Jeanne Laurent
Naissance |
Cast |
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Décès | (à 87 ans) |
Nationalité | Française |
Pays de résidence | France |
Diplôme | |
Profession |
Haut fonctionnaire |
Formation |
Jeanne Laurent, née le 7 mai 1902 à Cast (Finistère), et morte le [1], est une fonctionnaire française, initiatrice de la politique de décentralisation théâtrale sous la Quatrième République.
Biographie
Fille d'agriculteurs bretons, elle fait ses études à l'École nationale des chartes et soutient une thèse sur la quévaise en Bretagne[2]. En 1930, elle entre au ministère de l'Éducation nationale et au secrétariat de la Commission nationale des monuments historiques, puis est nommée au secrétariat d'État aux Beaux-Arts en 1939. Sous l'Occupation, elle fréquente l'association Jeune France, mise en place par le régime de Vichy, puis participe aux mouvements de Résistance auprès de Germaine Tillion.
Elle est nommée en 1946 sous-directrice des spectacles et de la musique à la direction générale des Arts et Lettres au ministère de l'Éducation nationale par Jacques Jaujard. À ce poste pendant six ans, elle développe une politique de décentralisation dramatique, désirant accroître la diffusion du théâtre en province, et le populariser.
Elle participe ainsi à la renaissance du Théâtre national populaire, à la fondation du festival d'Avignon, et crée les premiers centres dramatiques nationaux, à Colmar (centre dramatique de l'Est, 1946) et à Saint-Étienne (Comédie de Saint-Étienne, 1947), suivis du Grenier de Toulouse (1948), du centre dramatique de l'Ouest (1949) et de la comédie de Provence (1952). Elle met également en place un concours des jeunes compagnies et une subvention à la première pièce, afin d'encourager de nouveaux talents.
Sans plan établi, elle profite des circonstances et de son réseau d'amitié et de connaissances (Jean Vilar, Jean Dasté, André Clavé, etc.) pour implanter le théâtre hors de Paris, et s'appuie sur les talents qui émergent en région, plutôt que de nommer des comédiens en province depuis Paris. Ainsi, elle encourage les villes alsaciennes à protester contre la perte de financement des théâtres de la région, du fait de la fin de la tutelle allemande, ce qui mène à la constitution du CDN de l'Est[3]. Les autres centres dramatiques nationaux reposent également tous sur une troupe régionale existante (le Grenier à Toulouse, la troupe de Dasté à Saint-Étienne, le théâtre de Baty à Aix-en-Provence, etc.). Elle contribue à la mise en place d'une animation au château de Kerjean[4].
Isolée au sein du secrétariat d'État des Beaux-Arts, et critiquée par la presse et les directeurs de théâtre parisiens, elle est mutée à l'arrivée d'Antoine Pinay en octobre 1952, au Service universitaire des relations avec l'étranger et l'outre-mer, intégré rapidement au ministère de la Coopération. Malgré cette mise à l'écart, qui a suscité de nombreuses protestations et interrogations, elle continue de contribuer par écrit à la réflexion pour une action théâtrale de l'État, et publie deux essais, La République et les Beaux-Arts (1955) et Arts et pouvoirs en France de 1793 à 1981. Histoire d'une démission artistique (1982). Elle prend sa retraite d'administrateur hors classe en 1967, et meurt en 1989. Ses papiers personnels sont conservés au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France.
Publications
- Jeanne Laurent, La république et les beaux-arts, Paris : Julliard, 1955, 226 p.
- Jeanne Laurent, Un monde rural en Bretagne au XVe siècle La quévaise, Les Éditions de l’EHESS, Paris, 1972, 442 p.
- Jeanne Laurent, Bretagne et Bretons, Arthaud, 1974, 151-[68] p.
- Jeanne Laurent, Arts et pouvoirs en France de 1793 à 1981. Histoire d'une démission artistique, Saint-Étienne : CIEREC, 1982, 184 p.
- Jeanne Laurent, À propos de l'École des beaux-arts, Paris : École nationale supérieure des beaux-arts, 1987, 175 p.
Bibliographie
- Marion Denizot, Jeanne Laurent. Une fondatrice du service public pour la culture (1946–1952), Comité d'histoire du ministère de la culture, 2005 (ISBN 2-11-094280-2[à vérifier : ISBN invalide])
- Denis Gontard, La décentralisation théâtrale, Sedes, 1972, 542 pages.
- Hubert Gignoux, histoire d'une famille théâtrale, ANRAT / L'Aire théâtrale, 1984, 443 pages,
- Robert Abirached (sous la direction de), La décentralisation théâtrale, Tome 1, Le premier âge 1945-1958, Actes Sud Papier, 1992. Voir aussi le tome 2, la chronologie établie par Danièle Robin : L'État et le théâtre 1944-1968, pp.207-222.
- Marc Fumaroli, L’État culturel. Une religion moderne, éd. augmentée, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche / Biblio essais » (ISSN 0294-104X), Paris, 1992 (1re éd. 1991), 410 p. (ISBN 2-253-06081-X)
- Pascale Goetschel, Renouveau et décentralisation du théâtre (1945–1981), Presses universitaires de France, Paris, 2004, 496 p. (ISBN 2130537383)
- Emmanuelle Loyer, Le Théâtre citoyen de Jean Vilar. Une utopie d’après-guerre, Presses universitaires de France, Paris, 1997, 261 p. (ISBN 2130482953)
- Compte-rendu de la conférence de Marion Denizot, lors des Rencontres de la maison Jean-Vilar, juillet 2005
- Présentation du livre de Marion Denizot sur le site du ministère de la Culture et de la Communication
Archives
Un fonds Jeanne Laurent[5] a été déposé à la bibliothèque Yves-Le Gallo[6] du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de l'université de Bretagne occidentale. Il comprend des dossiers de presse et des correspondances.
Notes et références
- Fiche autorité de la BnF
- Site de l'École nationale des chartes
- Interview de Jeanne Laurent, dans Un public de 14 juillet (1946–1968). Les années fondatrices de la décentralisation du théâtre, INA, 2006
- J.-M. Abgrall, Bulletin de la Société archéologique du Finistère n° 119, Société archéologique du Finistère, Quimper, 1990, ISSN 0249-6763
- http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Laurent__Jeanne_
- http://portailcrbc.univ-brest.fr/