Jacques Tanguy Marie Guermeur

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Jacques Tanguy Guermeur
Illustration.
Jacques Guermeur (Coll. Part)
Fonctions
Député à la Convention

(3 ans, 1 mois et 17 jours)
Comité de Marine et des Colonies

(1 mois et 27 jours)
Membre du Conseil des Anciens

(1 an, 6 mois et 24 jours)
Secrétaire du Conseil des Anciens

(1 mois)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Quimper, Royaume de France
Date de décès (à 48 ans)
Lieu de décès Quimper, France
Nationalité Française
Parti politique Montagne puis Plaine
Conjoint Marie Thérèse Eon en 1778
Enfants 8 enfants dont Tanguy Guermeur
Profession Avocat, magistrat

Jacques Tanguy Marie Guermeur (, Quimper, Quimper) est un avocat, entré en politique à la Révolution, député à la Convention nationale puis membre du Conseil des Anciens.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Jacques Guermeur est le fils aîné de Tanguy Guermeur (Poullan-sur-Mer, ca 1730 - Poullan-sur-Mer,1795), commerçant à Douarnenez, capitaine des canonniers gardes-côtes à Tréboul et de Marguerite Caillou (Quimper, 1732 - Poullan sur Mer, 1804), elle-même fille de Jacques Caillou, commerçant à Quimper, né en Flandres en 1699 à Menin (à 10 km de Courtrai).

La mère de Jacques Guermeur est une cousine germaine de Louise-Augustine Caillou (1724-1744) dont la fin tragique le 17 août 1744 dans le naufrage du Saint-Géran à l'Isle de France (Île Maurice) inspire à Bernardin de Saint-Pierre le personnage de Virginie, l'héroïne de Paul et Virginie[1].

Jacques Guermeur épouse en 1778 Marie-Thérèse Éon de Kerlavarec, fille d'Alain Éon (1716-1770), notaire et procureur à Languidic (Morbihan), capitaine des Gardes-Côtes à Port-Louis (Morbihan)[2].

Tanguy Hervé (1781-1848), pilote au port de Lorient, l'un de leurs huit enfants, leur donne une large postérité jusqu'à nos jours, dont Charles Guermeur, officier de l'armée de Terre, Yves Guermeur, officier de Marine, Henri Waquet[3], archiviste-paléographe, directeur départemental des archives du Finistère, Jean-Claude Waquet, historien, Nicolas Waquet, traducteur, Philippe Waquet, avocat au Conseil d'état et à la Cour de cassation, puis conseiller à ladite cour, Pierre Waquet, magistrat.

Études et profession[modifier | modifier le code]

Jacques Guermeur accomplit ses humanités au collège de Quimper où il bénéficie des enseignements de l'abbé Le Coz, futur évêque constitutionnel de Rennes. Il s'inscrit tardivement et « par bénéfice d'âge », à la faculté de droit de Rennes. Il y côtoie Joseph Le Malliaud, de Vannes, qu'il retrouve 20 ans après, député comme lui à la Convention nationale. Il est reçu licencié en droit en [4].

Avocat au Parlement, il s'établit à Quimperlé. Il y est, en outre, procureur fiscal de l'abbaye Sainte-Croix. En 1788, il est procureur du roi à la sénéchaussée de Quimperlé, auprès du sénéchal Simon Bernard Joly de Rosgrand[5].

Il est élu, en , commissaire du roi auprès du tribunal de district de Quimperlé[6].

Considéré par son ami Théophile Laënnec, juge à Quimperlé pendant la Révolution, comme « doté de connaissances très étendues en législation et en littérature » [7], Jacques Guermeur possède une bibliothèque riche de plus de 900 volumes, exceptionnelle par sa taille et sa diversité pour un modeste juriste d'une petite ville de l'Ouest[8].

À sa sortie de la vie politique, en , il est nommé par le Directoire, le , juge au tribunal civil du Morbihan [9], puis, le , substitut auprès des tribunaux du Finistère [10]. Dix mois plus tard, son acte de décès [11] le désigne comme président du tribunal criminel du Finistère à Quimper, où il avait été nommé le [12].

Représentant du Peuple[modifier | modifier le code]

À la Convention[modifier | modifier le code]

Jacques Guermeur est élu, le , membre de la Convention par le département du Finistère, le 7e sur 8, avec 334 voix (442 votants) [13].

  • Procès de Louis XVI :  : Il se prononce contre l'appel au peuple et pour la mort sans sursis. Sur l'appel au peuple, il dit : « L'accumulation des pouvoirs que nous avons reçus de nos commettants, le mandat spécial qui nous a été officiellement donné pour venir prononcer sur le sort du roi, la nature de l'acte que nous exerçons, et qui n'est pas un acte constitutionnel, les dangers de convoquer les assemblées primaires pour délibérer sur la mort d'un individu, m'engagent à dire non ». Sur la peine, il répondit : « Si vous me demandez seulement quelle peine Louis a encourue, je réponds : la mort »[14].
  • Première mission : - . Le tandem Jacques Guermeur -Joseph Le Malliaud, député du Morbihan, envoyé en mission dans les départements du Finistère et du Morbihan, doit passer par Rennes pour joindre Vannes. Empêchés par les « brigands et les séditieux » de prendre la route de Josselin, les représentants décident de passer par Redon. La rive droite de la Vilaine étant tenue par des « révoltés », Guermeur fait savoir au directoire du département du Finistère que Le Mailliaud et lui ont dû revenir à Rennes : « Les militaires qui commandent [à Redon] nous ayant assuré qu'il leur était impossible de protéger notre passage dans le Morbihan »[15]. Ils arrivent quand même à Vannes le 30 mars, où ils prennent plusieurs arrêtés, en particulier sur l'approvisionnement en grains à Brest, le transfert du tribunal criminel du Finistère de Quimper à Brest et le 5 avril sur le recrutement des troupes dans le Morbihan[16]. Ils déclarent « suspects les pères et mères d'émigrés » (), et émet des doutes sur l'efficacité du recrutement des 300 000 hommes : « Peut-on compter, écrit-il, sur des hommes levés à la baïonnette et au canon ? »
  • Membre du Comité de Marine : . La Convention nomme Jacques Guermeur membre du Comité de la marine et des colonies sur la proposition de Pierre Marec, l'un de ses collègues députés du Finistère[17]. Il en sort le .
  • . Contrairement à ce qu'avancent de nombreux biographes à la suite d'une lecture trop rapide d'une lettre de Prieur de la Marne lue à la Convention le [18], Jacques Guermeur n'a pas pris part à la lutte contre l'insurrection vendéenne, ni aux massacres de Savenay, marquant la fin de la « virée de Galerne ». Il n'était pas envoyé en mission à cette date. Il n'a donc pas « tué de sa main, dans un engagement, le Vendéen Chatelux ». C'est à Claude Royou dit Guermeur qu'il faut attribuer ce fait. Celui-ci, protégé de Danton et Marat, membre de la Commune du , se présentait à Quimper le , avec un dénommé Jullien, comme « agents du Comité de Salut Public de la Convention, chargés de pouvoir par les représentants du Peuple près les côtes de Brest et de Lorient[19] ». Ce sont les mêmes que l'on retrouve deux mois plus tard aux côtés de Prieur.
  • Deuxième mission : - . Guermeur est envoyé en mission avec Claude Guezno près l'armée des Côtes de Brest et de Cherbourg. La Convention, comme à une dizaine d'autres députés, leur a donné pour objectif de pacifier la Bretagne après les excès de la Terreur et l'écrasement des Chouans. Les conventionnels écartés du pouvoir pendant la Terreur bénéficient très vite de cette nouvelle politique. Ainsi le , Guermeur et Guezno fournissent un sauf-conduit à Lanjuinais et, le , confirment un arrêté de Boursault autorisant Roujoux à rentrer dans ses foyers. Guermeur et Guezno participent aux négociations préalables au traité de la Mabilais () et rendent compte de la signature de ce traité à la Convention.

Au Conseil des Anciens[modifier | modifier le code]

Dans le cadre du décret du 5 fructidor an III () plus connu sous le nom de Décret des deux tiers, spécifiquement conçu pour favoriser les ex-Conventionnels lors des Élections législatives françaises de 1795, J. Guermeur devient, le 4 brumaire an IV (), membre du Conseil des Anciens. L'assemblée électorale de son département du Finistère, ne l'ayant élu ni sur la liste principale, ni sur la liste supplémentaire ni parmi les députés du dernier tiers, il a dû compter sur ses anciens collègues conventionnels réélus et réunis le 4 brumaire an IV en Assemblée électorale de France pour être appelé à les rejoindre, mais seulement au troisième tour et à la 91ème place sur 105[20]. Le tirage au sort organisé ensuite lors de cette même séance l'envoie au Conseil des Anciens[21].

Guermeur est autorisé le à participer à l'instruction du procès intenté à Cormatin, l'un des signataires du traité de la Mabilais.
Guermeur a été secrétaire du Conseil des Anciens pendant un mois, avant sa sortie par tirage au sort, le .

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Henri Bourde de La Rogerie, Les Bretons aux Iles de France et de la Réunion, Rennes, Oberthür, 1934, rééd. Ed. La Découvrance, Rennes, 1998, p. 288-292 (ISBN 2-84265-054-9).
  2. Charles Durand, Les milices gardes-côtes de Bretagne de 1716 à 1792, Rennes, Imprimerie Riou-Reuzé, 1927, en particulier le chapitre 6, p.98-109.
  3. Henri Waquet a pu rassembler de très nombreux documents sur Jacques Guermeur et sa famille aujourd'hui consultables aux Archives départementales du Finistère dans le Fonds Guermeur-Malingre (AD 29, 30/J 1 à J 8).
  4. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, Registre des examens de la Faculté de Droit de Rennes 1771-1778, sous-série 1D 20 F°37).
  5. Il remplace dans cette fonction Jean-René Lalau-Dézauté (AM Quimperlé, Registre des délibérations de la municipalité de Quimperlé, 1790-an III, Délibération du 22 août 1792, f°67, Ro).
  6. Le 14 juillet 1790, J. Guermeur participe à la célébration organisée par la municipalité de Quimperlé « es-qualité de procureur du Roi de ce siège » (AM Quimperlé, Registre des délibérations de la municipalité de Quimperlé, 1790-an III, f°37).
  7. « Lettre de T.-M. Laënnec à V. de la Roque, de Quimperlé le 3 juin 1791 », dans Jean Savina, « Autour de R.-Th. Laënnec. Quelques lettres inédites de son père et de ses oncles », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, Tome LIII, 1926, p. 79 (Lire en ligne). T.-M. Laënnec, né à Quimper en 1747, est devenu avocat au Parlement en 1772 et juge au tribunal criminel de Quimperlé en 1791.
  8. Dominique Waquet, « La bibliothèque de Guermeur, avocat finistérien, conventionnel. Montagnard ? » , Annales Historiques de la Révolution Française, N° 380, juin 2015, p. 45-76.
  9. Pierre-Dominique Cheynet, Les Procès-Verbaux du Directoire exécutif An V-An VIII, Paris, Assemblée Nationale, 2001, t. II, p. 245.
  10. Id., 2008, t. IV, p. 11.
  11. Registre des décès de Quimper 1797 (an VI)-1803 (An XII), AM Quimper 2 Mi 38, vue 98.
  12. P.-D. Cheynet, op. cit, t. 2, p. 245, n. 5).
  13. Jean Savina, « L’élection des députés du Finistère à la Convention nationale », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1937, p. 65-92-99 (Lire en ligne).
  14. M. Mavidal, E. Laurent (dir.), Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 57, p. 98, col. 2.
  15. Lettre de Le Malliaud et Guermeur au directoire du département à Quimper, Rennes, ce 22 mars 1793. L'an 2 de la République, AD du Finistère, 8 L 14, de la main de Guermeur, inédite, transcription D. Waquet.
  16. A. Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut Public, Paris, Imprimerie Nationale, 1900, t. III, p. 304, lettre lue en séance à la Convention le 24 avril 1793 (Archives parlementaires, t. 63, p. 182)
  17. Archives Parlementaires, t. 73, p. 6 et Archives Nationales, Série D, Missions des représentants du peuple et Comités des assemblées, D*/XVI/3, f° 6-32.
  18. Lataste, Claveau, Pionnier, Archives parlementaires, La Convention nationale, Paris, 1897-1913, Volume 82, p. 431, col. 2
  19. J. Trévédy, « Rouyou-Guermeur », Revue de Bretagne et de Vendée, 1892 Vol 7 p. 125 Voir aussi : Vol. 1, pp. 424 - 438 ; vol 7, pp. 25-42, pp. 121 -132 et pp. 169 - 179
  20. August Kuscinski, Les députés au corps législatif : conseil des cinq-cents, conseil des anciens de l'an IV à l'an VII; listes, tableaux et lois, Paris, Société d'Histoire de la Révolution française, 1905, p. 98. Lire en ligne
  21. Moniteur Universel, an IV, N° 44, p. 175.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens[modifier | modifier le code]