Joseph de Raimondis d'Allons

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Joseph-Louis de Raimondis
Seigneur d'Allons
Surnom « Le Manchot »
Naissance
à Draguignan
Décès (à 77 ans)
à Lorgues
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Chef d'escadre
Années de service 17441792
Conflits Guerre de Succession d'Autriche
Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-Unis
Distinctions Commandeur de Saint-Louis
Ordre de Cincinnatus
Hommages Épée d'honneur du Congrès des États-Unis
Famille Raimondis

Joseph-Louis de Raimondis, seigneur d'Allons[1], né à Draguignan le et mort à Lorgues le , est un officier de marine et aristocrate français. Il combat dans la Marine royale pendant les principaux conflits qui impliquent le royaume de France, sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI. Il termine sa carrière avec le grade de chef d'escadre, et commandeur de l'ordre de Saint-Louis.

Biographie

Origines et famille

Joseph de Raimondis d'Allons descend de la famille de Raimondis (ou Raymondis ou Raymond), seigneur d'Allons, une famille bourgeoise qui parvient à se faire passer pour noble en 1668 (contrairement à la famille de Raymondis d'Eoux à la noblesse ancienne et avérée)[2],[3].

Son père, Honnoré-Emmanuel de Raimondis, seigneur d'Allons, occupait la fonction de lieutenant général civil et criminel de la sénéchaussée de Draguignan. Sa mère, Mari-Lucrèce, appartenait à la famille noble de Martineng. Bien que d'origine bourgeoise, ses aïeux sont parvenus à contracter des alliances avec les plus grandes familles de la noblesse provençale. Ainsi, sa grand-mère paternelle est une Glandevès et son arrière-grand-mère paternelle une Villeneuve[4], qui fourniront chacune plusieurs officiers généraux à la Marine du Roi[5].

Carrière dans la Marine royale

Jeunesse et débuts pendant la Guerre de Succession d'Autriche

On ignore où Joseph-Louis fait ses études, si toutefois il en a fait, car dès ses 21 ans on le trouve dans le port de Toulon où il sert en qualité de novice à bord du Terrible, vaisseau de 74 canons.

Bataille du cap Finisterre (1747). Les vaisseaux de La Jonquière se sacrifient pour sauver le convoi vers le Canada

En , Joseph-Louis de Raimondis embarque sur la frégate L’Émeraude, comme enseigne de vaisseau. En octobre de la même année, on le retrouve à bord du Tonnant sous les ordres du chef d'escadre des Herbier de l'Estenduère. La mission du Tonnant ainsi que neuf autres vaisseaux était d'escorter un grand convoi de 252 bateaux de marchandises aux Antilles. Mais, le 25 mars, à 88 lieues au nord du cap Finistère, la flotte française engagea le combat avec une escadre britannique forte de 14 vaisseaux.

L'issue de cette bataille est désastreuse pour la flotte française, en effet les Anglais tirent plus de 4 000 coups de canon et coulent un nombre important de navires français, seuls Le Tonnant et L'Intrépide, bien que démâtés peuvent regagner la côte dans les premiers jours de novembre. Au cours de ce combat, Joseph-Louis reçoit deux blessures. Il débarque à Brest, où le , il est nommé brigadier du détachement du port.

En janvier 1751, Raimondis est de nouveau affecté à Toulon. Le 25 août, le capitaine de Castellane-La Vallette le choisit pour lieutenant. Il embarque alors pour une croisière dans en mer des Antilles, et, dans les eaux de la Guadeloupe, il s'illustre au combat. Commandant d'un petit navire, il attaque deux vaisseaux interlopes, dont un hollandais, très supérieur en canons et en équipage, et les met en fuite.

Maximin de Bompar, gouverneur général de la Martinique rend compte, au ministre de la Marine, de sa belle conduite et Raimondis reçoit les félicitations de Louis XV et la promesse d'une nomination prochaine comme chevalier de Saint-Louis.

Guerre de Sept Ans

Pendant la guerre de Sept Ans, Raimondis sert sur un des vaisseaux de l'escadre du marquis de La Galisssonière. Cette escadre part des îles d'Hyères le , transportant le maréchal de Richelieu et ses troupes, à destination de Minorque, dans le but de prendre l'île.

Une flotte anglaise sous les ordres de l'amiral Byng engage le combat à hauteur de Mahón contre l'escadre française, la lutte dure cinq heures et les Britanniques subirent un sérieux échec. Raimondis qui avait pris une part active à cette victoire, est placé à la tête d'une compagnie laissée en garnison au fort Saint-Philippe, à Minorque. En , il reçoit à Mahón ses galons de lieutenant de vaisseau.

Bataille de Lagos en 1759 au large du Portugal. Défaite de l'escadre française de La Clue face à l'escadre anglaise de Boscawen.

En , Raimondis participe à la bataille navale de Lagos, ville de la côte sud du Portugal, avec l'amiral La Clue-Sabran. Il remplit bravement une périlleuse mission de pilotage de navire en difficulté, au cours de laquelle la plupart de ses compagnons trouvent la mort.

De 1760 à 1763, Raimondis navigue successivement sur L'Oiseau et sur Le Sagittaire de 50 canons, sous les ordres du comte de Brovès, son parent. Lors d'un court séjour à Toulon, il est nommé chevalier de Saint-Louis, le .

En guise de récompense pour une glorieuse action menée dans une expédition en Corse, le comte de Brovès, qui le tenait en grand estime, le propose au duc de Choiseul, ministre de la Marine, pour le commandement de nouveaux navires éclaireurs, dont la flotte venait d'être dotée.

Chef d'une escadrille composée de trois chebecs, de plusieurs felouques et bateaux corsaires, de Raimondis est appelé au blocus de Porto-Vecchio, en . Le 14 juin, au matin, de Raimondis pénètre dans la rade de Porto-Vecchio avec Le Rusé et deux corsaires. À six heures du soir, le curé et les notables arborant une serviette blanche en guise de pavillon, viennent lui offrir la capitulation de la ville. La campagne de Corse prend ainsi virtuellement fin.

Rentré à Toulon, Raimondis chasse les pirates barbaresques sur les côtes de Provence. Le , il bombarde Bizerte. L'opération réussit si bien que le Bey de Tunis se voit contraint de reconnaître que la Corse était bel et bien française. La paix signée, de Raimondis revient à Toulon, où il se marie le , avec demoiselle Victoire de Clapier.

Promu capitaine de vaisseau en 1772, il prend le commandement de la frégate La Gracieuse et quitte Toulon en 1775, pour aller protéger les Français contre les forbans grecs, aux Échelles du Levant.

Guerre d'indépendance des États-Unis

Le , le congrès de Philadelphie, proclame l'indépendance des treize colonies britanniques d'Amérique. La nouvelle nation prend le nom de République des États-Unis d'Amérique. La guerre entre l'Empire britannique et l'Union commence aussitôt.

Suivant l'exemple de La Fayette, plusieurs grands seigneurs de la cour de Versailles s'embarquent pour aller servir les ordres de George Washington. Louis XVI reconnait l'indépendance des États-Unis et conclut avec eux une alliance défensive en 1778. Les hostilités entre la France et la Grande-Bretagne débutent presque immédiatement.

Le , de Raimondis quitte Toulon à destination de l'Amérique, à bord du César, au sein de l'armée navale du comte d'Estaing. Le 8 juillet, la flotte arrive à l'embouchure du Delaware, au nord de Baltimore, et poursuit plusieurs navires ennemis. Le 8 août, elle force le détroit de New-York et pénètre dans la baie du Connecticut, où mouillaient les forces britanniques. Les Anglais brûlent sept de leurs bâtiments et leurs magasins.

Le , suite à une furieuse tempête, le César alors séparé de son escadre est surpris, en pleine mer, par une frégate britannique HMS Iris. Un vif combat s'engage alors, il dure trois quarts d'heure. Au cours du combat Raimondis a le bras droit arraché par un boulet de canon, au moment même où il faisait un signal pour activer une manœuvre essentielle qui allait obliger l'ennemi à se rendre. Le brave capitaine n'en continue pas moins à donner ses ordres à l'équipage, pendant qu'on achève de l'amputer. Quand le chirurgien termine son opération, il tente même de remonter sur le pont pour y reprendre son commandement.

Le , de Raimondis débarque à Boston où il séjourne en convalescence durant deux mois pour permettre une cicatrisation complète de sa blessure. Le dimanche , le conseil de l’État se réunit en séance extraordinaire pour recevoir de Raimondis. Et là, au milieu des acclamations d'une nombreuse assistance, le président, solennellement, lui remet, au nom de la Nation, une épée d'honneur, en signe de très haute estime, pour sa conduite courageuse dans la défense des droits de l'Amérique. Le lendemain, 11 janvier, La Fayette et Raimondis s'embarquent pour la France.

De retour dans sa patrie, « le manchot », c'est ainsi qu'on devait l'appeler désormais à Draguignan, est nommé chef d'escadre. Le roi lui accorde le cordon rouge de commandeur de l'ordre de Saint-Louis et il reçoit, avec les félicitations de George Washington, les insignes de membres de l'Ordre de Cincinnatus.

Fin de carrière

Lorsqu'il prend sa retraite, il totalise quarante huit années de services révolues, 25 campagnes en mer dont 17 en temps de guerre et 7 combats au cours desquels il reçoit deux blessures : en 1747 à bord du Tonnant (son bras droit est emporté par un coup de canon) et en 1778 alors qu'il commande Le César. À la Révolution, il doit se défendre devant le Corps législatif qui voulait rendre incompatible le fait de recevoir des pensions[6] et un traitement (il perçoit alors une retraite correspondant à son grade de chef d'escadre).

Joseph-Louis de Raimondis-Allons meurt à Lorgues le .

Notes et références

  1. Son nom de famille est parfois orthographié « Raymondis ».
  2. « Ainsi, grâce à la complaisance des Raymond d'Eoux, véritables gentilshommes, Pierre-André de Raimondis d'Allons, bourgeois enrichi, et ses frères, dont le futur major général de la marine, ont-ils pu se faire maintenir le 20 juin 1668 dans une noblesse dont ils ne jouissaient pas. » (Vergé-Franceschi 1990, p. 800)
  3. Famille de Raimondis d'Allons
  4. d'Hozier 1738, p. 453
  5. La Maison de Glandevès donnera naissance à un lieutenant général et deux chefs d'escadre des armées navales ; et la Maison de Villeneuve un vice-amiral, Pierre Charles Silvestre de Villeneuve.
  6. Il touche alors 3 300 livres de pension par an : 1 500 livres sur le Trésor public, 800 sur l'ordre de Saint-Louis et 1 000 livres sur la caisse des invalides de la Marine.

Voir aussi

Sources et bibliographie

Article connexe

Liens externes