Joseph Nye

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Joseph Nye
Fonctions
Assistant au secrétaire à la Défense pour les enjeux de sécurité internationaux (en)
-
Secrétaire d'État
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Morristown-Beard School (en) (jusqu'en )
Université de Princeton (baccalauréat universitaire) ()
Collège d'Exeter (maîtrise ès arts) ()
Université Harvard (doctorat) ()
Woodrow Wilson School of Public and International Affairs (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Soft Power: The Means To Success In World Politics (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Joseph Samuel Nye, Jr. dit Joe Nye, né le à South Orange, est un analyste et théoricien des relations internationales. Il est professeur émérite à l'université Harvard. Il est président du groupe nord-américain au sein de la Commission trilatérale depuis 2009[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Nye est diplômé Bachelor Summa Cum Laude (avec le plus grand honneur) de l'université de Princeton. Après avoir fait des études en philosophie, politique et économie à l'université d'Oxford grâce à une bourse Rhodes, il obtient son doctorat à l'université Harvard.

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Professeur[modifier | modifier le code]

Nye est actuellement professeur à la Kennedy School of Government de l'université Harvard, où il avait précédemment occupé le poste de doyen.

Fondation[modifier | modifier le code]

Nye est le fondateur, avec Robert Keohane, de l'institutionnalisme néolibéral en relations internationales. Les deux auteurs développèrent leur approche théorique en 1977 dans Power and Interdependence.

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

En 2005, Nye a été élu comme l'un des dix professeurs les plus influents des relations internationales[2].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Nye sert comme adjoint au sous-secrétaire d'État dans l'administration Carter et il occupa le poste de secrétaire adjoint à la Défense sous l'administration Clinton (1994-1995), il était considéré par beaucoup de personnes comme le probable conseiller à la sécurité nationale en cas d'élection de John Kerry lors à la présidentielle de 2004. Il est reconnu comme l'un des plus éminents penseurs libéraux de la politique étrangère et est considéré par plusieurs comme l'homologue libéral du politologue conservateur Samuel P. Huntington.

Théories[modifier | modifier le code]

The Paradox of American Power[modifier | modifier le code]

Dans son livre The Paradox of American Power paru en 2002, Nye considère qu'une nation n'a jamais eu autant de pouvoir culturel, économique et militaire que celui dont jouissent actuellement les États-Unis d'Amérique[3]. Pourtant, dans le même temps, une nation n'a jamais été aussi interdépendante avec le reste du monde. Nye décrit le "hard" and "soft" power (traduisible en français par la « manière douce » ou le « pouvoir de convaincre »[4]) et affirme que le maintien et la maximisation du soft power sont fondamentaux pour que les États-Unis restent le leader mondial. Nye affirme que la Chine, le Japon, l'Inde, la Russie et l'Union européenne ont les conditions préalables nécessaires pour devenir des superpuissances[5].

Joseph Nye écrit également sur l'intervention humanitaire dans les conflits à travers le monde, sur le multilatéralisme et l'unilatéralisme ainsi que sur la participation de l'opinion publique américaine dans la politique étrangère américaine. Nye tente de prouver que les États-Unis ont besoin, non seulement d'un "hard" power, mais aussi d'un "soft" power afin de maintenir une position dans les affaires mondiales.

Hégémonie américaine[modifier | modifier le code]

Pour Joseph Nye, la position hégémonique des États-Unis diminuerait sous l'effet d'une combinaison de facteurs (concurrence commerciale, spatiale, enlisements militaires au Viêt Nam et en Irak...). Bien que l'avance américaine amoindrisse la perception de ce déclin, Joseph Nye propose de restituer la puissance américaine dans un contexte d'interdépendance de plus en plus incontournable. Énonçant l'impossibilité d'un retrait unilatéral des États-Unis des relations internationales, Joseph Nye prône le leadership face à l'hégémonie. Ceci l'amène à développer le concept du soft power.

Hard power / Soft power[modifier | modifier le code]

Concepts développés par Joseph Nye désignant pour l'un le pouvoir de contraindre par des voies traditionnelles de rapport de force politique et militaire (hard power) ; pour l'autre le pouvoir d'influencer en passant par des voies culturelles ou économiques (soft power).

Le hard power utilise certes la force militaire, mais aussi les ressources économiques et sociales. Le rapport est ici affirmé, quand le soft power comprend une notion d’inconscience (de la part du pays sur lequel il est utilisé).

Isolationnisme et interventionnisme américain[modifier | modifier le code]

Nye s'oppose donc à l'isolationnisme américain, il montre ainsi que les États-Unis ont largement les moyens de tenir des engagements et d’influer sur le monde entier. Cependant, ils ne l'ont pas forcément voulu, notamment avec Clinton, qui voulait se concentrer sur les problèmes intérieurs ; Bush a changé cela. Toutefois Nye évoquait plus des problèmes liés aux interdépendances transnationales plutôt que des nouveaux défis. C’est ainsi que dans The Paradox of American Power, Nye fait le procès de la politique de Bush : son unilatéralisme et sa politique agricole marquent une absence de prise en compte des mutations de la puissance, et délaisse le soft power.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Biographie, trilateral.org.
  2. (en) Rapport sur l'influence des enseignants
  3. (en-US) G. John Ikenberry, « The Paradox of American Power: Why the World's Only Superpower Can't Go It Alone », Foreign Affairs,‎ (ISSN 0015-7120, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  4. Terme recommandé en France par la DGLF : Vocabulaire des relations internationales (2014).
  5. (en-US) Jr. Nye, The Paradox of American Power: Why the World's Only Superpower Can't Go It Alone, Oxford University Press, (lire en ligne Accès libre)

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pan Africanism and East African Integration (Harvard University Press, 1965)
  • Peace in Parts: Integration and Conflict in Regional Organization (Little Brown and Company, 1971)
  • Power and Interdependence: World Politics in Transition, co-authored with Robert O. Keohane (Little Brown and Company, 1977; Longman, 2000)
  • Living with Nuclear Weapons. A Report by the Harvard Nuclear Study Group (Harvard University Press, 1983)
  • Hawks, Doves and Owls: An Agenda for Avoiding Nuclear War, co-authored with Graham T. Allison and Albert Carnesale (en) (Norton, 1985)
  • Nuclear Ethics (The Free Press, 1986)
  • Bound to Lead: The Changing Nature of American Power, (Basic Books, 1990) (ISBN 9780465007448)
  • Understanding International Conflicts: An Introduction to Theory and History, 7th ed. (Longman, 2008)
  • The Paradox of American Power: Why the World’s Only Superpower Can’t Go it Alone (Oxford University Press, 2002)
  • Power in the Global Information Age: From Realism to Globalization (Routledge, 2004)
  • Soft Power: The Means to Success in World Politics (PublicAffairs, 2004)
  • The Power Game: A Washington Novel (Public Affairs, 2004)
  • The Powers to Lead (Oxford University Press, 2008)
  • The Future of Power (PublicAffairs, 2011)
  • Presidential Leadership and the Creation of the American Era (Princeton University Press, 2013)
  • Is the American Century Over ? (Polity Press, 2015)
  • Do Morals Matter ? Presidents and Foreign Policy from FDR to Trump (OUP USA, 2021)

Liens externes[modifier | modifier le code]