Madame de Pompadour

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Marquise de Pompadour
née Jeanne-Antoinette Poisson
Image illustrative de l’article Madame de Pompadour
François Boucher, La Marquise de Pompadour (1756),
Munich, Alte Pinakothek.

Titre Marquise de Pompadour
Autres titres Duchesse de Menars
Biographie
Nom de naissance Jeanne-Antoinette Poisson
Naissance
Paris
Décès (à 42 ans)
Versailles
Père François Poisson
Mère Madeleine de La Motte
Conjoint Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles
Enfants Charles Guillaume Louis Le Normant d'Étiolles (1741)
Alexandrine Le Normant d'Étiolles (1744-1754)

Blason de Marquise de Pompadournée Jeanne-Antoinette Poisson

Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour et duchesse de Menars[note 1], dite Madame de Pompadour, fut une maîtresse en titre du roi Louis XV, née le à Paris et morte le au château de Versailles.

Introduite à la cour par relations, elle est remarquée par le roi Louis XV et devient sa maîtresse en titre pendant six ans, de 1745 à 1751.

Louis XV lui fait construire le Petit Trianon ainsi que le château de Bellevue, comme résidence, et lui offre le domaine de Pompadour, ce qui lui permet de devenir marquise et d'acquérir la noblesse. Ses origines bourgeoises lui attirent des critiques de la part de l'aristocratie.

À partir des années 1750, la marquise n'est plus la maîtresse du roi, mais conserve un ascendant en tant que confidente et amie du souverain. En ce sens, elle encourage l'aménagement de la place Louis XV — actuelle place de la Concorde — ou la création de la manufacture de porcelaine de Sèvres, proche de sa résidence de Bellevue. Mme de Pompadour apprécie particulièrement l'architecture et les arts décoratifs. Elle acquiert d'ailleurs en 1753 l’hôtel d’Évreux à Paris, aujourd'hui nommé palais de l'Élysée. La marquise s'intéresse aussi à la littérature et encourage la publication des deux premiers tomes de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert.

De santé fragile, elle meurt d'une congestion pulmonaire, âgée seulement de 42 ans.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

La marquise de Pompadour
par François Boucher.

La future marquise de Pompadour voit le jour à Paris le mardi 29 décembre 1721 : « Du mercredi 30 décembre 1721, fut baptisée Jeanne-Antoinette Poisson, née d'hier, fille de François Poisson, écuyer de Son Altesse royale Monseigneur le duc d'Orléans, et de Louise-Madeleine de La Motte, son épouse, demeurant rue de Cléry… »[1]. Le baptême est célébré en l'église Saint-Eustache. Jeanne-Antoinette doit ses prénoms à son parrain, Jean Pâris de Monmartel, et à la nièce de ce dernier, Antoinette Justine Pâris, sa marraine[note 2]. François Poisson, fils de tisserands de Provenchères près de Montigny-le-Roi, s'est marié trois ans plus tôt, le à Saint-Louis des Invalides, avec Madeleine de La Motte qui appartient à une famille plus élevée. De cette union naîtront deux autres enfants : Françoise Louise Poisson, rue Thévenot le et baptisée en l'église Saint-Sauveur[2], ainsi qu'Abel-François, le en la paroisse de Saint-Jean-en-Grève à Paris[3].

Son père, François Poisson, a débuté comme conducteur dans le service des vivres. Remarqué par les frères Pâris, des financiers liés à la famille de La Motte, il a rendu de grands services en Provence, au moment de la peste. Mais, chargé comme commissaire aux vivres du ravitaillement de Paris pendant la disette de 1725, il est accusé de trafics et ventes frauduleuses. François Poisson est contraint de quitter le pays, et s'exile au Saint-Empire romain germanique. Le , une commission du Conseil le déclare débiteur pour la somme de 232 430 livres[4]. Le de la même année, une sentence du Châtelet de Paris décide la séparation de biens avec son épouse, mais leur maison rue Saint-Marc est saisie. Avant son départ, François Poisson confie sa fille Jeanne-Antoinette, qui a 5 ans, au couvent des Ursulines de Poissy en 1727. Ce couvent est connu pour l'éducation des jeunes filles issues notamment de la bourgeoisie. La santé de Jeanne-Antoinette est fragile. Mais elle souffre aussi moralement d'une double absence : celle de son père exilé, et celle de sa mère qui mène une vie pour le moins mouvementée. En , Madame Poisson reprend sa fille à Paris, rue Neuve des Bons-Enfants. Jeanne-Antoinette reçoit alors une éducation soignée et l'enseignement des arts d'agrément, tels que le dessin, la musique, la peinture, la gravure, la danse, les cours de chant donnés par Pierre de Jélyotte mais aussi de déclamation par Jean-Baptiste de La Noue. Dans ce cadre, elle découvre le salon littéraire de Madame de Tencin, une amie de sa mère, qui deviendra la marraine de sa fille, puis se lie d'amitié avec la jeune voisine de celle-ci, Marie-Thérèse de La Ferté-Imbault. C'est dans ce cercle que la jeune fille va apprendre l'art de la conversation et les valeurs de l'esprit[5].

Pendant l'éloignement de François Poisson, sa femme Madeleine de La Motte, « belle à miracle », a entre autres amants le riche fermier général Charles François Paul Le Normant de Tournehem, célibataire et amateur d'art. L'infidélité notoire de Madeleine a fait naître l'hypothèse d'une liaison plus précoce avec Jean Pâris de Monmartel ou Le Normant, d'où la suspicion que Jeanne-Antoinette soit leur fille naturelle[6].

Une légende raconte qu'à neuf ans, elle est allée consulter avec sa mère une voyante qui se serait exclamée : « Vous serez la maîtresse du roi ». Toujours est-il que lorsque le testament de la future marquise a été ouvert, on découvre qu'une dame Lebon, voyante parisienne, s'est vu allouer une pension de 600 livres par an[7].

Mariage[modifier | modifier le code]

Madame de Pompadour
par François Boucher, vers 1758.
(Édimbourg, National Gallery of Scotland).

Le Normant, après avoir veillé à l'éducation des deux enfants de sa maîtresse, Jeanne-Antoinette et Abel-François, dont il était le tuteur légal, fait épouser à la première dès qu'elle eut 19 ans, le à Saint-Eustache, son neveu et héritier Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles, âgé de vingt-quatre ans. Le contrat fut signé le 4 mars 1741 en la maison du 50 rue de Richelieu, actuel hôtel Washington, restaurée en 1738 par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne pour le compte de sa mère [8].

Le couple a un fils, Charles Guillaume Louis, né le , baptisé à l'ancienne paroisse Saint-Paul mais qui meurt dans sa première année. Le naît une fille, appelée Alexandrine, du prénom de sa marraine Mme de Tencin. Elle fut baptisée à Saint-Eustache.

Le lieutenant des Chasses de Versailles considère Jeanne-Antoinette Le Normant d'Étiolles comme assez belle, « d'une taille au-dessus de l’ordinaire, svelte, aisée, souple, élégante ; son visage était d'un ovale parfait, ses cheveux plutôt châtain clair que blonds. Ses yeux avaient un charme particulier, qu'ils devaient peut-être à l'incertitude de leur couleur. Elle avait le nez parfaitement bien formé, la bouche charmante, les dents très belles, un sourire délicieux, la plus belle peau du monde »[9].

La beauté de Jeanne-Antoinette et son esprit la font connaître et elle devient l'hôtesse des salons cultivés et mondains de Paris. Mme de Tencin la présente à Madame Geoffrin et à sa fille, la marquise de La Ferté-Imbault[10]. Elle donne des représentations intimes dans le petit théâtre qu'elle a fait construire dans son château d'Étiolles, à côté de Sénart où le couple s'installe. Cette propriété se situe dans la forêt royale et le roi vient fréquemment chasser aux abords. Madame d'Étiolles a le droit statutairement d'assister à ces chasses en phaéton (calèche) et se fait accompagner par un des lieutenants de la vénerie royale qui l'informe précisément sur les passages du roi pour qu'elle puisse attirer son attention[11]. C'est au cours de l'une d'elles, durant l'été 1743, que Louis XV l'a remarquée[12].

Favorite royale[modifier | modifier le code]

Le peintre Charles-Nicolas Cochin immortalise la rencontre entre le roi Louis XV, dissimulé sous un if, et Mme d'Étiolles en Diane chasseresse, au cours du célèbre bal masqué, donné en l'honneur du mariage du dauphin,
Louis de France.

Proche du père de Jeanne-Antoinette, Joseph Pâris avait été exilé de 1726 à 1729 sous le gouvernement du cardinal de Fleury. La mort de celui-ci, en janvier 1743, donne l'occasion aux frères Pâris, au cardinal de Tencin, à sa sœur la madame de Tencin et au maréchal de Richelieu de rentrer en grâce. Ce cercle dispose d'une occasion pour se placer auprès de Louis XV. La jeune Jeanne-Antoinette, qui est très proche des Pâris, paraît susceptible de plaire au roi. Le stratagème mis en place fonctionne et porte ses fruits en 1745.

Le est célébré le mariage religieux du fils du roi, le dauphin Louis, avec l'infante Marie-Thérèse d'Espagne. Des fêtes sont organisées pendant huit jours pour cet événement. Le a lieu dans la Galerie des Glaces, au château de Versailles, un bal masqué où est invitée Jeanne-Antoinette, sous l'apparence de Diane chasseresse. Le roi et ses plus proches courtisans sont costumés en ifs et la cour observe que l'un d'entre eux s'entretient longuement avec cette belle inconnue[13]. Les conversations se cristallisent autour de ce couple et l'on pense reconnaître le souverain. La scène est immortalisée par le peintre Charles-Nicolas Cochin et « ceux qui prononcent à mi-voix le nom de Mme d'Étiolles croient à un simple caprice »[13]. Trois jours plus tard, le , au cours du bal offert à l'Hôtel de ville de Paris par le corps municipal, une nouvelle rencontre entre Madame d'Étiolles et Louis XV confirme l'intérêt que lui porte le roi[14].

Jeanne-Antoinette devient une visiteuse régulière et, le , Louis XV l'installe au château de Versailles dans un appartement situé juste au-dessus du sien, relié par un escalier secret[15].

Le , le roi lui fait don du domaine de Pompadour, acquis le par la Couronne auprès du prince de Conti, le roi relevant le titre tombé en déshérence faute d'héritier mâle[16], la créant ainsi marquise, tandis que Jeanne-Antoinette obtient de son mari une séparation légale. En effet, le Châtelet de Paris prononce le , un arrêt de séparation de corps et de biens. La présentation officielle de la nouvelle favorite à Versailles, le , nécessite une princesse de sang. Pour cette cérémonie très protocolaire, la princesse de Conti accepte d'être la marraine de Jeanne-Antoinette, en échange de l'extinction de ses dettes[17]. Elle a 23 ans. Pour l'initier aux « bonnes façons » de la Cour, on lui choisit deux maîtres de conduite, Charles-Antoine de Gontaut-Biron et l'abbé de Bernis[18]. Elle cherche progressivement à conquérir les différents cercles du roi, mais reste haïe par la famille royale, le dauphin la surnommant « maman putain[19] ». Les milieux dévots d'une part et les milieux aristocratiques conservateurs d'autre part concentrent leurs attaques sur la nouvelle maîtresse du roi, certes pécheresse mais surtout parvenue puisque issue de la haute bourgeoisie et non de l'antique noblesse comme l'étaient les précédentes favorites du roi. La veille de Noël, le , meurt sa mère Louise Madeleine de la Motte à l'âge de quarante-six ans[20].

La Marquise de Pompadour par Maurice Quentin de La Tour (1748-1755)
(Paris, Musée du Louvre).

Le , Louis XV achète pour la somme de 750 000 livres à Louis-Alexandre Verjus, marquis de Crécy, son château pour l'offrir à Madame de Pompadour. Elle charge l’architecte Jean Cailleteau dit « Lassurance » et le paysagiste Jean-Charles Garnier d'Isle d'embellir son domaine en remaniant le château et en redessinant tout le village. Elle commande au peintre François Boucher des trumeaux peints illustrant les arts et les sciences et fait apposer la façade en trompe-l'œil du moulin de la Bellassière, ayant une vraie vision paysagère d'ensemble. Toujours en 1746, Louis XV donne aussi à la marquise de Pompadour une parcelle d'environ six hectares dans le parc de Versailles, au lieu-dit "Les Quinconces". Elle y fait construire en 1749 toujours par son architecte Lassurance[21] une demeure pleine de charme, avec un jardin français, un jardin fruitier, un jardin botanique et des volières, qu'elle appelle son Ermitage[22]. Situé chemin de Versailles à Marly (au 10 de la rue de l'Ermitage, sous sa dénomination à partir de 1835), ce domaine fleuri contenait une fameuse vasque de marbre rose ayant appartenu à Louis XIV[23].

Son influence politique croît au point qu'elle favorise le mariage hautement diplomatique entre Marie-Josèphe de Saxe et le dauphin Louis, fils de Louis XV, célébré le . Son ascension sociale lui vaut d'être critiquée par des pamphlets injurieux, appelés « poissonnades ». Dans ce contexte, Madame de Pompadour obtient la disgrâce du ministre, le comte de Maurepas, accusé de rechercher avec si peu de zèle les auteurs de ces libelles, d'autant qu'elle le soupçonne de complicité[24]. Sa famille subit également les quolibets, tel que le grand-père maternel de Jeanne-Antoinette, Jean de la Motte, entrepreneur des provisions, surnommé le « boucher des Invalides », employé par ses ennemis pour rappeler que c'est la première fois qu'un roi de France prend pour favorite une femme du peuple[25].

En , la marquise acquiert le château de La Celle, à quelques kilomètres de Versailles, pour la somme de 260 000 livres[26]. La reine et le Dauphin, appuyés par les milieux dévots, pressent le roi de faire cesser cette relation adultérine notoire et finissent par le faire céder après de nombreuses années de résistance. Cependant, bien qu'elle cesse de partager l'intimité du roi, sa carrière connaît une nouvelle promotion : elle obtient en 1749 le privilège royal de loger dans l'appartement du duc et de la duchesse de Penthièvre au rez-de-chaussée du corps central du château de Versailles alors que Mesdames les filles du roi le convoitent[27]. La même année 1749, elle choisit comme médecin personnel le docteur François Quesnay, futur chef des physiocrates, qui obtient le titre de médecin consultant du roi et un logement à la cour (un « entresol » situé au premier étage) proche du rez-de-chaussée qu’habite Mme de Pompadour[28].

En 1750, cinq ans après leur première liaison, les relations entre le roi et sa favorite prennent un tour platonique, voire simplement amical. Devant le peu d'empressement du roi et malgré les stimulants, elle ne contente plus la sensualité du roi et elle craint d'être supplantée par une dame de la cour[29]. Elle comprend qu'elle peut conserver son emprise sur lui qu'en le laissant libre de trouver les joies charnelles qu'exige son tempérament. Ce rôle dont elle ne peut s'acquitter, Madame de Pompadour le délègue obscurément à des subordonnées pour détourner l'attention des ambitieuses femmes de la Cour. Il se trouve « dans l'entourage de Louis XV, des pourvoyeurs compétents »[30], comme le duc de Richelieu ou Dominique-Guillaume Lebel, premier valet de chambre du roi[30]. Des jeunes femmes ou jeunes filles sont donc présentées au souverain et logées dans la maison du Parc-aux-cerfs, l'actuel quartier Saint-Louis, à Versailles[31]. Les plus célèbres des maîtresses sont Charlotte Rosalie de Choiseul-Beaupré[note 3],[32], Anne Couppier de Romans dont le fils, Louis Aimé, est reconnu par le roi sans le légitimer, ce qui fait trembler la marquise, et Marie-Louise O'Murphy de Boisfailly, dite Morphyse, qui donne naissance à une fille, Agathe Louise[33].

Officiellement en début d'année 1752, la passion se transforme en amitié. Jeanne-Antoinette ne quitte pas la cour pour autant et reste dans l'entourage immédiat de la famille royale, alignant sa conduite sur celle qu'avait eue en son temps la marquise de Maintenon. Mme de Pompadour excelle en effet à distraire Louis XV, lui fait découvrir les arts, organise des fêtes, des représentations théâtrales[34], entretient le goût du souverain pour les bâtiments et les jardins, multiplie ses résidences hors de Versailles[35]. Ce qui explique qu'après avoir été pendant cinq ans sa maîtresse, elle reste la favorite en titre[36]. Forte de son pouvoir, elle obtient du roi de donner titres et faveurs à son frère, Abel-François Poisson, qui devient successivement marquis de Vandières, de Marigny et de Menars. Ce dernier est enfin nommé en 1751, directeur des Bâtiments du roi[37].

En 1753, elle achète l'hôtel d'Évreux (aujourd'hui, palais de l’Élysée) et marque le lieu par ses choix en matière de décoration et d'ameublement[38].

Le , la fille unique de la marquise, prénommée Alexandrine en hommage à Mme de Tencin, meurt. Née de son mariage, elle en avait obtenu la garde et l'élevait depuis telle une princesse royale. L’enfant d’environ 9 ans venait de contracter une péritonite aiguë au couvent des Dames de l'Assomption, rue Saint-Honoré à Paris, où elle recevait son éducation. Madame de Pompadour, retenue à Versailles, n'est pas présente auprès d’elle au moment de sa maladie foudroyante. Lorsque la nouvelle lui parvient, Louis XV dépêche en urgence deux de ses médecins personnels au chevet de l'enfant, mais ils arrivent trop tard. La marquise, profondément affectée, ne s’est jamais vraiment remise de ce drame. Quelques jours plus tard, le meurt également son père, François Poisson[note 4].

Le samedi , le roi annonce la nomination de Madame de Pompadour en tant que dame du palais de la Reine. La présentation a lieu le lendemain, après les vêpres[39].

La consécration et le château de Saint-Ouen[modifier | modifier le code]

Méconnu, rarement pris en compte, le château de Saint-Ouen[40] incarne pourtant magistralement l'éclatante ascension sociale de Madame de Pompadour, à la fois par la qualité illustre de ses propriétaires et par son dispositif intérieur unique. Un objet fabuleux, aux armes de Pompadour, conservé au musée des Arts et Métiers en rappelle le souvenir[41].

Aussi étrange que cela puisse paraître, la marquise de Pompadour, après avoir vendu son château de Crécy, n'acheta cependant que l’usufruit du château de Saint-Ouen de 1759 à sa mort, en 1764[40]. Elle n'en fut donc ni locataire (comme ce fut le cas au château de Champs-sur-Marne) ni propriétaire à proprement parler.

Bâti entre 1664 et 1672 par Antoine Lepautre, ce château fut construit pour Joachim de Seiglière de Boifranc, avant de passer par mariage dans la prestigieuse famille des ducs de Tresmes et ducs de Gesvres pendant tout le XVIIIe siècle, puis d’être détruit en 1821 par Louis XVIII.

Le château érigé au XVIIe siècle présentait un plan classique en U, et une longue façade, agrémentée de deux ailes prolongeant le corps central, côté jardin face à la Seine.

L’originalité de Saint-Ouen résidait en fait dans sa distribution intérieure ; le corps central comportait en effet une enfilade de trois salons à l’italienne, dont les décors avaient entièrement été remaniés par les Slodtz dans les années 1750. Le salon à l'italienne est un dispositif illustré avec faste au château de Vaux-le-Vicomte, dont le grand salon ovale est l'exemple le plus fameux — c'est-à-dire une pièce occupant toute la hauteur du bâtiment.

Cette référence en tête, c'est dire combien l'enfilade des trois salons à l'italienne de Saint-Ouen devait être impressionnante, dont les décors étaient agrémentés des portraits de toute la famille royale. Ce dispositif spectaculaire, créé pour le duc de Gesvres servait la volonté affichée de reconnaissance sociale de la marquise de Pompadour, devenue en 1752 duchesse "à tabouret" (lui donnant le privilège de s'assoir en présence de la reine).

En parallèle de ce décor existant, Mme de Pompadour mit en œuvre un grand projet de restructuration dès son acquisition, dont la dépense atteignit plus de 500 000 livres. Les communs furent ainsi entièrement reconstruits et de nombreuses modifications apportées.

En raison de l’absence d’iconographie et en recoupant les différentes sources, une restitution du plan du rez-de-chaussée a pu être établie, permettant de saisir l'ampleur du projet architectural de Mme de Pompadour[40] ; il semblerait que l’architecte qui supervisa cette restructuration ne fut autre que Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du roi, qui gérait alors les chantiers des différentes résidences de la marquise.

Utilisant le salon à l’italienne central comme un pivot, un appartement pour le roi fut ainsi créé en pendant de celui de la désormais duchesse de Pompadour, faisant du prestigieux château de Saint-Ouen le reflet de son statut, symbole de sa victoire sociale et politique.

Le marquisat de Ménars[modifier | modifier le code]

Le , la marquise de Pompadour fait l'acquisition, par acte passé devant Me Alleaume et Delamanche, notaires à Paris, du château et du marquisat de Menars, de la terre de Nozieux et de toutes leurs dépendances, propriétés de Mesdames de Lastic et de Castellane. Le montant total de ce vaste domaine s’élève à 880 000 livres[42].

Pendant son « règne » de vingt ans, elle maintient des rapports cordiaux avec la reine. Mme de Pompadour entretient aussi des relations avec les ministres qu'elle invite parfois dans ses appartements.

Elle appuie la carrière du cardinal de Bernis, du duc de Choiseul et soutient le renversement des alliances de la Prusse vers l'Autriche qui se concrétise par la guerre de Sept Ans et la perte de la Nouvelle-France. La légende veut que la marquise, pour consoler le roi très affecté par la déroute de Rossbach, l'aurait exhorté à ne pas s'affliger outre mesure, concluant par ces mots : « Il ne faut point s'affliger : vous tomberiez malade. Après nous, le déluge ! »[43].

Dernière année[modifier | modifier le code]

Son portrait commémoratif, commencé de son vivant et terminé en 1764 après sa mort.

Épuisée par vingt années de vie, de travail et d'intrigues à la cour, sa santé chancelle, elle contracte la tuberculose. À Versailles, elle se plaint constamment de l'air froid et humide de ses grands appartements[44], regrettant le petit appartement de l'attique nord, plus facile à chauffer, qu'elle a occupé les cinq premières années de son installation. Dans la nuit du 14 au , le curé de la Madeleine de la Ville-l’Evêque confesse la marquise et lui administre l'extrême onction. La croyant endormie, le prêtre fait le mouvement de se retirer et la marquise de Pompadour murmure : « Encore un moment, monsieur le Curé, nous nous en irons ensemble »[45]. Jeanne-Antoinette meurt d'une congestion pulmonaire[réf. souhaitée], à l'âge de 42 ans, le à Versailles, ultime privilège, puisqu'il est interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résident le roi et sa cour.

Madame de Pompadour est emmenée sur une civière à son hôtel des Réservoirs, où elle est veillée deux jours et deux nuits dans sa chambre, transformée en chapelle ardente[46]. Le mardi en fin d'après-midi, le premier service funèbre se déroule à l'église Notre-Dame de Versailles. L'acte de décès est rédigé par Jean-François Allart, le curé de la paroisse)[note 5].

Dufort de Chenerny raconte que, considérant le mauvais temps alors que le convoi funéraire de Jeanne-Antoinette quittait Versailles pour Paris, Louis XV aurait fait cette remarque : « La marquise n'aura pas beau temps pour son voyage » et voyant depuis le balcon de son bureau à Versailles le cortège s'éloigner dans l'avenue de Paris sans avoir pu rendre officiellement hommage à celle qui avait été si longtemps sa confidente : « Voilà les seuls devoirs que j'aie pu lui rendre ! »[47].

Jeanne-Antoinette est enterrée à Paris, dans la chapelle du couvent des Capucines[note 6], au côté de sa mère Louise Madeleine de La Motte (décédée le ) et sa fille Alexandrine (décédée le ). L'emplacement du caveau se situerait actuellement au niveau de l'immeuble numéro 3 de la rue de la Paix[49]. L'écrivain Michel de Decker évoque le devenir de la marquise : « C'est ainsi que Jeanne-Antoinette, demeurée dans son tombeau, dort encore aujourd'hui sous le pavé de l'ancienne rue Napoléon - devenue rue de la Paix en 1814 - et sans doute devant l'immeuble portant le numéro trois »[50].

Dans ses dispositions testamentaires et faute de descendance, Mme de Pompadour offre une partie de ses résidences au roi. Elle lègue également à ses amis et serviteurs des pensions viagères. Le reste de ses biens, dont le château de Menars, est transmis à son frère Abel-François[51].

Danielle Gallet, philologue, historienne et conservatrice aux Archives nationales, tente de fournir une appréciation objective de Louis XV et Madame de Pompadour[52] :

« La liaison royale a été considérée par des écrits parfois bienveillants, le plus souvent perfides et venimeux. La personne de Mme de Pompadour y est dépeinte à grands traits, selon l'archétype immémorial de la courtisane princière. Enveloppée dans le déclin de l'institution monarchique, elle fut chargée des erreurs et des malheurs qui précédèrent l'agonie de l'Ancien Régime. »

Descendance[modifier | modifier le code]

De son mari, Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles, Madame de Pompadour a eu deux enfants : un fils mort en bas âge et une fille, Alexandrine, morte à l’âge de 9 ans d’une péritonite aiguë. La marquise n’eut jamais d’autres enfants.

De sa liaison avec le roi Louis XV, elle a eu trois fausses couches (accidentelles ou non, l'hypothèse d'avortements pour répondre au souhait du roi de ne pas avoir de bâtards n'étant pas exclue[réf. nécessaire]) entre 1746 et 1749. Souffrant de troubles gynécologiques, elle cesse alors toute relation sexuelle avec le roi, et devient l'ordonnatrice de ses plaisirs pour éviter d'être remplacée par une autre favorite officielle, en organisant le Parc-aux-cerfs[53].

Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles en revanche, vécut en concubinage avec une danseuse qu’il épousa une fois devenu veuf de la marquise. La famille entière fut emprisonnée sous la Terreur. Charles-Guillaume avait alors 74 ans.

Mécénat[modifier | modifier le code]

Page de titre du (Tome II) Nouvelle édition revue et corrigée « De l'esprit des lois » de Montesquieu en 1749, publiée par Chatelain.

Littérature[modifier | modifier le code]

Madame de Pompadour apporte son soutien indéfectible à Voltaire. La marquise réconcilie l'écrivain et Louis XV. Ce retour en grâce auprès du roi, permet à Voltaire d'obtenir une charge d'historiographe en 1745 et un siège à l'Académie française en 1747[54].

Madame de Pompadour est particulièrement favorable aux philosophes et au parti intellectuel. Les écrivains ont ainsi pu avoir la relative liberté de répandre des idées contestataires en faisant l'éloge du système politique anglais et en prônant une monarchie éclairée. Elle favorise, par exemple, la publication des deux premiers volumes de l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert, pourtant condamnée par le parlement de Paris. Alors qu'un arrêté du Conseil du roi Louis XV interdit l'impression et la diffusion des deux premiers volumes de l'Encyclopédie le , ce même Conseil reconnaît « l'utilité de l'Encyclopédie pour les Sciences et les Arts », Madame de Pompadour et quelques ministres pouvant solliciter d’Alembert et Diderot de se redonner au travail de l’Encyclopédie dès le mois de mai[55].

Madame de Pompadour va aussi défendre Montesquieu face aux critiques, lors de la parution de son livre De l'esprit des lois, publié en 1748. L'un de ses adversaires, Claude Dupin[56], fermier général et propriétaire du château de Chenonceau, est l'auteur d'un ouvrage Réflexions sur l'esprit des lois en 1749 qui réfute les arguments développés par Montesquieu. Claude Dupin, avec l'aide de son épouse Louise de Fontaine, défend les financiers attaqués par Montesquieu tout en prenant soin de ne pas nommer le philosophe et observant pour lui-même l'anonymat en homme prudent et avisé. La réaction de Montesquieu ne s'est pas fait attendre et celui-ci demande à Madame de Pompadour d'intervenir en sa faveur[57]. Grâce à son aide, Montesquieu obtient la suppression de l'édition de Claude Dupin. Madame de Pompadour qui protégeait Montesquieu, ne s'est-elle pas fait représenter dans le tableau de Maurice Quentin de La Tour avec, placé sur une table, l'ouvrage De l'esprit des lois ? Mais le livre de Montesquieu est mis à l'index en 1751 et le pape en interdit la lecture.

Ayant choisi pour médecin le docteur François Quesnay, chef des physiocrates et fondateur de l'économie politique, Madame de Pompadour devient la protectrice du jeune mouvement physiocratique. Les premières réunions de l'école ont d'ailleurs lieu dans l'entresol de Quesnay juste au-dessus des appartements de la marquise.

Madame de Pompadour possédait une bibliothèque où l'on trouvait le Grand Testament de François Villon[58].

Arts[modifier | modifier le code]

La Marquise de Pompadour représentée vers 1750 par François Boucher en protectrice des Arts, des Sciences et des Lettres (musée du Louvre)[note 7].

Véritable protectrice des sciences, des lettres et des arts, la marquise de Pompadour se faisait toujours représenter par des portraits où elle était entourée d'objets rappelant son rôle dans la République des Lettres… Elle fit travailler de nombreux artisans, ainsi que la manufacture de porcelaine de Vincennes[60], et permit le réaménagement de la manufacture de porcelaine de Sèvres pour rivaliser avec la porcelaine du Japon, de Chine ou de Saxe. Elle promut des artistes de Sèvres, tels Jean-Jacques Bachelier ou Étienne Maurice Falconet, qui mirent au point des couleurs originales (le jaune jonquille, le bleu de Sèvres ou le rose « lilas » appelé « rose Pompadour » et inventé par Philippe Xhrouet), des motifs en « fleurs en naturel » ou le « biscuit de Sèvres »[61]. Elle fut favorable à la construction de monuments comme la place Louis-XV (actuelle place de la Concorde) et le Petit Trianon. Elle participa aussi au projet de financement pour la réalisation de l’École militaire aux côtés de son ami Joseph Paris Duverney. Personnellement, elle apprit à danser, dessiner, graver[note 8], mais aussi à chanter et jouer de la guitare grâce à Pierre de Jélyotte, professeur de musique. D'après tous les témoignages, même ceux de ses ennemis les plus acharnés, elle chantait et jouait admirablement[63]. Son frère, le marquis de Marigny, fut surintendant des bâtiments du roi et, à ce titre, l’un des promoteurs du style « à l’antique ».

Le « style Pompadour » était en plein épanouissement avant qu’elle ne devînt la maîtresse du roi.[réf. nécessaire]

Elle exerce un véritable mécénat par de nombreuses commandes aux peintres Boucher[64], La Tour et van Loo[65]. Elle encourage un grand nombre d’artistes comme le peintre Nattier, le graveur Cochin, l’ébéniste Oeben, le sculpteur Pigalle, le gainier Jean-Claude Galluchat ou encore l’écrivain La Place.

Gastronomie[modifier | modifier le code]

  • La légende veut que la marquise de Pompadour ait eu une véritable passion pour la soupe de truffes et de céleri, arrosée de tasses de chocolat ambré, selon les Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. Ces aliments avaient la réputation d'être aphrodisiaques, « échauffant les esprits et les passions ».
  • Grande amatrice de champagne, dont elle aurait dit, selon la légende, qu’il est « le seul vin qui laisse la femme belle après boire »[66], la marquise de Pompadour favorisa sa consommation à Versailles. Mais le champagne avait été introduit à la cour sous la Régence. Une légende veut que la première coupe à champagne ait été moulée sur son sein[67].
  • La « sauce Pompadour », utilisée notamment dans les « asperges à la Pompadour », est une sauce hollandaise dans laquelle est incorporé du macis[68].

Résidences[modifier | modifier le code]

Durant sa vie, la marquise de Pompadour a résidé dans les châteaux suivants, successivement et parfois simultanément :

En 1762, sous l’impulsion de la marquise, Louis XV ordonne la construction d’un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour supervise les plans et la construction de ce qui allait devenir « le Petit Trianon » et devait être sa future résidence à la cour. Mais sa mort en 1764 ne lui permet pas d’assister à l’achèvement de son œuvre et c’est la nouvelle favorite du roi, Madame du Barry, qui l’inaugure aux côtés du roi et s’y installe.

Dans les arts[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Mode[modifier | modifier le code]

  • Le créateur britannique de chaussures de luxe Rupert Sanderson, s'inspire des souliers de Madame de Pompadour et imagine une ligne d'escarpins, pour sa collection automne-hiver 2012-2013.

Honneurs[modifier | modifier le code]

  • La marquise de Pompadour est l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions » afin de représenter la région Limousin où elle était propriétaire d'un domaine.
  • Création de la rose « Madame de Pompadour » (obtenteur Gaujard)[72].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Sources modernes[modifier | modifier le code]

Sources anciennes[modifier | modifier le code]

Acte de décès de Madame de Pompadour en date du .
Paroisse Notre-Dame à Versailles.
Archives départementales des Yvelines et de l'ancienne Seine-et-Oise.

Département des Yvelines :

Département de Paris :

  • Archives nationales - no 60 rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris
  • Bibliothèque nationale de France - Bibliothèque numérique Gallica :
    • Nicole du Hausset, Mémoires de Madame du Hausset, femme de chambre de Madame de Pompadour, Baudoin frères (Paris), (lire en ligne)
      Auteur : Nicole du Hausset (1713-1801) servante, confidente et dame de compagnie de Madame de Pompadour. Annotation de l'ouvrage par Quentin Craufurd (1743-1819) écrivain britannique.
    • Plan du couvent des Capucines en 1686 : « Plan de l'étage au rez-de-chaussée du couvent à bastir pour les Capucines de la rue Saint-Honoré »
      La Nef de l'église (A) dispose de chaque côté, de quatre chapelles (H). Six d'entre elles sont matérialisées sur le plan d'origine. Le chœur de nuit (D) et la grande sacristie (E) deviendront les deux dernières, de part et d'autre du sanctuaire (B).
      À l'entrée du couvent des Capucines, en bas et à gauche de la Nef, se situe la première chapelle où reposent Madame de Pompadour, sa fille Alexandrine et sa mère Louise, Madeleine de La Motte. Ce caveau était précédemment la propriété de la famille de La Trémoille.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles de l'encyclopédie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'acte de décès de Madame de Pompadour en date du 17 avril 1764 à Versailles, mentionne ses titres sans toutefois respecter l'ordre d'accession : « très haute et très puissante dame madame Jeanne Antoinette Poisson, duchesse marquise de Pompadour et de Menar ».
  2. L'acte de baptême original a été détruit dans l'incendie de l'hôtel de ville de Paris en , sous la Commune. Mais l'historien Auguste Jal (1795-1873) l'avait recopié à partir des registres de l'église Saint-Eustache :

    « Du mercredi 30 décembre 1721, fut baptisée Jeanne-Antoinette Poisson, née d'hier, fille de François Poisson, écuyer de S.A.R. monseigneur le duc d'Orléans, et de Louise-Madeleine de La Motte, son épouse, demeurant rue de Cléry.
    Le parrain Jean Pâris de Montmartel, écuyer, conseiller secrétaire du Roy, maison couronne de France et de ses finances. La marraine Demoiselle Antoinette-Justine Pâris, fille d'Antoine Pâris, écuyer, trésorier, receveur général de la province de Dauphiné. (signatures) Pâris de Montmartel, Antoinette-Justine Pâris, Poisson, Secousse. »

  3. Cette nièce de la comtesse d'Estrades, qui était la cousine et une des ennemies de la favorite, faillit obtenir le renvoi de la marquise. Son cousin, le comte de Choiseul, obtint d'elle les lettres que Louis XV lui avait écrites, et les transmit à Madame de Pompadour, inaugurant ainsi sa relation avec la favorite.
  4. François Poisson revient à Paris en 1736, après versement d'une provision de 400 000 livres. Un arrêt du conseil le décharge d'une partie de sa dette en 1739. Enfin, la sentence de 1727 est cassée et François Poisson est rétabli dans ses droits en 1741.
  5. Archives paroissiales Notre-Dame de Versailles : Archives départementales des Yvelines - 2 Avenue de Lunca 78180 Montigny-le-Bretonneux
    Cote du registre : 1112503. L'acte de décès transcrit ne tient pas compte des ratures, des renvois et mentions marginales avec signature :« L'an mil sept cent soixante et quatre le dix sept d'avril, très haute et très puissante dame Madame Jeanne Antoinette Poisson,
    duchesse marquise de Pompadour et de Menar,
    dame de St Oüen près Paris et autres lieux,
    l'une des dames du palais de la Reyne,
    décédée d'avant hier, âgée de quarante trois ans,
    a été transportée par nous soussigné curé
    aux Capucines de Paris lieu de sa sépulture,
    en présence de Pierre Benoist prêtre et de Sébastien Lefevre
    qui ont signé. Allart curé, Benoist prêtre, S. Lefebvre »
  6. Cette chapelle a été détruite sous le Premier Empire, en 1806. Elle serait aujourd'hui située à l'intersection de la rue de la Paix et de la place Vendôme (anciennement place Louis-le-Grand). Pour plus d'informations, se reporter à l'histoire du couvent des Capucines et plus particulièrement au chapitre consacré à sa disparition[48].
  7. Dans ce petit portrait en pied, la marquise renonce délibérément à la pose officielle pour se montrer sous les traits d'une personne privée qui pose en négligé, sans dentelles et bijoux, dans un lieu de sociabilité intime. Vêtue d'une robe de satin crème « à l'espagnole (es) » rehaussée d'un tour de cou orné d'un ruché, elle occupe le centre de la composition. Sa main droite fronce sa robe pour dégager le jupon. Un pan de la robe repose sur le fauteuil en velours, dans une cascade qui fait écho aux lignes sinueuses des pieds du mobilier, effet typique du style rococo. Sa main gauche effleure rêveusement les touches d'ivoire du clavier d'un clavecin. Peut-être s'apprête-t-elle à étudier longuement un de ses rôles chantés, comme le suggère une bougie allumée dans un chandelier à deux branches qui éclairera (la nuit) une partition de musique ? Les roses disséminées à terre, comme si elles étaient tombées du bouquet ornant son corsage, peuvent évoquer l'évolution de sa relation avec le roi qui s'est officiellement transformée en amitié en 1752. Elle est représentée entourée d'objets destinés à évoquer ses centres d'intérêt et ses talents, et rappelant son rôle de protectrice des sciences, des lettres et des arts : au premier plan, sont répandus à terre mappemonde, carte roulée, porte-crayon, livre dont la couverture de cuir rouge à ses armes se reflète dans le bois laqué du clavecin ; au second plan, le haut miroir, la bibliothèque massive surmontée d'une horloge et d'un vase céladon[59].
  8. Elle occupe le premier rang des graveurs-amateurs du XVIIIe siècle grâce à ses deux professeurs Boucher et Cochin dont on décèle souvent la main dans les 52 œuvres gravées de la marquise qui n'aurait fait que mettre son nom sur elles. « Il est certain que Boucher se prêtait à d'innocentes supercheries capables d'augmenter la réputation de la marquise comme graveur ; le cas est flagrant avec l'estampe représentant une scène de Rodogune. D'après la lettre de cette gravure, le dessin serait de Boucher ; il aurait été gravé à l'eau-forte par Mme de Pompadour et retouché par Cochin[62] ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Michel de Decker, La Marquise des plaisirs : Madame de Pompadour, Paris, Pygmalion, .
  2. Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire : Errata et supplément pour tous les dictionnaires historiques, Paris, Éditions Henri Plon, (1re éd. 1867), 1382 p. (lire en ligne), « Pompadour Jeanne Antoinette Poisson, marquise de », p. 985.
  3. Les registres paroissiaux originaux de Paris sont détruits lors de la Commune en 1871, mais la date et lieu de naissance du marquis de Marigny figurent dans son acte de mariage, le 11 janvier 1767 à Menars avec Marie, Françoise Julie Constance Filleul. Celle-ci est née le 15 juillet 1751 en la paroisse de la Sainte-Trinité à Falaise, fille de Charles François Filleul et d'Irène du Buisson de Longpré, maîtresse de Louis XV. Source : registres paroissiaux de Menars-le-Château aux archives départementales de Loir-et-Cher.
  4. Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Paris, éditions Fayard, (1re éd. 1985).
  5. Alfred Leroy, Madame de Pompadour et son temps, Paris, Éditions Albin Michel, , p. 24.
  6. Xavier Salmon, Madame de Pompadour et les arts, Paris, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, , p. 64 à 65.
  7. Ludovic Michel, Prestigieuse Marquise de Pompadour, Paris, Société Continentale d'Éditions Modernes Illustrés, , p. 13.
  8. Philippe Cachau, Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778), Paris-I, , « Maison Poisson,t.II, p.1123-1126 ».
  9. Pierre de Nolhac, Louis XV et Madame de Pompadour, Paris, Éditions Calmann-Lévy, , 292 p. (lire en ligne), chap. 1er (« Madame Le Normant d'Étioles »), p. 41.
  10. Maurice Hamon, Madame de La Ferté-Imbault, Editions Perrin, , pages 28 à 30
  11. Henri Carré, La marquise de Pompadour. Le règne d'une favorite, Hachette, , p. 16.
  12. Alfred Leroy, op. cit., p. 42.
  13. a et b Évelyne Lever, Madame de Pompadour, Paris, Éditions Perrin, coll. « Biographies historiques », (réimpr. 14 mai 2009) (1re éd. 16 mars 2000), 408 p. (ISBN 978-2-262-02583-0, présentation en ligne), « Madame d'Étiolles », p. 26 à 27..
  14. Jean Nicolle, Madame de Pompadour et la société de son temps, Paris, Éditions Albatros, , 367 p. (BNF 34654574), p. 104.
  15. Société des Amis de Versailles – Château de Versailles Appartement Madame de Pompadour.
  16. Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Fayard, , p. 103.
  17. Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Fayard, , p. 41.
  18. Nancy Mitford, Madame de Pompadour, Random House, , p. 42.
  19. Robert Muchembled, Madame de Pompadour, Fayard, , p. 127.
  20. Alfred Leroy, Madame de Pompadour et son temps, Albin Michel, , p. 70.
  21. https://www.versailles.fr/fileadmin/user_upload/Versailles-fr/Culture/Etablissements_culturels/Mus%C3%A9e_Lambinet/Expositions/brochure-10-ans.pdf
  22. Madame de Pompadour est propriétaire de différents ermitages :
    « Ermitage de Versailles »
    « Ermitage de Fontainebleau »
    « Ermitage de Compiègne ».
  23. « L'Odyssée d'une vasque royale », sur histoire-vesinet.org (consulté le ).
  24. Pierre de Nolhac, Madame de Pompadour et la politique, Paris, Éditions Louis Conard, coll. « Versailles et la cour de France » (no 7), , 340 p., p. 47.
  25. Jean Nicolle, Madame de Pompadour et la société de son temps, Paris, Éditions Albatros, , 367 p. (BNF 34654574), p. 77.
  26. Xavier Salmon, Madame de Pompadour et les arts, Réunion des Musées Nationaux, , p. 120.
  27. Xavier Salmon, Madame de Pompadour et les arts, Réunion des Musées Nationaux, , p. 78.
  28. Gustave Schelle, Le Docteur Quesnay : chirurgien, médecin de Mme de Pompadour et de Louis XV, physiocrate, Paris, F. Alcan, 1907, p. 95-96.
  29. Robert Muchembled, Madame de Pompadour, Fayard, , p. 129.
  30. a et b Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Paris, Éditions Fayard, coll. « Histoire », (réimpr. juin 2002), 306 p. (ISBN 978-2-213-01516-3, présentation en ligne), « L'amour platonique », p. 154 à 155.
  31. Bernard Hours, Louis XV : un portrait, Toulouse, Éditions Privat, coll. « Histoire », , 732 p. (ISBN 978-2-7089-6898-1), p. 316.
  32. Henri Pigaillem, Dictionnaire des favorites, Paris, Éditions Pygmalion, , 493 p. (ISBN 978-2-7564-0254-3), p. 41
  33. Jean Meyer, Louis XV ou le scepticisme politique, Paris, éditions Sicre, , 176 p. (ISBN 978-2-914352-58-1), p. 88.
  34. Elle crée sa propre troupe de théâtre composée d'amateurs aristocrates et fait construire en 1748 sur l'escalier des Ambassadeurs de Versailles le théâtre des Petits Cabinets, destiné à des représentations privées. Source : Adolphe Jullien, Histoire du théâtre de Madame de Pompadour dit théâtre des Petits Cabinets, Paris, Éditions J.Baur, , 84 p. (lire en ligne).
  35. Benedetta Craveri, Reines et favorites : Le pouvoir des femmes, Paris, Éditions Gallimard, , p. 296.
  36. Aurélien Fayet et Michelle Fayet, L'histoire de France. Des origines à nos jours, Éditions Eyrolles, , p. 178.
  37. Xavier Salmon, Madame de Pompadour et les arts, Réunion des Musées Nationaux, , p. 134.
  38. « De l’hôtel d’Évreux au Palais de l’Élysée », sur www.historia.fr (consulté le )
  39. Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Paris, éditions Fayard, (1re éd. 10 janvier 1985), 306 p. (ISBN 978-2-213-01516-3), « La treizième dame du palais », p. 212.
  40. a b c et d Guillaume Garcia-Moreau, « Le château de Saint-Ouen et Madame de Pompadour », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français,‎ , p. 221-240 (lire en ligne).
  41. « Tableau animé représentant le château de Saint-Ouen », sur Musée des Arts et Métiers
  42. Frédéric Lesueur, Mémoires de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, Blois, Éditions de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, , 268 p., « Menars, le château, les jardins et les collections de Mme de Pompadour et du marquis de Marigny ».
  43. (en) Colin Jones, The Great Nation : France from Louis XV to Napoleon, 1715–99, Columbia Univ., , p. 236.
  44. Au rez-de-chaussée du corps central du bâtiment, au nord.
  45. Évelyne Lever, Madame de Pompadour, Paris, éditions Perrin, coll. « Biographies historiques », (réimpr. 14 mai 2009) (1re éd. 16 mars 2000), 408 p. (ISBN 978-2-262-02583-0, présentation en ligne), « Un instant, monsieur le curé », p. 340 à 341.
  46. Jacques Levron, Secrète Madame de Pompadour, Arthaud, , p. 278.
  47. Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires, éd. par J.-P. Guicciardi, Paris, Perrin, 1990, p. 335.
  48. Consulter également La place Louis-le-Grand et le couvent des Capucines sur le site du musée Carnavalet.
  49. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, vol. 1 et 2, Éditions de Minuit, (1re éd. 1960), 1600 p. (ISBN 978-2-7073-1054-5)
    Site Jean-François Parot : Le couvent des Capucines
    Site Tombes et sépultures : Le couvent des Capucines de la place Vendôme.
  50. Michel de Decker, La Marquise des plaisirs : Madame de Pompadour, Paris, Éditions Pygmalion, , 216 p. (ISBN 978-2-85704-948-7), chap. XVIII (« Sous le pavé de la rue de la Paix »), p. 206.
  51. Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt, Madame de Pompadour, Paris, éditions Firmin Didot, (1re éd. 1881), 402 p. (lire en ligne), chap. 17, p. 306-313.
  52. Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Paris, Éditions Fayard, coll. « Histoire », (réimpr. juin 2002), 306 p. (ISBN 978-2-213-01516-3, présentation en ligne), p. 251.
  53. Benedetta Craveri, Reines et favorites. Le pouvoir des femmes, Gallimard, , p. 291.
  54. À l'annonce de sa mort, Voltaire écrit, le  : « ... je l'aimais cependant tant j'ai l'âme bonne; elle m'avait même rendu quelques petits services, j'avais pour elle de l'attachement et de la reconnaissance, je la regrette ».
  55. Hans Christoph Hobohm (de), « Le progrès de l'Encyclopédie. La censure face au discours encyclopédique», in E. Mass et P-E. Knabe (éd.), L'Encyclopédie et Diderot, dme-Verlag, 1985, p. 80.
  56. Son arrière petite-fille sera Aurore Dupin, plus connue sous le nom de George Sand.
  57. Consulter les ouvrages suivants : Francine Markovits, Montesquieu : Le droit et l'histoire, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, coll. « Bibliothèque des philosophies », , 232 p. (ISBN 978-2-7116-2155-2, lire en ligne), p. 131
    Antoine-Alexandre Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, vol. 2, Imprimerie Bibliographique (Paris), , 678 p. (lire en ligne), p. 136. L'édition que Claude Dupin a détruit est celle des « Réflexions sur l'esprit des lois ». L'auteur publie en 1752, une nouvelle version plus modérée : Observations sur l'Esprit des lois, et cette critique n'a pas fait l'objet d'un sort identique.
    Robert Ranjard, Le Secret de Chenonceau, Tours, éditions Gibert-Clarey, (1re éd. 1950), 256 p., « Monsieur et madame Dupin », p. 185.
  58. Aujourd'hui à la bibliothèque de l'Arsenal.
  59. Pierre Dehaye, Louis XV. Un moment de perfection de l'art français, Hôtel de la Monnaie, , p. 120
  60. « Madame de Pompadour et la Manufacture de Sèvres », Versailles passion, 5 avril 2015 (en ligne).
  61. Janine Terrasson, Madame de Pompadour et la création de la « Porcelaine de France », Bibliothèque des arts, , 144 p..
  62. Georges Brunel, Boucher, Flammarion, , p. 248
  63. Xavier Salmon (dir.), Madame de Pompadour et les arts, R.M.N., , p. 144
  64. « Madame de Pompadour », sur departments.kings.edu (consulté le )
  65. « La Pompadour en ses meubles à Versailles », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  66. XVIIIe siècle : Succès et consommation - 2.
  67. Jean-Noël Kapferer et Vincent Bastien, Luxe oblige, Éditions Eyrolles, , p. 112.
  68. (en) Charles Ranhofer, The Epicurean, Hotel monthly Press, , p. 313.
  69. a b c d e f g et h Claire Bommelaer, « La marquise de Pompadour, une multipropriétaire », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 25 / dimanche 26 novembre 2017, page 30.
  70. Nous retrouvons ces deux acteurs dans le téléfilm Jeanne Poisson, marquise de Pompadour, où Hélène de Fougerolles conserve le personnage de la marquise.
  71. « Les courtisanes: La Pompadour ou le roi amoureux », sur Imdb (consulté le )
  72. (de) « Photographie de la rose Madame de Pompadour », sur Welt der Rosen