Jarez
Le pays de Jarez désigne un territoire situé à la limite les départements de La Loire et du Rhône principalement située sur le bassin versant du Gier.
On retrouve aujourd'hui le terme dans la dénomination de sept communes actuelles, de part et d'autre de la ligne de partage des eaux entre les bassins versants de la Loire et du Rhône:
- Soucieu-en-Jarrest
- Saint-Romain-en-Jarez
- Saint-Paul-en-Jarez
- Sainte-Croix-en-Jarez
- La Tour-en-Jarez
- Saint-Priest-en-Jarez
- Saint-Julien-en-Jarez (ancienne commune, aujourd'hui quartier de Saint-Chamond)
- Saint-Christo-en-Jarez
Histoire
Désigné sous le nom de "Jarensis ager in pago Lugdunensi" (attesté jusqu'au XIe siècle), le pays de Jarez comprenait la vallée du Gier et la partie supérieure de la vallée du Furan. L'appellation actuelle de "Jarez" dérive de Jarensis ager, Garensi, Gerensis ager.
Antiquité
Pour certains auteur, le Jarez était situé aux confins des territoires des Ségusiaves et des Allobroges avant la conquête romaine[1], les toponymes indiquant une frontière au niveau de Rive-de-Gier et du ruisseau l'Egarande[2],[3].
Il est également possible que la défaite gauloise lors de la bataille du confluent (121 av. J.-C.), qui conduisit à la fondation de Vienne, ait donné lieu à une occupation romaine de la vallée du Gier lors de la constitution de la Gaule narbonnaise.
Strabon fait mention d'une route de 800 stades entre Rhône et Loire qui empruntait la vallée du Gier puis celles du Langonand ou du Furan. Cette route, d'environ 140 km de Vienne à Roanne (point où la Loire devenait navigable) évitait ainsi la navigation à contre-courant sur le Rhône puis la Saône[4].
La fondation de la nouvelle colonie romaine de Lugdunum vers 43 av. J.-C. conduisit à la construction de l'aqueduc du Gier.
-
Site de captage de l'aqueduc du Gier à Saint-Chamond.
-
La pierre de Chagnon.
-
Vestiges restaurés de l'aqueduc à Chaponost.
Moyen Âge
La première mention écrite du Jarez est relative à l'église de Saint-Jean-Bonnefonds en 868[5].
Le Jarez est mentionné à deux reprises dans le cartulaire de Savigny (Cellieu[6] et Echalas)[7].
Suite à la permutation de 1173, la région fut l'objet d'un partage entre les possessions de l'Eglise de Lyon (qui garda ses possessions de la vallée du Gier, Saint-Chamond, Saint-Jean-Bonnefonds et jusqu'à Saint-Genest-Lerpt) et celles du comte de Forez (qui garda la suzeraineté sur Saint-Priest-en-Jarez et la vallée du Furan). La transaction disposa également du maintient des droits des deux parties sur Saint-Héand et Sorbiers et de la démilitarisation de l'actuelle agglomération stéphanoise.
Dès lors, Jarez fut également le nom d'une puissante seigneurie. La famille de Jarez, vassale à la fois du comte de Forez[8] et de l'archevêque de Lyon pour certaines possessions, fut la maîtresse effective de Saint-Chamond, de Rochetaillée, de Saint-Priest-en-Jarez et de Feugerolles. Leur domaine s'étendit ensuite jusque vers Pélussin, Bourg-Argental et Malleval (Loire).
-
Ancienne église de Saint-Priest-en-Jarez, vers 1900.
-
Ruines du château de Saint-Priest-en-Jarez, vers 1900.
-
Le château de Rochetaillée.
Archiprêtré de Jarez
Le pouillé du diocèse de Lyon (v. 1225) donne, pour l'archiprêtré de Jarez, les églises suivantes:
- Francheville
- Chaponost
- Vaugneray
- Brindas et Messimy
- Thurins
- Rochefort
- Saint-Martin-en-Haut
- Rontalon
- Soucieu-en-Jarrest
- Brignais
- Oullins
- Saint-Genis-Laval
- Irigny
- Vernaison
- Charly
- Orliénas
- Saint-Vincent-d'Agny
- Saint-Laurent-d'Agny
- Montagny
- Millery
- Grigny
- Givors
- Bans
- Échalas
- Saint-Romain-en-Gier
- Saint-Nazaire
- Saint-Martin-de-Cornas
- Chassagny
- Mornant
- Saint-André-la-Côte
- Saint-Sorlin
- Saint-Andéol-le-Château
- Longes
- Trèves
- Tartaras
- Dargoire
- Saint-Jean-de-Touslas
- Saint-Maurice-sur-Dargoire
- Saint-Didier-sous-Riverie
- Riveria et Valfleury
- Saint-Romain-en-Jarez
- Saint-Martin-la-Plaine
- Châteauneuf
- Rive-de-Gier
- Jurieux
- Pavezin
- Farnay
- Saint-Paul-en-Jarez
- Saint-Just
- La Valla-en-Gier
- Saint-Martin-en-Coailleux
- Izieux
- Rochetaillée
- Saint-Chamond
- Saint-Julien-en-Jarez
- Cellieu
- Saint-Genis-de-Terrenoire
- Chagnon
- Saint-Christo-en-Jarez
- L'Aubépin
- Pisey
- Larajasse
- Châtelus
- Chevrières
- Saint-Médard et Saint-Denis-sur-Coise
- Aveizieux
- Grammond
- Fontanès
- Sorbiers
- Saint-Jean-Bonnefonds
- La Tour-en-Jarez
- Saint-Priest-en-Jarez
- Villars
- Saint-Étienne
- Saint-Genest-Lerpt
- Roche-la-Molière
- Le Chambon
- Firminy
- Saint-Just-Malmont
- Saint-Genest-Malifaux
- Saint-Romain-les-Atheux
- Cornillon
- Saint-Paul-en-Cornillon
- Saint-Victor-sur-Loire et Grangent
- Saint-Just-sur-Loire
- La Fouillouse
- Saint-Héand
- Saint-Bonnet-les-Oules
- Bouthéon
- Veauche
- Rivas
- Cuzieu
- Saint-Galmier
- Chamboeuf
- Jourcé
- Valbenoîte
La maison de Jarez
La maison de Jarez paraît avoir été la plus ancienne et semble entretenir des liens étroits de parenté avec les Saint-Priest/Durgel/Lavieu/Feugerolles ainsi qu'avec les comtes de Forez[9],[10]
- Gaudemar de Jarez (avant 1100) approuva la donation faite à Saint-Sauveur-en-Rue.
- Gaudemar II de Jarez, avant 1173 il tenait le chateau de Saint-Priest au nom de l'Eglise de Lyon. Cette dernière céda le serment au comte de Forez lors de la permutation de 1173.
Vers 1200, Gaudemar de Jarez (son fils?) reconnu tenir en fief de l'Eglise tout ce qu'il possédait de la Croix-de-Montvieu[11] au mandement de Malleval et échangea avec elle la seigneurie de Condrieu contre celle de Saint-Chamond[12].
-
Le château de Condrieu objet d'une permutation entre Gaudemar de Jarez et Renaud, archevêque de Lyon.
- Guichard de Jarez, dans la permutation de 1173, l'archevêque de Lyon cède au comte l'hommage de Guichard pour le château de Feugerolles. Pour de La Mure, Guichard aurait acheté à Brian de Lavieu le deuxième château de Saint-Chamond.
- Guigues de Jarez, fils de Gaudemar et de Clémence (?)[13]. Il est mentionné dans la notice de l'archevêque Renaud de Forez vers 1200[14]. En 1224, il accorde une charte de franchise aux habitants de Saint-Chamond[15]. Parent du comte Guigues IV de Forez, il lui rend hommage pour le mandement de Rochetaillée en 1230[16] et 1236[17],[18].
- Marquise, veuve de Jocerand de Jarez (1270).
- Béatrix de Jarez, qui épouse de Jocerand Durgel en 1270 et lui apporte le fief.
Durgel de Saint-Priest
Originaire d'Urgel en Catalogne, elle était probablement issue de la famille des comtes d'Urgell; les comtes de Forez entretenant eux-mêmes des liens familiaux avec les comtes de Pallars Sobirà :
- Jocerand Durgel, fils de Guichard Durgel et Béatrice de Jarez, il épousa sa cousine Mathélonne de Jarez.
La maison de Saint-Priest
- Pons de Saint-Priest[20], il fut donateur à la fondation de l'abbaye de Valbenoîte en 1184.
-
L'église de Valbenoîte (Saint-Étienne), lieu de sepulture des seigneurs de Jarez et de Saint-Chamond.
-
L'église Saint-Étienne (dite Grand'Église).
Géographie
Du Jarez au « Pays du Gier »
Références
- Celli Pascal, Garraud Colette, Litaudon Jean-Claude, Cervantes Serge. Lugdunum en territoire Ségusiave : les limites occidentales de la colonie retrouvées ? / Lugdunum in Segusiavan territory : western limits of the refund colony . In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 39, 2000. pp. 235-243. Lire en ligne
- P. Valette in M.-O. Lavendhomme, «Guide archéologique de la Gaule : La Loire», p.42.
- François Dumoulin, La céramique des Ségusiaves, Du IIIe siècle av. n.è. au IIIe siècle de n.è., 2007 Lire en ligne
- Déchelette François. La route plate de Strabon entre le Rhône et la Loire. In Les Études rhodaniennes. Vol. 21 n°3-4, 1946. p. 119-124. Lire en ligne
- "in Garensi ecclesiam in honore Sancti Johannis", G. Paradin, Mémoires de l'Histoire de Lyon, Lyon, 1573, p. 108. Lire en ligne
- hoc est unum mansum in villa quæ dicitur Celsihiacus (1029). A. Bernard (éd.), Cartulaire de l'abbaye de Savigny suivi du petit cartulaire de l'abbaye d'Ainay, Paris, 1853, n°705, p. 363-364. Lire en ligne
- A. Bernard, Cartulaire de l'Abbaye de Savigny Suivi du Petit cartulaire de l'Abbaye d'Ainay Vol. 2, Impr. impériale, Paris, 1853. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k289134/f541.image.r=jarensis%20savigny.langFR
- In nomine sanctae et individuae Trinitatis, amen. Ego, Ludovicus, Dei gratia Francorum rex... https://sites.google.com/site/agerjarensis/
- Recueil de mémoire et documents du Forez, La Diana, T. 8, 1885, p. 279.
- E. PERROY, Les familles nobles du Forez (1976) Lire en ligne
- "Croix-de-Montvieu: hameau, à la limite des communes de Pélussin et de La-Terrasse-sur-Dorlay - Strata (qua itur) a Cruce Montisvioli versus Forisium, 1173 (Chart. du Forez, no 4, p. 7) (...) Cette croix était placée sur des voies antiques importantes". J.-E. DUFOUR, Dictionnaire topographique du département de la Loire, PUSE, 1946 (rééd. 2006), p. 266. Actuelle commune de Doizieux
- "Et in pararia quam habebat Gaudemarus de Jarefio apud Coyndreu, & ut recognosceret idem Gaudemarus se habere ab ecclesia quicquid habebat a cruce Montis Violi, inferius, usque ad mandamentum de Mala Valle, accepit in pignus dictam parariam ab eodem Gaudemaro pro centum & viginti marchis argenti, & facta permutatione de Coindreu & de Sancto Annemundo, tranflata suit ista gageria ad Chavannay (Chavaney ?), ubi remissis viginti marchis remanserunt in gageria solum- modo centum marche". Notice de l'archevêque Renaud de Forez, J.-M. DE LA MURE, tome III, preuve 36 bis, p. 35. Lire en ligne
- LE LABOUREUR, T.II, p. 371.Lire en ligne
- "in gageria quam habebat ecclefia a Guigone de Jareis apud Chavannai, centum marchas misit". Notice de l'archevêque Renaud de Forez J.-M. DE LA MURE, tome III, preuve 36 bis, p. 35. Lire en ligne
- LA TOUR-VARAN, Châteaux et abbayes, T. II, p. 333. Lire en ligne (traduction en français)
- Guy, seigneur de Jarez et de Rochetaillée, fait hommage de ces terres au comte de Forez. Sury-le-Comtal (1230). Arch. de la Loire. D'ASSIER DE VALENCHES, Fief du Forez, p. 225.
- Guy, seigneur de Jarez, parent du comte de Forez (Guigo de Jaresio, consanguineus Domini comitis Forensis), lui fait hommage des château, terre et seigneurie de Rochetaillée, et de leur mandement (1236). Arch. nat., p. 4922, cote 657
- Guy IV, comte de Forez et de Nivernais, s'engage envers Guy de Jarez, son cousin, à ne rien acquérir dans le château de Rochetaillée et son mandement; en cas contraire, tous les biens acquis par le comte appartiendront aux seigneurs de Rochetaillée, à la charge de les tenir en fief du comte de Forez (1236). Arch. nat., P 4922, cote 658 et 674.
- "Girino de Sancto Prejecto Sanctum Johannem de Bono Fonte sine onere, dum presens guerra duraverit inter Briannum et comitem Forensem; facta autem pace, secundo anno post pacem faciet unum diem, tercio anno II dies, IIII anno III dies, V anno IIII dies, et exinde singulis annis IIII dies". Répartition entre les chanoines des revenus de l' Eglise métropolitaine (1187). Archives du Rhône, Armoire Aaron, volume Ier, n°3. Lire en ligne
- "Antelmo Rigaut et Poncio de Sancto Prejecto Sorbers et ecclesia de Rantalone et XXIII solidi". Répartition entre les chanoines des revenus de l'église métropolitaine (1209). Archives du Rhône, Armoire Aaron, volume 1er, pièce n° 4. Lire en ligne
Liens internes
Liens externes
Compilations des actes anciens concernant le Jarez (site en construction): https://sites.google.com/site/agerjarensis/
Bibliographie
- Plessy Bernard, Le pays du Gier , Éditions lyonnaises d' art et d 'histoire, 1996, ISBN 2 84147 028 8
- Antoine Vachez, Études historiques sur l'ancien pays de Jarez, A la Librairie ancienne d'Aug Brun;, Lyon 1885 Réédition Édition René Georges