Jean de La Haye

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Jean de la Haye, ou Jean Piquet de la Haye, né au XIVe siècle et mort vers 1420, est un bourgeois de Paris, conseiller du roi Charles VI et trésorier général des finances français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Guillaume Picquet, seigneur d'Yvetot-Bocage, et de Perrette de La Haye, dame de La Haye-d'Ectot (fille du messire Renaud ou Regnault de La Haye, écuyer, seigneur de La Haye-d'Ectot (Manche), et de Jehanne Carbonnel, son épouse (morte avant 1401). Il a une sœur, Colette Piquet (x Jean Le Tellier[1] < suite des barons de La Luthumière, fondus au XVIIe siècle dans les Goyon-Matignon < les princes Grimaldi de Monaco et les Colbert de Seignelay).

Faisant partie des familiers du roi Charles VI de France, il reçoit le , avec d'autres « ont esté délivrés par ledit seigneur houppelandes pour eux vestir de la livrée que icelui seigneur a faite le 1er jour de mai 1400 jusques au nombre de 350. »[2]

Le , sa tante maternelle, Isabelle de La Haye, lui vend sa part sur ce qui lui revient[3].

Par acte du , devant Lecanu, tabellion à Pierremont, Guillaume Le Forestier, vend à « noble Jean de La Haye dit Picquet, écuyer, la part qui appartenait à Colette Piquet, sa femme, en fiefs et mouvances que le dit Le Forestier avait acquis à Paris, en 1395 au prix de 300 livres, à charge par ledit Piquet de payer 40 sols de rente et un épervier ou 10 sols au roi, et à Monsieur de Navarre 10 livres de rentes qui furent à la Reine Blanche. »[réf. nécessaire].

Il est seigneur de La Haye-d'Ectot, baron de La Luthumière (à Brix), seigneur de La Boursidière, du Plessis-Raoul qui devient Plessis-Picquet.

Vers 1407, il épouse Jeanne Dupuis (vers 1366-1436), veuve en premières noces de Nicolas Brûlart, ou (Nicolas Boulard), qui lui apporte en dot sa maison rue de l'Averon à Paris! et la seigneurie de Plessis-Raoul qui prendra le nom de son nouveau seigneur Plessis-Picquet, qui lui restera jusqu'en 1909 pour devenir le Plessis-Robinson. Ils font construire en 1412 une « maison de plaisir » qui existe toujours et servant de mairie. Dans les comptes de la Maison de la reine Isabeau de Bavière, il est fait mention de « Jean Piquet, escuyer, conseiller du roi nostre sire et de la reine, auquel ladite dame, par ses lettres données le 17e jour de décembre de l'an 1412, mande bailler et délivrer par ledit trésorier des deniers des finances d'icelle dame, pour l'année finie le derrenier jour de septembre l'an dessus dit, la somme de 300 livres que ladite dame lui a donnez par ses dites lettres pour avoir une haquenée pour lui, pour considération des bons et agréables services que ledit Piquet a faitz et fait chacun jour au roi notre dit seigneur et ladite dame et espère icelle dame que encore face »[réf. nécessaire].

Dans les remontrances de l'Université aux États Généraux, le , Piquet est nommément cité par Benoît Gentien, religieux de Saint-Denis, et Eustache de Pavilly, carmes qui reproche à ce dernier de n'être pas assez sévère : « 94 000 francs d'or suffisaient anciennement pour la dépense journalière et pour soutenir magnifiquement l'Estat des Roys, des Reynes et des enfants de France. Les créanciers estaient bien payés et cela ne se fait plus aujourd'hui ; quoique pour y satisfaire pour votre Maison, pour celle de la Reyne et pour celle de Monsieur de Guyenne [le dauphin], un Sire de Fontenay et un autre nommé Piquet en reçoivent tous les ans 450.000 des Maistres de la Chambre aux deniers encore ne payent-ils pas les provisions. Que si l'on y mettait ordre par une bonne réformation, votre Majesté reconnaîtrait qu'ils se sont enrichis outre mesure, que c'est de son argent qu'ils se sont donné cette quantité superflue de toutes sortes de beaux meubles et qu'ils se sont basty des palais somptueux qui surpassent l'éclat et la pompe des Maisons royales »[réf. nécessaire].

En avril 1415, la reine étant à Melun avec son fils Louis, duc de Guyenne et dauphin de France qui s'en retourna à Paris et « Fit savoir aux princes qui, avec la Royne estoient qu'ils s'en rallassent à leurs hostels, tant que le Roy ou lui manderoient. Le duc de Guyenne sçachant que la Royne sa mère avoit grans finances es ostels de Michault, de Laillier, de Guillaume Languin et Piquet de La Haye fit prendre toute icelles finances et porter en son Hostel. Puis après manda et assembla ceux de l'Université de Paris, les Prévosts de Paris et des marchands et plusieurs bourgeois de laditte ville auxquels il fit remonstrer par l'Evesque de Chartres, comment le royaume et le Roy son père estoient gouvernez. Comment le duc d'Anjou avait osté le trésor du Roy Charles Quint, son grand-père, porté et despendu en Italie »[réf. nécessaire].

La reine visita le Plessis sur son invitation, une quinzaine de jours, de juin au , avec ses proches. Ayant une grande influence sur la Reine Ysabeau de Bavière, il lui fit prendre pour confesseur un de ses parents : Guillaume de La Haye. Jean de La Haye fut nommé trésorier général des Finances. Pendant cette visite la reine fit remettre par ses gens des présents qu'elle leur rembourse : « À Diom Menart qu'il avait payé du sien et baillé par ordonnance de la Reyne aux gens de Piquet qui avaient fait certain présent à laditte dame… 15 sols. A Thévenin Bridel qu'il avait presté du sien et donné par ordonnance de la Reyne à une bonne femme qui lui avait donné et présenté du fruit au Plessis-Piquet, par commandement de Jehnote… 8 sols (Jehnote prénom d'amitié de Jeanne fille du duc d'Orléans). A maistre Guillaume le Baudreyer, contrôleur de la Chambre aux deniers, pour les dépens de luy ses gens et chevaux fais pour deux jours qu'ils a esté du Plessis-Piquet à Paris devers le Chancelier de laditte dame par commandement de Madame Nomant le … 54 sols »[réf. nécessaire].

En 1417, Jean II Jouvenel des Ursins écrit : « En 1417, les Français furent desconfits à bouche de Seyne devant Honnefleu et estoient dedans neuf carraques de Geneuois et estoient les chefs des Français, le vicomte de Narbonne, le sire de Montenay, et le Bastard de Bourbon. Et estoient chefs des Anglois le duc de Bethford, le duc de Clocestre, frères du roi d'Angleterre Lesdits Anglois gaignèrent deux carraques et en perit deux autres et les cinq s'en allèrent en Bretaigne, et se sauvèrent dedans trois des chefs des Français et feut prins en une des carraques le bastard de Bourbon. Et eurent grand blame de celle perre Piquet de la Haye, Général de France et Maistre Regnier de Baullegny qui estoient commis à payer les gens d'armes et à aduitailler l'armée […] »[réf. nécessaire]. Il prit le parti du dauphin Charles, uniquement pour ses intérêts, cette défaite devant Harfleur coûta à la France la perte de la Normandie et de Rouen. Retiré dans le château de Cherbourg, il ne rendit cette place que le . Henri V d'Angleterre lui saisit tous ses biens dans le Cotentin et les concéda le à Thomas Burgh de Clauricarde. Thomas II Burgh de Clauricarde, en fit l'héritage et les conservera jusqu'en 1450.

Après les victoires anglaises et le traité de Troyes,[1420), il abandonnera le Plessis et se réfugiera avec son épouse à Angers. Richard de Beauchamp, comte de Warwick (1382-1439), qui en l'absence de Jean de Lancastre (1389-1435), duc de Bedford qui était régent de France et gouverneur de Paris, s'octroya l'hôtel des Picquet rue Pecquay à Paris, et donna la seigneurie du Plessis à Guillaume de Dangueil en 1423. Le , Henri VI d'Angleterre octroie un revenu de 4000 livres sur différentes terres, dont celle du Plessis, à Jean de Villiers (1384-1437), maréchal de France et seigneur de l'Isle-Adam. Il avait donné quelque temps auparavant la même terre à Michel de la Tillaye, ainsi qu'à Jacquin Langlois, puis à un cinquième propriétaire en 1433.

Jean de La Haye est mort vers 1420. Sa sœur Colette avait épousé Jean Le Tellier en 1389. Les biens de Jean de La Haye revinrent en 1451 à la famille Le Tellier.

Hommage[modifier | modifier le code]

Une rue du 4e arrondissement de Paris, dans le quartier des Blancs-Manteaux, la rue Pecquay, porte son nom avec une orthographe déformée. Il y avait fait construire son hôtel particulier[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « famille de La Luthumière », sur WikiManche
  2. Georges Teyssier, Le Plessis-Piquet : ancien Plessis-Raoul, 1112-1185, Paris, Librairie Hachette, , 123 p., p. 14. Le Plessis-Piquet sur Gallica
  3. « à noble homme Jean Piquet, écuyer, conseiller du roi nostre sire, tout ce qui pouvait lui appartenir aux paroisses de Barneville, Esquetot, Cartrait et ailleurs, tant en manoir, domaines, bois, près, colombiers, moulins […] au prix de 100 écus d'or à la couronne, chacun du prix de 22 sols 6 deniers la pièce et 3 écus d'or pour vin. »[réf. nécessaire]
  4. Jean Lefeuve, Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Paris, 1875.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cartulaire de Notre-Dame de Paris
  • Comptes de la Maison de la Reine[réf. nécessaire]
  • Jean II Jouvenel des Ursins, Histoire de Charles VI Roy de France et des choses mémorables advanues durant quarante deux années de son règne depuis 1380 jusqu'en 1422, Paris, 1430
  • T. Sauval, Les comptes de la prévôté de Paris
  • Jean Lebeuf, Histoire de la Ville et de tout le Diocèse de Paris, tome VII, 1754-1758, p. 402 (en ligne)
  • Père Anselme, Histoire généalogique de la Maison de France
  • René Pottier, Histoire d'un village, le Plessis-Robinson
  • Georges Poisson, Évocation du Grand Paris, tome I La Banlieue Sud, Éd. de Minuit, 1956, p.444-453.
  • Alain Valtat, Histoire du Plessis-Robinson, Éd. Art-Photo, Imprimerie Marianne au Plessis-Robinson, 1972, p.6.
  • Jules Claisse, Le Plessis-Robinson, Éd. la Mairie du Plessis-Robinson, 1984, p.40-54.

Lien externe[modifier | modifier le code]