'attache Zapadnaïa Litsa
Indicatif K-3

Le K-3 (officiellement К-3 du russe : Кит, « Kit », baleine), surnommé Leninski Komsomol (Ленинский Комсомол en cyrillique), est un sous-marin nucléaire d'attaque soviétique de classe November (code OTAN) / Projet 627. Premier sous-marin nucléaire soviétique, il est également le premier sous-marin soviétique à atteindre le pôle Nord en 1962[1] — quatre années après l'USS Nautilus — et à y faire surface — trois années après l'USS Skate. Son commandant est Leonid Ossipenko et le commandant en second est Lev Giltsov, qui sera fait Héros de l'Union soviétique pour cet exploit[2].

Construction[modifier | modifier le code]

Un prototype du bâtiment est d'abord construit en bois, avec chacun des cinq segments dispersés entre cinq endroits différents à Leningrad, y compris l'Hôtel Astoria[2]. Il est construit au chantier naval de la Sevmash à Molotovsk (aujourd'hui Severodvinsk), et lancé le . Affecté à la Flotte du Nord, il entre en service en avec pour port d'attache la base sous-marine de Zapadnaïa Litsa sur la péninsule de Kola. Le K-3 a été conçu par Vladimir Nikolaïevitch Peregoudov[2]. Son premier commandant Leonid Ossipenko, assisté du commandant en second Lev Giltsov, aura la tâche importante de former le premier équipage[2].

Service[modifier | modifier le code]

Premier équipage[modifier | modifier le code]

Liste du personnel et grade[3] :

  • Leonid Ossipenko : Commandant ;
  • Lev Giltsov : Commandant en second ;
  • Gueorgui Beliachov : Officier politique ;
  • Grigori Tchernykh : Officier politique ;
  • Boris Akoulov : Ingénieur-mécanicien ;
  • Vladimir Troukhanov : Assistant du commandant ;
  • Evguenï Zolotarev : Navigateur ;
  • Victor Markov : Chef de l'unité de combat 3 ;
  • Lodiakov : Chef de l'unité de combat 4 ;
  • Ivan Betchik : Médecin ;
  • Nicolaï Odinokov : Chimiste-dosimétriste.
  • Officiers :
    • Vladimir Roudakov ;
    • Stanislav Loutchnikov ;
    • Riourik Timofeev ;
    • Anatoli Chouryguine ;
    • Vladimir Koulikov ;
    • Nicolaï Stoudenikine ;
    • Leonid Romanenko ;
    • Vadime Mamlov ;
    • Nicolaï Antonov ;
    • Iouri Balenko ;
    • Oleg Danielvski ;
    • Vitali Deikoun ;
    • Nicolaï Mormoul ;
    • Iouri Gorbenko ;
    • Oleg Pivtsov ;
    • Anatoli Gritsenko ;
    • Anatoli Gourianov ;
    • Anatoli Lapchine ;
    • Boris Molodtchikov ;
    • Oleg Beklemichev ;
    • Dmitri Ivanov ;
    • Stanislav Ivanov.

Mission dans l'océan Arctique[modifier | modifier le code]

Timbre sur le K-3 (1970).

Le , alors qu'il est désormais commandé par Giltsov[2], le К-3 atteint le Pôle Nord sous la glace, devenant ainsi le premier sous-marin soviétique à réaliser cet exploit (le sous-marin américain USS Nautilus y était lui parvenu près de quatre ans plus tôt). Le К-3 parvient également à faire surface au niveau du pôle (trois ans après l'USS Skate). Le , de retour de ce voyage, le К-3 reçoit le nom de Leninski Komsomol (en russe : Ленинский Комсомол) et son équipage est très vite sollicité pour prendre part à de nombreux congrès et conférences, au lieu de poursuivre son entraînement militaire. Le К-3 est très peu utilisé jusqu'à l'été 1967, date à laquelle un autre sous-marin qui devait participer à une mission de patrouille en mer Méditerranée tombe en panne. Le К-3 est chargé d'effectuer cette patrouille à la hâte. Le capitaine de 2e rang Stepanov reçoit le commandement du bâtiment, son commandant en second n'arrive à bord que deux heures avant le départ. Le К-3 est alors un bâtiment ayant très peu navigué, son équipage est inexpérimenté et pas prêt à prendre la mer. Lorsqu'il atteint la Méditerranée, le système de régénération de l'air à bord tombe en panne et la température à bord monte à 3540 °C.

Une fois en Méditerranée, le К-3 reçoit la mission de suivre un sous-marin nucléaire lanceur d'engins américain, ce dont il se révèle rapidement incapable. Il reçoit alors l'ordre de regagner sa base.

Accident de 1967[modifier | modifier le code]

Schéma du K-3.

Le , alors qu'il traverse la mer de Norvège, un incendie se déclare dans le circuit hydraulique du sous-marin[4] et les membres d'équipage présents dans le compartiment quand le feu éclate doivent évacuer le compartiment. Les flammes se propagent à d'autres compartiments du sous-marin. Les systèmes anti-incendie embarqués fonctionnaient au dioxyde de carbone (CO2), leur déclenchement provoque l'asphyxie des marins présents dans les compartiments I et II du sous-marin. Lorsque la cloison de séparation du compartiment III est ouverte pour voir ce qui était arrivé aux marins du deuxième compartiment, la propagation du gaz entraîne la perte de conscience de plusieurs marins. Les compartiments avant sont alors complètement scellés et le sous-marin fait surface. Quatre jours plus tard, le К-3 était de retour à sa base. Un total de 39 membres de l'équipage meurent dans l'incendie.

L'enquête officielle déterminera que la cause la plus probable de l'incendie était l'inflammation d'une concentration explosive d'huile hydraulique, et que les réactions de l'équipage avaient été rapides et appropriées. De nombreuses récompenses sont recommandées pour l'équipage, dont sept nominations au titre de Héros de l'Union soviétique — quatre d'entre elles à titre posthume. Une commission envoyée de Moscou, trouvera cependant par la suite un briquet dans le compartiment des torpilles et la position du corps d'un marin suspecte. Cette commission estime que le tabagisme du marin avait causé le feu et interdit toute récompense.

Selon des témoignages plus récents, la version défendue par l'enquête officielle aurait été volontairement erronée. L'incendie dans le premier compartiment (le compartiment des torpilles) se serait déclenché à cause d'un joint du système hydraulique qui aurait dû être en cuivre mais qui était en caoutchouc. En retenant cette version, la commission d'enquête aurait ainsi reconnu une erreur de conception. Pour éviter la perte du sous-marin, les compartiments avant seront noyés ce qui entraînera la mort des 39 marins situés dans les deux premiers compartiments[5].

En 1991, un mémorial a été érigé dans Zapadnaïa Litsa pour les hommes morts à bord du К-3. En 2007, le Comité russe des Décorations (Российский наградной комитет) décide de la fabrication d'une médaille commémorative « Pour les 50 ans du sous-marin Leninskiy Komsomol ».

Victime de l'accident du [modifier | modifier le code]

Liste du personnel et grade[3] :

  • S. Gorchkov : Capitaine de frégate ;
  • A. Kamokine : Capitaine de corvette ;
  • G. Ganine : Ingénieur-mécanicien de 1re classe ;
  • A. Maliar : Ingénieur-mécanicien de 1re classe ;
  • V. Smirnov : Ingénieur-mécanicien de 1re classe ;
  • V. Gourine : Lieutenant ;
  • A. Petretchenko : Lieutenant ;
  • A. Boutorine : Sous-officier ;
  • Moussatov : Sous-officier ;
  • B. Romantsev : Premier maître ;
  • V. Miounine : Premier maître ;
  • V. Taranov : Second maître de 1re classe ;
  • N. Bogatchev : Second maître de 1re classe.
  • Seconds maître de 2e classe :
    • N. Zatsepine ;
    • N. Gouriev ;
    • A. Ivanov ;
    • Y. Garogonine ;
    • A. Gaivas ;
    • V. Rozanov ;
    • N. Slounine ;
    • G. Kislovski ;
    • K. Pouzevitch ;
    • P. Youzefovitch ;
    • I. Vetcherine ;
    • S. Gaidai.
  • Matelots brevetés :
    • S. Bogalev ;
    • A. Voroviov ;
    • V. Lavrouchkine ;
    • N. Sobolev ;
    • V. Taraban ;
    • V. Yarochevitch ;
  • Matelots :
    • V. Bogatchev ;
    • A. Ossiptchouk ;
    • V. Posjalaty ;
    • V. Kouzmitski ;
    • A. Koujepov ;
    • V. Klimentchouk ;
    • A. Korovine ;
    • V. Romanov.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) USSR's first-ever nuclear sub was destroyed by beer bottle cap, Andreï Mikhaïlov, 11 septembre 2012
  2. a b c d et e Davies 1995
  3. a et b Giltsov, Lev. et Ossipenko, Leonid., La dramatique histoire des sous-marins nucléaires soviétiques : des exploits, des échecs, et des catastrophes cachées pendant trente ans, Paris, R. Laffont, , 357 p. (ISBN 2-221-07137-9 et 9782221071373, OCLC 28257074, lire en ligne)
  4. (en) Andreï Mikhaïlov, « USSR's first-ever nuclear sub was destroyed by beer bottle cap », Pravda.ru,‎ (lire en ligne)
  5. Guerres & Histoire no 18 (2014), p. 11

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) R. Nautilus Davies, The Story of Man Under the Sea, Naval Institute Press, (ISBN 1-55750-615-9)
  • Lev Giltsov, Nicolaï Mormoul et Leonid Ossipenko, La dramatique histoire des sous-marins nucléaires soviétiques : Des exploits, des échecs et des catastrophes cachées pendant trente ans, Paris, Robert Laffont, 1992 (ISBN 2-221-07137-9)
    Environ la moitié du livre est consacré à l'histoire du K-3, de sa mise au point à sa mission au pôle Nord.
  • « Naufrage du K-8, une tragédie soviétique en trois actes », Guerres & Histoire, no 18,‎ , p. 11 (ISSN 2115-967X)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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