Jupille-sur-Meuse

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Jupille-sur-Meuse
Jupille-sur-Meuse
La brasserie Piedbœuf à Jupille
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Arrondissement Liège
Commune Liège
Code postal 4020
Zone téléphonique 04
Démographie
Gentilé Jupillois(e)
Population 10 395 hab. (01/01/2007)
Densité 1 768 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 38′ nord, 5° 37′ est
Superficie 588 ha = 5,88 km2
Localisation
Carte Jupille.jpg
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Jupille-sur-Meuse

Jupille-sur-Meuse, (nom officiel jusqu'en 1963 : Jupille, en wallon liégeois Djoupèye) est une section de la ville belge de Liège située en Région wallonne dans la province de Liège. C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

Déjà cité comme villa romaine sur la Voie des Ardennes, c'est un des lieux possibles de la naissance de Charlemagne et de son père Pépin le Bref.

C'est dans cette localité que se trouve la brasserie Piedbœuf (groupe AB InBev), fabriquant la bière de marque Jupiler.

Étymologie

  • Iovis villa > Iovilla > Iopilla > Iupilla > Jupilla > Jupille.
  • Petit (diminutif roman -illa) genévrier (celtique iuppo)[1]
  • Formé sur le nom d'une villa romaine implantée sur le site de Jupille :Iovis villa, villa dédiée à Jupiter.

Jupille pourrait donc signifier: "Petit genévrier", "Petit-Jupiter", ou, plus vraisemblablement : "Villa Jupiter" du prénom de l'empereur Domitien[réf. nécessaire] dont on a trouvé des pièces de monnaies sur place au cours de fouilles entreprises en 1872.

Toponymie

On trouve les traces de Jupille à travers les siècles sous différentes orthographes :

  • Iopiliensis (687)
  • Jopila (714)
  • Jobvilla (756)
  • Jopilla (868)
  • Iopilla (888)
  • Juppille (1504)

Histoire

Topographie

Axe romain de la voie de Tongres à Aix-la-Chapelle jusqu'au gué de Herstal appelée actuellement chaussée Brunehault sur un tronçon
Carte des axes romains, carolingiens, de la Voie des Ardennes et de la voie des hèvurlins

Plusieurs éléments sont favorables à l'installation d'une population à Jupille.

La ligne droite romaine

Le gué de la Meuse

Devant Jupille, la vallée de la Meuse s'élargit fortement. Le débit se ralentit et les alluvions de la Meuse, grossie par l'Ourthe qui vient de la rejoindre, vont se déposer. Au fil des siècles, la vallée devient peu profonde, et à la fin du printemps jusqu'au début de l'automne, il devient possible de traverser facilement le fleuve[2].

Les relais carolingiens de Herstal et Jupille

Du mois d'octobre au mois de mai, il était impossible de passer le gué. Cette difficulté explique la nécessité d'avoir construit les deux palais carolingiens de part et d'autre de la Meuse. Si l'hypothèse de l'existence d'un pont romain n'est pas à rejeter (des pierres taillées ont été retrouvées dans les fondations des églises de Herstal et Jupille, les Carolingiens attendaient que le gué soit praticable pour rejoindre Aix-la-Chapelle ou partir en guerre en Neustrie.[réf. nécessaire].

Les difficultés du charroi

Les contreforts de la Meuse étant fort escarpés, le charroi, souvent lourd, ne permettait pas de grimper sans risquer de s'embourber ou de fatiguer l'attelage. Il fallait trouver d'autres itinéraires et aménager des voies carrossables. La vallée de Moulins-sous-Fléron présentait cette unique possibilité sur la rive est de la Meuse. L'autre rive présentait les mêmes caractéristiques. Quand le pont des Arches de Liège fut disponible au Moyen Âge, on continua à passer par cette vallée, la butte de Cornillon étant trop raide.[réf. nécessaire]

De Fléron, on prenait les crêtes jusqu'à Aix-la-Chapelle, ou la voie des Ardennes[3].

Les voies commerciales

Pendant près de dix siècles, la voie des Ardennes va suivre ce chemin pour bifurquer vers Stavelot après avoir traversé le seul gué existant de la Vesdre à Fraipont[4] pour rejoindre Trèves, avec quelques variantes sur le trajet, suivant les alliances[5]. Curieusement le passage à gué de la Meuse à Jupille existait encore au début du XXe siècle[réf. nécessaire].

Époque romaine

La villa était sur un plateau dominant la Meuse au point de rencontre entre le fleuve et l'importante voie romaine Tongres - Trèves encore appelée Voie des Ardennes[6].

Le gué suivant était à Maastricht (Mosae trajectum, passage de la Meuse) sur l'axe Tongres - Aix-la-Chapelle - Cologne.

Les premières fouilles, en 1872[7] ont permis de retrouver les traces d'une villa gallo-romaine datant probablement du Ier et IIe siècle apr. J.-C. Les monnaies retrouvées sont de Domitien (81-96), d'Antonin le Pieux (138-161), Septime Sévère (193-211), et Maximin (235-238)[8]. Un fragment de mosaïque, un hypocauste, un calix, un vase planétaire à sept têtes représentant les divinités de chaque jour[9],[10],[11], originaire de Bavay et quelques poteries sont découverts lors de fouilles en 1872[7]. Ce vase est exposé et plusieurs objets sont conservés au musée Curtius de Liège.

Époque carolingienne

Des documents datés du VIIIe siècle évoquent la présence d'une résidence des souverains carolingiens. Il faut préciser qu'à ce jour, si les traces romaines sont évidentes, on n'a toujours pas découvert d'indice probant d'une présence franque, mérovingienne ou carolingienne[7]. Un palais aurait existé à Jupille au VIIIe siècle, où Pépin II, dit de Herstal, séjourna et, selon certaines sources, mourut en 714. Pépin III, dit le Bref, y séjourna également en 759 ou 760. Ce palais passait au XVe siècle pour avoir été le lieu, contesté par la suite, de la naissance de Charlemagne[12]. Le grand empereur est, en tout cas, entré dans la légende jupilloise et reste très présent dans le folklore local.

Le domaine primitif

Le pagus jobvilla était un des pagus du Luihgau, Comté de Liège, il deviendra la Seigneurie de Jupille.

Le domaine du palatium couvrait Beaufays, Bellaire, Beyne-Heusay, Bressoux, Chaufontaine (une partie contestée), Chênée, Évegnée Fléron (village), Forêt, Gomzé-Andoumont, Grivegnée, Jupille, Magnée, Micheroux, Queue-du-Bois et Vaux-sous-Chèvremont.

Certaines de ces limites sont toujours des limites communales actuellement : le Ry du Cheneau, limite d'Olne et Forêt est déjà citée au VIe siècle[Où ?][13].

Haut Moyen Âge

En 881, les Vikings détruisent les palatium de Jupille, de Herstal, de Fourons et de Meerssen, le portus de Visé, la civitas de Liège, le castrum de Maastricht et le palais impérial d'Aix-la-Chapelle. Chassés par leurs propres dévastations, ils abandonnent les lieux l'année suivante[14].

En 995, le duc Gislebert de Lotharingie se dit « seigneur de Jupille et d'Amercœur » et soutient les sièges de Chèvremont en 922 contre le roi de France Charles le Simple et en 935 contre Otton Ier du Saint-Empire.

Bas Moyen Âge

Au bas Moyen Âge, le domaine des Pépinides fut donné par une charte de 1008 par Henri II du Saint-Empire au chapitre Notre-Dame de la cathédrale de Verdun, ville libre qui relevait directement du Saint-Empire romain germanique dès 1195.

En 1200, l'église de Verdun possédant beaucoup de biens et de rentes au pays de Liége, avait fait établir à Jupille une cour à laquelle ces biens et rentes ressortissaient. Les membres de cette cour étaient nommés par l'évêque de Verdun ; leurs fonctions étaient d'enregistrer tous les actes qui concernaient ces biens et rentes et de faire la recette des rentes et peut-être aussi celle des fermages. C'est cette cour qui est désignée par curia de Jupilia. Le duc de Limbourg était l'avoué des biens des rentes que l'église de Verdun possédait à Jupille[15].

En 1274, le doyen d'Aix donne aux Prémontrés la desserviture perpétuelle de l'église de Jupille[16].

Le chapitre Notre-Dame de Verdun vend son tréfonds au chapitre de Saint-Lambert de Liège le 12 septembre 1297[17],[18]. Une autre source signale que Robert II de Médidan, évêque de Verdun engage déjà la seigneurie de Jupille en 1266[19].

En 1288, le chapitre de Saint-Lambert échange le domaine contre la terre d'Amay appartenant au prince-évêque de Liège Gui de Dampierre, Jean II de Dampierre, son fils, lui ayant confié sa charge.

Ceci donne une des grandes possessions du prince-évêque de Liège: le bailliage d'Amercœur, ainsi appelé parce que la cour scabinale de Jupille a déplacé son siège situé au pont d'Amercœur.

La seigneurie de Jupille

La brassine banale[20] de Jupille.

Le 7 janvier 1535, Henri Damery le charpentier demeurant à Jupille céda à Johan fils de feu Gilles Crahea de Jupille une maison, scaillie, étable et puits qu'on dit la brassine banale de Jupille, joignant vers Liège au ruisseau qu'on dit merchant et à Johan Collard, vers le chenal du moulin à une petite voie, derrière au wérixhas du moulin et devant au réal chemin, au prix d'un cens de 10 fl suivant le rendage du 26 novembre 1533; la garantie est apportée par Lambert Crahea cousin de Johan; Henri Damery retient la chambre et chaffeur au rez-de-chaussée vers le moulin ry la chambre et chaffeur au-dessus et le grenier dessus la chambre et une petite xhaiche d'héritage vers le chenal du moulin[21].

Henri Damery était peut-être apparenté à Simon Damery, cité le 5 décembre 1534, commissaire de la cité de Liège, rentier (= receveur qui tient les comptes) du bon métier des brasseurs[22].

Cette brassine avait perdu sa banalité lorsque le 18 octobre 1644: la maison et brassine ci-devant banale de Jupille était habitée par Jean Houleux de Jupille[23] alors cité avec ses deux filles.

L'engagère[24]

Le 18 novembre 1619, Ferdinand, prince-évêque de Liège engagea les seigneuries de Jupille, Bellaire, et Queue-du-Bois à Guillaume Fayn. Il engage aussi Bois-De-Breux en 1620[25].

Épidémies

  • La peste s'étend en 1579

La commune

Le bailliage d'Amercœur formé au XIIIe siècle, ne sera découpé en communes, dont celle de Jupille qu'au XIXe siècle[26].

Les industries

Papeterie

Deux papeteries sont recensées dans la commune de Jupille en 1811 :

  • La 1re appartient à Léonard Doigné ; on y fabrique du papier à envelopper la chicorée ; elle est en activité durant toute l'année, excepté dans le temps des grandes eaux, de sécheresse ou de fortes gelées ; elle produit pour une valeur de 2 470 francs.
  • La 2e appartient à Théodore Thonnart et à sa mère ; on n'y fabrique que du papier destiné à emballer les épiceries et autres objets ; elle produit pour une valeur de 2 722 francs.

Les matières premières sont des chiffons grossiers, du savon, de la houille et de l'huile ; ces objets sont indigènes c'est-à-dire du département de l'Ourte.

Chacune emploie 3 ouvriers qui gagnent chacun 90 centimes par jour[27].

Chaudronnerie

La société Piedbœuf a commencé par fabriquer, en 1812, du matériel de brasserie.

Brasserie

C’est en 1853, que Jean-Théodore Piedbœuf se lance dans le brassage. En 1921, la brasserie se lance dans la fermentation basse.

Jumelages

Personnalités

Architectes

Industriels

Artistes peintres

  • Bertin Hoyoux (fl. 1637), artiste peintre né à Jupille[28]
  • Servais Houvelez (né à Jupille le 20 janvier 1889 et y décédé le 13 février 1965), artiste peintre et auteur wallon.

Voir aussi

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Article connexe

Bibliographie

  • Micheline Josse, Le domaine de Jupille des origines à 1297, Bruxelles, Pro Civitate, 1966, in-−8°.
  • Louis Bonfond et Mathieu Thonnart, Histoire de la commune de Jupille-sur-Meuse, berceau de Charlemagne, Imp. Massoz, Liège, 1938, in-−12°.

Notes et références

  1. Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, éd. Racine, 2005, p. 353
  2. Un autre gué à Maastricht, en latin Trajectum ad Mosam, (gué de la Meuse), était encore moins praticable.[réf. nécessaire]
  3. On suivait les crêtes pour surveiller la progression de l'ennemi qui se signalait par les incendies perpétrés au cours des pillages. Sur les crêtes, l'eau ruisselant plus vite, les chemins boueux s'asséchaient plus rapidement[réf. nécessaire]
  4. Les moines de Stavelot signalent au XIe siècle un fractam pontem (pont en ruines)[réf. nécessaire]
  5. La voie des hêvurlins, les marchands de Herve vient s'y greffer en suivant une crête du ban d'Olne.
  6. Elle n'était pas au même endroit que le palais carolingien, situé près du donjon du XVe siècle
  7. a b et c Fouilles de Jupille, Place Gît-le-Coq, BIAL, tome IX, 469-496. 1872
  8. Cohen, III, p. 248[réf. incomplète]
  9. Demarteau, J. E., « Le vase planétaire de Jupille », dans : Ciel et Terre, Vol. 30, p. 373-381 sur le web: dans Astrophysics Data System (ADS)
  10. F. de Villenoisy, Le Vase gallo-belge de Jupille, Impr. de La Meuse (1894)
  11. Jean-Luc Schütz, 7000 ans d'Art et d'Histoire au Grand Curtius, 2009, Éditions Luc Pire
  12. Philippe Biermé et François-Xavier Nève, Chez Edgar P. Jacobs Dans l'intimité du père de Blake et Mortimer, 2004, [lire en ligne], p. 84
  13. Jean-Jacques Bolly, Charles Christians, Bruno Dumont, Étienne Hélin, Paul Joiris, René Leboutte et Jean et Madeleine Moutschen-Dahmen, Visages d'Olne : Son village, ses hameaux, Olne, Édition de la Commune d'Olne, , 288 p., D/2006/11.092/1
  14. Lejeune J., Liège, éd. Mercator, 1967, p. 28-30
  15. Cartulaire des Prémontrés, Fol. 64 v°, dans : Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, vol. 9, p. 347-349
  16. Cartulaire des Prémontrés, BIAL, ibidem, p. 359
  17. Le fermage perpétuel se trouva transformé en vente et, moyennant 3.300 livres petit tournois, in Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, volumes 1-15 p. 284
  18. Josse Micheline Le domaine de Jupille des origines à 1297, 1966
  19. C. Becdelièvre, Biographie liégeoise, t. 1, 1836
  20. Brasserie communale
  21. P. Guérin, Archives de l'État à Liège, Cour de Jupille: (1) 22-85, 97; (3) 97-83.
  22. René Van Santbergen, Les Bons Métiers des meuniers, des boulangers et des brasseurs de la cité de Liège, université de Liège, 1949, p. 214.
  23. CHF. Juin 2003 p.36 IID-1?)
  24. Céder ou donner en gagère ou engagère
  25. Guérin, la Seigneurie de Jupille, CHF, 1984
  26. Jespers J.J., Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, éd. Racine, 2005
  27. Guérin P., Archives de l'État à Liège : Fonds français : n° 661.
  28. (en) « Bertin Hoyoux », sur Economic and Artistic Competition in the Amsterdam Art Market, c. 1630-1690 ; History Painting in Rembrandt's Time, ECARTICO (consulté le )