Jules Brévié

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Jules Brévié, né à Bagnères-de-Luchon le , et, mort le à Talizat[1], est un administrateur colonial, gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française (AOF) et de l'Indochine française, également ministre de Pierre Laval.

Passionné d'histoire et d'ethnologie, ce fut le promoteur d'une approche « scientifique » de la colonisation.

Biographie[modifier | modifier le code]

Monolithe de Tondidarou (Musée du quai Branly)

Commandant du cercle de Bamako au Soudan français, il découvre en 1904 un important site archéologique, celui des mégalithes de Tondidarou[2], près de Niafunké.

De 1922 à 1929 il est le premier lieutenant-gouverneur du Niger. Française depuis 1922, la colonie connaît pendant cette période une relative prospérité, avec le développement de l'agriculture et de l'éducation[3]. À son départ, l'intérim est assuré par Jean-Baptiste Robert Fayout avant l'arrivée d'Alphonse Choteau. Brévié passe au poste de gouverneur de Côte d'Ivoire en 1929.

Succédant à Jules Carde, il est gouverneur général de l'AOF du au . Déjà l'auteur de plusieurs travaux historiques et ethnographiques, il plaide pour une vision scientifique de la colonisation :

« La mise en valeur des colonies pose des problèmes généraux et techniques d'une ampleur telle que pour les embrasser et les résoudre, il ne faut plus seulement s'abandonner aux solutions inspirées des circonstances, se livrer au génie de l'improvisation, aux initiatives trop libres de l'empirisme. La colonisation devient affaire de méthode, de calcul, de prévision, et pour tout dire, de science[4]. »

En août 1936, par l'arrêté no 1945/E[5], il crée l'IFAN (Institut français d'Afrique noire, qui prendra le nom d'Institut fondamental d'Afrique noire), dont le premier poste de secrétaire général est occupé par Théodore Monod à partir de juillet 1938. La principale mission de l'IFAN consiste à mettre en œuvre une « étude scientifique » de l'Afrique noire en général, et de l'AOF en particulier.

Déjà chevalier de la Légion d'honneur en 1920, puis officier en 1929, et commandeur en 1933, il est promu grand officier en 1938[6].

Alors que Marcel de Coppet lui succède à la tête de l'AOF, Jules Brévié est ensuite nommé, par le gouvernement de front populaire, gouverneur d'Indochine en , un poste qu'il occupera jusqu'au . À son retour, il demande et obtient sa mise à la retraite.

Du au , il est secrétaire d'État aux colonies dans le Gouvernement de Pierre Laval et obtient notamment la fondation d'un Office de la recherche scientifique coloniale[7],qui sera effectivement institué à Paris par la loi du .

Jules Brévié le .

De juillet 1943 au 5 décembre 1944, date de fermeture de l'ambassade, il est ambassadeur de France en Hongrie.

Il a été décoré de l'ordre de la Francisque[8].

Pour avoir appartenu au gouvernement de Vichy, il est condamné, en , par la Haute Cour de justice à dix ans de prison et à la dégradation nationale à vie[9]. Il est amnistié par décret du 15 avril 1954[10].

Brisé par ses années d'emprisonnement, il meurt à 84 ans le dans le village de Pierrefitte qui se situe sur la commune de Talizat dans le Cantal.

Il a été membre de l'Académie des sciences d'outre-mer.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Monographie du cercle de Bamako, 1904
  • Islamisme contre naturisme au Soudan français : essai de psychologie politique coloniale (Préface de Maurice Delafosse), Leroux, Paris, 1923
  • Trois études de M. le gouverneur général Brévié (« Communication faite le à l'Académie des sciences coloniales en présence de M. Albert Lebrun » ; « Colonisation » ; « Science et colonisation »), Imprimerie du gouvernement général de l'AOF, Dakar, 1936
  • Hommage à la colonisation portugaise, Institut Français au Portugal, Lisbonne, 1940.
  • Préface de Rêves d'un campagnard annamite, de Tran Van Tung, Mercure de France, 1940, 192 p.

Hommages[modifier | modifier le code]

Une avenue porte son nom à Niamey (Niger).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de la Haute-Garonne, commune de Bagnères-de-Luchon, acte de naissance no 48, année 1880 (avec mention marginale de décès)
  2. Michel Raimbault et Kléna Sanogo (dir.), Recherches archéologiques au Mali : prospections et inventaire, fouilles et études analytiques en zone lacustre, Karthala, Paris, 1991, p. 39
  3. André Salifou, Le Niger, L'Harmattan, 2002, p. 126
  4. Jules Brévié, « Science et colonisation », dans Trois études de M. le gouverneur général Brévié, Imprimerie du gouvernement général de l'AOF, Dakar, 1936
  5. Historique sur le site de l'IFAN
  6. « Archives Leonore »
  7. L'ORSC deviendra l'ORSTOM, puis l'IRD. Voir C. Bonneuil et P. Petitjean, « Les chemins de la création de l'ORSTOM, du Front populaire à la Libération en passant par Vichy, 1936-1945 : recherche scientifique et politique coloniale », dans Roland Waast et Patrick Petitjean (dir.), Les Sciences hors d'Occident au XXe siècle, Paris, ORSTOM, 1996, p. 113-161
  8. Henry Coston (préf. Philippe Randa), L'Ordre de la Francisque et la révolution nationale, Paris, Déterna, coll. « Documents pour l'histoire », , 172 p. (ISBN 2-913044-47-6), p. 36 — première édition en 1987.
  9. François Broche, Dictionnaire de la collaboration, Paris, Belin, , p. 175
  10. E. Guillemot et S. de Dainville-Barbiche, « Ministère de la Justice. Décrets de grâce et d'amnistie (1940-1957). », sur Archives nationales (France),

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Cornevin (et al.), « Jules Brévié », in Hommes et destins, vol. 5, Académie des sciences d'outre-mer, Paris, 1975, p. 86
  • Patrice Morlat (dir.), Les Grands Commis de l'Empire colonial français (actes du colloque de Clermont-Ferrand du ), Les Indes savantes, Paris, 2010, 229 p. (ISBN 978-2-84654-230-2)
  • André Salifou, Le Niger, L'Harmattan, Paris, Budapest, Turin, 2002, 428 p. (ISBN 2-7475-2639-9)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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