Jean-Baptiste L'Écuy

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Jean-Baptiste L'Écuy
Biographie
Naissance
Carignan (Ardennes)
Ordre religieux Prémontrés
Ordination sacerdotale
Décès (à 93 ans)
Paris
Abbé de l'Église catholique
Général de l'ordre des Prémontrés
Autres fonctions
Fonction laïque
Membre de l’assemblée provinciale de Soissons et président de celle de Laon, en 1787.

Blason

Jean-Baptiste L'Écuy, né le à Carignan et mort le à Paris, est le dernier abbé général de l'ordre des Prémontrés avant la Révolution.

Biographie[modifier | modifier le code]

Sa jeunesse et ses études[modifier | modifier le code]

Jean-Baptiste l'Ecuy naquit le , à Yvois-Carignan, alors dans le Luxembourg français et aujourd'hui dans le département des Ardennes. Il commença ses études en 1748, au petit collège d'Yvois, et reçut la tonsure en 1751, de Johann Nikolaus von Hontheim, suffragant de Trèves. On l'envoya faire sa rhétorique et sa philosophie sous les jésuites, à Charleville, et en 1758 il fut admis au séminaire du Saint-Esprit. L'année suivante, il prit l'habit à l'abbaye de Prémontré, et y prononça ses vœux le .

Peu après, ses supérieurs le firent passer au Collège des Prémontrés, à Paris, pour y suivre le cours ordinaire des études. Le jeune l'Ecuy reçut les ordres, et fut ordonné prêtre le . Le , il fut reçu bachelier en théologie. On le rappela à Prémontré pour y enseigner la philosophie, puis la théologie. De retour à Paris en 1767, on le chargea d'enseigner la philosophie dans le collège de Prémontré. Il entra en licence en 1768, et y eut pour condisciples l'abbé de La Luzerne, l'abbé Duvoisin, l'abbé Taillet[1] et autres hommes distingués dans le clergé.

Sa prélature[modifier | modifier le code]

Guillaume Manoury [2] fut élu abbé et général des Prémontrés en 1769, et choisit l'Ecuy pour secrétaire. Ils visitèrent ensemble, en 1771 et 1772, les abbayes de l'ordre dans les Pays-Bas. En 1775, l'abbé le nomma prieur du collège des Prémontrés à Paris, sans toutefois lui retirer ses fonctions de secrétaire. En 1776, l'Ecuy soutint sa résompte. Le roi lui accorda une pension de 800 livres sur l'abbaye de Beaulieu, et peu après un de ses confrères lui résigna un prieuré simple dans l'évêché de Beauvais. En 1779, on lui résigna encore un autre prieuré dans le diocèse d'Aire. En 1778 et 1779, son abbé et lui visitèrent les abbayes de leur ordre en Normandie et en Bretagne.

Guillaume Manoury, général des Prémontrés, mourut le  ; le chapitre général pour l'élection d'un nouvel abbé eut lieu en septembre suivant. L’Ecuy y fut élu unanimement, le , pour abbé et général de son ordre. Le 1er novembre suivant, il fut présenté au roi Louis XVI, et le suivant, ayant reçu ses bulles, il fut béni abbé par Charles-Bernard Colin, seigneur de Contrisson, évêque des Thermopyles (de)[3], à la place de l'évêque de Laon.

Son premier soin fut d'accroître et d'enrichir la bibliothèque de son abbaye. Il aimait les livres, et pendant son séjour à Paris, dans sa jeunesse, il avait appris l'italien et l'anglais. Plus de 50 000 livres de son propre revenu furent employées à des acquisitions de livres, et au moment de la Révolution la bibliothèque était considérable. Le nouvel abbé s'occupa aussi de l'amélioration des études ; ce fut un des objets traités dans les chapitres qu'il présida en 1782, 1785 et 1788. On y décida la réforme et la réimpression du Bréviaire et des autres livres liturgiques de l'ordre ; la rédaction du Bréviaire fut confiée à Remacle Lissoir.

L’Ecuy établit dans son abbaye des conférences théologiques, des cours de mathématiques et de belles-lettres ; il y forma un cabinet de physique. Soigneux d’établir la concorde entre les deux branches de l'ordre des Prémontrés, il présida plusieurs fois les chapitres de ceux de la Stricte-Observance. Il visita les abbayes de son ordre en Suisse, dans le pays de Porrentruy et dans diverses parties de la France. En 1787, le roi le nomma membre de l’assemblée provinciale de Soissons et président de celle de Laon.

La Révolution et après[modifier | modifier le code]

La Révolution éclata ; le , le pouvoir civil signifia à L’Ecuy de quitter son abbatiale. Il se retira à Penancourt[4], où était une maison de campagne de l'abbaye. Une pension de 6 000 livres lui fut tout d'abord assignée, cette indemnité fut fortement réduite par la suite. C'était assurément une grande chute pour un général d'ordre qui jouissait de 60 000 livres de rente. Bientôt il fut inquiété dans sa retraite ; il fut incarcéré à Chauny le , mais relâché le 14 du même mois ; il se retira, en , à Grandval, maison solitaire près de Melun, où il vivait avec son frère, lui aussi religieux des Prémontrés. En 1795, il obtint la restitution de ses livres, qui étaient déposés dans les caisses au district de Chauny. En 1797, il prit quelques élèves qu'il instruisait de concert avec son frère.

En 1801, L’Ecuy vint se fixer à Paris, où il avait de nombreux amis. Un d'eux, Remacle Lissoir, le mit en relation avec les rédacteurs du Journal de Paris, et L'Ecuy y donna des articles jusqu'en 1811. En 1803, il fut nommé chanoine honoraire de Notre-Dame. En 1806, il devint aumônier de l'épouse de Joseph Bonaparte, Julie Clary. En , on le chargea de prêcher un discours à Notre-Dame pour l'anniversaire du couronnement, et le il prêcha dans la même église pour le rétablissement du culte.

En 1818, Louis XVIII lui accorda une pension de 500 francs. En 1824, l'archevêque de Paris, Hyacinthe-Louis de Quélen, le nomma chanoine de Notre-Dame, et l’admit dans son conseil.

La vieillesse et la mort[modifier | modifier le code]

Le , âgé de 87 ans, il chut dans la sacristie de Notre-Dame ; on le releva mais il avait perdu l'usage de ses jambes. Il continua cependant encore de se livrer au travail, à la lecture et à la prière. Il s'éteignit doucement, le , dans sa quatre-vingt-quatorzième année. Ses obsèques eurent lieu à Notre-Dame, le . Selon ses intentions, son corps a été embaumé par les soins du docteur Martin, son ami. Le cœur fut transporté à l'abbaye de Strahow, de l’ordre des Prémontrés, à Prague, selon ses désirs.

Ses publications[modifier | modifier le code]

Comme auteur[modifier | modifier le code]

  • Discours prononcé dans la salle capitulaire de l'abbaye de Prémontré, le , à l'ouverture du chapitre national, Soissons, 1779, in-4° ;
il fut traduit en latin par l'abbé de Strahow : Oratio habita in aula capitulari abbatiae Praemonstratensis quinta Augusti 1779, dum capitulum provinciale institueretur, Pragae : Gerzabeck, 1781 [4]Édition bilingue : textes latin et français représentés en vis-à-vis;
cet ouvrage reçut une traduction en allemand : Rede von dem Nutzen, den die Geistlichen, besonders Stifter und Abteyen, dem Staate und der Gelehrsamkeit geleistet haben, und noch leisten, Konstanz : Labhart / Wien : Christian Friedrich Wappler, 1781 [5]
  • Discours pour l'anniversaire du couronnement et de la bataille d'Austerlitz, prononcé dans l'église métropolitaine de Paris, le , Paris : Desray, 1813 [6].
  • Discours pour les fêtes réunies de l'anniversaire du rétablissement du culte catholique en France, de l'Assomption de la Sainte Vierge et de saint Napoléon, prononcé dans l'église métropolitaine de Paris, le , Paris : Desray, 1813 [7]
  • Manuel d'une mère chrétienne: ou, Nouvelles lectures chrétiennes, Paris : Thieriot & Belin, 1822 - vol.1 [8] & vol.2 [9]/[10][5].
  • La Bible de la jeunesse, ou Abrégé de l'histoire de la Bible, contenant l'Ancien et le Nouveau Testament, Paris : Veuve Bouchard-Huzard, 1825, en 2 vol. — vol.1 & vol.2
  • Essai sur la vie de Jean de Gerson, chancelier de l'Église et de l'Université de Paris, Paris : Chaude, 1832, en 2 vol. [11].
  • Flora Præmonstratensis, curâ et sumptibus RR. DD. Joannis-Baptistæ l’Ecuy, dirigente vero domino Claudio-Antonio le Marcant de Cambronne, botanophilo Laudunensi, annis 1787 et 1788 Collecta, et ad naturæ fidem depicta, Paris, 1827 , 3 gros vol., in-folio. — Il s'agit d'un exemplaire unique et ouvrage que la révolution empêcha d'achever. L’auteur l'a donné à la bibliothèque publique de Laon.[6]

Comme traducteur[modifier | modifier le code]

  • Nouveau dictionnaire universel, historique, biographique, bibliographique et portatif, de John Watkins (en), Paris : Desray, an XI - vol.1 & vol.2.
  • Amintor et Théodora, suivi de L'excursion ou les merveilles de la nature, de David Mallet, 1798.

Comme éditeur scientifique[modifier | modifier le code]

  • Nouvel atlas de la Bible, pour servir à l'intelligence des livres sacrés de l'Ancien et du Nouveau Testament, de C.-B. Glot, Paris : Desray, 1809, cartonnage in folio contenant 6 grandes cartes en double page sur papier à la cuve [12].
  • Il publie avec ses corrections et augmentations, les Annales civiles et religieuses d'Yvois-Carignan et de Mouzon, de Charles Joseph Delahaut (1702-1774), chanoine de Prémontrés; Paris, 1822 [13].
  • De Capta a Mehemethe II Constantinopoli, Leonardi Chiensis et Godefridi Langi narrationes, sibi invicem collatae, de Léonard de Chio archevêque de Mitylène, Paris : C. Stuart, 1823 [14]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L'abbé Augustin-Alexis Taillet fut vicaire général de Saintes, archidiacre d'Aunis, vicaire général de La Rochelle, vicaire général honoraire de Reims et de Rouen. L'on peut lire une courte notice nécrologique dans L'Ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire, n°1297, samedi 13 janvier 1827, p.280 [1]
  2. La Biographie universelle, ancienne et moderne de Louis Gabriel Michaud, Paris, chez Madame C. Desplaces, vol.23, note 2 au bas de la page 557, indique que « Guillaume Manoury, né à Elbeuf, cinquante-sixième abbé de Prémontré, mort à Paris, le 18 juillet 1780, à l'âge de 60 ans, était un homme instruit et d'un jugement exquis. »
  3. L'évêque in partibus infidelium des Thermopyles était évêque suffragant de Laon — cf : Marc Antoine François Gaujal, Études historiques sur le Rouergue, Paris : Paul Dupont, 1859, vol.3, p.241 [2]
  4. Penancourt est un hameau d'Anizy-le-Château ; l'abbaye y tenait d'une maison de campagne, pour l'usage des dignitaires de l'ordre, réputée plus luxueuse que l'abbaye elle-même. — cf : Pierre Chevallier, Lomenie de Brienne et l'ordre monastique (1766-1789), Paris : J. Vrin, 1959, p.130
  5. L'on peut en lire une courte critique dans L'Ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire du 18 juillet 1827, p.320 [3]
  6. Cf : Suzanne Martinet, dans la bibliographie.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des Ardennais qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs vertus et leurs erreurs, en 2 volumes, Paris, 1830 ; vol.2, p. 467-471 [15]
  • Notice sur M. L'Écuy, dernier abbé des Prémontrés, dans L'Ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire, no 2271 du , p. 289-295 [16].
  • Notice sur M. L'Ecuy : dernier abbé des Prémontrés, dans Le Conservateur belge: recueil ecclésiastique, philosophique et littéraire, vol.10, Louvain : Vanlinthout & Vandenzande, 1834, p. 89-96 [17].Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • A. Frezet, « Le dernier abbé de Prémontré : J.-B. L'Ecuy », Nouvelle revue de Champagne et de Brie, vol. 7,‎ , p. 172-174 (lire en ligne).
  • Berthe Ravary, Jean-Baptiste L'Ecuy dernier abbé général des Prémontrés en France (1740-1834), thèse pour le doctorat de l'Université de Paris présentée à la Faculté des Lettres le , Paris : B. Grasset, 1955.
  • [PDF] Suzanne Martinet, L'Abbé L'Ecuy, le Père Cotte, la flore de Prémontré et la Société d'Agriculture de Laon, Mémoires de la Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, vol.27, 1982, p. 63-74 [18].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]