Jean-Claude Casanova

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Jean-Claude Casanova
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Jean-Claude Casanova en 2008
Naissance (89 ans)
Ajaccio

Jean-Claude Casanova, né le à Ajaccio, est un économiste et intellectuel libéral français.

Carrière de professeur d'économie

Agrégé des facultés de droit et de sciences économiques, docteur ès sciences économiques et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Jean-Claude Casanova, commence sa carrière comme avocat stagiaire (1954-1955) avant de séjourner dans le département d'économie de l'université Harvard (1957-1958). Durant ses études en France, il présida la Conférence Olivaint. Il y côtoya, entre autres, Jean-Pierre Chevènement.

Rentré en France, il devient assistant à la Fondation nationale des sciences politiques (1958-1959) puis à la faculté de droit et des sciences économiques de Dijon (1963-1964). Élu directeur d'études et de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques, poste qu'il occupe jusqu'en 1990, il devient professeur titulaire à l'Institut d'études politiques de Paris en 1969. Il fut également professeur à l'École nationale d'administration (1966-1968), à la faculté de Paris-Nanterre (1968-1969) et à l'École supérieure du pétrole (IFP) (1970-1976).

Participation à l'action gouvernementale

Jean-Claude Casanova a exercé des fonctions au sein de plusieurs cabinets ministériels centristes : chargé de mission au cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l'Industrie (1959-1961), conseiller technique au cabinet de Joseph Fontanet, ministre de l'Éducation nationale (1972-1974) et conseiller de Raymond Barre, Premier ministre (1976-1981).

Un intellectuel libéral

Il a cofondé, avec Raymond Aron, la revue Commentaire, dont il est le directeur depuis sa création en 1978[1]. Il est de plus éditorialiste associé au journal Le Monde (après l'avoir été à L'Express de 1985 à 1995), au mensuel Corsica, collabore régulièrement au Figaro depuis 1996. Il a été également le coanimateur de l’émission La Rumeur du monde sur France Culture.

Enfin, il est directeur-adjoint de la collection Thémis Économie (Presses Universitaires de France) depuis 1986 et préside plusieurs jurys de prix littéraires.

Après ses activités de conseiller ministériel, Jean-Claude Casanova avait repris ses activités d’enseignant, à l'Institut d'études politiques de Paris, animé des séminaires de recherche en pensée politique ou en relations internationales, et a dirigé jusqu’en 2002 l’un des deux centres de recherche en économie de l'IEP : le Service d’étude de l’activité économique (SEAE).

À travers ses œuvres, et tout comme Commentaire, il s'inscrit dans la tradition du libéralisme français[2], dans la lignée d'Alexis de Tocqueville, d'Élie Halévy, de Raymond Aron et de François Furet.

Président de plusieurs institutions économiques

Dans le domaine international

Il est membre du conseil d’administration de l’Institut français de relations internationales (IFRI)[3]. Le 17 novembre 2009, il publie dans le journal Le Monde un article intitulé « Le temps est venu pour l'Europe de s'émanciper des États-Unis ». Dans la ligne d'un rapport du réservoir d'idées (Think Tank) European Council on Foreign Relations intitulé « Towards a Post-American Europe : A Power Audit of EU-US Relations, ECFR » rédigé par Jeremy Shapiro et Nick Witney, il estime que les relations entre l'Europe et les États-Unis devraient se transformer en partenariat entre égaux. Toutefois cela exige que l'Europe politique veuille exister ce qui, pour lui, est improbable mais pas impossible car « tout est toujours improbable en politique »[4].

Au niveau national

Jean-Claude Casanova est président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) depuis le 30 janvier 2007, date où il succède à René Rémond. Il a été l’un des dirigeants de la fondation Saint-Simon, du Conseil économique et social de 1994 à 2004, et depuis 2004 est membre du Conseil d'analyse de la société. Il est également président du conseil scientifique de l'Institut national d'études démographiques, depuis 1996.

Il a été élu le 3 janvier 1997 membre de l'Académie des sciences morales et politiques dans la section Économie politique, Statistique et Finances, au fauteuil de Jean Marchal. Il a présidé l'Académie en 2009.

En juillet 2007, il est membre du Comité de réflexion sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions, mis en place par Nicolas Sarkozy, et il est nommé membre du Comité pour la réforme des collectivités locales en octobre 2008.

Jean-Claude Casanova est, depuis 2009, membre du comité de parrainage de l'Institut régional du cinéma et de l'audiovisuel (IRCA) présidé par le réalisateur v.

À partir de 2009, il fait partie du jury du prix de la BnF.

Il est membre depuis 2011 du conseil d'orientation de la fondation Écologie d'avenir, conseil présidé par Claude Allègre.

La Fondation nationale des sciences politiques : un bilan contesté

Jean-Claude Casanova est nommé en juillet 2012 membre de la Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique créée par François Hollande.

Paradoxalement, la Cour des comptes a émis un rapport[5] accablant sur la gestion financière et administrative de Sciences Po, dont Jean-Claude Casanova est pourtant l'un des premiers responsables, étant président de la FNSP et de son conseil d'administration, qui a en charge la gestion administrative et financière de l'établissement[6]. Selon ce rapport, les coûts de fonctionnement de cette institution ont augmenté, coûts financés par l'augmentation des droits d'inscription mais aussi par l’État sans véritable contrepartie ni contrôle[5],[7]. Par ailleurs, le rapport pointe de nombreuses défaillances dans la gestion de l'établissement : non-respect du code des marchés publics, infractions au code relatif au statut des enseignants chercheurs, souscription d'un emprunt « toxique » sans information des autorités compétentes, système opaque de rémunération des salariés, attributions douteuses de logements de fonction, rémunération opaque et non maîtrisée de l'administrateur-directeur de l'établissement[5],[8].

Jean-Claude Casanova est, de plus, mis directement en cause dans la forte augmentation des primes aux dirigeants[9]. Le rapport final de la Cour des comptes signale que sa rémunération, doublée en 2009 avec effet rétroactif, n'est pas conforme « aux règles encadrant la rémunération des dirigeants d’organismes à but non lucratif » car ce n'est plus une « indemnité pour frais de mission [...] sur justificatifs », et qu'elle devrait être avalisée par le conseil d'administration de la FNSP, et inscrite dans ses statuts[5]. Devant la gravité de certains faits constatés, la Cour des comptes transmet le dossier à la justice[10].

Ce rapport entraîne un vent de fronde à Sciences-Po.

  • Le 27 novembre, une assemblée générale, réunissant 230 étudiants, enseignants et salariés, demande « au président du conseil d'administration (Jean-Claude Casanova) et au président du conseil de direction (Michel Pébereau) de présenter leur démission[11]. »
  • Le 16 décembre, de nombreuses personnalités (dont Robert Badinter, Pierre Bergé, Alain Besançon, Jean-Denis Bredin, Jean Daniel, Alain Finkielkraut, Marc Fumaroli, Ran Halévi, Jacques Julliard, Pierre Manent, Pierre Nora, Pierre Rosanvallon, etc.), « choquées de la manière dont plusieurs médias ont parlé » de lui, manifestent dans Le Monde leur « amitié et leur estime » à Jean-Claude Casanova et rappellent « sa passion pour le bien public, son intégrité personnelle, son désintéressement[12]. »
  • Le 27 décembre, une tribune signée par deux directeurs de recherche et un professeur de Sciences Po et intitulée « Jean-Claude Casanova doit partir » est publiée dans le journal Le Monde[13] : elle rappelle les dérives relevées par la Cour des comptes et la responsabilité qu'en porte Jean-Claude Casanova en tant président du conseil d'administration de la FNSP mais elle pointe aussi du doigt la tentative de « passer en force » dans « la procédure de désignation du futur administrateur de la FNSP et directeur de l'Institut d'études politiques » (à savoir, Hervé Crès) sous couvert de préserver l'indépendance de l'institution, indépendance que l’État ne cherche pourtant nullement à remettre en cause. C'est que l'enjeu de la nomination d'Hervé Crès et du maintien de Jean-Claude Casanova, d'orientation libérale, concerne la privatisation de l'enseignement supérieur : comme le rappelle le sociologue Alain Garrigou, « Sciences Po joue le rôle de poisson pilote d’une université néolibérale[14]. »

Publications

  • Essai sur quelques tentatives d'intégration de l'économie et de la sociologie, 1963.
  • La politique scientifique des États-Unis, 1968.
  • Principes d'analyse économique, 11 fascicules, 1969-1978.
  • Reshaping the international economic order, en collaboration, 1972.
  • Rapport du groupe d'étude de la tarification de l'électricité, (en collaboration), 1974.
  • Histoire de l’analyse économique de Joseph Schumpeter, directeur de la traduction française, 1983.
  • Six manières d’être européens, en collaboration, 1990 ; édition des Mélanges offerts à Raymond Aron, 1985.
  • Entre l'État et le marché. L'économie française de 1880 à nos jours, in Les Echanges extérieurs : un équilibre précaire, avec Maurice Levy-Leboyer, 1991.
  • Réformer le mode de scrutin européen, rapport, Paris, Mouvement européen, 1996.
  • La Construction de l’Europe, Louis Audibert Éditions, 2004 (ISBN 2-84749-052-3)
  • Préface à Raymond Aron, De Giscard à Mitterrand (1977–1983), Éditions de Fallois, coll. « Littérature », Paris, 2005, 895 p. (ISBN 2877065707)

Notes

  1. Bastien Engelbach et François Quinton, "Entretien avec Jean-Claude Casanova", nonfiction.fr, 10 avril 2008
  2. Bastien Engelbach et François Quinton, "Entretien avec Jean-Claude Casanova", nonfiction.fr, 10 avril 2008
  3. Conseil d’administration de l’Institut français de relations internationales
  4. Jean-Claude Casanova, Le Monde du 17/11/2009
  5. a b c et d « Sciences Po : une forte ambition, une gestion défaillante », rapport public thématique, novembre 2012, p. 39, 95-96, 104-105.
  6. Structures juridiques sur sciencespo.fr.
  7. « Sciences Po : la Cour des comptes accable Descoings », Assma Maad, Le Figaro.fr, 9 octobre 2012.
  8. « Sciences Po : la Cour des comptes éreinte la gestion de l'ère Descoings », Libération.fr, 8 octobre 2012.
  9. « Jean-Claude Casanova, le président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP, qui gère l'IEP) a vu sa prime passer de 16 500 euros en 2007 à 36 000 en 2010 et 2011 (contre 9 375,72 pour son prédécesseur). Elle a même été de 69 000 euros en 2009, année où il a été décidé de porter, avec effet rétroactif, cette indemnité mensuelle de 1 500 euros à 3 000 euros. » Voir : « La Cour des comptes dénonce la gabegie de Sciences Po Paris », Maryline Baumard et Benoit Floc'h, lemonde.fr, 8 octobre 2012. Ces propos sont en partie rectifiés le 24 novembre, voir : lemonde.fr.
  10. Voir sur ccomptes.fr.
  11. « Indiscret Sciences Po : la direction assiégée », Benoît Floc'h, Le Monde.fr, 27 novembre 2012.
  12. « Soutien à Jean-Claude Casanova », Le Monde.fr, 16 décembre 2012.
  13. « Jean-Claude Casanova doit partir », Le Monde.fr, 27 décembre 2012.
  14. Voir sur mondediplo.net.

Liens externes