Jean C. Lallemand

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Jean C. Lallemand, vers 1930.

Jean C. Lallemand (né Jean Joseph Clovis Lallemand) est un industriel, philanthrope, esthète et mécène québécois, né à Montréal le et décédé dans la même ville le . Officier de l'ordre du Canada, il est l'un des trois fondateurs de l'Orchestre symphonique de Montréal en 1934, avec Antonia Nantel et Henri Letondal. Il en devient le président de 1941 à 1945 et de 1957 à 1959, puis président honoraire à vie. De 1952 à 1960, il est président de l'Alliance française et vice-président de France-Amériques de Montréal[1],[note 1].

Surnommé le dernier homme de la Renaissance par Yolande Grisé, « il partage avec les princes de la Renaissance trois privilèges exceptionnels : la richesse, l'amour de l'art et la générosité »[3].

Millionnaire à sa naissance, héritier d'une fortune colossale bâtie par son père, Jean C. Lallemand joue, à partir des années 1930 à Montréal, un rôle majeur dans la création et le soutien d'initiatives et d'institutions dans le monde des arts et des lettres ; il participe également à la mise sur pied de plusieurs œuvres caritatives et engage ses ressources personnelles et financières dans des associations de coopération culturelle notoires entre la France et le Québec.

Notes biographiques

Jean C. Lallemand est le plus jeune fils de Frédéric Alfred Surhuvier dit Lallemand (1859-1934)[note 2] et d'Albertina Laurendeau (1861-1949), fille de Joseph-Olivier Laurendeau (1830-1897), médecin de St-Gabriel-de-Brandon et de Céline Casaubon Dostaler (1835-1923)[note 3]. Albertina est la nièce d'Omer Dostaler, député libéral de la circonscription provinciale de Berthier en 1890, la petite-fille de Pierre-Eustache Dostaler, député de la circonscription fédérale de Berthier de 1854 à 1858, puis de 1861 à 1863[5], et la tante d'André Laurendeau, qui deviendra rédacteur en chef du Devoir en 1957[note 4],[7],[8],[9],[10].

Frédéric Alfred Lallemand a 29 ans quand il épouse Albertina Laurendeau en 1888 et Il était probablement déjà riche et prospère, comme le laisse entendre son fils Jean C. Lallemand dans ses récits autobiographiques[11]. Le couple a cinq enfants, tous des garçons[note 5]. La mère de Jean C. Lallemand, une « excellente pianiste », est également la sœur d'Arthur Laurendeau[12],[13],[note 6].

Études

Jean C. Lallemand fait son cours classique au Collège Sainte-Marie, où il obtient un Baccalauréat ès arts en 1919. « (…) À la fin des vacances, Fred Lallemand dit à son fils qu'il n'avait pas de travail pour lui à l'usine et lui conseilla de faire son droit à McGill. L'idée lui plut et il s'inscrivit aux cours sans avoir l'idée de ne jamais pratiquer, mais pour être au courant de ce que les lois permettent et ne permettent pas. Trois années de cours au coin des rues Université et Milton. Trois ans avec les professeurs Fabre-Surveyer, Aimé Geoffrion, Marler, Rinfret, des juristes français éminents[note 7]. Trois ans d'études intéressantes, mais pas trop astreignantes, tout de même », écrit le biographe Bertrand Vac[16].

La fortune familiale

C'est en 1882 que Frédéric Alfred Lallemand entreprend[note 8], à Montréal, [note 9] de faire le commerce et le traitement des graisses animales et végétales en vue de produire un substitut du beurre (margarine ou shortening), alors vendu sous l'appellation « Creamine » et principalement utilisé dans la boulangerie[18],[note 10] ; à cette activité première il ajoute, vers 1921, la fabrication et la vente de levures destinées à l'industrie alimentaire. En 1915, l'entreprise est incorporée sous la dénomination sociale de Fred Lallemand Refining Company of Canada Ltd.[17],[20],[21],[22].

New York

Les États-Unis achetaient à cette époque des quantités industrielles de cette margarine, si bien que Frédéric Alfred Lallemand décide, vers 1907, de se rapprocher de ce marché très lucratif pour augmenter la rentabilité de son produit ; il construit donc une usine de traitement à New York, sur la 12e avenue, une exploitation qui génère des revenus de quelque 2 000 $US par jour, soit environ 500 000 $US de 2012… Mais les moyens de transport de ce temps ne permettant pas de faire facilement la navette entre Montréal et New York, Frédéric Alfred Lallemand transplante toute sa famille à New York, qui logera au Plaza Hotel, récemment construit (1907) en face de Central Park[18].

« Mes quatre frères allèrent au collège des jésuites à quelques pas de l'hôtel sur la 57e rue entre les sixième et septième avenues », raconte Jean Lallemand. « Quant à moi, qui n'avait fait qu'un an au Jardin de l'Enfance des Sœurs de la Providence, un instituteur venait tous les jours me donner des leçons à l'hôtel »[23],[24].

Le Golden Square Mile

L'usine ferme deux années plus tard par suite de l'adoption par le Congrès américain en 1906 de la loi Pure Food and Drug Act, réglementant entre autres la margarine, et la famille Lallemand revient à Montréal et s'installe dans ce qu'on appelait à l'époque le Golden Square Mile, un quadrilatère formé par les rues Guy, Université, le boulevard de Maisonneuve et le flanc du Mont-Royal. La résidence familiale se trouvait au 1637, rue Sherbrooke ouest. « Les trois quarts des richesses de tout le pays appartenaient à des gens qui habitaient cette enclave »[25].

À son retour de New York, Frédéric Alfred Lallemand « s'était demandé de quel côté tourner ses activités. Il voulait rester dans l'alimentation. Après réflexions et consultations, il en avait conclu que les levures seraient son champ d'action. Tout le monde mange du pain, beaucoup aiment les gâteaux; la bière se vend toujours; la levure est une nécessité quotidienne et de tous les temps. » (…) Il est toutefois « resté fidèle au lucratif traitement des graisses qui l'avait amené à New York. », écrit Bertrand Vac[11].

Les levures et les deux usines Lallemand

En 1915, Frédéric Alfred Lallemand construit deux usines de traitement des graisses, l'une située aux 1620-1650, rue Préfontaine, dans l'est de Montréal, et l'autre dans la ville de La Prairie. En 1921, il importe des levures pour répondre à la demande de son marché, puis, en 1923, il décide de fabriquer lui-même des levures fraîches[note 11].

Au tournant du XXe siècle, les affaires de Frédéric Alfred Lallemand sont extrêmement prospères et lui permettent, à lui et sa famille, de jouir d'une fortune colossale.

Sans cette richesse, Jean C. Lallemand ne serait pas devenu ce mécène et philanthrope, survivant d'un mode de vie à jamais révolu. Il aura ainsi connu « une longue vie de riche célibataire écoulée dans une très grande liberté de moyens et d'esprit, ce qui fut du plus heureux effet », souligne Yolande Grisé[30].

Le krach de 1929

En 1929 survient le krach boursier de Wall Street. Pendant que les fortunes croulaient tout autour, celle de la famille Lallemand est indemne. « Les gens mangeront toujours du pain, n'est-ce pas ? », avait dit Frédéric Alfred Lallemand. (…) « Alors les affaires continuaient à peu près comme avant. (…) Non! nous n'avons vraiment pas souffert de la crise. Nous l'avons traversée en spectateurs. », écrit Jean Lallemand[31].

Décès du père

Une fois ses études de droit terminées, Jean Lallemand fait son entrée dans l'entreprise familiale où il assume la gestion du personnel des usines de la rue Préfontaine et de Laprairie, « une centaine d'employés à peu près, à chaque endroit. Sa première responsabilité. Elle était importante car le commerce rapportait beaucoup », écrit Bertrand Vac. « Aussi, dès le départ, son salaire — cent fois celui d'un contrôleur de tramway — lui permettait de vivre d'une façon princière, poursuit Vac, d'autant plus qu'il habitait chez ses parents et qu'il pouvait y recevoir sans avoir à régler l'addition, les domestiques de la maison étant aussi bien les siens que ceux de ses parents. (…) Le père menait cette affaire avec une ponctualité de chef d'entreprise consciencieux. Ses photos nous rappellent Clémenceau. Belle chevelure blanche, moustache abondante, regard de meneur — un bel homme. Il y a deux travers qu'il aurait difficilement tolérés chez ses fils, l'alcool et le jeu. Bien sûr, il acceptait qu'on bût du vin à table, mais c'est l'excès qu'il rejetait. Heureusement, aucun de ses fils n'était porté vers la bouteille ou les cartes »[32].

Durant l'hiver de 1934 cependant, Frédéric Alfred, le patriarche de la famille, meurt d'une pneumonie. Il a 76 ans[33]. Le monument funéraire érigé à la mémoire de Fred Lallemand au cimetière Notre-Dame-des-Neiges est un ouvrage du renommé sculpteur québécois Émile Brunet[34]. L'ainé, Frédéric, devient alors président et Jean, vice-président et directeur général[35] de l'entreprise[note 12].

Frédéric Alfred avait tout légué par testament à sa femme, Albertina. Mais celle-ci, à 73 ans et ne connaissant rien aux affaires, réunit ses fils et, devant notaire, leur lègue tout son héritage dès maintenant. La fortune de Frédéric Alfred Lallemand est alors partagée en parts égales entre les quatre garçons qui, d'un commun accord et devant notaire également, s'engagent à fournir à leur mère « un revenu annuel suffisant pour maintenir le genre d'existence qui avait été le sien »[37].

La Banque d'Épargne

En 1934, Jean Lallemand est nommé administrateur puis vice-président du conseil d'administration de la Banque d'Épargne de la Cité et du District de Montréal et des Fiduciaires de la Cité et du District de Montréal[38],[39], devenue aujourd'hui la Banque Laurentienne.

« C'est par considération pour ma famille que j'ai été admis à la direction de la banque », note Jean Lallemand. « J'ai été le plus jeune administrateur et le plus jeune vice-président de la banque, à trente-huit ou trente-neuf ans. J'y siégeais avec des gens qui avaient quarante à cinquante ans de plus que moi », écrit-il[40].

Philanthropie et mécénat

L'Orpheum

Jean C. Lallemand a grandi dans une famille dont les parents avaient un grand intérêt pour les arts, les lettres, la musique et les choses de l'esprit en général.

Il a été témoin du mécénat exercé par son père, Frédéric Alfred. Ainsi en 1913, celui-ci achète le déjà célèbre théâtre l'Orpheum, rue Sainte-Catherine, près de la rue City Concillors, à Montréal[note 13], répondant ainsi au souhait du comédien d'origine belge Edgar Becman, qui avait épousé à New York Irène Bordoni. Les autres comédiens de la troupe étaient Geneviève Lantelme, Gilda Darthy[44], Gustave Scheler[45], Blanche David, Thérèse Dorgeval[46]. Le répertoire de la troupe était français. « Ils avaient le feu sacré », raconte Jean Lallemand[47].

La Collection Frédéric Alfred Lallemand

Frédéric Alfred Lallemand était aussi un grand collectionneur de tableaux, pour lesquels il fit construire, dans la résidence familiale de la rue Sherbrooke, une galerie d'art qui « avait soixante-quinze pieds de long et vingt-cinq de large, un plafond à vingt pieds du sol. C'était donc suffisant pour accrocher une grande collection privée et pour y recevoir aussi trois à quatre cents invités à la fois, à l'occasion. C'était vital pour les Lallemand, car on recevait toujours beaucoup », écrit Bertrand Vac[48]. La collection Frédéric-Alfred Lallemand est répertoriée dans un catalogue publié en 1936[49],[note 14].

La musique et les choses de l'esprit

Une biographe, Isabelle Papineau-Couture, souligne que Jean Clovis Lallemand « demeura toujours respectueux de la liberté d'action de ceux qu'il appuya de ses contributions financières remarquablement diversifiées »[50]

« Bien qu'il n'ait jamais étudié la musique, il s'y intéressa au point d'exercer un mécénat varié pour favoriser la vie musicale de sa ville. Son nom figure dans nombre de programmes, témoignant de l'aide qu'il avait accordée à de jeunes musiciens au moment de leurs études ou de leurs débuts, et comme bienfaiteur de divers organismes musicaux et sociaux », écrit-elle.

« Son attrait pour les choses de l'esprit était profond et il savait s'entourer d'amis et d'artistes qui le partageaient, comme ils partageaient avec lui et entre eux leur immense érudition, écrit Yolande Grisé[3].

À 20 ans, Jean Lallemand loue et habite pendant dix ans le manoir de Beaujeu à Coteau-du-Lac pour y recevoir amis, artistes et célébrités de l'époque. « Aussitôt que j'ai eu un salaire, la voiture et le chauffeur qui allaient avec l'emploi, j'ai décidé d'avoir une maison de campagne. Sans doute, je pouvais recevoir chez mes parents, mais une maison de campagne, c'était l'évasion, l'adieu aux contraintes familiales. À vingt ans, ça s'impose », écrit-il[51].

Plus tard, vers 1935, il s'installe à « La Fougeraie » à Saint-Hippolyte-de-Kilkenny, dans les Laurentides au nord de Montréal[52], devenu aujourd'hui L'Auberge des Cèdres. « Nous sommes ici sur un vaste domaine qui appartenait, au début du siècle, à Jean-C. Lallemand…» (…) « Ce distingué bourgeois qui vendait des levures aux quatre coins du Canada était attaché aux choses de la nature et appréciait les gens de bonne compagnie. » (…) « C'est ici que Jean Lallemand, l'intellectuel, amateur de soirées littéraires et musicales, recevait ses amis de la haute bourgeoisie. Le fréquentaient aussi des artistes, musiciens ou écrivains de renommée internationale, de passage au Canada, dont l'écrivain et aviateur Antoine de Saint-Exupéry, l'acteur Louis Jouvet et l'écrivain Daniel-Rops »[53].

« Sur le plan musical, la contribution de Jean C. Lallemand a été majeure », souligne Yolande Grisé : le Ladies' Morning Musical Club, la Société des concerts symphoniques, les Matinées symphoniques, le Prix de composition Jean-Lallemand, la Petite Maîtrise de Montréal, les concerts en plein air sur le Mont-Royal, le Quatuor Jean-Lallemand, les Concerts Sarah-Fisher, l'Opera Guild, la fondation Ward…

Le Ladies' Morning Musical Club

Le Ladies' Morning Musical Club (LMMC), fondé en 1892, « doyenne des sociétés culturelles au Canada »[54],[55] propose aux abonnés une série de concerts où on entend un soliste, voix, violon, piano ou un ensemble de musique de chambre[56],[note 15].

Cécile Léger[63], alors présidente du LMMC, était une grande amie d'Albertina Laurendeau. « Cette amitié de Cécile Léger pour ma mère était fondée sur des goûts artistiques identiques. Aussi, avait-elle une affection presque maternelle pour moi, qui aimais la musique et les arts en général », écrit Jean Lallemand. « Elle m'invitait à tous les concerts du Ladies', me réservait une place dans la première rangée. À part les critiques musicaux, j'ai été pendant longtemps, un des rares hommes à bénéficier régulièrement des concerts. (…) C'était en effet un club pour femmes et, elles seules avaient le privilège - et le temps - de les entendre ». À cette époque, il était inscrit à la Faculté de droit de McGill et, écrit-il, « je ne voyais pas pourquoi j'aurais manqué un concert pour un cours de droit… Une fois à l'usine, j'expédiais mon travail plus tôt les jours de concert et j'arrivais à temps. Après tout, il n'y avait que huit à dix concerts par année » Au début, les représentations se donnaient le matin, d'où son nom « Ladies' Morning », dans l'auditorium du Y.M.C.A. Devenus très populaires, elles furent produites dans la salle de concert du Ritz-Carlton, l'après-midi… Aujourd'hui, les concerts ont lieu à la Salle Pollack de l'Université McGill[64], rue Sherbrooke Ouest, à Montréal.

« C'est ainsi que je connus des gens comme Lotte Lehmann, Vladimir Horowitz, Yehudi Menuhin, Rudolf Serkin au début de leur carrière et des dizaines d'autres tels qu'Arthur Rubinstein, Prokofiev », écrit Jean Lallemand. « Non seulement je les rencontrais au moment des concerts, mais je les emmenais aux réceptions que les membres du comité donnaient à tour de rôle après les concerts. À l'occasion, je mettais ma voiture et mon chauffeur à leur disposition. Je les aidais même financièrement si nécessaire. Non seulement, je les invitais chez nous, mais je les hébergeais parfois quatre ou cinq jours de suite », poursuit-il[65]

C'est dans le cadre du Ladies', au début des années 1930, que Jean Lallemand découvre comme une « révélation » Ninon Vallin, célèbre cantatrice française bien connue en Europe mais pas en Amérique. Décidé à l'entendre de nouveau, il organise sa venue à Montréal dans le cadre d'un concert qui a lieu dans le Salon Bleu de l'Hôtel Windsor. « Ce fut un triomphe »[66].

Fondation de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM)

Répétition de l'Orchestre symphonique de Montreal, circa 1934-35.

L'Orchestre symphonique de Montréal voit le jour en 1934 sous le nom de Société des concerts symphoniques de Montréal[67], devenue l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) en 1953 était un projet que caressait depuis longtemps Antonia David (née Antonia Nantel), l'épouse d'Athanase David, secrétaire du gouvernement du Québec. C'est donc elle qui organise, à l'automne 1934, un déjeuner privé au Ritz-Carlton avec Jean Lallemand et le journaliste Henri Letondal pour discuter et, en définitive, mettre son projet à exécution. L'ampleur de la tâche n'échappe pas à Jean Lallemand. Henri Letondal, était « un camarade de Sainte-Marie, un ami de longue date » de Jean Lallemand[68].

« Jean Lallemand arrive à la réunion avec toutes ses objections : elle (Antonia David) avait réponse à tout. Elle rêvait de cet orchestre depuis trop longtemps pour ne pas les avoir prévues elle-même. Enfin, il accepta de prêter son aide. Dès cet instant, elle fut assurée que son rêve se réaliserait. Dans son optique, non seulement Jean Lallemand était un des rares hommes d'affaires de Montréal à avoir assisté à un concert symphonique, mais à l'avoir voulu. S'il était capable d'enthousiasme, il savait qu'il faut des sous pour réaliser semblable projet. Enfin et surtout, il avait un carnet d'adresses comme pas un. Il connaissait tout le monde. Quelques coups de fil et une cohorte de femmes se feraient un plaisir de le seconder. C'est ce qui arriva. Hélène Grenier, Marie Bourbeau, Annette Doré, Marcelle Turgeon, Margot Delisle, toutes ne demandaient qu'à l'aider », écrit Bertrand Vac[69].

« Plus que tout autre, Jean C. Lallemand, par son mécénat, fut le soutien des Concerts Symphoniques qui, autrement, n'auraient pas survécu », écrit Agathe de Vaux, qui ajoute : « Ce mécène, aristocrate par son goût du raffinement et son extrême élégance… (…) « Pendant plus de vingt ans, pour soutenir l'orchestre, il anima un nombre incalculable de réceptions et de cocktails au Winter Club où il réunissait parfois plus de deux cents personnes[note 16]. (…) Notre mécène recevait aussi dans le magnifique salon de la maison familiale où il demeurait, rue Sherbrooke, qu'il transforma plus tard en quatorze appartements. Il est triste aujourd'hui de constater qu'il ne reste aucun document photographique de ce salon, presque une salle de bal, où ont défilé les grands artistes des Concerts Symphoniques. »[71].

Dans son ouvrage Une symphonie inachevée, Wilfrid Pelletier rend le même témoignage en ses propres mots : « Jean C. Lallemand aida de ses deniers, mais aussi de tout le support qu'un homme de sa culture et de son esprit d'initiative peut apporter à un organisme naissant tel que la Société des concerts symphoniques. Il était toujours prêt à seconder un projet quand il ne l'inspirait pas lui-même. Je sais que Jean n'aime pas la publicité, c'est pourquoi je m'en tiendrai là », écrit-il[note 17]. « Il convient de dire qu'il fut un des plus actifs et des plus efficaces parmi les fondateurs des Concerts symphoniques de Montréal »[72].

Un des principaux objectifs de l'initiative était de donner une plus grande place aux musiciens canadiens-français[73],[74],[75].

« L'Orchestre symphonique de Montréal voit le jour en 1934 sous le nom de Société des concerts symphoniques de Montréal. Créé avec l'intention d'offrir une plus grande place aux musiciens canadiens-français, l'orchestre n'a alors que les moyens et l'envergure d'un orchestre de province. Pourtant, en quelques années à peine, il ne tarde pas à attirer les chefs et les solistes les plus renommés. De Wilfrid Pelletier à Kent Nagano, l'OSM s'est bâti une réputation d'excellence et s'est hissé au niveau des dix meilleurs orchestres symphoniques du monde.

« Nous irons vers l'est et donnerons à la population canadienne-française les concerts symphoniques auxquels elle a droit. » C'est en ces mots qu'Athanase David annonce à la radio, le 16 novembre 1934, la création de la Société des concerts symphoniques de Montréal (SCSM) qui prendra le nom d'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) vingt ans plus tard.

« Depuis 1930, le Montreal Orchestra donne bien des concerts dans l'ouest de la ville, mais son chef, Douglas Clarke, favorise obstinément l'embauche de musiciens anglophones plutôt que francophones. Préoccupé de cet état de fait, un petit groupe formé notamment d'Athanase David et de sa femme Antonia, du mécène Jean Lallemand et du journaliste Henri Letondal, décide de fonder un orchestre qui accordera une plus grande place aux chefs et aux solistes canadiens-français. »

— Archives Radio-Canada, L'Orchestre symphonique de Montréal[67].

Il fallait une salle de concert. Victor Doré[76], alors président de la Commission des écoles catholiques de Montréal offrit l'auditorium du Plateau[77], au parc La Fontaine, partie de l'école secondaire Le Plateau, de construction récente, qui venait de recevoir ses premiers élèves en 1931[78].

Les mélomanes, debout à l’arrière de la salle, écoutent un concert de l’OSM donné à l’auditorium Le Plateau, le mercredi 17 janvier 1945.

Jean Lallemand ne se sentait pas prêt à assumer la présidence de cette organisation[75] et c'est Ernest Tétreau[79] qui accepte la présidence du Comité d'administration. Ce Comité, placé sous la présidence d'honneur d'Athanase David était composé d'Antonia David (née Antonia Nantel), Marie Bourbeau, Hélène Grenier, Fernand Rinfret, Ubald Boyer[note 18], Jean C. Lallemand, Henri Letondal, Émile Vaillancourt, et de Wilfrid Pelletier, Montréalais de naissance et chef d'orchestre au Metropolitan Opera de New York, à la direction artistique de l'organisation[81].

Le premier concert de la Société des concerts symphoniques de Montréal, premier d'une série de six concerts de la première saison, a lieu le 14 janvier 1935. « Il avait fallu moins de quatre mois, depuis l'annonce à la radio de la création de l'orchestre par Athanase David le 16 novembre 1934, y compris le temps des Fêtes, pour créer l'orchestre, aménager la salle, vendre les places — la salle était vendue, on refusait du monde ! — décider des programmes de la saison, trouver un chef, etc. Chapeau ! »[82] Au pupitre, Rosario Bourdon — le frère de Louis Bourdon, l'impresario — qui avait fait carrière comme violoncelliste aux États-Unis depuis l'âge de dix-sept ans et qui revenait de New York où il était devenu chef d'orchestre et directeur artistique de la maison de disque Victor et à la National Broadcasting Corporation. Le programme comprenait l'ouverture Léonore No 3 de Beethoven, la Sixième symphonie (Pathétique) de Tchaïkowsky et le Caprice Brillant pour piano et orchestre de Felix Mendelssohn interprété par Léo-Pol Morin, et des oeuvres de Claude Debussy, Károly Goldmark et Calixa Lavallée[83],[84],[85].

Une des conditions posées par Wilfrid Pelletier pour accepter la direction artistique de la Société des concerts symphoniques de Montréal était « d'initier la jeunesse à la musique sérieuse ». Or le 16 novembre 1935, la salle du Plateau était remplie d'élèves qui avait payé 10 cents pour assister au concert, auquel assistait d'ailleurs le maire de Montréal, Camillien Houde. « Une date peut-être plus importante que celle du 14 janvier », souligne Bertrand Vac[86], puisqu'elle marquait le début des Matinées symphoniques[72].

Les Matinées symphoniques

En 1935, Jean Lallemand aide la Société des Concerts symphoniques de Montréal à mettre sur pied une série de matinées d'initiation symphonique destinées aux jeunes élèves et étudiants des écoles primaires et secondaires de Montréal[86]. « D'abord fréquentées par les enfants issus de milieux plus aisés, les Matinées s'ouvrent graduellement à un plus large public. »[87]. Les Matinées symphoniques sont donc inaugurées le 16 novembre 1935 à la salle du Plateau, un samedi après-midi, sous la présidence d'honneur du maire de Montréal, Camillien Houde, avec au pupitre celui qui avait conçu cette initiative, Wilfrid Pelletier[note 19].

S'inspirant du modèle newyorkais, Wilfrid Pelletier et Antonia David comprennent « la nécessité d'inculquer le goût de la musique symphonique à la jeune génération et de bâtir ainsi la relève ». Jeannette Bock, présidente des Matinées symphoniques de 1949 à 1965, qualifie cette initiative de « la double vie » de l'OSM. « L'oeuvre des Matinées dépasse la simple préoccupation de remplir les salles dans le futur. Leur vocation consiste à former un peuple à la musique et à transmettre aux jeunes « le don du beau, don qui allègera et ennoblira leurs servitudes d'adultes. »[note 20].

Prix de composition Jean-Lallemand

À New York, il y avait le concours de composition Leventritt (en) destinés aux pianistes et violonistes et Antonia David souhaitait quelque chose de semblable à Montréal afin de stimuler la création musicale. « Elle en parla donc à monsieur Jean Lallemand qui accepta son offre et dota alors son blason de « l'un de ses meilleurs titres au mécénat musical », écrit l'historienne et musicologue Agathe de Vaux. « À cette époque, ajoute-t-elle, la situation de la composition musicale au Canada n'était pas reluisante. Il fallait agir si on voulait inscrire au programme des Concerts Symphoniques des oeuvres canadiennes dont on serait fier »[91]. Les concours organisés auprès des jeunes et des étudiants dans le cadre des Matinées symphoniques suscitaient un intérêt mais ils n'avaient pas le calibre offert par le concours Jean-Lallemand[92].

Le concours Jean-Lallemand, créé en 1935, avait une envergure nationale et s'adressait à tous les compositeurs canadiens. Les manuscrits, signés d'un pseudonyme, étaient évalués par un « jury invisible couvrant le Canada de l'est à l'ouest », précise Wilfrid Pelletier. (…) « Un premier jury (…) était composé des membres suivants : le Dr Alfred Whitehead, organiste à la Christ Church Cathedral, Arthur Letondal, docteur en musique, organiste à la Basilique de Montréal et directeur de l'Orphéon, Arthur Laurendeau, maître de chapelle de la Basilique et directeur de l'Orphéon, de Montréal, Frédéric Pelletier, critique musical du journal Le Devoir, et moi-même », écrit Wilfrid Pelletier[92]. Les oeuvres ayant récolté le plus de votes étaient jouées en première aux Concerts Symphoniques lors de la finale radiodiffusée à travers le pays. Le Prix Jean-Lallemand était doté d'une bourse, « bien sonnante » pour l'époque, de 500$. « C'était le même montant que donnait le prix Leventritt de New York, souligne Bertrand Vac[86],[93].

Les récipiendaires du Concours Jean-Lallemand furent Henri Miro[94] pour Scènes Mauresques (1935-1936), Hector Gratton pour Légendes (1936-1937), et Graham George (en)[95] pour Theme and Variariations (1937-1938). Le prix 1938-1939 est attribué au ténor canadien Raoul Jobin, qui menait déjà une carrière internationale.

Mais au début de 1939, juste avant la date d'échéance du dépôt des manuscrits pour l'édition 1939-1940 du concours, on apprend « avec stupeur », la dissolution du Prix Jean-Lallemand. Les journaux rapportent que le concours est aboli pour des raisons « multiples » et « incontrôlables ». Le journal Le Canada du 20 février 1939 rapporte ainsi la nouvelle[91] :

« Ce Prix meurt sans élégance et mal à propos. Il avait déjà un tel rayonnement à travers le pays qu'on devait le protéger contre une chute verticale dans une caisse béante. Il meurt où son action allait porter des fruits sérieux, au moment où de nouveaux candidats, aiguillonnés par la récompense et par le plaisir de s'entendre jouer, s'étaient décidés à écrire des oeuvres qu'hier encore il eût été téméraire d'entreprendre. »

« Après le Concours Jean-Lallemand, il faudra attendre la fin des années cinquante avant que la musique canadienne ne reprenne un peu de vigueur à l'OSM », écrit Agathe de Vaux[96],[97].

La Petite maîtrise de Montréal

La Petite maîtrise de Montréal, 31 mars 1943.

Avec Alfred Bernier, un condisciple de Sainte-Marie devenu jésuite, Jean Lallemand fonde la Petite maîtrise de Montréal (1938-44)[98].

Le père Bernier avait entendu « les petits chanteurs de Vienne » de passage à Montréal et s'était demandé pourquoi on ne créerait pas pareil manécanterie à Montréal[note 21].

Avec l'aide financière d'Allan Bronfman (1895-1980) et de Jean Lallemand, le projet du père Bernier devient réalité. Les cours de chants ont commencé à l'église de l'Immaculée-Conception[100], rue Papineau, et la Petite maîtrise de Montréal devait exister plusieurs années jusqu'après la guerre 39-40. Elle chante même avec le Metropolitan Opera (Met) de New York dans Boris Godounov. « Le Met était venu donner une série de concerts à Montréal et le chœur des gamins était nul autre que celui de La petite maîtrise. » Quand on manquait d'argent, c'est à l'adresse de Jean Lallemand qu'on frappait et qu'on était accueilli avec la même générosité et dans la plus grande discrétion[99].

Le Quatuor Jean-Lallemand

En 1939, il fonde la Quatuor Jean-Lallemand, recrutant des musiciens du Quatuor à cordes de Montréal qui venait de se dissoudre en raison de problèmes internes[101],[note 22].

Les Concerts Sarah-Fischer

Sarah Fischer (Paris 1896-Montréal 1975) fonde les Sarah Fischer Concerts en 1941, « qu'elle dirige jusqu'à sa mort et qui ont permis à nombre de jeunes artistes canadiens de faire leurs débuts »[103], et dont Jean Lallemand a été trésorier honoraire jusqu'à la fin[50],[note 23]. « Elle organisait 6, 7 concerts par année avec ses élèves, le plus souvent. Pierrette Alarie, Simoneau, elle les a tous fait chanter au Ritz »[104].

Pauline Donalda et l'Opéra Guild

Pauline Donalda, née Lightstone, ouvre une école de chant en 1942 et fonde l'Opéra Guild Inc. grâce au mécénat de Jean Lallemand et dont il est vice-président de 1942 à 1969[note 24],[105],[note 25].

Pauline Donalda s'illustre pendant des années, surtout au Covent Garden. « Elle a fait une grande carrière et chanté avec les plus grandes vedettes de l'époque, Caruso y compris. Sa carrière de cantatrice terminée, elle s'était retirée à Paris, où elle avait ouvert une classe de chant. Puis, à la fin des années 1930, sentant la folie hitlérienne grandir, elle était rentrée à Montréal. » (…) « Elle fut tellement impressionnée par la qualité du milieu musical de Montréal qu'elle décida d'y rester et d'y créer quelque chose. Elle parlait un français impeccable, ce qui ne nuit pas. » (…)

« Pauline Donalda ouvrit donc son école de chant dès 1942, fonda l'Opéra Guild et monta une représentation ou deux chaque année pendant près de trente ans. (…) L'Opéra Guild était si bien géré que, grâce au généreux Huntley Drummond (1864-1957)[110] et à combien d'autres, à la mort de Pauline Donalda, à 80 ans passés, la Guild avait un surplus de 45 000 $ qu'on a investi de façon à donner des bourses d'études chaque année aux jeunes musiciens, geste qui dure encore »[111].

Les concerts en plein air au Chalet du Mont-Royal

Les Concerts Symphoniques au Chalet du Mont-Royal, 2 juillet 1946.

« Dès la première saison des concerts symphoniques, on avait eu l'idée de donner aussi des concerts en plein air. Mais la priorité était allée au concerts du Plateau, puis aux Matinées. Cependant, dès que ces deux programmes furent adoptés par le public, à la grande joie du maire Camillien Houde, on revint au projet des concerts d'été. C'était en 1938. (…) Après réflexion, on trouva que le site idéal était la terrasse du Chalet de la Montagne (construit cinq ans plus tôt). (…) Pour les concerts en plein air, on ne pouvait pas trouver plus beau décor…», écrit Bertrand Vac[112].

Le premier concert eut lieu le 1er juillet 1938. Prix d'admission : 25 ¢. On devait s'y rendre à pied…

« Les trois premières années, l'orchestre fit des recettes de quelque 15 000 $, ce qui était une somme importante à l'époque. Hélas, quand je quittai la présidence des concerts d'été et que le docteur Stéphane Langevin me remplaça, le temps tourna à la pluie et, en trois ans, les dollars furent engloutis, » raconte Jean Lallemand[113].

La fondation Ward

Au milieu des années 1940, Jean Lallemand devient membre du conseil d'administration de la fondation Ward, dont le siège social était établi à Washington, D.C. Issue d'une famille de huguenots, et récemment convertie au catholicisme et fille du richissime William Bayard Cutting (en), un des fondateurs du Metropolitan Opéra de New York, Justine Bayard Cutting Ward (en) (1879-1975) souhaitait un renouveau de l'art grégorien par l'enseignement du chant et de la musique chorale auprès des enfants. Elle avait même envisagé de fonder un monastère cistercien à Washington et faisait pression aussi bien à Rome qu'à Washington à cette fin. Justine Ward ne sollicitait pas l'aide financière de Jean Lallemand. Elle voulait seulement, raconte Bertrand Vac, que le nom d'un Canadien apparaisse sur la liste des « patrons » de la fondation, qui avait notamment pour mission de distribuer des fonds aux organismes intéressés par l'art grégorien à travers le monde. Jean Lallemand accepte volontiers cette proposition et se lie d'une grande amitié avec Justine Ward. « Madame Ward comprit vite qu'elle ne s'était pas trompée dans le choix de son Canadien. Ils devinrent tout de suite des amis », ajoute Bertrand Vac. Jean Lallemand l'a revue « pendant des années et plusieurs fois par année, car il y avait des réunions fréquentes du conseil d'administration de la fondation. Ces réunions se tenaient à Washington et, chaque fois, des billets d'avion arrivaient avec l'invitation de descendre à « l'Interlude », la résidence de Justine Ward sur l'Avenue de la Constitution. C'est dire les liens d'amitié qui s'étaient établis dès la première rencontre », écrit le biographe. Justine Ward est mondialement reconnue pour son système d'enseignement de la musique aux enfants, la Ward Method[114].

Les Soirées littéraires

En 1934, Jean Lallemand commandite les Soirées littéraires au Ritz-Carlton, une « belle initiative due, en très grande partie, à la générosité intelligente de M. Jean Lallemand », écrit « La Revue moderne »[115].

La première de ces rencontres a lieu le 6 novembre 1934 avec une conférence de Marcel Valois (pseudonyme de Jean Dufresne)[116] intitulée « Introduction à la lecture de Marcel Proust ». Marcel Valois est l'auteur de Le sortilège de Marcel Proust[117],[118],[note 26].

Société de musique canadienne

Jean Lallemand assume la présidence de la Société de musique canadienne de 1954 à 1969[50].

La Société de musique canadienne est fondée à Montréal en décembre 1953 avec pour objectif « d'assurer l'exécution d'œuvres canadiennes, d'attirer l'attention de la presse sur ce répertoire et d'inciter les sociétés de concert existantes à inscrire plus régulièrement ces œuvres à leurs programmes. (…) Avec le mécène Jean C. Lallemand comme président et le compositeur Jean Papineau-Couture comme secrétaire, la société organisa (1954-69) 15 concerts publics avec le concours de formations diverses allant du soliste jusqu'à l'orchestre symphonique avec chœur mixte »[120].

Les œuvres caritatives et humanitaires

« Il serait fastidieux d'énumérer toutes les manifestations de charité et les nombreuses campagnes d'aide qu'il a animées, organisées, soutenues de son temps, de son énergie et de ses deniers », écrit Yolande Grisé[3] : le camp d'été de l'Institut Bruchési pour les familles démunies des tuberculeux, la Société amicale des aveugles, la bibliothèque publique d'Hochelaga pour les enfants, le camp de vacances des Pères franciscains, sans oublier sa participation aux œuvres humanitaires liées à « l'effort de guerre »…

L'Amicale des aveugles

La Société amicale des aveugles avait été fondée en 1933 par Henri Arrmand Meilleur, lui-même aveugle et ancien employé de l'Association canadienne-française des aveugles[121]. La Société était installée dans un immeuble à l'angle des rues Saint-Denis et Rachel à Montréal.

« Le sort des aveugle de l'époque était assez misérable. Ils faisaient de la vannerie, fabriquaient des balais qu'ils vendaient de porte à porte, à travers toute la province. À ces produits qu'ils fabriquaient, la Société ajouta des savons, des eaux de toilette, des peignes, etc.

(…) Ceux qui étaient bons vendeurs gagnaient assez bien leur vie, d'autant mieux qu'ils avaient la sympathie du monde. Mais tous ne l'étaient pas et il y avait aussi les femmes et les enfants.

(…) C'était la charité assez directe, comme on la faisait autrefois. Aujourd'hui, il n'y a plus de contact. On donne à Centraide par exemple et on ne sait pas qui en bénéficie. Je ne vois pas les gens qui sont dans le besoin et les gens dans le besoin ne me voient pas. Quand j'étais jeune, on allait porter chez les gens des paniers de fruits, du beurre, de la viande, toutes sortes de choses. On causait avec eux. Quand ils avaient besoin, ils venaient nous voir et on les aidait, pas seulement matériellement, mais moralement aussi, je pense», raconte Jean Lallemand[122]. »

La Bibliothèque des enfants d'Hochelaga

En 1937, un groupe de dames du quartier Hochelaga, dans l'est de Montréal, décide d'ouvrir une bibliothèque pour les enfants francophones. Les petits anglophones en avait une depuis sept à huit ans.

« L'analphabétisme était effarant dans la province et Jean Lallemand le savait. Aussi n'hésita-t-il pas un instant quand elles lui demandèrent son aide », écrit Bertrand Vac[123].

« Louez un magasin dans le quartier, rue Sainte-Catherine; il y en a sûrement un d'inoccupé en ce moment. Achetez des rayons, des tables, des chaises, faites installer le téléphone et envoyez-moi le compte. N'oubliez pas le compte d'électricité aussi. Je vous le paierai aussi longtemps que vous n'aurez pas d'autres sources de revenus », répondit Jean Lallemand aux dames venues solliciter son appui[123],[note 28].

L'Institut Bruchési

En 1941, Jean Lallemand devient président du conseil d'administration de l'Institut Bruchési, le dispensaire antituberculeux de Montréal[124], fondé en 1911 par le Dr Joseph-Edmond Dubé[125],[note 29].

L'Institut organisait à chaque été un camp de santé pour les enfants de parents tuberculeux. Les enfants eux-mêmes n'étaient pas atteints de cette maladie mais venaient de familles démunies dont le père ou la mère l'était. Jean Lallemand faisait aussi partie d'un comité logistique chargé de mettre sur pied et d'équiper à chaque année cette activité. « Une entreprise importante dont le budget était de 30 à 40 000 $[note 30] par année : transport par train et autobus, logement, nourriture, équipement de sports et loisirs, encadrement par un personnel d'animation et de surveillance, etc. Le camp était situé au Lac de l'Achigan dans les Laurentides. Parmi les autres membres de ce comité, on note le Dr Joseph-Edmond Dubé, lui-même, le Dr Joseph-Arthur Jarry et Ubald Boyer, directeur général de la Banque provinciale du Canada.

La colonie de vacances des Pères Franciscains

Au début des années 1940, sollicité par un autre condisciple du Collège Sainte-Marie, Rosaire Bélanger, devenu Franciscain, Jean Lallemand accepte de fournir son soutien financier à l'établissement et au maintien d'une colonie de vacances pour les enfants à Saint-Liguori-de-Montcalm, le Camp Notre-Dame, une œuvre de bienfaisance que les Pères Franciscains avaient fondée en 1941 avec l'appui également du Réveil féminin catholique, alors propriétaire du terrain[127]. Le camp accueillait chaque été 150 enfants[128],[129].

L'effort de guerre

« À 42 ans et à la vice-présidence d'une industrie comme celle de la levure, il était peu probable qu'il fut appelé dans l'armée. (…) Ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est qu'on se tournât vers lui pour organiser d'abord des campagnes de souscription aux emprunts répétés que le gouvernement lançait pour financer l'effort de guerre, puis des campagnes d'Aide à l'Angleterre, à la Croix Rouge, à la Belgique, à la Russie, etc.» (…) L'organisation de ces campagnes demandait beaucoup de temps »[130].

Vente des usines Lallemand

En 1947, la deuxième génération des Lallemand (Frédéric, Rodolphe et Jean) décide de vendre l'entreprise familiale au financier et philanthrope québécois Jean-Louis Lévesque et son partenaire Gérard Favreau[131],[note 31],[note 32].

« Ainsi se termina l'association de la famille à la production des levures et commença pour Jean Lallemand une vie qui ne devait plus être dictée par des heures de bureau, une vie pas oisive pour autant, puisqu'il y avait encore la vice-présidence de la Banque d'Épargne et la direction de Lallemand Investments, qui s'occupait de multiples propriétés distribuées à travers Montréal et ailleurs. Il avait laissé la présidence de l'Orchestre symphonique en 1945, mais il était encore actif au sein des associations France-Amérique et Alliance française. Enfin, les diverses œuvres de charité auxquelles il s'intéressait pouvaient, seules, meubler les loisirs de qui que ce fut », souligne Bertrand Vac[131].

L'Alliance française

Jean C. Lallemand accepte, en 1952, la présidence de l'Alliance française de Montréal, qui avait été présidée par Ernest Tétreau depuis 1934[note 33].

L'Alliance allait célébrer son cinquantième anniversaire au Canada « mais elle avait du plomb dans l'aile ». Une série de conférenciers assez ternes avaient eu un impact négatif sur l'auditoire. Le nouveau président entendait bien rehausser la notoriété de l'organisation en invitant des conférenciers de grande qualité et, dans plusieurs cas, en finançant lui-même leur transport et leur séjour à Montréal. C'est ainsi que, dès le début de son mandat, on vit défiler au podium de l'Alliance française des personnalités comme Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, Sir Basil Rathbone, Gérard Sauzay, Edward Johnson (du Metropolitan Opéra), Lin Yutang, « le grand écrivain chinois », Wilfrid Pelletier et Robert Schuman. Le 26 septembre 1953, l'Alliance française et France-Amérique joignent leurs efforts pour accueillir Antoine Pinay, le président du Conseil de France. Jean Lallemand raconte cet épisode :

« Comme président de l'Alliance française et vice-président de France-Amérique, on m'a demandé de le recevoir à dîner. C'est au Windsor que la rencontre eut lieu[note 34], mais c'est au 3496, Chemin de la Côte-des-Neiges[note 35] qu'il dîna. Je l'ai reçu sans timidité et sans inquiétude. (…) Il était peu probable que le président du Conseil, l'ambassadeur Hubert Guérin, le nouveau consul et les autres en viennent à se lancer des couteaux. Tout se passa bien, comme d'habitude. Il y eut des lettres de remerciement et à la prochaine ! », écrit-il avec le sens de l'humour qu'on lui connaissait[137]. »

Ainsi donc, pour soutenir et animer la vie artistique et culturelle à Montréal durant les années 1950, à la présidence de l'Alliance française, Jean Lallemand y accueille plusieurs sommités de l'époque. Il reçoit à sa maison de campagne, pendant plusieurs semaines, l'auteur du Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, et plusieurs célébrités françaises du monde de la littérature et de la philosophie[note 36].

Vente de la maison familiale du Golden Square Mile

En 1943, Jean Lallemand a 45 ans et la maison du 1637 rue Sherbrooke ouest, dans le Golden Square Mile, que la famille Lallemand habite depuis 30 ans, lui devient de plus en plus lourde à habiter, pas seulement financièrement mais psychologiquement.

« Elle s'animait quand j'avais mes invités. Le reste du temps, c'était un tombeau, un immense tombeau. Le jour, les pièces de réception étaient silencieuses. Ma mère habitait l'étage », écrit Jean Lallemand[139]. Il décide donc de vendre la maison, qui sera transformée en 14 appartements[70], et d'emménager dans un immeuble de rapport qu'il possédait au 3496, Chemin de la Côte-des-Neiges, et propose à sa mère, Albertina, d'y habiter dans un appartement séparé du sien ; alors âgée de 82 ans, elle préfère aller vivre avec son fils aîné, Frédéric, à Senneville.

À sa nouvelle résidence du Chemin de la Côte-des-Neiges, Jean Lallemand continue de recevoir amis et célébrités de l'époque[note 37].

En 1945, il vend sa maison de campagne, « La Fougeraie », « au grand désespoir de ses amis » qui en avaient profité pendant 10 ans. Un des derniers invités, en convalescence d'une d'une opération de l'appendicite, est Ubald Boyer, qui était alors président de la Banque provinciale du Canada. Ayant « son appartement bien à lui », Jean Lallemand « n'avait vraiment plus besoin d'une maison de campagne pour recevoir ses amis. »[141].

Mort d'Albertina Lallemand

Le 19 décembre 1948, invitée à l'appartement du Chemin de la Côte-des-Neiges pour une soirée avec le pianiste autrichien Rudolf Serkin, Albertina décide d'y passer la nuit à cause du mauvais temps et des risques routiers d'un retour à Senneville, où elle avait décidé d'habiter, avec son fils ainé Frédéric. Le lendemain, elle est frappée par une hémorragie cérébrale. Noël passe. Elle mourra en mai 1949, toujours chez son fils Jean. « Par un curieux retour de circonstances, elle était venue mourir près de celui de ses fils qui lui avait été le plus dévoué, le plus attaché, qui lui ressemblait le plus et qu'un moment d'humeur lui avait fait quitter », écrit Bertrand Vac[142].

Baden-Baden

Dans les années 1950, Jean Lallemand commence à souffrir d'arthrite de la hanche et il se soumet à diverses cures dispensées à la station thermale de Baden-Baden en Allemagne. « L'endroit est si attachant que je décidai d'y revenir chaque année avec ou sans arthrite, fin août, début septembre, d'abord pour l'arthrite qui ne s'obstina pas longtemps, puis, pour le plaisir de retrouver les curistes qui revenaient pour les mêmes raisons que moi… », écrit-il. Et tant qu'à se rendre en Allemagne, pourquoi ne pas assister aux festivals de Bayreuth et de Munich…[143].

Au milieu des années 1960, Jean Lallemand vend l'immeuble du 3496 Chemin de la Côte-des-Neiges, qui sera démoli peu après[144] et il s'installe dans l'Acadia, un luxueux immeuble d'appartements sis au 1227, rue Sherbrooke ouest, face au Ritz-Carlton.

Jean Lallemand passe 70 ans. « Il y avait toujours des amis autour de la table du 1227, Sherbrooke ouest, mais moins d'artistes, de ces artistes de réputation internationale qui avaient animé tant de dîners ou de soupers fins et apporté leur érudition dans d'interminables causeries à l'heure du café et des liqueurs. Ils étaient disparus ou ne se déplaçaient plus », raconte le biographe de Jean Lallemand[145].

De nos jours, déplore toutefois Jean Lallemand dans ses souvenirs racontés à Bertrand Vac, « les grands artistes sont des techniciens sans culture générale »[146]. « Sans doute, écrit-il, il y a encore de bons pianistes, de bons violoncellistes, de bons violonistes, etc. mais ils ne connaissent que leur art. Ils sont incapables de parler peinture, philosophie, histoire ou littérature »[147].

Honneurs et distinctions

Officier de l'Ordre du Canada (1968) Prix spécial du Conseil canadien de la musique (1979) Médaille d'or de l'Alliance française

Bibliographie

  • Bertrand Vac, Jean C. Lallemand raconte (bio-autobiographie), Montréal, Louise Courteau Éditrice, , 319 p. (ISBN 2-89239-044-3)
    Cet ouvrage est disponible à « Bibliothèque et Archives nationales du Québec » (consulté le ).
  • Agathe de Vaux (préf. Jean Vallerand), La petite histoire de l'Orchestre symphonique de Montréal, Verdun : Louise Courteau éditrice, , 190 p.
    Dans l'Introduction, Agathe de Vaux explique ainsi l'origine de son ouvrage : « Ce n'est pas le hasard qui m'a amenée à écrire l'histoire de l'OSM mais bien la rédaction d'une chronique sur les premiers orchestres symphoniques à Montréal dans le magazine Variations de l'OSM et d'une thèse intitulée L'Orchestre symphonique de Montréal 1934-1967. Analyse du répertoire et évaluation critique, (Université McGill, 1981). »
    Cet ouvrage a fait l'objet d'un compte rendu : Claire Rhéaume, « Agathe de Vaux. La petite histoire de l'O.S.M. Montréal : Louise Courteau éditrice, 1984, 190 pp. », Canadian University Music Review/Revue de musique des universités canadiennes, no 6,‎ , p. 338-339 (lire en ligne, consulté le ).
  • Wilfrid Pelletier, Une symphonie inachevée (autobiographie), Éditions Leméac Inc., coll. « Vies et Mémoires », , 275 p.
  • Yolande Grisé, Le dernier homme de la renaissance (compte rendu), (lire en ligne), chap. 49, p. 64-66
  • Frédéric Lallemand et Maurice Gagnon, Catalogue des œuvres d'art de la collection Frédéric-Alfred Lallemand, Montréal, (lire en ligne)
  • Cécile Huot, Claire Rhéaume, Gilles Potvin et Evan Ware, Orchestre symphonique de Montréal, (lire en ligne)
  • Guy Grenier, 100 ans de médecine francophone : Dr Joseph-Edmond Dubé, Éditions multimondes, (lire en ligne), p. 82-83
  • Serge Coulombe, Écomusée de l'au-delà. Émile Brunet. Un bâtisseur de patrimoine, Montréal : Écomusée de l'Au-Delà, (lire en ligne [PDF]), p. 31, 75, 131
  • Robert Comeau et Lucille Beaudry, André Laurendeau. Un intellectuel d'ici. (1990), Les Presses de l'Université du Québec, coll. « Les leaders politiques du Québec contemporain », , 310 p. (lire en ligne [PDF])
  • Suzanne Commend, Les Instituts Nazareth et Louis-Braille, 1861-2001, Septentrion, , 326 p. (lire en ligne), p. 145
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  • Pierre Duhamel, « Nos champions à l'international : Lallemand », L'actualité,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  • Cécile Huot et al., « David, Madame Athanase », sur L'Encyclopédie canadienne, (consulté le Date invalide (25 novembre 2014 id=madame athanase david))
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  • « Décès de Jean Lallemand », sur GrandQuebec.com (consulté le )
  • « Décès de Jean Lallemand. Co-fondateur de l'OSM » (consulté le )
  • « Lallemand Inc. Profil de l'entreprise » [PDF] (consulté le )
  • « Jean-Louis Lévesque », sur L'Association Lévesque Inc. (consulté le )
    Ce texte réfère à l'acquisition de Fred A. Lallemand Inc. par Jean-Louis Lévesque

Lire aussi

Notes

  1. « 1909 – Fondation du Comité France-Amérique. Ancien ministre français des Affaires étrangères, Gabriel Hanotaux fonde à Paris, en 1909, le Comité France-Amérique afin de mieux faire connaître l'Amérique au gouvernement et au public français. Le Comité organise notamment des missions culturelles aux États-Unis et au Canada. L'année suivante, le Comité France-Amériques de Montréal, division autonome de l'organisme parisien, naît d'une initiative du sénateur canadien Raoul Dandurand. Le comité montréalais a pour rôle de développer des relations culturelles et économiques entre la France et le Canada. Il donne des réceptions pour les personnalités françaises de passage, soutient les étudiants canadiens en France, récompense les arts et guide les investisseurs français. Lors des deux guerres mondiales, des projets d'aide à la France et à la Belgique sont mis en œuvre. Le Comité France-Amériques de Montréal cesse ses activités en 1964. L'organisme parisien, rebaptisé l'Association France-Amériques, participe aujourd'hui à l'établissement de liens d'amitié avec les deux Amériques. L'Institut France-Canada, situé également à Paris, en constitue la branche canadienne[2]
  2. Frédéric Alfred Surhuvier dit Lallemand est le fils majeur d'Amable Surhuvier dit Lallemand (décédé le 14 octobre 1894) et de Delphine Baron (décédée le 16 juin 1904), de la paroisse de Longueuil, des Alsaciens dont la date et le lieu de naissance exacts sont inconnus, mais qui ont probablement émigré au Québec avant 1860.
  3. Dans certaines archives, on lit « Cazobon Dostaler », notamment ici[4].
  4. « Ma mère était pianiste et mon père professeur de chant. Dans ma famille maternelle, j'interromps trois générations de musiciens, dont mon arrière grand-père le « chef de bande », c'est-à-dire le directeur de fanfare, a dit André Laurendeau. (…) Mais dans son discours de présentation à la Société royale du Canada, au lieu, comme c'est l'usage, de faire l'apologie d'un écrivain qui l'a influencé, il fait l'apologie de la musique : « C'est ainsi que, embrassant ma propre existence, je puis aujourd'hui conclure que j'ai déchu, d'abord de la musique à la littérature, puis de la littérature à l'action et au journalisme, sans vraiment savoir pourquoi. Et cependant, dans les régions obscures de soi où s'élaborent les vraies hiérarchies des valeurs, le premier mot qui surgit est musique, et le premier nom Debussy. »[6].
  5. Frédéric (1889-1965), Rémus (1890-1916), Albert (1893-1965), Rodolphe (1896-?), médecin, et Jean (1898-1989). Jean demeure célibataire toute sa vie[3].
  6. Arthur Laurendeau, né le 30 novembre 1880 à Saint-Gabriel-de-Brandon et décédé le 26 octobre 1963 à Montréal, maître de chapelle, chef d'orchestre, professeur au Conservatoire national de Montréal et à la Schola Cantorum, et musicographe de renom.
  7. Ces juristes sont précisément le juge à la Cour supérieure Édouard Fabre-Surveyer[14], l'avocat Aimé Geoffrion[15], le notaire William de Montmollin et le juge à la Cour suprême du Canada Thibaudeau Rinfret.
  8. L'acte de mariage de 1888 avec Albertina Laurendeau le décrit comme « marchand, domicilié à Notre-Dame de Montréal » (la paroisse).
  9. L'année d'établissement exacte de l'entreprise de Frédéric Alfred Lallemand est 1882[17].
  10. Le procédé de traitement des graisses permettant de créer ce substitut du beurre à la fin du 19e siècle est décrit en détail dans l'« American Chemical Review and Journal for the Spirit, Vinegar and Sugar Industry » de 1882[19].
  11. Il utilise à cette fin une technologie développée par le Dr Jean Effront, professeur à l'université et directeur de l'Institut de fermentation de Bruxelles[22],[26]. Le professeur Effront envoie deux de ses étudiants pour mettre au point la production des levures et former de nouveaux techniciens aux usines Lallemand. La production de levures obtiendra aussi l'aide du Conseil national de la recherche du Canada durant le Deuxième guerre mondiale[27]. Quelques années plus tard, en 1932, Frédéric Alfred Lallemand envoie son fils Jean Clovis à Paris pour recruter et embaucher un réputé chimiste de l'Université de Bruxelles, Vladimir Tcherniasvky ; ce denier accepte non seulement l'offre de Jean Lallemand, mais il émigre au Canada avec sa femme et ses deux enfants et il travaillera dans l'entreprise Lallemand pendant plus de 30 ans[28]. « Cerni! comme tout le monde l'appelait, C'était l'âme, le cerveau de l'usine », écrit Jean Lallemand[29].
  12. En 1935, Fred.-A. Lallemand, l'ainé, Jean-C. Lallemand, Rodolphe Lallemand et veuve Albertina-L. Lallemand sont constitués en corporation sous la nouvelle raison sociale Fred. A. Lallemand & Co., Limited[36].
  13. Inauguré en 1907 sous le nom de Bennett's Theatre et rebaptisé Théâtre Orpheum en 1910, cet immeuble historique est démoli en 1963. À ses début, il abrite surtout des spectacles de vaudeville américain, des troupes de théâtre, des opéras, le Montreal Orchestra, le TNM, avant de devenir un cinéma des chaînes Consolidated Theatres, Famous Players[41],[42],[43].
  14. Lors du règlement de la succession de Frédéric-Alfred Lallemand, un fonctionnaire fédéral annonce aux héritiers que « la collection de tableaux serait taxée pour une somme de quatre millions de dollars ! Quatre millions ! » (…) On décide donc de procéder rapidement à une vente aux enchères et « malgré le mal qu'on avait pu dire de cette collection, les acheteurs s'écrasaient pour acquérir l'une ou l'autre des peintures. (…) Quand on doit vendre précipitamment, les gens en profitent. Aussi, les toiles rapportèrent bien peu, d'autant moins qu'on était en pleine crise économique. Alors le fisc dut se contenter de peu aussi »[35]
  15. « Le LMMC, fondé en 1892 par un groupe de musiciennes dilettantes, est la doyenne des sociétés culturelles du Canada, qui fête sa 123e année d'activités ininterrompues. Au tout début, le Club organisait des concerts donnés par ses membres avec la participation occasionnelle de musiciens professionnels. Ce n'est qu'en 1895 que le violoniste belge Eugène Ysaÿe fut présenté en récital et le succès de cette initiative encouragea le Comité à inviter des artistes en tournée de plus en plus souvent. Parmi les musiciens canadiens et étrangers présentés par le LMMC (souvent à leurs débuts montréalais et au seuil de leur carrière) on retrouve les noms de Horowitz, Serkin, Rubinstein, Tureck, Gould, Perahia; de Stern, Heifetz, Milstein, Primrose, Piatigorsky, Tortelier, Yo-Yo Ma; de Saucier[57], Lehmann, Ferrier,[58], Alarie, Simoneau, Forester, Rampal; des Quatuor de Budapest, Borodine, Juilliard, Amadeus, Quatuor Orford[59],[60]; du Beaux Arts Trio, Trio Pasquier[61] et Tashi Quartet (en). Le LMMC est un organisme à but non-lucratif, géré par un comité de bénévoles. Les concerts sont ouverts au public mélomane, par abonnement ou par billet simple à chacun des concerts »[62].
  16. « Le Winter Club était un club social très chic situé au 1475, rue Drummond, près de la rue Ste-Catherine, fut acheté en 1942 par le gouvernement fédéral pour le mettre à la disposition de la Royal Canadian Navy[70]
  17. Wilfrid Pelletier a publié son ouvrage en 1972 alors que Jean Lallemand était toujours vivant et dont la discrétion était bien connue, ce qui explique sans doute la retenue du maestro ici.
  18. J. Ubald Boyer était à l'époque directeur général de la Banque provinciale du Canada[80], dont il deviendra le président en 1957 .
  19. L'histoire des Matinées symphoniques est racontée avec moult détails et photos par Agathe de Vaux[88]. Voir aussi la section consacrée aux Matinées sur le site Web de l'OSM[89].
  20. Extrait d'une conférence de Jeannette Bock cité par Agathe de Vaux[90].
  21. « Ce n'était pas les enfants qui manquaient à Montréal et surtout pas les enfants miséreux. (…) Il s'agissait de recruter vingt, trente enfants doués pour la musique et que la musique intéressait autant que les sports. On leur ferait faire les études de leur âge, puis on leur fournirait des professeurs de solfège, de composition, d'harmonie, enfin, on les préparerait à chanter en chœur aussi bien à l'église que dans les salles de concert. Ils auraient aussi, comme les autres, leurs loisirs, leurs exercice en plein air, leur camp d'été. Ce serait des enfants relativement choyés, qui en retour donneraient au public la joie de les entendre. Ce serait aussi des parents qui s'inquiéteraient moins de l'avenir de leur petit. »[99].
  22. « Le Quatuor à cordes Jean Lallemand, à l'occasion du centenaire de Dvorak, jouera le Quatuor Op. 96 (le quatuor Américain) à son concert du dimanche, 7, à 1h30 de l'après-midi, à Radio-Canada. Le Quatuor Jean Lallemand se compose de Mme Annette Lasalle-Leduc, de MM. Roland Leduc, Maurice Onderet et Lucien Robert[102].
  23. Sarah Fischer « avait commencé sa carrière avec mon oncle Arthur Laurendeau, le père d'André (Laurendeau). C'est lui qui l'a lancée. (…) Arthur Laurendeau a été à l'origine des saisons d'opérettes au Monument National avec la Badoche. Sarah Fischer jouait là-dedans — absolument ravissante — avec Honoré Vaillancourt. Ils eurent un gros, un énorme succès », écrit Jean Lallemand[104].
  24. Extrait de l'avis d'incorporation de l'Opéra Guild publié dans la Gazette du Québec du 28 mars : (…) « constituant en corporation Madame Pauline Donalda (veuve) artiste lyrique, Jean C. Lallemand, vice-président, (Fred A. Lallemand Co. Ltd.) tous deux îles cité et district de Montréal, et Frédéric-Auguste Béique, avocat et conseil en loi du Roi, de la cité d'Outremont, district de Montréal, Province de Québec, dans les buts suivants: Donner des concerts, récitals, exécuter ou taire exécuter des opéras, symphonies et séances de musique, ou des œuvres musicales de tous genres, sous le nom de « Opéra Guild Incorporated »(…).
  25. Les étudiants de McGill appelaient « Donaldas » les filles que Donald Alexander Smith, qui allait devenir Lord Strathcona[106] et directeur du Canadien Pacifique, avait aidé à entrer à l'université. Jusque-là, elles n'y avaient pas été admises. Peu d'universités canadiennes les acceptaient. Mais après avoir fondé le collège pour les femmes Victoria College[107] qui leur permettait de faire des études assez avancées, il leur avait facilité l'admission en créant un pavillon où elles pouvaient loger, étudier et suivre les cours. Pourtant, McGill ne donnera ses premiers diplômes de médecine à des femmes qu'en 1922). (…) « C'est aussi grâce Donald Smith qu'elle alla étudier le chant à Paris, générosité que la jeune artiste n'oublia pas au moment de se trouver un nom de théâtre ». (…) « Pauline Lightstone adopta donc le nom de Pauline Donalda[108],[109].
  26. Marcel Valois (Jean Dufresne) était un ami d'enfance de Jean Lallemand, à qui il dédia son livre Figures de Danse : « À mon vieil ami Jean Lallemand et au danseur qui était en lui »[119].
  27. Il s'agit plutôt de la Carnegie Corporation of New York (en)
  28. « Dans un article de La Presse en 1937, Marcelle Gauvreau parle de «reconnaissance à la ville de Montréal, à la province de Québec et à Jean Lallemand, le protecteur et patron suprême de la Bibliothèque des Entants». Il devait payer cependant pendant des années, même que, grâce à madame Wilder Penfield, il réussit à obtenir une subvention de l'Institut Carnegie[note 27] — car avec cette subvention, on ouvrit une succursale de la première bibliothèque sur la rue Henri-Julien »[123].
  29. Jusqu'à sa mort en 1939, le Dr Joseph-Edmond Dubé sera le médecin le plus populaire de Montréal. (…) Membre actif de l'Antituberculous League à partir de 1899, il participe, en 1901, au congrès contre la tuberculose à Ottawa. Plus tard, en 1911, il est à l'origine de la fondation de l'Institut Bruchési, le dispensaire antituberculeux de Montréal. Il sera d'ailleurs, en 1913, le premier titulaire de la chaire de phtisiothérapie de l'Université Laval à Montréal. Le Dr Dubé fut de plus un pionnier en matière d'hygiène infantile. En 1901, il mit sur pied l'œuvre de la Goutte de lait, un dépôt de lait stérilisé pour les jeunes enfants[126].
  30. Dollars de 1940.
  31. Les nouveaux propriétaires adoptent alors la raison sociale de Fred.-A. Lallemand & Compagnie, Limitée[132]
  32. L'entreprise est ensuite revendue, en 1952, à Roland Chagnon (1910-2003)[133] et demeure à ce jour la propriété privée de la famille Chagnon, qui exploite l'entreprise sous la raison sociale Lallemand Inc. depuis 1962[134] ; elle emploie en 2014 quelque 2 600 personnes, dont 300 au Québec et réalise des revenus annuels de l'ordre de 50 à 100 millions de dollars ; elle possède des bureaux et des usines dans 36 pays sur les cinq continents. Lallemand se classe parmi les cinq plus grands producteurs de levures au monde, notamment dans les domaines de la pâtisserie et de la boulangerie, de la bière, du vin, des probiotiques, de la santé animale, de l'agriculture et de la pharmacie[135],[24],[136].
  33. Avocat, Ernest Tétreau est élu député libéral indépendant dans Montréal-Dorion en 1923 et ne s'est pas représenté en 1927. Créé chevalier de la Légion d'honneur en 1927. Récipiendaire de la Médaille d'or de l'Union nationale française en 1929 et de la Grande Médaille de vermeil de l'Alliance française de Paris en 1931. Reçut un doctorat en droit honoris causa du Collège Bishop en 1940 et de l'Université de Montréal en 1943. Créé commandeur de l'Ordre national de la République d'Haïti[79].
  34. C'est-à-dire la conférence prononcée par Antoine Pinay aux membres de l'Alliance.
  35. La nouvelle résidence de Jean C. Lallemand.
  36. Dans la liste impressionnante de ses invités, on retrouve Edwige Feuillère, Gérard Philipe et Jean Vilar avec sa troupe. (…) Marguerite Yourcenar, Georges Duhamel, André Maurois, François Mauriac, Daniel-Rops et Michel de Saint-Pierre, Étienne Gilson et Jacques Maritain[138].
  37. Il avait un Livre d'Or dans lequel les invités signaient leur nom. Ainsi, le 8 novembre 1943, on peut lire les noms Désiré Defauw, Witold Malkuzinsky et Igor Platgorsky ; le 10 novembre : Rudolf Firkušný ; le 24 novembre : Mils Cooper et Arthur Rubinstein ; le 28 : Alexander Kipnis, James Quillian, Marthe de Fels et Jean Désy, l'ambassadeur canadien à Rio ; le 4 décembre : Yvette Gouin ; le 5 décembre : Henryk Szeryng et Ludmilla Pitoëff ; et le 12 décembre : Vladimir Golschmann… et Bruno Walter. Après la guerre, en 1946, il y recevra la contralto américaine Marian Anderson, le maire de Montréal Camillien Houde, le violoniste Jacques Thibaud, le chef d'orchestre français Charles Munch et le secrétaire de la province de Québec Omer Côté[140].

Références

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