John George Lambton

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John George Lambton, 1er comte de Durham
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de John George Lambton, 1er comte de Durham
Naissance
Berkeley Square, Mayfair, Londres, Angleterre[1]
Décès (à 48 ans)
Cowes, Île de Wight

John George Lambton (Mayfair, Londres, 12 avril 1792 - Cowes, 28 juillet 1840), 1er comte de Durham, est un homme politique et administrateur colonial britannique membre du parti Whig.

Biographie

Envoyé pour enquêter sur les circonstances de la rébellion du Bas-Canada de Louis-Joseph Papineau et de la rébellion du Haut-Canada de 1837, il est l'auteur du célèbre rapport Durham.

Il administre le territoire du 29 mai 1838 au 29 septembre 1838 avec l'appui des autorités, mais s'oblige à démissionner lorsqu'une de ses ordonnances de déportation est rejetée par Londres. Il termine son rapport en janvier de l'an 1839.

Réformiste des Whigs de Londres, Lord Durham est décrit comme étant un homme indépendant d'esprit, courageux, franc et sincère, mais également arrogant, réformiste, révolutionnaire et whig radical. Depuis 1813, il est en effet député pour le Parti whig, soit le Parti libéral. Il propose plusieurs mesures réformistes pour son époque comme l’émancipation des catholiques, la liberté du commerce, l’éducation pour tous et la responsabilité ministérielle. Durham est aussi un proche de Lord Melbourne, qui devient en 1835 premier ministre. Cette relation permit à Lambton de devenir cette même année ambassadeur en Russie. Il occupa ce poste à Saint-Pétersbourg durant deux années, c'est-à-dire de 1835 à 1837. Le 22 juillet 1837, dès son retour en Angleterre, Melbourne lui propose une deuxième mission hors du pays. Il s'agit cette fois d'aller faire enquête au Canada où une importante crise s'aggrave de jour en jour. Au départ, Lambton refuse catégoriquement cette offre. Néanmoins, dans le mois de décembre, Melbourne réussit à le convaincre en lui promettant des pouvoirs quasi dictatoriaux à titre de gouverneur du Canada en chef des colonies de l’Amérique du Nord britannique et de commissaire .C'est ainsi que le 29 mai 1838, lorsque Lambton arrive au Bas-Canada, sa principale responsabilité est de faire un rapport proposant des solutions aux Rébellions des Patriotes à partir de ses propres observations[2].

Il demande l'introduction d'un gouvernement responsable dans la politique canadienne. Il propose également de fusionner le Bas-Canada et le Haut-Canada dans le but d'assimiler les Canadiens français, ce qui lui valut plus tard des reproches.

Il est aussi connu au Royaume-Uni pour avoir aidé à rédiger la réforme législative de 1832 en tant que Lord du sceau privé dans le gouvernement de Lord Grey. Il meurt de la tuberculose, peu après son retour en Angleterre, en 1840[3].

Il était franc-maçon initié en 1814 (Granby Lodge No. 124, Durham) et fut Grand Maître de la Grande Loge Unie d'Angleterre[4].

Citation

Passages du rapport de Lord Durham, écrit par John George Lambton en 1839 à Montréal, s'adressant au roi de la Grande-Bretagne en parlant des Canadiens français :

« Les institutions de France durant la colonisation du Canada étaient, peut-être plus que celles de n'importe quelle autre nation d'Europe, propres à étouffer l'intelligence et la liberté de la grande masse du peuple. Ces institutions traversèrent l'Atlantique avec le colon canadien. Le même despotisme centralisateur, incompétent, stationnaire et répressif s'imposa à lui. […] Ces hommes du même peuple ignare, apathique et rétrograde. […] Ces gens s'accrochèrent aux anciens préjugés, aux anciennes coutumes, aux anciennes lois, non à cause d'un fort sentiment de leurs heureux effets, mais avec cette ténacité irrationnelle d'un peuple mal éduqué et stationnaire. La langue, les lois et le caractère du continent nord-américain sont anglais. Toute autre race que la race anglaise y apparait dans un état d'infériorité. C'est pour tirer de cette infériorité que je veux donner aux Canadiens notre caractère anglais. […] La langue, les lois et le caractère du continent nord-américain sont anglais; et toute autre race que la race britannique […] y apparaît dans un état d'infériorité. C'est pour les tirer de cette infériorité que je désire donner aux Canadiens notre caractère britannique. On ne peut guère concevoir nationalité plus dépourvue de tout ce qui peut vivifier et élever un peuple que les descendants des Français dans le Bas-Canada, du fait qu'ils ont conservé leur langue et leurs coutumes particulières. Ils sont un peuple sans histoire et sans littérature. […] Je crois que la tranquillité ne peut être rétablie qu'à condition d'assujettir la province à la domination vigoureuse d'une majorité anglaise, et que le seul gouvernement efficace serait celui d'une union législative. Si la population du Haut-Canada est exactement estimée à 400 000, les habitants britanniques du Bas-Canada à 150 000 et les Français à 450 000, l'union des deux provinces ne donnerait pas seulement une majorité absolue, mais une majorité qui s'accroîtrait chaque année sous l'influence de l'émigration britannique; et je ne doute guère que les Français, une fois placés en minorité par le cours légitime des événements et par le fonctionnement des causes naturelles, abandonneraient leurs vaines espérances de nationalité. » Lord Durham, Report on the Affairs of British North America, 1839

Interprétation

Suite aux Rébellions des Patriotes de 1837, les parlementaires britanniques n'ont d'autres choix que de s'intéresser aux nombreux soulèvements qui surviennent dans le Haut et le Bas-Canada. C'est dans ce sens que le Parlement de Londres donne à l'enquêteur John George Lambton, un homme politique britannique, la mission impériale de produire un rapport proposant des solutions aux problèmes de l'époque. Durant son séjour d'une année, soit de 1838 à 1839, Lord Durham a en effet évalué le conflit linguistique existant entre les Canadiens français et les Canadiens anglais [5]. Néanmoins, il peint dans son ouvrage un portrait peu flatteur des francophones. Dans cet ordre d'idées, voici une interprétation de différents passages du rapport Durham écrit au début de la période contemporaine durant un contexte de révolutions.

Idée principale et divisions du texte

L'idée principale du texte analysé ci-dessous représente en général la situation précaire que vivent les Canadiens français de la colonie. Lord Durham dessine un portrait défavorable des colons francophones et mentionne quels sont les moyens possibles à entreprendre pour régler la crise. Dans cet ordre d'idée, la première section du texte présente les Canadiens français comme étant une race inférieure tandis que la deuxième section parle de l'assimilation urgente de ces derniers.

Analyse détaillée

Une race inférieure

Dans la première section, que l'on peut intitulée une race inférieure, il y a trois parties distinctes. En premier lieu, selon Lambton, les institutions françaises étaient encore présentes malgré la domination des Britanniques : « Les institutions de France durant la colonisation du Canada étaient, peut-être plus que celles de n'importe quelle autre nation d'Europe, propres à étouffer l'intelligence et la liberté de la grande masse du peuple. Ces institutions traversèrent l'Atlantique avec le colon canadien ». Selon Bourdon (1996, p. 39), malgré la conquête anglaise de 1760, les institutions de la France sont toujours présentes dans cette colonie [6]. En plus de mentionner leur présence, Lambton critique ces institutions en disant d'elles qu'elles étouffent l'intelligence et briment la liberté des citoyens, comme s'il voulait sous-entendre que les institutions anglaises sont celles qui doivent être établies. En deuxième lieu, les Canadiens français sont attaqués et critiqués durement : « Ces hommes demeurent sous les mêmes institutions du même peuple ignare, apathique et rétrograde. […] Ces gens s'accrochèrent aux anciens préjugés, aux anciennes coutumes, aux anciennes lois, non à cause d'un fort sentiment de leurs heureux effets, mais avec cette ténacité irrationnelle d'un peuple mal éduqué et stationnaire ». L'auteur a la volonté de décrire la population canadienne-française sous son mauvais jour. Il la voit comme étant idiote, ignorante, immobile et surtout, faible. Malgré cette critique sévère des francophones par Lambton, il est vrai de dire que ceux-ci sont peu éduqués. De 1830 à 1839, le taux d'alphabétisation au Bas-Canada passe de 15,4 % à 25,4 %. Cela équivaut désormais à une personne sur quatre [7]. En troisième lieu, dans la dernière partie, tout ce qui est d'origine anglaise est considéré supérieur aux autres : « La langue, les lois et le caractère du continent nord-américain sont anglais. Toute autre race que la race anglaise y apparait dans un état d'infériorité. C'est pour tirer de cette infériorité que je veux donner aux Canadiens notre caractère anglais ». Lambton stipule en effet que toutes nations autres que celles d'origine britannique sont inférieures. Somme toute, selon Laporte (2000, p. 42-43), dans ces trois parties les Canadiens français sont peints de manière évidente comme étant des individus de race inférieure alors que les Canadiens anglais, eux, semblent être des gens d'appartenance supérieure. Cette attitude dénigrante qu'ont les Anglais envers les Français est un autre facteur explicatif du conflit entre les deux groupes linguistiques. Le fait d'être perçu comme étant des êtres inférieurs a sans équivoque accentué la colère et le désir de se rebeller des Patriotes [8].

Assimilation des Canadiens français

Dans la deuxième section, que l'on peut nommer l'assimilation des Canadiens français, il y a également trois parties à analyser. Premièrement, Lambton amène l'idée que pour assimiler les Canadiens français il doit y avoir une domination anglaise en réunissant le Haut et le Bas-Canada : « Je crois que la tranquillité ne peut être rétablie qu'à condition d'assujettir la province à la domination vigoureuse d'une majorité anglaise, et que le seul gouvernement efficace serait celui d'une union législative ». Durham propose une union législative pour soumettre les francophones. Encore une fois, il fait paraitre cette tradition parlementaire britannique comme étant supérieur. Aux yeux de Lambton, il est possible d'assimiler progressivement les Canadiens français, puisque ceux-ci deviendront en minorité démographique ainsi qu'en infériorité à la Chambre. Peu à peu, les francophones n'auraient alors d'autre choix que d'intérioriser la langue et la culture dominante anglaise [9]. C'est à partir de cette proposition que s'inspira par la suite l'Acte d'union de 1840. Deuxièmement, après la mise en place d'une nouvelle union, l'auteur propose l'arrivée massive d'immigrants britanniques : « Si l'on estime exactement la population du Haut-Canada à 400 000 âmes, les Anglais du Bas-Canada à 150 000 et les Français à 450 000, l'union des deux provinces ne donnerait pas seulement une majorité anglaise absolue, mais une majorité qui s'accroîtrait annuellement par une immigration anglaise ». Cette immigration anglaise permettrait une d'assujettir et d'assimiler plus rapidement des Canadiens français sous une domination démographique anglaise [9]. Troisièmement, John George Lambton est très clair et ferme sur un point, c'est-à-dire que la situation de minorité des Canadiens français fera disparaitre naturellement leur peuple et leur nationalité :« Je ne doute guère que les Français, une fois placés en minorité par suite du cours naturel et légitime des événements et par le fonctionnement de causes naturelles, abandonneraient leurs vaines espérances de nationalité ». Une fois les francophones en minorité il deviendrait facile de les assimiler. Les assujettir est un moyen efficace pour mettre un terme aux nombreux conflits, comme ceux des Rébellions des Patriotes. En fin de compte, Langlois et Villemure (2005, p. 232 relatent que Lambton met une priorité sur la résolution des conflits entre les deux groupes linguistiques. Il veut régler le problème national entre les Canadiens français et les Canadiens anglais. Il en va donc de soit pour lui que l'assimilation des francophones est la seule voie possible pour une paix durable [10].

Perception de Lambton

Cette interprétation de quelques extraits du rapport de John George Lambton montre en général qu'il perçoit les francophones comme une race inférieure qu'il faut assujettir à la culture britannique.

Notes

  1. (en) « ODNB Article: John Lambton, 1st Earl of Durham », sur Oxford Dictionary of National Biography (consulté le )
  2. Dictionnaire biographique du Canada (2000). John George Lambton, http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=34845203
  3. Ged Martin, « Lambton, John George, first earl of Durham (1792–1840) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  4. (en) Mentionné dans une liste de francs-maçons canadiens célèbres.
  5. Rey, Alain (2006). « Durham », Le Petit Robert des Noms propres, Paris, Édition Revue, p. 661
  6. Bourdon, Yves et Jean Lamarre (1996). « La colonie britannique en Amérique » dans Histoire des États-Unis: Mythes et réalités, Montréal, Beauchemin, p. 37-50
  7. Fleming, Patricia et al (2004). Histoire du livre et de l'imprimé au Canada: Des débuts à 1840, Les presses de l'Université de Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, volume 1, 566 pages.
  8. Laporte, Gilles et Luc Lefebvre (2000). Fondements historiques du Québec, 2e édition, Montréal, McGraw-Hill, p. 42-58.
  9. a et b Behiels, Michael D. (s.d.). « Québec », Encyclopædia Britannica , http://www.britannica.com/EBchecked/topic/486652/Quebec/43142/History .
  10. Langlois, Georges et Gilles Villemure (2005). Histoire de la civilisation occidentale, 4e édition, Laval, Éditions Beauchemin, 341 pages.

Bibliographie

En français

  • Modèle:Fr/en Fernand Ouellet, « John George Lambton » dans Dictionnaire biographique du Canada, Université Laval/Université de Toronto, 2003–.
  • John George Lambton, Charles Buller, Edward Gibbon Wakefield. Le rapport Durham : document, Montréal : Éditions de l'Hexagone, 1990-91, 317 p. (trad. et introd. de Denis Bertrand et d'Albert Desbiens.)
  • John George Lambton, Charles Buller, Edward Gibbon Wakefield. Le Rapport Durham, Montréal : Éditions Sainte-Marie, 1969, 156 p. (trad., Denis Bertrand et Albert Desbiens ; introd. et appareil didactique, Denis Bertrand et André Lavallée)
  • Roger Viau. Lord Durham, Montréal: Éditions HMH limitée, 1963, 181 p.
  • Le Rapport de Durham, Montréal : Éditions du Québec, 1948, 376 p. (traduit par Marcel-Pierre Hamel, préface rétrospective de Étienne Parent)
  • Léo-Paul Desrosiers. L'Accalmie : Lord Durham au Canada, Montréal: Le Devoir, 1937, 148 p.
  • John George Lambton, Charles Buller, Edward Gibbon Wakefield. Rapport de Lord Durham. Haut-Commissaire de Sa Majesté, etc. etc., sur les affaires de l'Amérique septentrionale britannique, Montréal : L'Ami du peuple, 1839, 200 p. (en ligne)

En anglais

  • Janet Ajzenstat. The Political Thought of Lord Durham, Montreal: McGill-Queen's University, 1988, 137 p. (ISBN 0773506373) (en ligne)
  • Ged Martin. The Durham Report and British Policy, Cambridge University Press, 1972, 120 p. (ISBN 0521085306) (aperçu)
  • W. Stewart Wallace. « John George Lambton, First Earl of Durham (1792-1840) », dans The Encyclopedia of Canada, Vol. II, Toronto, University Associates of Canada, 1948, 411 p., p. 253-254. (en ligne)
  • Chester William New. Lord Durham. A Biography of John George Lambton, First Earl of Durham, Oxford: Clarendon Press, 1929, 612 p.
  • Frederick Bradshaw. Self-Government in Canada, and How it Was Achieved: The Story of Lord Durham’s Report, Londres : P.S.King, 1903, 414 p. (en ligne)
  • John George Lambton, Charles Buller, Edward Gibbon Wakefield. The Report and Despatches of the Earl of Durham, Her Majesty's High Commissioner and Governor-General of British North America, Londres : Ridgways, Piccadilly, 1839, 423 p. (en ligne)
  • John Stuart Mill. "Radical Party and Canada: Lord Durham and the Canadians", dans London and Westminster Review, VI & XXVIII, 502-33, janvier 1838 (en ligne)
  • John George Lambton. Speeches of the Earl of Durham on Reform of Parliament, Londres : James Ridgway and Sons, Piccadilly, 1835, 204 pages (en ligne)
  • John Reid. Sketch of the Political Career of the Earl of Durham, Glasgow : John Reid & Co., 1835, 400 p. (online)

Voir aussi