Jean Bezier

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Jean Bézier
Surnom Moustache
Naissance
Grenoux
Décès (à 65 ans)
Montigné-le-Brillant
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Chouan
Grade Colonel
Commandement Chef de la 4e Division de l'Armée Royale de la Mayenne, Colonel de la Légion de l'Armée Royale du Maine
Conflits Chouannerie
Faits d'armes Virée de Galerne
Distinctions Chevalier de Saint-Louis

Jean Bézier, dit Moustache, né le à Grenoux et mort le à Montigné-le-Brillant, est un chef chouan de la Révolution française dans la région de Laval. Il portera le titre de Chef de la 4e division de l'Armée Royale de la Mayenne. Il sera aussi garde-chasse du marquis de Montecler[1].

Description[modifier | modifier le code]

Haute taille, force extraordinaire, physionomie martiale, il fut remarqué entre les plus braves[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean Bézier est né à Grenoux le . Il est le fils de René Bézier[3] et de Jeanne Mérias[4]

Virée de Galerne[modifier | modifier le code]

À Laval, le , Jean est présent lors de l'entrée des Chouans du Maine à Laval pour rejoindre les vendéens et lors de l'attaque de la ville par les Républicains du Général François-Joseph Westermann (nuit du 25 au 26). La troupe de Jean Chouan fut la première à courir au combat. Après un engagement très vif, la troupe républicaine vigoureusement repoussée se retira. On cite lors de cet évènement : Jean Bezier, connu dans la suite sous le nom de Moustache, qui y retourna jusqu'à trois fois pour approvisionner ses camarades en cartouches stockées dans des caissons parmi les troupes Républicaines[5].

Le , Jean est présent lors de la Bataille d'Entrammes entre les Républicains commandés par le général Jean Léchelle et l'armée des Vendéens (commandée par Rochejaquelein) ainsi que les Chouans de Mayenne dit Armée de La Petite-Vendée (commandée par le Prince de Talmont, Antoine-Philippe de La Trémoïlle).

Au Siège de Granville le , Jean est présent lors de l'attaque de la ville et pénètre jusqu'aux remparts[6].

À la Bataille de Dol, le , Jean est présent lors de la victoire des Chouans commandés par Jean Chouan et le Prince de Talmont,Antoine-Philippe de La Trémoïlle[7].

À la Bataille du Mans, le , Jean est présent lors de la défaite des Chouans. Il effectue la retraite vers Laval.

Chouannerie[modifier | modifier le code]

À Nuillé-sur-Vicoin, le , Jean est présent lors de la Bataille de la Châtaigneraie de la Bodinière (victoire des Chouans)[8]

À Nuillé-sur-Vicoin, le , Jean est présent lors de l'Attaque de l'Église (victoire des Chouans). À Ahuillé, le , Jean est présent lors de l'attaque de poste d'Ahuillé (Défaite des Chouans). Contre l'avis de Jambe d'Argent, Moustache est favorable à cette attaque.

À Montchevrier, le , Jean est présent lors de la nomination de Jambe d'Argent comme commandant[9]

À Astillé, le , Jean est présent lors de l'attaque du poste d'Astillé avec Jambe d'Argent (défaite des Chouans) : 500 hommes. La précipitation de Noël Jamois dit Placenette rend l'attaque inutile. À Parné-sur-Roc, le , Jean est présent lors de l'attaque du poste de Parné avec Jambe d'Argent (Victoire des Chouans). À La Chapelle-Rainsouin, le , Jean est présent avec Jambe d'Argent lors de l'attaque des Républicains à trois reprises (Victoire des Chouans). À Houssay, en 1795, Jean est présent lors de l'attaque pendant laquelle Jambe d'Argent s'empare de 9 voitures de transport militaire qui avaient 200 hommes d'escorte. (Victoire des Chouans). Il y a 30 morts. Moustache tue le commandant de la colonne.

À Quelaines-Saint-Gault, en 1795, Jean est présent lors de Procès de Salmon dit Dur-au-Feu, déserteur républicain devenu Chouan, pour trahison devant l'état-major des Chouans. Il est condamné à être fusillé. Moustache commande le peloton d'exécution en présence de Jambe d'Argent[10]. À Ampoigné, en , Moustache est blessé lors d'une attaque avec Jambe d'Argent qui avait pour but d'empêcher les Républicains de récupérer du fourrage. Il est secouru par un certain Lochin de la paroisse de Nuillé. Moustache blessé restera un mois sans combattre.

En 1797, il habite à Saint-Sulpice, au moulin de La Rongère, puis en 1800, au Château de la Rongère. C'est dans ce château, qu'il est accueilli par Madame la marquise Henri-Frédéric de Chavagnac, dame de la Rongère, née Henriette-Françoise de Montecler.

Toutefois, le , le juge de paix de Quelaines déclarait que Jean Bezier, dit Moustache, récemment sorti des prisons de Laval, n'avait pas repris les armes et était soumis aux lois[11].

Jean Bézier est décoré en 1814 à L'Île-d'Yeu comme Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis qu'il reçoit des mains du Comte d'Artois (futur Charles X de France). Nommé Colonel de la Légion de l'Armée Royale du Maine, la marquise de Chavagnac, dame de la Rongère, née Henriette-Françoise de Monteclerc l'admit à sa table après qu'il eut reçu la croix de Saint-Louis.

Sur la route de Cossé-le-Vivien, le jour de la foire en visant le Colonel Michel-Jacques-François Achard, il est atteint d'une balle et haché à coups de sabre. Il est décédé le lundi , à l'âge de 65 ans, à Montigné-le-Brillant, Le Haut-Chêne. Il est inhumé le à Montigné-le-Brillant[12].

Sa pierre tombale[13] d'origine en ardoise se trouve au Musée de la chouannerie et de la Révolution française à Saint-Ouën-des-Toits. Une inscription indique: Ci gît, Mr Jean Bézier, dit Moustache, chevalier de Saint-Louis, colonel de la première Légion, de l'armée royale du Maine, né à Grenoux le , mort dans cette paroisse le , en combattant pour son Dieu et pour son Roi. Priez pour lui.

Quatrevingt-Treize[modifier | modifier le code]

Ses exploits ont servi à Victor Hugo pour son roman Quatrevingt-Treize[14]:

« [...] « Gauvain, sache qu'il faut faire la guerre à la femme quand elle se nomme Marie-Antoinette, au vieillard quand il se nomme Pie VI, pape, et à l'enfant quand il se nomme Louis Capet. - Mon maître, je ne suis pas un homme politique. - Tâche de ne pas être un homme dangereux. Pourquoi, à l'attaque du poste de Cossé, quand le rebelle Jean Treton, acculé et perdu, s'est rué seul, le sabre au poing, contre toute ta colonne, as-tu crié : Ouvrez les rangs. Laissez passer ? - Parce qu'on ne se met pas à quinze cents pour tuer un homme Pourquoi, à la Cailleterie d'Astillé, quand tu as vu que tes soldats allaient tuer le Vendéen Joseph Bézier, qui était blessé et qui se traînait, as-tu crié : Allez en avant ! J'en fais mon affaire ! et as-tu tiré ton coup de pistolet en l'air ? - Parce qu'on ne tue pas un homme à terre. - Et tu as eu tort. Tous deux sont aujourd'hui chefs de bande ; Joseph Bézier, c'est Moustache, et Jean Treton, c'est Jambe-d'Argent. En sauvant ces deux hommes, tu as donné deux ennemis à la république. - Certes, je voudrais lui faire des amis, et non lui donner des ennemis. - Pourquoi, après la victoire de Landéan, n'as-tu pas fait fusiller tes trois cents paysans prisonniers ? - Parce que, Bonchamp ayant fait grâce aux prisonniers républicains, j'ai voulu qu'il fût dit que la république faisait grâce aux prisonniers royalistes. » [...] »

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Beaucoup d'ex-chouans ont occupé par la suite des postes municipaux comme garde-chasse ou garde-champêtre.
  2. Souvenirs de la Chouannerie, p. 251.
  3. Alors âgé de 35 ans.
  4. Alors âgée de 35 ans elle aussi.
  5. Souvenirs de la Chouannerie, p. 133.
  6. Moustache monte sur le toit d'une maison des faubourgs, d'où exposé à tout le feu de l'ennemi, il tirait sur les canoniers Républicains avec les fusils qu'on lui passait tout chargés. Il tua successivement dix-neuf Bleus qui s'obstinèrent à rester près de leurs batteries. Souvenirs de la Chouannerie, p. 136.
  7. C'est La Rochejacquelein qui en arrivant au secours de l'avant garde des Chouans a fait basculer la victoire. Souvenirs de la Chouannerie, p. 137.
  8. Sont présents : - Pierre Mongazon (Présent) - Jambe d'Argent (Présent) Chef du groupe de Chouans. Souvenirs de la Chouannerie, p. 137.
  9. Comme on le pense bien, Jambe d'Argent n'en était point venu là tout d'un coup. D'abord confondu avec les autres chouans, il leur avait laissé faire l'expérience de sa supériorité. Il s'était successivement dévoué pour chacun et tous, avant de devenir ses soldats, avaient été ses obligés. Moustache surtout ne pouvait oublier que, surpris par les bleus sur la route de Cossé, il avait dû à Jambe-d'Argent de revenir sain et sauf et sans déshonneur parmi les siens. Appuyés épaule contre épaule, tous deux avaient traversé, le fusil en joue et au petit pas, les rangs des républicains qui, frappés d'admiration, s'étaient écartés en criant : - Laissez passer les braves . - Dès ce jour, l'ancien garde-chasse du marquis de Monteclerc avait dit : - Il faut que tu sois notre chef. Et il ne négligea rien pour préparer à ce choix les autres insurgés. Les victoires de la Bodiniére, puis de Nuillé, qu'ils durent à Jambe d'Argent, et la défaite d'Ahuillé, par laquelle ils furent punis d'avoir repoussé ses conseils, décidèrent sa nomination. Ceux qui avaient cherché dans la guerre civile une cocarde pour couvrir leurs crimes osèrent seuls protester. De ce nombre furent Moulins, lâche bandit, instruit à toutes les bassesses dans les égouts de la gabelle, et bon seulement à colporter la terreur au moyen de marches prodigieuses; Barbier, dit la Risque, Jamois, surnommé Place-Nette, et enfin Mousqueton, cet horrible Quasimodo de la chouannerie, que l'odeur du sang enivrait comme le vin, et qui sabrait les prisonniers à petits coups pour sa réjouissance. Est présent : - Pierre Mongazon(Présent). Souvenirs de la Chouannerie
  10. Souvenirs de la Chouannerie, p. 471.
  11. (Abbé Angot, t. IV, p. 860)
  12. Une place dans cette commune porte son nom. Il a été publié par extraits dans la 2e édition de la Vendée militaire (t. IV, p. 651) une relation, écrite par Michel-Georges de la Broise, du combat du Haut-Chêne où fut tué Moustache, le 10 juillet 1815, et auquel il avait assisté.
  13. Une dalle d'ardoise est retrouvée en 1988, lors de travaux dans une ferme à Andouillé. Elle fait 1,84 m de haut, 84 cm en largeur et de 8 cm d'épaisseur.
  14. TROISIEME PARTIE. EN VENDEE -LIVRE DEUXIEME. LES TROIS ENFANTS -VII. Les deux poles du vrai.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]