Josué Guébo

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Josué Yoroba Guébo
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Josué Guébo à Abidjan, Cocody, le 18 juillet 2016
Nom de naissance Josué Yoroba Guébo
Naissance (51 ans)
Abidjan, Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Œuvres principales

Compléments

  • 6e Président de l'AECI (2011-2016)

Josué Yoroba Guébo ou Josué Guébo né le à Abidjan, en Côte d'Ivoire, est un homme de lettres et universitaire ivoirien. Figure contemporaine de la poésie africaine, il est également nouvelliste, dramaturge, essayiste et auteur de livre de jeunesse. 6e président de l'Association des écrivains de Côte d’Ivoire (AECI), il est récipiendaire du Grand prix Bernard Dadié et du Prix Tchicaya U Tam'si pour la poésie africaine.

Josué Guébo est initiateur et Président de la Société Ivoirienne de Transhumanisme (SIVOT).

Biographie[modifier | modifier le code]

Josué Guébo à la Wikiconvention Francophone d'Abidjan, septembre 2023

Josué Guébo nait à Abidjan le . Il effectue l’essentiel de ses études secondaires et universitaires à Abidjan, sanctionnées par un doctorat en histoire et philosophie des sciences. Enseignant-chercheur à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan[1], il est membre de la Société ivoirienne de bioéthique, d’épistémologie et de logique (SIBEL)[2]. Guébo a dirigé l’Association des écrivains de Côte d'Ivoire (AECI) de 2011 à 2016[3],[4].

Les lettres[modifier | modifier le code]

Premiers pas en littérature[modifier | modifier le code]

Très tôt, Josué Guébo commence à écrire des poèmes. Le premier semble avoir été composé à l’âge de douze ou treize ans[5] lorsqu’il est au collège à Grand-Bassam. Son intérêt pour la lecture le porte vers les œuvres d’Aimé Césaire, ou celles de Paul Verlaine[5]. Il cultive aussi les grands africains en particulier Bernard Dadié, Léopold Sédar Senghor et Tchicaya U Tam'si qu’il découvre durant son parcours scolaire et universitaire[5].

Un concours littéraire organisé par l’Association des écrivains de Côte d'Ivoire (AECI), le fait connaitre en 2000, pour son texte Noël, un fusil nous est né. Cependant, La Paix par l’écriture[6] est le recueil collectif au sein duquel Josué Guébo révèle ses premiers textes, après avoir été sacré double lauréat au concours national de littérature Les manuscrits d’or dans les catégories poésie et nouvelle.

Style et itinéraire[modifier | modifier le code]

Josué Guébo est une figure remarquable de l’espace littéraire ivoirien, voire africain. La publication de ses premières œuvres poétiques (L’Or n’a jamais été un métal)[7] ( 2009) « D’un mal quelconque » (2011) , « Carnet de doute » (2011) et « Mon pays, ce soir » (2011), constitue le point de départ d’une production littéraire soutenue, variée et marquée notamment par le Prix Tchicaya U Tam'si pour la poésie africaine, en 2014 avec Songe à Lampedusa.

De la dénonciation de l’assujettissement de la femme en proie à la tyrannie du mâle (D’un mâle quelconque) à la plaidoirie pour un monde plus ouvert et plus juste où, par exemple, le sort des migrants africains ne se jouerait plus à « dos d’un radeau » dans les profondeurs de la méditerranée (Songe à Lampedusa)[8], l’écrivain milite pour un monde harmonieux et plus tolérant dans lequel les différences engendrent le progrès (Le blues des oranges).

Son écriture est marquée par la revendication de la liberté du continent africain vis-à-vis de l’ancienne puissance colonisatrice. Les œuvres les plus emblématiques d’une telle vision sont L’or n’a jamais été un métal, Carnet de doute et Mon pays, ce soir.

S’il refuse l’idée d’une littérature-monde dans laquelle toutes les différences culturelles sont effacées au profit d’un universalisme douteux, Josué Guébo opte pour une écriture de l’interculturalité, par laquelle il revisite les mythes et genres du terroir ivoirien.

Cela lui permet de mettre à hauteur de regard sa vision du monde, comme l’illustrent Aux chemins de Babo Naki et Ô divin Zibody.

L’un des lieux stratégiques de cette écriture de l’interculturalité chez Guébo semble le livre de littérature de jeunesse (Le Père Noël aime l’Attiéké) où la culture occidentale et la culture africaine se côtoient dans une perspective du donner et du recevoir.

Riche d’une multitude de procédés stylistiques, l’écriture de Josué Guébo mêle une esthétique de la brièveté et de l’allusion à un jeu de symbolisation et du sens figuré assez dense. Sans céder à un formalisme qui se dissocierait de la dynamique militante qui engage toute son écriture, l’écrivain opte pour une rhétorique militante. Sa fameuse formule « Un mot n’est jamais aussi explosif que comprimé » [9] illustre bien cette idée.

Les 26, 27 et 28 octobre 2022, à la Bibliothèque nationale de Côte d'Ivoire, à Abidjan, l’Observatoire National de la Vie et du Discours Politiques (ONVDP) et le Centre de Recherche et d’Études en Littérature et Sciences du langage (CRELIS) ont tenu, en une quarantaine de communications, un colloque international et interdisciplinaire sur les fondements sociaux, politiques, culturels et esthétiques de l’écriture de Josué Guébo.

Thématiques[modifier | modifier le code]

L’écriture de Guébo se tourne vers la défense de l’idéal égalitaire. Certains de ses textes sont marqués par cette revendication. Elle prend des accents de dénonciation, non pas seulement en direction de l’ordre économique international, mais aussi à l’endroit de ses supposés relais locaux. Guébo semble trouver dans l’appel à une Afrique unie, la solution aux écueils par lesquels s’affaisse le continent noir. L’idéal panafricaniste se révèle par endroits et pose l’unité africaine comme condition de liberté, de succès économique et politique des micro-États africains. Une telle approche semble aller de pair avec une réflexion sur la réalité identitaire.

Celle-ci fait précisément surface dans Le blues des oranges, création dramaturgique où transparaît le regard de l’auteur sur les crises identitaires agitant son pays et plus généralement la scène du monde. Pour Guébo « S’il faut à tout prix avoir une couleur, porter vaille que vaille les couleurs et les douleurs d’une équipe » l’on doit soustraire les concepts de « Noir » et de « Blanc » de la chaîne de la compétition ». Guébo semble ainsi militer pour un monde accordé et intégré, où la concorde et le métissage se révèlent voie de salut,

La philosophie et le transhumanisme[modifier | modifier le code]

Auteur d’une thèse de Doctorat en philosophie (2010) sur l’objectivité et le progrès des sciences, dans la perspective poppérienne, Josué Guébo s’intéresse aussi au discours théorique sur les technologies. Pour lui, le débat initié par Popper autour de la question de l’objectivité des sciences – la connaissance sans sujet connaissant – trouve son actualité dans la question de l'intelligence artificielle.

Josué Guébo considère que l’histoire de l’objectivité est surtout celle d’un long effort de construction des standards des sciences cognitives. Il parie ainsi sur l’idée d’une mise en connexion de l’objectivisme idéalisé et des standards de l’intelligence artificielle ; ce qui implique au final de postuler la question de l’objectivité comme lame de fond structurant, de tout temps, le discours sur les sciences. Ses réflexions en lien avec l'objectivité comme lieu d'une « connaissance sans sujet connaissant » mènent ainsi à une réflexion autour de l'intelligence artificielle et de l'homme augmenté.

Dans un ouvrage intitulé « Réflexions sur le transhumanisme » (2020), Josué Guébo analyse la portée de l’augment bionique en notant que « L'hybridation de l'humain à la machine, les troubles identitaires liés à la probable cohabitation entre sujets naturels et hommes augmentés, l'idée d'une mort réversible par procédé de cryogénisation et les alertes écologiques nées de la passion consumériste du sujet postmoderne, sont autant de questions auxquelles la réflexion, au XXIe siècle, ne peut se soustraire (...)». Il en déduit que de tels « thèmes imposent une réévaluation de l'éthique, de la métaphysique et de la connaissance en général, tout en exigeant un nouveau regard sur la notion d'identité ».

Initiateur et président de la Société Ivoirienne de Transhumanisme (2023), il poursuit une réflexion, déjà abordée dans ses précédents travaux. Elle est relative à la portée de l’innovation technologique en général et à celle du transhumanisme en particulier. Guébo penche pour une égalité des chances d’accès aux retombées de la science.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Poésie
  • 2009 : L'or n'a jamais été un métal (Vallesse, Abidjan),
  • 2010 : D'un mâle quelconque (Apopsix, Paris),
  • 2011 : Carnet de doute (Panafrika/Silex/N.S, Dakar),
  • 2011 : Mon pays, ce soir (Panafrika/Silex/N.S, Dakar),
  • 2014 : Songe à Lampedusa (Panafrika/Silex/N.S, Paris),
  • 2015 : L’Enfant qui disparaît... (Panafrika/Silex/N.S, Paris),
  • 2015 : Dapidahoun, chantiers d'espérances (LEN),
  • 2016 : My country, tonight (Action Books), trad.Todd Fredson,
  • 2016 : Aux chemins de Babo Naki (L'Harmattan, Paris),
  • 2017 : Think of Lampedusa(Nebraska Press) trad.T.F.,
  • 2017: Aux Chemins de Babo Naki (L'Harmattan, Paris)[10].
  • 2019: Ô divin Zibody (L'Harmattan, Paris)
  • 2022: Tchapali de vass (L'Harmattan, Paris)
  • 2023: Seuls les oiseaux savent la vérité sur les frontières (L'Harmattan, Paris)
Nouvelles
  • 2012 : L'ombre du pont (Balafons, Abidjan; red.Shanaprod, Québec 2018).
Jeunesse
  • 2013 : Le père Noël aime l'attiéké (Les classiques ivoiriens),
  • 2018 : Le père Noël danse le Ziglibity (Eburnie édition),
  • 2018 : Pourquoi l'homme,le chien et le chat parlent des langues différentes(Eburnie édition),
  • 2018 : Destins de clandestins (Vallesse édition),
  • 2019 : Le père Noël va à Gagnoa (Eburnie édition)
  • 2020 : Le fils du père Noël (Les classiques ivoiriens)
  • 2021 : La fabuleuse leçon de maman Eléphant (Eburnie)
  • 2022 : Le secret de N'da (La bibliothèque Planète J'aime Lire).
  • 2022 : Le cache-nez du père Noël (Vallesse)
  • 2023 : Le coq qui ne respectait pas les poules (Nimba);
Essais et Etudes
  • 2015 : Une histoire de l'objectivité : L’objectivité dans les sciences, de Parménide à l’intelligence artificielle (Presses Académiques Francophones),
  • 2016 : Les Sommeils des indépendances, Chroniques pour une Afrique intégrée (L'Harmattan, Côte-d'Ivoire),
  • 2016 : Dictionnaire des mots et expressions du français ivoirien (L'Harmattan, Paris),
  • 2018 : Chroniques africaines et aphorismes (Dhart, Québec).
  • 2019 : Chroniques ménéquéresques (L'harmattan, Abidjan).
  • 2020 : Réflexions sur le transhumanisme. L'intersubjectivité et l'écosophie (L'harmattan, Paris).
  • 2021 : Considérations poppériennes, sur le langage, l'art, la science et le progrès (L'Harmattan, Paris)
  • 2021 : Je crois en Jésus son fils unique (Continents, Lomé)
  • 2021 : Ainsi parlait Bernard Dadié (Continents, Lomé)
Théâtre
  • 2016 : Le blues des oranges (Les Editions du Net, Suresnes).
  • 2021 : Le sacre de Djétéhi (Vallesse, Abidjan).
Ouvrages collectifs
  • 2007 : La paix par l’écriture (Vallesse, Abidjan),
  • 2010 : Des paroles de Côte d’Ivoire pour Haïti, notre devoir de solidarité (Ceda/Nei),
  • 2013 : Monsieur Mandela (Panafrika/Silex/Nouvelles du sud, Paris),
  • 2015 : Ce soir quand tu verras Patrice (Panafrika/Silex/Nouvelles du sud, Paris),
  • 2017 : Africa Study Bible, NLT (Tyndale house, Carol Stream, Illinois),
  • 2018 : Antología Poética Arbolarium de los cinco continentes (Colegio José Max León, Cundinamarca),
  • 2019 : Dadié, l'homme de tous les continents. Cent écrivains du monde rendent hommage au centenaire vivant (Eburnie, Abidjan).
  • 2019 : Penser la ville africaine de demain dans le contexte de la mondialisation (Karthala, Paris).
  • 2020 : De l'humain au transhumain ? Réflexions sur le transhumanisme (L'Harmattan, Paris).
  • 2022 : Arafat DJ. Histoire et légende d'une comète (L'Harmattan, Paris).
  • 2022 : Vingt trois poètes pour saluer Azo Vauguy (L'Harmattan, Paris).

Préfaces[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Distinctions littéraires[modifier | modifier le code]

Autres distinctions[modifier | modifier le code]

  • 2012 : Chevalier du Mérite culturel ivoirien.

Citation[modifier | modifier le code]

« Un mot n'est jamais aussi explosif que comprimé !... »[9]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Josué Guébo, Côte d'Ivoire », sur L'oiseau indigo (consulté le ).
  2. « M. Josué Yoroba GUEBO, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d'Ivoire »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Agence universitaire de la francophonie (consulté le ).
  3. M’Bah Aboubakar, « Interview / Josué Yoroba Guébo (président de l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire) : "Nous voulons renouer le dialogue entre les écrivains" », L'expression,‎ (lire en ligne)
  4. SY/ls/APA, « Macaire Etty élu nouveau président des écrivains de Côte d’Ivoire », Agence de presse africaine,‎ (lire en ligne)
  5. a b et c Guy Constant Neza, Josué Guebo (poète) : « D’un mâle quelconque… une expression de révolte contre la tyrannie mâle », Le Nouveau Courrier, 12 février 2011 [lire en ligne (page consultée le 20 décembre 2011)]
  6. « La paix par l'écriture », sur Vallesse éditions, (consulté le ).
  7. Josué Guébo, L’or n’a jamais été un métal, Abidjan, Vallesse Edition, , 103 p. (ISBN 9782916532158), p. 9
  8. Josué Guébo, Songe à Lampedusa, Dakar, Panafrika, , 100 p. (ISBN 978-2912717702)
  9. a et b Henri N'koumo, « Josué Guébo : Un mot n’est jamais aussi explosif que comprimé ! », Magazine Point de Lecture N° 6,‎
  10. « CULTURE »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur FratMat, FratMat, (consulté le ).
  11. Jischvi King, « “L’or n’a jamais été un métal” aux mains de nombreux lecteurs et critiques », sur avenue225.com, (consulté le ).
  12. Le Matin, « L’Ivoirien Josué Guébo remporte à Assilah l’édition 2014 », sur lematin.ma, (consulté le ).
  13. Cheickna D. Salif, « Littérature : Josué Guébo, grand prix national Bernard Dadié », sur fratmat.info, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]