Jean-Baptiste Estelle

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Portrait de Jean-Baptiste Estelle, premier échevin de Marseille en 1720.

Jean-Baptiste Estelle né à Marseille en , mort dans la même ville en , est un négociant et homme politique français. Il a été consul de France au Maroc et en Syrie, puis échevin de la ville de Marseille pendant la peste de 1720[1].

Biographie

Le consul

En 1680, à tout juste 18 ans, il est appelé à Alger par son père Pierre Estelle qui y est consul depuis 1670. Après un retour à Marseille en 1683, il suit également son père en 1685 au Maroc à Tanger puis à Tétouan. En 1688, il est chargé par la chambre de commerce de Marseille de favoriser les échanges avec le Maroc. D’autres missions lui sont également confiées et en 1690 il est nommé consul de France à Salé, mission où il développe les relations commerciales entre les deux pays et s’occupe du rachat des prisonniers chrétiens.

En 1699 il est muté au consulat de Seyde en Syrie où il pourra constater les ravages que fait la peste dans ce pays. En 1711 il abandonne ses fonctions pour rentrer à Marseille et se consacrer au négoce.

Le négociant

Il entre en relation avec la maison Guilhermy, Chaud et Cie qu’il avait connue au Levant. Il développe le commerce avec le Proche-Orient, notamment avec Seyde. Il devient un notable de la ville de Marseille et le 28 octobre 1718 il est élu premier échevin de Marseille.

L’échevin et la peste

Le 25 mai 1720 le bateau « Le grand Saint-Antoine » qui vient d’Orient (Syrie-Chypre) s’ancre à l’île de Pomègues dans la rade de Marseille. La cargaison de ce navire appartient pour une part à Estelle et ses associés. D’après le règlement, ce bateau qui avait eu à son bord durant sa traversée 9 personnes mortes, aurait dû aller directement en quarantaine à l’île Jarre située à 15 km de la ville[2]. Or il n’en a rien été. Une controverse s’est élevée ce qui s’est passé et sur le rôle exact de l’échevin. Certains pensent qu’il a joué de son influence pour que les intendants sanitaires autorisent un débarquement des riches marchandises pour une mise en quarantaine au Lazaret qui était situé à l’époque au nord de l’agglomération. La peste a été transmise à partir de ces locaux à toute la ville et au-delà. D’autres estiment qu’Estelle, connaissant grâce à ses séjours au Proche-Orient les risques encourus, n’aurait exercé aucune pression pour favoriser une commercialisation de la cargaison d’autant plus que les sommes en jeu n’étaient pas très élevées par rapport à sa fortune.

Quoi qu’il en soit, une fois la peste déclarée, Estelle se montre très courageux et à la hauteur de sa tâche. Il veille à l’évacuation des cadavres, recherche des médecins et s’inquiète du ravitaillement qui ne fit jamais défaut.

À son époque, Estelle fut diversement jugé. Le gouvernement le croit tout d’abord coupable. La Cour ne tarde pas à revenir sur sa sévérité initiale. Le Maréchal de Villars écrit le 6 novembre 1721 : « S.A.R. elle-même m’a dit que le sieur Estelle auquel on avait voulu d’abord attribuer le commencement des malheurs, s’était bien justifié de cette fausse accusation et qu’il avait fort bien servi ainsi que ses confrères[3]. ».

Le 19 janvier 1722, Lebret propose Estelle pour l’octroi de lettres de noblesse et d’une gratification de 6 000 livres. Anobli par le roi Au mois de juillet, il meurt peu de temps, après en janvier 1723.

Une rue du 1er arrondissement de Marseille porte son nom.

Sources

  • Charles Carrière, Ferréol Rebuffat, Marseille ville morte, la peste de 1720, éditions Jean-Michel Garçon, Marseille, 1988 (ISBN 9-782950-284716) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Paul Gaffarel et de Duranty, La peste de 1720 à Marseille & en France, librairie académique Perrin, Paris, 1911. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Académie de Marseille, Dictionnaire des Marseillais, Édisud, Marseille, 2001, (ISBN 2-7449-0254-3) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Ch. Mourre, « Jean-Baptiste Estelle, consul et échevin de Marseille de la fin du XVIIe au début du XVIIIe siècle », revue Marseille, no 65 octobre-décembre 1966, p. 57-64 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, (ISBN 2-86276-195-8). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Article connexe

Notes et références

  1. « Le roi guérisseur de la peste », Libération, 10 juillet 2007.
  2. Charles Carrière, Ferréol Rebuffat, Marseille ville morte, la peste de 1720, Éditions Jean-Michel Garçon, Marseille, (ISBN 9-782950-284716) p. 235.
  3. Charles Carrière, Ferréol Rebuffat, Marseille ville morte, la peste de 1720, éditions Jean-Michel Garçon, Marseille, (ISBN 9-782950-284716) p. 258.