Jules Lévy

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Jules Lévy
Portrait photographique (avant 1891), BNF.
Fonction
Secrétaire perpétuel
Académie de l'humour
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
Rue de Noisy (d) (Villiers-sur-Marne)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jules LevyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Œuvres principales

Jules Lévy, né le à Paris 12e et mort le à Villiers-sur-Marne, est un éditeur, conférencier et écrivain français, fondateur du mouvement des Arts incohérents (1882-1889).

Biographie[modifier | modifier le code]

À peine revenu du service militaire[1], Lévy s’est signalé par diverses mystifications, qui ont fait un moment la joie du Quartier latin[2]. Vers 1884, il succède à son père comme libraire-éditeur à Paris, rue Antoine-Dubois, où il édite ses amis et collabore avec eux pour diverses petites pièces du genre montmartrois[2]. Cette entreprise, où il a mangé une petite fortune, ayant fait faillite[1], il se consacre aux lettres comme écrivain[3].

Personnalité de la bohème montmartoise proche de Jules Roques, fondateur du journal illustré Le Courrier français qui le soutient, il est très lié à l’artiste Georges Lorin ainsi qu’au poète Émile Goudeau[4], les fondateurs, en 1878, du fameux groupe des Hydropathes, club littéraire parodiant les salons bourgeois, et qu’il rejoindra six mois après sa fondation[a].

Lui-même fondateur de son propre mouvement artistique appelé les Arts incohérents[5], réplique spirituelle aux manifestations des décadents de la peinture[2], il organise, le , une exposition artistique d’un soir à son domicile de la rue Antoine-Dubois[6]. Ce salon, à l’issue duquel les Arts incohérents apparaitront désormais comme un véritable mouvement artistique[7], est un grand succès, trente mille Parisiens étant venus admirer les œuvres exposées[8]. Il anime également le « Bal des Incohérents » où fréquentait toute la jeunesse littéraire et artistique. Il ouvre également le Café des Incohérents, au 16 bis rue Fontaine[9][b].

Auteur de « Tribunaux comiques » à la façon de Jules Moineaux[3], il est un temps rédacteur en chef de la revue du cabaret Le Chat noir de Rodolphe Salis, puis cofondateur, avec François Mainguy, du journal Fin de Siècle en . Harcelé, comme ce dernier, par de nombreux procès pour attentats publics à la pudeur et atteinte aux bonnes mœurs à partir de 1891, notamment sous le ministère d’Ernest Constans (surnommé « Père la Pudeur »), en organisant des fêtes qui parfois dégénèrent en chahut, et de publications d’illustrations et de textes assez érotiques, il jette l’éponge en 1896 et revend Fin de Siècle en .

Il a publié un grand nombre d’ouvrages humoristiques et de bonne humeur[10]. En 1928, il publie une anthologie intitulée Les Hydropathes, prose et vers, dans laquelle il publie la liste des membres originels de ce mouvement, soit 235 noms et réunit une cinquantaine de « survivants » pour une conférence en Sorbonne[11]. Ami de Georges Courteline, il a collaboré avec lui pour Le commissaire est bon enfant, dont le succès a été si brillant au théâtre[c].

Très dévoué à ses confrères, il a mentionné, dans une notice qu’il a rédigée pour un annuaire, qu’il était « vice-président de quatre sociétés professionnelles et membre de quarante-trois autres[13]. » Jusqu’à sa mort, il a occupé les fonctions de secrétaire de la Société des gens de lettres. Il participait, en outre, activement aux travaux du Dictionnaire de l’Académie de l'humour français, dont il était le secrétaire perpétuel[3]. Parmi les définitions les plus remarquables signées de lui, on relève : Baba : « pris de rhum » ; Béguin : « passage du désir » ; Espérance : « baume tranquille » ; Franchise : « l’art de déplaire » ; Glace : « matière à réflexion »[14].

La mort l’a surpris au moment où il organisait un « Déjeuner Monselet » qui devait avoir lieu le 12 mars pour rendre hommage à l’auteur des Oubliés et dédaignés du XVIIIe siècle[15].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Le Bal des Incohérents, vu par Paul-Eugène Mesplès (Le Monde illustré, 1891).
Affiche de Chéret pour l’Exposition Universelle des Arts Incohérents.
Affiche de Chéret pour l’Exposition Universelle des Arts Incohérents.
  • Tout à la rigolade ! : Contes gais, Paris, Ernest Flammarion, , 312 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Hydropathes : prose et vers (anthologie collective), Paris, Delpeuch, , 238 p., in-8º (lire en ligne sur Gallica).
  • Loin des hommes (fables satiriques), Paris, G. Crès & Cie, , v-230 p., 19 cm (lire en ligne sur Gallica).
  • Loin des hommes, Paris, G. Crès & Cie, , v-230 p., 19 cm (lire en ligne sur Gallica).
  • Elle est là ! monologue grand-guignolesque créé par Coquelin Cadet en 1880.
  • Un juré, Paris, P.-V. Stock, , 27 p., in-16 (lire en ligne sur Gallica).
  • La Douche, comédie en un acte, 1910.
  • Ne varietur, Paris, P.-V. Stock, , 24 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Ça vient d’paraître !, Paris, Ernest Flammarion, , 290 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Gaietés de la correctionnelle, Paris, Ernest Flammarion, , 284 p., in-16 (lire en ligne sur Gallica).
  • La Fortune du pot, vaudeville, 1902.
  • Les Affaires étrangères : pièce en un acte, Paris, Ernest Flammarion, , 32 p., ill., couv. ill. ; 24 cm (lire en ligne sur Gallica).
  • Exposition de tableaux à la plume, Paris, Ernest Flammarion, , 351 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Gosses de Paris, Paris, Ernest Flammarion, , 310 p., in-16 (lire en ligne sur Gallica).
  • Parigotes !, Paris, Ernest Flammarion, , 324 p., in-18 (lire en ligne sur Gallica).
  • Les maris qui font rire !, Paris, Ernest Flammarion, coll. « Les auteurs gais », , 304 p., in-18 (lire en ligne sur Gallica).
  • Belles de jour et belles de nuit, Paris, Ernest Flammarion, , 352 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Tout à la rigolade !, 1897.
  • Les Femmes à tout le monde, Paris, Ernest Flammarion, , 322 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Tout ça, c’est des histoires de femmes, Paris, Ernest Flammarion, , 318 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Vive la liberté ! : revue libre, rapide, incohérente et aristophanesque autant que possible, en 1 acte et 4 tableaux, dont 1 prologue en 2 tableaux (musique nouvelle de MM. Desormes (ca) et Hirlemann (d) Décor nouveau de M. Jules Chéret), Paris, Ernest Flammarion, , 50 p., in-12 oblong (lire en ligne sur Gallica).
  • La Façon de penser, comédie de salon en un acte, 1892.
  • Le Confident, comédie de salon en un acte, 1892.
  • La Douche, comédie de salon en 1 acte, 1884.
  • Elle est là !, monologue comique, 1883.
  • Estelle au lansquenet, comédie de salon en 1 acte, 1882.
  • Chiqueville sur mer : monologue en prose, Paris, Barbré, , 8 p., in-16 (OCLC 457359786).
  • Hâtons-nous d’en rire : revue, Paris, Durdilly, [s.d.], 4 p., in-fº (OCLC 469512441).
  • Si tu savais ma chère ! : comédie en un acte (Paris, théâtre de la Ville), Paris, Ernest Flammarion, , 32 p., 24 cm (OCLC 94179920).
  • La Rouspéteuse : pièce en 1 acte (Gaîté-Montparnasse, 19 février 1909), Paris, A. Barbré, 28 p., in-8º (OCLC 468756459).
  • Pierrot décoré : pantomime en un acte (musique de M. Léon Moreau. Représentée à Paris, Comédie-Française, le 25 avril 1914), Paris, [s.n.], 2 ff., in-4º en 1 br. in-8º (OCLC 469078369).
  • Si tu savais, ma chère ! : comédie en 1 acte, Paris, Ernest Flammarion, , 32 p., 24 cm (OCLC 94179920).
  • Les Joyeusetés de la correctionnelle, Paris, F. Rouff, [sd], 32 p. (OCLC 457359878).
  • Pour la gosse !, pièce en 1 acte.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les journaux l’ont cité comme cofondateur, avec Émile Goudeau, de ce groupe, ce qui est erroné : le vrai fondateur en est Paul Vivien, alors étudiant en droit, futur secrétaire particulier d’Émile Combes[1].
  2. Repris fin 1894 par Jules Jouy, celui-ci deviendra le Cabaret des Décadents[9].
  3. Lévy intentera néanmoins, le 11 mars 1914, une action en justice contre Courteline, lui reprochant d’avoir vendu à un prix dérisoire cette comédie pour être représentée en film parlant, sans l’avoir consulté avant de traiter avec la Gaumont[12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Jean Bernard, « Billet parisien », Le Madécasse : journal indépendant, politique, littéraire et financier, Paris, vol. 16, no 1717,‎ , p. 2 (ISSN 2741-1877, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. a b et c Saimpré, « Deuil : Mort de l’hydropathe Jules Lévy », Journal des débats politiques et littéraires, Paris, no 64,‎ , p. 2 (ISSN 2420-6474, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  3. a b et c « Jules Lévy est mort », Comœdia, Paris, vol. 29, no 8061,‎ , p. 2 (ISSN 1247-6757, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Michel Herbert, La Chanson à Montmartre, Paris, La Table ronde, , 439 p. (OCLC 7198743, lire en ligne), p. 184.
  5. Guillaume Gendron et Emmanuel Fansten, « Les Arts incohérents, un mouvement «Incos» risible au XIXe siècle », Libération, Paris,‎ , p. 1 (ISSN 0335-1793, lire en ligne, consulté le ).
  6. Jean-René Van der Plaetsen, « Les Arts incohérents : les anarstistes précurseurs de l’art moderne et contemporain », Le Figaro Magazine,‎ , p. 62-65 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Philippe Dagen, « 17 œuvres des Arts incohérents : un trésor redécouvert dans une malle », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  8. Francheville, « Jules Lévy et les « Hydropathes » », Ric et Rac, Paris, vol. 7, no 314,‎ , p. 2 (ISSN 2419-4832, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  9. a et b G. D., « Ce soir… », Paris, Paris,‎ , p. 3 (ISSN 1256-0391, lire en ligne, consulté le ).
  10. « Jules Lévy est mort », La Liberté, Paris, vol. 71, no 26076,‎ , p. 4 (ISSN 1256-0286, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  11. Jacques Patin, « Le Cinquantenaire des Hydropathes : Un manquant », Le Figaro, Paris,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  12. « Un procès », La Gazette de la Capitale, Paris, vol. 456, no 455,‎ , p. 9-10 (ISSN 2644-8084, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  13. L. DX., « Mort de Jules Lévy », Mercure de France, Paris, vol. 258, no 882,‎ , p. 661-2 (ISSN 1149-0292, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  14. « Jules Lévy », Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, Paris, Larousse, vol. 13, no 647,‎ , p. 4 (ISSN 0223-3126, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  15. « Pont des arts », Excelsior, Paris, vol. 26, no 8849,‎ , p. 2 (ISSN 1255-9997, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  •  Noël Richard, À l’aube du symbolisme : Hydropathes, fumistes et décadents, Paris, Nizet, , 334 p., in-8º (OCLC 339561, lire en ligne), p. 37.
  •  Daniel Grojnowski, « Une avant-garde sans avancée », Actes de la recherche en sciences sociales, Paris, vol. 40, Sociologie de l’œil,‎ , p. 73-86 (ISSN 1955-2564, lire en ligne, consulté le ).
  •  Michel Onfray, Les Anartistes : le trésor retrouvé des « Arts incohérents », Paris, Albin Michel, , 176 p. (ISBN 978-2-22647-464-3, OCLC 1382444367, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]