Joseph Charles André d'Arbaud-Jouques

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Joseph-Charles-André d'Arbaud-Jouques, dit « le marquis d'Arbaud-Jouques »[2], ( - Aix-en-Provence - Aix-en-Provence), baron d'Empire (1810), est un militaire, préfet et conseiller d'État français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vie familiale[modifier | modifier le code]

Joseph-Charles-André d'Arbaud-Jouques est un membre de la famille d'Arbaud, une famille de la noblesse provençale. Il est le fils aîné d'André Elzéard d'Arbaud, seigneur de Gardanne et de Jouques[2], président à mortier au parlement de Provence, mort à Lyon, sur l'échafaud, en 1793 et de Gabrielle Thérèse de Milan-Forbin.

En 1791, il émigre avec ses deux frères et sert dans l'armée de Condé. Ses services lui valent la croix de Saint-Louis[3].

Il est présenté à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem le [4] mais ne fera jamais ses caravanes et ne prononcera jamais ses vœux de frère-chevalier de l'Ordre ce qui lui permettra de se marier.

Après le coup d'État du 18 brumaire an VIII, ses frères et lui rentrent d'émigration et retrouvent l'hôtel d'Arbaud-Jouques à Aix où ils vont vivre[5].

Il épouse en 1803 Joséphine Marie Charlotte de Rafélis, fille de Joseph-Marie de Rafélis de Saint-Sauveur, maréchal des camps et armées du roi, dont :

  • Jean Philippe Joseph André (1804-?), chevalier de l'ordre de Charles III d'Espagne, célibataire.
  • Augustine Marie Alexandrine Élisabeth, mariée avec Oswald d'Arnaud baron de Vitrolles, fils du ministre d'État et pair de France Eugène François d'Arnauld, dont postérité.
  • Caroline Elzéarine Alexandrine(1808-1869), mariée en 1829 avec Armand Sabatier baron de Lachenède, dont postérité.

Carrière[modifier | modifier le code]

« La reconnaissance l'attachant au chef du gouvernement, il accepta des fonctions publiques dans le nouvel ordre des choses »[6]. Il fut nommé sous-préfet d'Aix puis préfet des Hautes-Pyrénées. Il fut nommé baron d'empire « en récompense de son dévouement à la personne de l'Empereur et de son zèle à faire exécuter les lois conscriptionnelles », rappelle Étienne Léon Lamothe-Langon[7].

Il est successivement :

Il est préfet du département des Hautes Pyrénées à l'époque où la guerre de la coalition commence. Il développe beaucoup de zèle dans l'exécution des mesures de la conscription, envoie des forces à la première légion de l'armée d'Espagne. Il semble vouloir à force de dévouement et d'efforts fixer sur lui l'attention du gouvernement[8]. On loue son « zèle fervent », « son activité infatigable pour la levée des conscrits, organisés et mis sur-le-champ en mouvement, les proclamations énergiques qu'il répand avec profusion dans son département[3] ». Le Moniteur déclare que « Le préfet des Hautes Pyrénées avait par une sage prévoyance et une infatigable activité mérité les plus grands éloges[3]. » Cette estime dont il jouit lui permet d'être conservé dans sa préfecture par le gouvernement provisoire de 1814, par le comte d'Artois et par Louis XVIII[3]. Lorsque Napoléon revient de l'île d'Elbe il le destitue, mais cette disgrâce ne dure pas car après les Cent-Jours le roi le nomme à la préfecture du Gard[8].
Au plus fort de la Terreur blanche, il est nommé le préfet du Gard à Nîmes, à la place de Jules de Calvière, à un moment où les luttes entre catholiques et protestants sont récurrentes. Dans le cadre de ses fonctions, il se décide à employer la force, faisant paraître un décret contre les attroupements séditieux, selon lequel « toute réunion doit être dissipée par la force armée, et que la commune qui arborerait un signe séditieux, sera mise à exécution militaire[9] ».

« - Tout rassemblement armé, toute troupe armée qui n'appartiendra pas, soit à un corps militaire légalement institué, soit à une garde nationale légalement organisée, et qui sera réuni dans une commune de son territoire, ou en marche et hors de sa commune, sans l'ordre écrit de ses chefs légaux, sera sur-le-champ sommé de se disperser ; et après cette sommation, en cas de refus d'y obtempérer, sera dispersé et dissous par la force militaire : ceux qui auraient fait partie de ces rassemblements et qui seraient pris et arrêtés, seraient livrés aux tribunaux compétents pour être jugés conformément aux lois.
- Tout individu qui serait porteur d'un signe de rébellion ou qui ferait entendre des cris séditieux, sera sur-le-champ arrêté comme rebelle au roi et aux lois de l'état.
- Toute commune qui arborerait un pareil signe, sera mise aussitôt à exécution militaire, et y restera jusqu'à ce quelle ait fait connaître et livré à l'autorité les chefs et les moteurs de la révolte[10]. »

Ce décret produisit un effet contraire à ce qui était souhaité : des bandes de verdets (arborant la cocarde verte du comte d’Artois) massacrent des Jacobins et des bonapartistes, tuent le maréchal Brune à Avignon, le général Lagarde et le général Ramel à Toulouse et s’en prennent aux protestants à Nîmes et Uzès, ainsi qu'aux acquéreurs de biens nationaux. Arbaud de Jouques ne désavoue pas les excès commis et est destitué[6].

Il fut par ailleurs élu membre de l'Académie de Nîmes en 1816.

Il démissionne de toutes ses fonctions le .

Il est élu en 1814 membre de l'Académie des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle.

Titre[modifier | modifier le code]

  • Baron de l'Empire par lettres patentes du , il est autorisé[11],[12] à établir un majorat volontaire de 8 100 francs, sur une maison sise à Aix, sur le Cours Mirabeau, par nouvelles lettres patentes datées de Dresde du .

Décorations[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

D'azur, au chevron d'argent, au chef d'or, chargé d'une étoile de gueules.[13]

Publications[modifier | modifier le code]

  • 1811 : Traduction et imitation de quelques poésies d'Ossian, 1 vol. in-8° ;
  • 1818 : Troubles et agitations du département du Gard en 1815. Contenant le rapport du révérend Perrot, au Comité des ministres non-conformistes d'Angleterre, sur la prétendue persécution des protestans en France, et sa réfutation, 167 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001513/d_23 » (consulté le )
  2. a et b Gustave Chaix d'Est-Ange Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, 1903, tome 1, page 272 à 274.
  3. a b c et d Biographie nouvelle des contemporains, Antoine-Vincent Arnault (dir.), vol. I, Paris, 1820, p. 226.
  4. Nicolas Viton de Saint-Allais, L'Ordre de Malte, ses grands maîtres et ses chevaliers, Delaunay, Paris, 1839, p. 246, lire en ligne
  5. Situé au no 19 du cours Mirabeau, l'hôtel d'Arbaud-Jouques avait été construit en 1700 par l'arrière-grand-père du préfet. Sa porte d'entrée est peut-être l'une des portes aixoises les plus richement ornées. C'est dans cet hôtel que s'arrêtent Charles IV d'Espagne en 1812 et le duc d'Angoulême en 1815. Le fils de Joseph Charles André d'Arbaud, marquis de Jouques, Philippe, loue l'hôtel à l'administration de la Poste aux Lettres. Cette administration reste dans l'hôtel jusqu'en 1870. (Évocation du vieil Aix-en-Provence, André Bouyala d'Arnaud, éd. de Minuit, 1964, op. cit., p. 198- 199.)
  6. a et b Biographie universelle et portative des contemporains, Alphonse Rabbe (dir.), Paris, 1826, p. 128-129.
  7. Biographie des préfets, depuis l'organisation des préfectures, 3 mars 1800, jusqu'à ce jour, Étienne Léon Lamothe-Langon, Chez les Marchands de Nouveautés, 1826, p. 15.
  8. a et b Galerie historique des contemporains, Volume 1, 1827, page 138.
  9. Biographie nouvelle des contemporains, op. cit., p. 227.
  10. Joseph Charles André Arbaud-Jouques, Troubles et agitations du département du Gard, en 1815, Demonville-Petit impr., Paris, 1818, p. 136.
  11. Henri Gourdon de Genouillac et Léonce Hallez-Claparède, Dictionnaire des anoblissements : contenant l'indication des anoblissements, maintenues de noblesse, concessions, collations de titres, etc : accordés par les rois de France, avec les dates d'enregistrement, 1270-1790, Bachelin-Deflorenne, , 252 p. (lire en ligne)
  12. « . — Lettres-patentes accordées à M. Joseph-Charles-André Darbaud-Jouques, baron de l'Empire, préfet du département des Hautes-Pyrénées, et portant établissement de majorat de son titre de baron sur une maison à lui appartenant, sise à Aix, département des Bouches-de-Rhône, sur le Cours Mirabeau, ile 44, n.° 16, affectée comme siège dudit majorat, et sur les biens ci-après désignés formant sa dotation, situés au lieu de Jouques, canton de Peyrolles-en-Provence, arrondissement d'Aix-en-Provence, savoir : le domaine du château, sis au centre du village, la prairie du grand pré, canal entre deux, des jardins potagers avec des pâtures, bassins et fontaines ; et une allée de platanes et de peupliers ; le bois taillis du Deffens, de 13 hectares 65 ares; et le domaine de Saint-Bache, composé de bâtiments, terres labourables et incultes, bois taillis, prairie, vignes et vergers, d'environ 1 390 hectares.
    Le tout produisant un revenu net annuel de 8 100 francs. »

    Source
    Nicolas Batjin, Histoire complète de la noblesse de France : depuis 1789 jusque vers l'année 1862 ; suivie de Considérations sur la grandeur de la noblesse, sa situation actuelle et l'influence morale qu'elle exerce sur les autres classes de la société, E. Dentu, , 536 p. (lire en ligne)
  13. Henri Jougla de Morenas, Grand Armorial de France, tome 1, page 212.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]