Jean Boyer (compositeur)

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Jean Boyer
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Jean Boyer, né avant 1600 et mort en 1648, est un violiste et compositeur français, actif à Paris dans la première moitié du XVIIe siècle.

Il ne doit pas être confondu avec Noël Boyer, qui fut maître de la musique de la duchesse de Savoie et qui tenta en 1631 de succéder à Paul Auget comme surintendant de la musique de la chambre du roi[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Le premier acte qu'on possède sur Jean Boyer intervient lorsque son cousin Jehan Bernard (c. 1631 – après 1611) résigne ses charges de chantre de la Chambre et de la Chapelle du roi en sa faveur. L'acte précise que Jean Boyer était fils de feu maître Philibert Boyer, procureur en la cour de Parlement et qu'il était « expérimenté en l’art de musicque, mesme sur le lutz et sur les violles »[2].

Ce n'est qu'en qu’il apparaît dans des ballets de cour, composant cette année-là un air pour un ballet non identifié et un autre pour le Ballet des Forgerons. Il contribue à d’autres ballets : en 1618 un air pour le Ballet de la Folie et un autre pour le Ballet de M. de Nemours, en 1621 un air pour un ballet non identifié et un autre pour le Ballet des Indiens, enfin en 1626 pour le Ballet du Grand bal de la Douairière de Billebahaut.

La dédicace de ses livres d’airs publiés en 1619 et 1621, montre qu’il a probablement travaillé pour Henri Ier de Savoie-Nemours (1572-1632), qui était l’ordonnateur habituel des ballets du roi et qui aurait pu l’introduire à la cour d'une manière plus active que sa charge de chantre ne le lui permettait.

Le , il est Secrétaire ordinaire de la Chambre du roi[3], et le il obtient la moitié de la charge de joueur de viole ordinaire de la Chambre du roi détenue par Gabriel Caignet l'aîné, par démission de celui-ci. Cette charge lui rapportait 450 lt pour un semestre[4]. Il devint aussi ordinaire de la musique de la reine Anne d’Autriche, à 1 200 lt de gages annuels.

Henri de Savoie-Nemours étant mort dans l’intervalle, Boyer semble s’être ensuite attaché à la maison de Gaston d’Orléans, frère du roi. Les deux livres de chansons qu’il publie en 1636 et 1642 révèlent des attaches dans son milieu.

Le , Jean Boyer achète une maison à Wissous, au sud de Paris[5]. Il se marie avec Jeanne Aymar (veuve de Jacques de Mézières) en [6]. Il avait une sœur Marguerite mariée à François Gaulthier, procureur au parlement, un frère Léon, écuyer, conseiller du roi et contrôleur des guerres, et une sœur utérine Suzanne Maugars, femme de Jean Bigot, avocat au parlement. Peut-être cette dernière était-elle de la famille d’André Maugars (vers 1580 – vers 1645), violiste célèbre.

Sa mort survient en , alors qu’il est toujours ordinaire de la Musique du roi et de la reine. Son inventaire après décès () a été retrouvé[7] ; à cette époque, il habitait rue des Marmousets. Cet inventaire révèle deux théorbes, un luth, deux violes, deux guitares, des flûtes à bec et à Wissous encore un théorbe, une viole, un hautbois et une musette.

Au moment de son mariage[8], ses livres de musique incluaient des œuvres profanes et spirituelles de Claude Le Jeune, des tablatures pour luth, des airs et des chansons, des chansons profanes de Roland de Lassus ou leur parodies spirituelles, des madrigaux italiens. La proportion importante de contrafacta spirituels peut laisser supposer qu’il était protestant.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Airs de cour[modifier | modifier le code]

Boyer a publié plusieurs livres d’airs polyphoniques (à quatre voix ou pour voix et luth), publiés sous son nom ou dans des recueils collectifs. Il y fait preuve d’une belle inventivité et d’une réelle sensibilité à l’expressivité des textes qu’il met en musique[9].

  • Airs de différents auteurs, mis en tablature de luth par eux-mêmes. Huitième livre. Paris : Pierre I Ballard, 1618. 1 vol. 4°. RISM 16189 et S 3419, Guillo 2003 n° 1618-A.
Contient 8 airs de Boyer, parmi d’autres airs de Pierre Guédron, Antoine Boësset, Paul Auget, Vincent, Grand-Rue, Nicolas Signac, Savorny et Claude Coffin.
  • Airs à 4 parties, par Jean Boyer parisien. [Premier livre]. Paris : Pierre I Ballard, 1619. 4 vol. 8° obl. RISM B 4181, Guillo 2003 n° 1619-B.
Dédicace au Prince Henry de Savoye, duc de Genevois et de Nemours, avec diverses pièces liminaires à la louange de Boyer, dont une de Boyer lui-même, et une sur son anagramme « J’é bon air ». Édition avec une introduction de Thomas Leconte : Versailles : CMBV, 2003 (Cahiers de musique, E01).
Contient 37 airs, dont un provenant du Ballet de M. de Nemours (1619), un du Ballet de la Folie (1618), un du Ballet des Forgerons (1617), et 3 pièces spirituelles regroupées à la fin.
  • Airs de Jean Boyer parisien, mis en tablature de luth par lui-même. Paris : Pierre I Ballard, 1621. 1 vol. 4°. RISM B 4182, Guillo 2003 n° 1621-D.
Dédicace à Madame Anne de Lorraine, duchesse de Genevois et de Nemours, avec des stances sur les airs de M. Boyer par « D. I. ».
Contient 27 pièces pour voix et luth, dont une extraite d’un ballet non identifié, une autre extraite du Ballet de Monsieur de Nemours (1619) et trois pièces spirituelles regroupées à la fin. Ce recueil offre de nombreuses concordances avec ses airs à 1 voix.
  • IIe livre d'airs à 4 parties de Jean Boyer. Paris : Pierre I Ballard, 1627. 4 vol. 8° obl. Manque au RISM, Guillo 2003 n° 1627-A.
Dédicace à Monsieur L'Archer, président en la Chambre des Comptes, avec un quatrain signé « I. D. M. » et un huitain signé Ch. Morin.
Contient 36 pièces, y compris quelques chansons à boire regroupées à la fin. Seule est connue la partie de taille, mais les autres voix d’une quinzaine d’airs peut être reconstituée avec les contrafacta qui en ont été publiés dans la Philomèle séraphique (Tournai : Adrien Quinqué, 1632 et 1640).

Par ailleurs, entre 1618 et 1628, ses airs sont insérés dans des recueils d’airs à une voix :

  • IIIe livre d'airs de cour, et de différents auteurs [1 v.]. Paris : Pierre I Ballard, 1619. 1 vol. 8°. RISM 161910, Guillo 2003 n° 1619-A.
Contient 9 airs de Boyer, parmi des airs de Pierre Guédron, Antoine Boësset, Gabriel Bataille, Vincent, Grand-Rue, Nicolas Signac, Savorny, Claude Coffin, Paul Auget.
  • Airs de différents auteurs [1 v.]. Paris : Pierre I Ballard, 1621. 1 vol. 8°. RISM 162113, Guillo 2003 1621-B.
Contient 8 airs de Boyer dont un récit de ballet, parmi des airs de cour ou à boire de Claude Coffin, Grand-Rue et Sauvage.
  • Ve livre d'airs de cour et de différents auteurs [1 v.]. Paris : Pierre I Ballard, 1623/1624. 1 vol. 8°. RISM 16235, Guillo 2003 n° 1623-B.
Contient en 4 et 10 airs de Boyer, entre autres airs d’Antoine Boësset et Grand-Rue.
  • VIIe livre d'airs de cour, et de différents auteurs [1 v.]. Paris : Pierre I Ballard, 1626. 1 vol. 8°. RISM 162611, Guillo 2003 n° 1626-B. Édition réimprimée en 1628 (RISM 16288, Guillo 2003 n° 1628-B).
Contient 2 airs de Boyer, parmi des airs français ou espagnols d’Étienne Moulinié, Antoine Boësset, François Richard, Bocan, Guillaume Barberon, Gabriel Bataille ou Jacques Lefèvre. Dans la réédition de 1628 les airs de Boyer deviennent anonymes.
  • VIIIe livre d'airs de cour, et de différents auteurs [1 v.]. Paris : Pierre I Ballard, 1628. 1 vol. 8°. RISM 16289, Guillo 2003 n° 1628-C.
Contient 27 airs de Boyer, parmi des airs de cour ou à boire d’Antoine Boësset, Paul Auget et François Richard.

Chansons[modifier | modifier le code]

Les Chansons de 1636.

Les chansons publiées par Boyer sont plus tardives et d’une écriture moins élaborée que ses airs :

  • Recueil de chansons à boire et danser par Jean Boyer, de la Musique de la chambre du Roy, & de la Reyne [1-2 v., Ier livre]. Paris : Pierre I Ballard, 1636. 1 vol. 8°. RISM B 4183, Guillo 2003 n° 1636-D.
Dédicace à Monsieur de Flotte, gentilhomme ordinaire de la maison de Gaston d'Orléans, avec quelques pièces liminaires.
Contient 26 chansons pour boire à 2 voix dont 3 pour Gaston d’Orléans, et 25 chansons à danser à 1 voix.
  • IIe livre des chansons à danser et à boire de Jean Boyer, de la Musique de la chambre du Roy [1-2 v.]. Paris, Robert III Ballard, 1642. 1 vol. 8°. RISM B 4184, Guillo 2003 n° 1642-B. Cette édition a été recueillie en 1644 par Robert III Ballard (Guillo 2003 n° 1644-E) et en 1699 par Christophe Ballard (Guillo 2003 n° 1699-F).
Contient 31 chansons pour danser, 4 courantes pour danser, 2 sarabandes, toutes à 1 voix, et 7 chansons pour danser à 2 voix.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sur lui, voir Jurgens 1974 p. 105 et 324 et Bouquet 2010 p. 14. Massip 1976 laisse entendre (p. 140 et 142) que Léon n’est autre que le frère de Jean et qu’il lui aurait succédé comme joueur de viole à la Chambre après sa mort en 1648.
  2. Paris AN : MC/ET/LXXIII/168, f. 1304 (21 septembre 1611), cité incomplètement par Cazaux 2002 p. 92.
  3. Un certificat signé Henri de Savoie l’atteste, joint à son inventaire après décès.
  4. Acte cité dans son inventaire après décès : Paris AN, MC VI, 241, cote 24 (16 mai 1648), cité d’après Jurgens 1967 p. 288, original non conservé.
  5. Paris ANF : MC/ET/C/190, cité d’après Jurgens p. 288.
  6. Contrat du 7 février 1644 : Paris ANF : MC/ET/XXXIII/282, cité d’après Jurgens 1967 p. 287, et inventaire des biens de l’époux du 10 février suivant.
  7. Paris ANF : MC/ET/VI/241, transcrit partiellement dans Jurgens 1967 p. 286-288.
  8. Transcription de l’inventaire des livres dans Jurgens 1967 p. 287.
  9. Sur ses qualités de compositeur, voir Durosoir 1991 p. 157-161.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christelle Cazaux, La musique à la cour de François Ier. Paris : École des Chartes ; Tours : Programme Ricercar, 2002.
  • Marie-Thérèse Bouquet, « Quelques relations musicales franco-piémontaises aux XVIIe et au XVIIIe siècles », Recherches sur la musique française classique 10 (1970), p. 5-18.
  • Georgie Durosoir, L’Air de cour en France, 1571-1655. Liège : Mardaga, 1991.
  • Laurent Guillo, Pierre I Ballard et Robert III Ballard : imprimeurs du roy pour la musique (1599–1673). Liège : Mardaga et Versailles : CMBV, 2003. 2 vol. (ISBN 2-87009-810-3).
  • Madeleine Jurgens, Documents du minutier central concernant l’histoire de la musique, 1600–1650. 1 : Études I-X. Paris : Archives nationales, 1967 [lire en ligne][PDF].
  • Madeleine Jurgens, Documents du minutier central concernant l’histoire de la musique, 1600–1650. 2 : Études XI-XX. Paris : Archives nationales, 1974 [lire en ligne][PDF].
  • Catherine Massip, La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin (1643-1661) : essai d'étude sociale. Paris : Picard, 1976 (OCLC 947142728).

Liens externes[modifier | modifier le code]