Jean Leclerc de Pulligny

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jean Leclerc de Pulligny
Fonctions
Conseiller municipal du Vésinet
-
Administrateur
Caisse d'épargne
à partir de
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Château du Chesnay-Haguest (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
AntibesVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière du Vésinet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Florentin Marie Félix Augustin LeclercVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Père
Conjoint
Théodora Françoise Lucassen (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Théodore Reinier Nicolaas Lucassen (d) (beau-père)
Magdalena Maria van Braam Morris (d) (belle-mère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
American Society of Civil Engineers ()
Société française de photographie ()
Société Ernest-Renan (d)
Société du folklore français (d)
Photo-club de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Partenaire
Alphonse Darlot (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Archives conservées par

Jean Leclerc de Pulligny, ou Le Clerc de Pulligny ( au château du Chesnay-Haguest à Écos à Antibes), est un polytechnicien français, diplômé de l'École nationale des ponts et chaussées. Impliqué dans la sociologie du travail, puis dans la photographie, il achève sa carrière comme inspecteur général des ponts et chaussées.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

En 1860, son père, Félix Leclerc de Pulligny, voyageur et savant, et son oncle Victor sont autorisés par décret impérial à ajouter à leur nom patronymique celui de Pulligny[2]. La mère de Jean est Sophie Huvé de Garel[3].

Jean Leclerc de Pulligny entre à l'École polytechnique le (13e sur 236 admis). Il sort de l'école 33e sur 235, ce qui lui permet d'intégrer le service des ponts et chaussées en [4],[3]. Il en sort diplômé en 1882[5].

Charité publique et charité privée[modifier | modifier le code]

Jean Le Clerc de Pulligny est ingénieur des ponts et chaussées, mais il se soucie beaucoup de la situation du prolétariat. Il participe au congrès international de la Charity Organization Society de 1896 à Genève. Détaché depuis [3] et en poste au ministère du commerce, responsable de la police sanitaire et industrielle[6]. Jean Le Clerc de Pulligny représente l'office du travail[7] au congrès de la société internationale pour l'étude des questions d'assistance[8].

Il est un leplaysien dissident actif à la société d'économie sociale. Il y reprend exactement les principes et la méthode de la « charité scientifique » : réaliser une enquête avant toute attribution de secours, faire de la disposition à travailler la pierre de touche de toute aide aux indigents valides, diriger ceux-ci vers des œuvres privées d'assistance par le travail, favoriser la collaboration de tous les éléments charitable publics et privés. Il est rédacteur en chef, gérant du Bulletin de l'Office du Travail en 1896[9],[10] et secrétaire de la commission d'hygiène industrielle instituée par le ministre du Commerce Alexandre Millerand[11] par arrêté du . En 1902, Pulligny propose à la publication dans les Cahiers de la Quinzaine (directeur : Charles Péguy) un article intitulé « Les Poisons industriels, Hygiène industrielle générale »[12]. Pulligny est répertorié comme contributeur régulier et livre ses points de vue à Péguy[13]. Deux articles dans le 5e cahier de la 7e série figurent sous le nom de plume de Jean Le Clerc, extraits du bulletin de l'office du travail.

En 1904, il traduit en français Un nouveau catéchisme, catéchisme rationaliste d'un Américain d'origine arménienne, Mangasarian (op. cit.). Trois ans plus tard, il figure au nombre des créateurs de l'union de libres penseurs et de libres croyants pour la culture morale[14] que préside Gabriel Séailles. Jean Leclerc de Pulligny, franc-maçon[14], s'intéresse à l'histoire des religions. L'association regroupe des libres penseurs occupant de hautes responsabilités dans l'administration et des protestants libéraux[15]. Il est cité comme « fermement attaché aux valeurs de la libre pensée »[16].

En , Pulligny prend l'initiative, avec un petit groupe de penseurs et de savants, de rencontrer le ministre de l'Instruction publique, Gaston Doumergue. La délégation lui demande de faire insérer dans le budget et dans la loi de finances en préparation les crédits nécessaires pour organiser dans les principales universités de France un enseignement de l'histoire générale des religions[17]. Le ministre, confirmant les assurances données précédemment sur le sujet par Aristide Briand, répond favorablement à la demande.

Alfred Loisy a conservé les correspondances de Leclerc vers lui, entre et [18].

Du 8 au , il participe au congrès international de l'histoire des religions tenu pour le centenaire de la naissance d'Ernest Renan[19].

Au Vésinet, il a créé avec sa femme une œuvre de soutien aux étudiantes pauvres, logées et nourries pendant plusieurs décennies, dans leur villa Trianette (une quinzaine de personnes)[20]. En juillet 1992, un article du Radical traite de cette œuvre dans ses colonnes[21].

La situation de la classe ouvrière[modifier | modifier le code]

Ancêtre de l'Inspection de l'environnement, le comité consultatif des arts et manufactures est le bras armé de l'État en matière de « protection légale des travailleurs »[22]. Il a été institué par un décret du [23] ; Leclerc de Pulligny en devient membre et le secrétaire[23],[24].

À ce titre, en 1897, on lui doit un rapport sur les conditions d'hygiène dans les filatures de lin. Son étude débouche en 1906 sur une circulaire sur les vestiaires[23].

En 1908, Jean Leclerc de Pulligny participe au Traité d'hygiène[25] en coordonnant la rédaction du fascicule VII consacré à l'hygiène industrielle générale avec Charles Boulin, sous l'égide des professeurs André Chantemesse et Ernest Mosny.

Un pictorialiste[modifier | modifier le code]

Vue de l'objectif à paysage.

Leclerc de Pulligny est un photographe amateur. Il met au point avec Constant Puyo un objectif photographique tirant parti des aberrations optiques pour obtenir le flou artistique. Émile Joachim Constant Puyo, dit le commandant Puyo (1857-1933), a fait comme Leclerc de Pulligny ses études à Polytechnique. Il met au point des objectifs et téléobjectifs anachromatiques[26]. Dans les années 1900, Leclerc de Pulligny travaille avec Puyo sur la théorie chromatique[27]. Ensemble, ils écrivent Les Objectifs d'artistes (op. cit.).

Il adhère aux associations de photographes amateurs : photo-club de Paris (1902), comme Puyo ; puis la société française de photographie. De Pulligny comme Puyo, avec Robert Demachy et Louis-Victor Emmanuel Sougez sont « les pères d'une école française de photographie », selon René Servant[28].

Le produit phare mis au point porte le nom commercial de Adjustable Landscape Lens (objectif à paysage) et est développé par l'opticien parisien Alphonse Darlot[29],[30], installé 14, rue Chapon puis au 125, boulevard Voltaire.

Missions professionnelles[modifier | modifier le code]

Il est directeur général de la « société de dragage d'extrême orient », créée pour mener à bien les travaux du port de Pernambouc à partir de 1909 (50 millions[31] de travaux sur 5 ans). L'ossature financière du projet repose sur la création, le , de la « société de construction du port de Pernambouc » (Edmond Bartissol membre), dans laquelle Leclerc figure à titre de conseiller technique aux côtés de son camarade Édouard Quellenec (ingénieur-conseil du canal de Suez)[32]. C'est à ce titre qu'il se voit promu officier de la Légion d'honneur le , sur proposition du ministre du Commerce[5]. Rentré en Europe au moins depuis septembre 1910, il se fait remettre ses insignes par Arthur Fontaine le [3] à Paris.

Jean Leclerc de Pulligny est chargé de diriger la Mission française d'ingénieurs aux États-Unis, de à , organisée par Marcel Sembat, ministre des Travaux publics.

En , lors de la seconde convention nationale des Good Roads Federal-Aid, à Washington (district de Columbia), Leclerc de Pulligny développe devant son auditoire les méthodes françaises de construction des routes, les comparant de façon peu flatteuse à celles mises en œuvre aux États-Unis. Il rend compte en janvier-février 1914 dans les annales des ponts et chaussées de la construction du Barge Canal, ouvrage qu'il compare par son ampleur au canal de Panama[33].

Durant la Première Guerre mondiale, Leclerc de Pulligny commande un bataillon du génie. Il est grièvement blessé et obtient la croix de guerre.

Puis il est le délégué rapporteur pour la France à l'Exposition internationale de Panama-Pacific tenue à San Francisco (septembre-).

Il poursuit, durant sa retraite, des recherches sur la dessiccation des mollusques, dans l'espoir d'obtenir des poudres protéinées susceptibles de lutter contre la dénutrition. En 1922, sa femme meurt à Paris (7e), dans un appartement sis 49 rue Barbet-de-Jouy.

En 1923, il occupe le grade fonctionnel d'inspecteur général des ponts et chaussées[19].

En , sa participation à un concours pour favoriser la consommation de poisson de mer en France lui vaut une première médaille[34]. Il habite alors la villa L'Enclos, route du Cap (actuel 5 boulevard du Maréchal-Leclerc)[34],[35] à Antibes où il s'est installé[36]. Il meurt le à son domicile du 3 chemin des Cèdres[37]. Jean Leclerc de Pulligny est inhumé au cimetière du Vésinet avec sa femme Théodora, sa fille Dora et, depuis 2012, sa petite-fille Alberte de Bollardière, née de Jouffroy d'Abbans.

La société Ernest Renan lui rend hommage lors de sa séance du [38].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Leclerc de Pulligny père.

Jean Leclerc de Pulligny se marie le à Paris avec Théodora Françoise Lucassen (1860-1922 à Thonon), fille de Théodore Reinier Lucassen et Magdalena van Braam-Morris. Ils ont quatre filles, Dora Leclerc de Pulligny (1883-1889), Henriette de Pulligny de Chevilly[39], Marie-Claire de Jouffroy d'Abbans[40] et Jeanne du Mesnil du Buisson.

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • Florentin Leclerc, Le But de la vie (présentation en ligne).
  • Le Congrès des ingénieurs à l'Exposition de San-Francisco et l'achèvement du Canal de Panama, vol. Extrait des Mémoires de la Société, t. Société des ingénieurs civils de France, Paris, coll. « Bulletin », , 69 p. (présentation en ligne).
  • Création d'un service départemental de désinfection : rapport de la commission nommée par arrêté de M. le préfet des Bouches-du-Rhône en date du , t. Extrait du Marseille médical, Marseille, Barlatier et Barthelet, (présentation en ligne).
  • avec Pierre Boulin, Maurice Courtois-Suffit, Charles Lévi-Sirugue, Jules Courmont, Traité d'hygiène : Hygiène industrielle, vol. VII, Paris (19, rue Hautefeuille), Jean-Baptiste Baillière et fils, , 610 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
  • Ministère des Travaux publics. Quatrième Congrès international de navigation intérieure, tenu à Manchester en 1890 : Canal maritime de Manchester, Paris, Imprimerie nationale, 111 p. (présentation en ligne).
  • Note sur les marées de la Méditerranée et le marégraphe de Marseille : avec un appendice sur le niveau moyen des mers en Europe, Marseille, Barlatier et Barthelet, , 19 p. (présentation en ligne).
  • Les Objectifs d'artistes : pratique et théorie des objectifs et téléobjectifs anachromatiques (Constant Puyo), Paris, Photo-club de Paris, coll. « Bibliothèque de la Revue française de photographie », , 142 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
  • Pour les médecins automobilistes : le pouls au chronographe, Paris, Masson, , 7 p. (présentation en ligne).
  • Mangasar Mugwiditch Mangasarian (trad. Leclerc de Pulligny, préf. Émile Vandervelde), Un nouveau catéchisme [« A new catechism »], Paris, 127 p. (présentation en ligne).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/fonds/edi/sm/sm_pdf/F14%20Ingenieurs%20Ponts.pdf »
  2. Décret impérial du , Bulletin des lois de France, p. 91.
  3. a b c et d Base Léonore, dossier LH de Jean Leclerc de Pulligny.
  4. Notice complète de l'élève, Bibliothèque centrale de l'école polytechnique.
  5. a et b Archives Nationales, F/14/11572, dossiers des ingénieurs des Ponts et Chaussées, carton "Leclerc de Pulligny à Lécuyer".
  6. L'État, moteur du progrès, extrait.
  7. L'Office du Travail (1891-1914). La République et la réforme sociale, Isabelle Lespinet-Moret, sur cairn.info.
  8. Organiser la charité, rendre le secours efficace - Institutions et acteurs de l'assistance par le travail à Paris (1889-1905), sur cairn.info.
  9. Philippe Gérard, François Ost et Michel Van de Kerchove (dir.), L'accélération du temps juridique, Bruxelles, Presses de l'Université Saint-Louis, coll. « Collection générale », , 931 p. (ISBN 9782802801320, présentation en ligne), p. 881.
  10. Bulletin du ministère du travail, 1896.
  11. Bulletin de l'inspection de travail.
  12. Liste de 193 articles non publiés, dressée par le spécialiste de Péguy, Jean Bastaire.
  13. The Passion of Charles Péguy, Glenn H. Roe, 2014.
  14. a et b Paul Desjardins et les décades de Pontigny.
  15. (en) Alan H. Jones, Independence and Exegesis : The Study of Early Christianity in the Work of Alfred Loisy (1857-1940), Charles Guignebert (1857-1939), and Maurice Goguel (1880-1955), Mohr, J.C.B. (Paul Siebeck), , 302 p. (ISBN 9783161444517, présentation en ligne), p. 44.
  16. Jacqueline Lalouette, La libre-pensée en France : 1848-1940, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l'évolution de l'humanité », , 636 p. (ISBN 9782226130129, présentation en ligne), p. 67-68.
  17. Charles Guignebert assure cet enseignement en 1905 ; Alfred Loisy en 1909 ; Maurice Goguel enfin.
  18. Papiers d'Alfred Loisy. XIXe – XXe siècles. Lettres adressées à Alfred Loisy. XXVII Petre-Reinach, sur gallica.fr.
  19. a et b Congrès international d'histoire des religions, Paris, 1923.
  20. Archives Nationales, Fonds Max Lazard, 28/1:30, page 23 de l'inventaire, "Association Le repos des jeunes filles", Le Vésinet, Yvelines, brochure, 1920. Ce document devrait préciser qui étaient ces jeunes filles, pourquoi elles avaient besoin de repos.
  21. Une maison de repos pour les jeunes filles, .
  22. Publication de l'association internationale pour la protection légale des travailleurs, 1901-1920.
  23. a b et c « Le vêtement professionnel en France des années 1880 à nos jours », thèse de doctorat sous la direction de Christine Bard, CERHIO, Université d'Angers.
  24. Ce sont ses services au comité consultatif qui le distinguent et justifient sa nomination en 1898 au grade de chevalier de la Légion d'honneur.
  25. Traité d'hygiène, fascicule VII, sur gallica.fr.
  26. Bibliothèque de la Revue de photographie, sur gallica.bnf.fr.
  27. Une photographie dégénérée ? Le pictorialisme français et l'esthétique des aberrations optiques, mai 2009.
  28. Petite histoire du magazine Vu (1928-1940), entre photographie d'information et photographie d'art, Danielle Leenaerts, 2010.
  29. Darlot Adjustable Landscape Lens, collection-appareils.fr.
  30. La Revue française de photographie et de cinématographie, 15 juillet 1939.
  31. [1].
  32. Brazilian Digital Library.
  33. Annales des ponts et chaussées, p. 329.
  34. a et b Office scientifique et technique des pêches maritimes, mémoires no 6.
  35. Société de l'histoire de la révolution française, 1927.
  36. Revue de Folklore français, 1932.
  37. La villa nommée « Lou Mas », 3 avenue des Cèdres apparaît sur la lettre à Loisy de 1938.
  38. Bulletin de la société Ernest Renan, p. 21/25.
  39. Parution - mariage d'un apparenté. .
  40. Le Figaro, mariage, .

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :