Jacques Ferrand (médecin)

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Jacques Ferrand
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Jacques Ferrand, né à Agen vers 1575, est un médecin français auteur d'un traité sur la mélancolie amoureuse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jacques Ferrand appartient à une famille de notables agenais. Son frère, Jean, est avocat du roi en la chambre des élus d’Agenais. Un cousin du nom de Le Blanc est conseiller au siège présidial d'Agen. Il a été reçu docteur en droit et docteur en médecine à la faculté de Toulouse. S'il s'est dirigé vers la médecine, il a aussi exercé un temps la profession d'avocat. Il a choisi d'exercer la médecine et il réside, dès 1606, à Castelnaudary. Il en devient deuxième consul, en 1612, puis premier consul, en 1618[1]. Il a publié en 1610 Traité de l'essence et guérison de l'amour, ou de la mélancholie érotique dédié à très-haut et très-puissant prince Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, prince de Joinville, pair de France, dont il était le médecin ordinaire, ce qui n'indique qu'une fonction honorifique. Il a dû faire partie d'un cercle d'humanistes car dans la version de 1623 de son traité Jacques Ferrand mentionne 322 philosophes, médecins et poètes, anciens et modernes pour soutenir ses arguments. La première édition du livre, en 1610, ne semble pas avoir rencontré une large diffusion. Aucune mention de ce texte n'est faite avant sa condamnation, en 1620. Didier Foucault essayant d'expliquer les raisons de cette condamnation, l'a reliée à la condamnation au bûcher, en , à Toulouse, d'un prétendu médecin italien, Pompeo Usciglio, pour blasphèmes et propagation de l'athéisme, exécuté le . Cette identité était fausse, et rapidement il est apparu qu'il s'agissait de Giulio Cesare Vanini qui avait été condamné par la Sorbonne en 1616. Le parlement de Toulouse décide le de visiter tous les libraires de la ville, de saisir et de brûler les livres juger pernicieux par l'Inquisition. Une nouvelle visite des libraires est faite le à la recherche de deux livres de Vanini, Amphitheatrum æternae providentiæ et De admirandis naturæ arcanis, et le traité de Jacques Ferrand. C'est cette condamnation d'un traité donnant « des remèdes damnables pour se faire aimer des dames », qui a amené Jacques Ferrand, alors à Paris car il dédie cette édition à « Messieurs les étudiants en médecine à Paris », à reprendre la rédaction de son traité en le développant mais en expurgeant les parties condamnées et en se protégeant des attaques éventuelles des théologiens. Cependant Jacques Ferrand persiste dans son appréciation de la mélancolie érotique comme une maladie ordinaire à soigner, refusant les explications par des causes surnaturelles. La date de sa mort n'est pas connue.

Traicté de l'Essence et Guérison de l'Amour ou de la Mélancholie Érotique (1610)[modifier | modifier le code]

En 1610, Jacques Ferrand publie à Toulouse son Traicté de l'essence et guérison de l'amour ou de la mélancholie érotique[2], le seul ouvrage qu'on connaisse de lui. Celui-ci est dédié à Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, dont Jacques Ferrand était le médecin ordinaire, ainsi qu'à sa sœur, Jeanne de Lorraine[3], prieure du Monastère de Prouilhe[4].

Dix ans après sa première publication, en 1620, une décision du Tribunal ecclésiastique de l'archevêché de Toulouse condamna l'ouvrage, « jugé grandement pernicieux pour les bonnes mœurs et fort scandaleux et impie, rapportant à l'usage prophane et lascif la parole de l'écriture sainte, favorisant la doctrine des mathématiciens judiciaires[5]. » Il fut alors retiré des librairies et interdit à la vente[6]. Pour Michel Jeanneret, « par-delà les motifs invoqués par le tribunal, on peut avancer sans risque une explication plus générale (...) : Le Traité déplace dans le champ de la médecine profane, qui de surcroît est une discipline pratique, des questions - le traitement de la mélancolie, la conduite sexuelle - qui relèvent normalement de la morale et de la cure d'âme : le terrain des directeurs de conscience[7]. »

Cependant, dès 1623, une deuxième édition « avec privilège du Roy », « remaniée certes, et notablement augmentée » fut publiée à Paris, sous le titre modifié De la maladie d'Amour ou mélancholie érotique et avec une épître aux étudiants de la faculté de médecine de Paris[8]. Le traité de Jacques Ferrand fut traduit en anglais par Edmund Chilmead et publié à Oxford en 1640[9].

Histoire et clinique de la Mélancolie érotique[modifier | modifier le code]

Jacques Ferrand, « médecin poète[10] », très imprégné de la culture humaniste de la Renaissance, se réfère, dans son ouvrage, à une longue tradition de penseurs et de médecins : Paul d'Égine, Avicenne, Arnau de Vilanova[11], Marsile Ficin[12] ou Bernard de Gordon. « Son savoir encyclopédique, écrit Yves Hersant, inclut non seulement les sources anciennes, mais aussi la tradition arabe de l'amor hereos (...) qui remonte au Viaticum de Haly Abbas »[13]. Et ainsi peut-on lire dans le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle : « Quoique le but de Jacques Ferrand soit de ne considérer l'amour qu'en tant qu'il se change quelquefois en maladie corporelle, en fureur, en mélancolie, il ne laisse pas de dire beaucoup de choses qui se rapportent à l'amour en général[14]. »

Jacques Ferrand doit sans doute beaucoup à André du Laurens (1558 - 1609), médecin ordinaire d'Henri IV et professeur à l'Université de Montpellier, qui publia en 1594 ses Discours de la conservation de la veuë : des maladies melancholiques : des catarrhes, & de la vieillesse, dont le second discours « auquel est traité des maladies mélancholiques, et du moyen de les guérir »[15] était, selon Beecher et Ciavolella, éditeurs modernes du texte de 1623, « matière entièrement digérée, mémorisée et absorbée » par Ferrand[16].

Dès les premières pages de son traité (édition de 1610), le médecin précise le projet clinique de l'ouvrage : « Ainsi, mon intention est d'expliquer les remèdes qui servent à la précaution et guérison de l'amour, en tant que maladie, passion, ou forte perturbation d'esprit deshonnête, démesurée et revêche à la raison[17] ». Dans un avis au lecteur (édition de 1623), Jacques Ferrand écrit : « Nous voyons tous les jours plusieurs beaux esprits épris de quelque beauté périssable, et à parfois imaginaire, tellement piqués et tourmentés de la folie d'Amour, qu'ils en ont l'imagination dépravée et le jugement altéré, qui à l'imitation de ce sot Philosophe, au lieu de rechercher quelque remède salutaire à leur mal, nient que leur folie soit maladie et emploient tout leur étude à chanter les louanges de l'Amour, et de la cause de leur indisposition[18]. »

Jacques Ferrand définit « l'Amour ou passion Érotique [comme] une espèce de rêverie, procédante d'un désir déréglé de jouir de la chose aimable, accompagnée de peur, et de tristesse[19]. » Et, s'appuyant sur la théorie des humeurs élaborée par Hippocrate puis par Claude Galien, il explique : « L'humeur Mélancholique étant froide rafroidit non seulement le cerveau, mais aussi le cœur siège de la puissance courageuse, qu'on nomme irascible, et abbat son ardeur, de là vient la crainte. La même humeur étant noire rend les esprits animaux, grossiers, obscurs et comme enfumés, qui doivent être clairs, purs, subtils et lumineux»[20]. »

Après avoir décrit les symptômes de la maladie d'amour, le traité[21] envisage les remèdes de précaution que l'on pourra appliquer afin d'éviter de succomber à la « beauté tyranne » (page 155). Ce sont d'abord les remèdes diététiques : on s'abstiendra de sel et de « viandes fort nourrissantes » et on préfèrera la pomme ou la figue, « symbole de douceur ». Puis viennent les remèdes d'artifice ou de séduction : on cultivera « la beauté du corps qui jointe à celle de l'esprit est, dit Platon, un éclair resplendissant du souverain Bien » et on se vêtira selon la « mode la plus récente », en choisissant « la couleur que l'on saura plus agréable à sa Dame » (page 157) ; on usera de « la parole [qui] est le plus beau fard » (page 160) et l'on se rendra aux « jeux, bals et mascarades où l'on déguise son sexe » (page 162). Mais, comme le rappelle le médecin, « la vertu de tous ces aliments et médicaments est vaine si l'objet n'est aimable et si l'amant n'est robuste et adestre de son naturel au jeu d'amour » (page 185). On aura alors recours aux remèdes d'accomplissement amoureux : car « non seulement la jouissance de la chose aimée guérit l'amour extrême, mais aussi la seule puissance d'en jouir » (page 149); et « il n'y a rien, dit Plutarque, qui fasse plus aimer qu'aimer » (page 181).

Ces remèdes, cependant, pouvant se révéler impuissants à éviter la tristesse qui accompagne la mélancolie érotique, le médecin se voit ainsi « contraint de recourir aux deux parties de la médecine thérapeutique, Pharmacie et Chirurgie » (page 211). À partir du chapitre XXVI, le traité de Jacques Ferrand expose les différentes médications nécessaires : purgations, saignées, bains, « sangsues derrière les oreilles et sur la plaie un grain d'Opium (...), semences froides de pavot et des amandes » (page 217).

En conclusion l'auteur, médecin philosophe, rappelle « le plus souverain remède de toute la Médecine, la perfection de sagesse » de celui qui, comme Démocrite, « se riait de la vanité et folie des hommes, et demeurait en extase, épris de la beauté de la sagesse » (page 221).

La transition d'une passion au XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Selon Oswald Spengler, « Renaissance, rinascita, signifiait le nouveau sentiment cosmique faustien, la nouvelle expérience du moi dans l'infini »[22]. Et Giorgio Agamben note qu'« après une première réapparition chez les poètes d'amour du Duecento (XIIIe siècle), le grand retour de la mélancolie commence avec l'humanisme[23] ».

Jean Starobinski qualifie la Renaissance, d'« âge d'or de la mélancolie[24] ». Et dans l'introduction à sa nouvelle traduction du traité De Nihilo publié en 1510 par Charles de Bovelles, Pierre Magnard écrit également à propos de la Renaissance : « C'est le temps de la mélancolie. La figure emblématique, due au burin de Dürer, semble accuser la vanité des sciences et des techniques […] Dürer n'est pas le seul mélancolique ; Marsile Ficin, Jean Pic de la Mirandole conviendront qu'ils souffrent de ce fléau ; c'est vraiment le mal du siècle[25]. ».

Don Adriano de Armado, un des personnages de Love's Labour's Lost (Peines d'amour perdues), une pièce que Shakespeare écrivit probablement autour de 1595, demande à son page : « – Garçon, quel signe voit-on quand, chez un homme d'esprit élevé, monte la mélancolie ? – Un grand signe, Monsieur, est qu'il a l'air triste. – Mais quoi ! La tristesse et la mélancolie sont une et la même chose. »[26].

Orlando, le personnage trans-historique dont Virginia Woolf écrit la biographie imaginaire et qui commence sa vie à l'Ère élisabéthaine, apogée de la Renaissance anglaise, est tenu dans l'incertitude d'une passion amoureuse pour la jeune princesse russe Sasha : « Alors, soudain, Orlando tomberait dans une de ses humeurs mélancoliques ; la vue de la vieille femme clopinant sur la glace en était peut-être la cause, ou peut-être rien ; et il se jetterait lui-même face contre glace et plongerait son regard au fond des eaux gelées et penserait à la mort. Car le philosophe a toute raison, qui dit que rien de plus épais que la lame d'un couteau ne sépare le bonheur de la mélancolie ; et il continue en opinant que l'un est le compère de l'autre ; et il en tire la conclusion que tous les extrêmes du sentiment sont les alliés de la folie (...) « Tout s'achève dans la mort », dirait Orlando, assis tout droit, le visage voilé d'une obscure tristesse »[27].

Le philosophe espagnol Ortega y Gasset n'écrivait-il pas à propos de Don Quichotte[28] : « Je pense qu'il est avant tout El caballero de la melancolia (Le Chevalier de la mélancolie)[29] ». Et Rogerio, le personnage central de Tirso de Molina dans la pièce El Melancólico (1611), déclare : « Je suis à ce point pris d'amour que je ne sais si je vis en moi-même[30] ». Ainsi, en suivant l'anthropologue mexicain Roger Bartra, pourrait-on qualifier la période de ce tournant du siècle, telle qu'il a pu la repérer à partir de cinq textes publiés des deux côtés de l'océan entre 1558 et 1607, de « Siglo de Oro de la melancolia » (Siècle d'or de la mélancolie)[31].

À l'article « Mélancolie » du Vocabulaire européen des philosophies, Marie-Claude Lambotte[32] peut commenter ainsi : « Cette passion [la mélancolie] a donc donné lieu aux XVIe et XVIIe siècles à une catégorie particulière de mélancolie : la « mélancolie érotique », comparée à une sorte de « rage d'amour » ou « folie amoureuse », expression qu'un médecin comme Jacques Ferrand traduit du mot « erotomania ». Sans doute pourrait-on la considérer comme une « maladie du désir », sans pour cela commettre un anachronisme, puisque l'auteur fait nommément du désir une cause efficiente de l'affection[33]. »

L'importance du Traité de Jacques Ferrand est soulignée dans le manuel Psychologie clinique publié sous la direction de Serge Netchine : « Forme de transition entre un aristotélisme tardif et une clinique des passions et des désarrois de l'entendement, le livre de Jacques Ferrand est un moment de « passe épistémologique » de tout premier ordre[34]. »

La mélancolie des mystiques[modifier | modifier le code]

Pour une rapide mise en contexte historique et intellectuel de cette « transition d'une passion », on rappellera que Jakob Böhme, le philosophe mystique dont l'influence sur l'idéalisme et le romantisme allemands fut déterminante, était contemporain de Jacques Ferrand. Il écrit en 1621 un traité Des quatre complexions ou « instruction au temps de la tentation pour un cœur continuellement triste et tenté », dont le plus long chapitre est consacré à la complexion mélancolique qu'il caractérise ainsi : « Le tempérament ou la Complexion Mélancolique est de la nature et de la propriété de la terre, froide, roide, sombre, triste, affamée de la lumière (comme la terre) et toujours dans la crainte de la colère de Dieu »[35]. Et Roger Bartra rappelle avec justesse que « la relation entre l'extase mystique et la mélancolie fut quelque chose de plus qu'une puissante ressource baroque pour les poètes. Ce fut une menace réelle qui harcela les hommes et les femmes qui cherchaient intensément un chemin personnel et direct vers Dieu »[36].

Le Discours de la réformation de l'homme intérieur de Jansénius fut publié en 1642 par l'abbé de Saint-Cyran, directeur spirituel des religieuses de Port-Royal, et c'est en 1649 que Descartes [37] publiera son traité des Passions de l'âme [38].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Jacques Ferrand - Traicté de l'essence et guérison de l'amour ou de la mélancholie érotique - Colomiez éditeurs - Toulouse, 1610 (1re édition) - Sur le site de la BNF, Gallica [8]
  • Jacques Ferrand - De la maladie d'amour ou mélancholie érotique. Discours curieux qui enseigne à cognoistre l’essence, les causes, les signes, & les remèdes de ce mal fantastique - Denis Moreau - Paris, 1623 (2e édition) [9]
  • Il existe actuellement deux éditions critiques de l'ouvrage de Jacques Ferrand :
    • Traité de l'essence et de la guérison de l'amour ou de la mélancolie érotique (texte de la 1re édition de 1610) - Gérard Jacquin et Éric Foulon - Ed. Anthropos - Paris, 2001[39] ;
    • A treatise on Lovesickness (traduction et présentation du texte de la 2e édition de 1623) - Donald A. Beecher and Massimo Ciavolella - Syracuse University Press - 1990 ;
      Édition française : De la maladie d'amour ou mélancolie érotique - Éditions Classiques Garnier - Paris, 2010

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Thieery Desbarreaux-Bernard - Notice biographique et bibliographique sur Jacques Ferrand - Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 7e série, tome 1 - Imprimerie Douladoure - Toulouse, 1869, p. 216-237
  2. Voir le texte original dans la bibliographie. L'exemplaire de la BNF, reproduit sur le site Gallica, porte la date d'éditeur 1612. M. Desbarreaux-Bernard remarque que cette date a été «surchargée (...), on a ajouté à la plume deux chiffres un (II), [selon] une supercherie employée fréquemment par les imprimeurs afin d'écouler, plus promptement, une édition dont la vente ne s'effectuait pas.» M. Desbarreaux-Bernard, op. cit., page 235
  3. Jeanne VI de Lorraine (1586 - 1638) alors Prieure de l'abbaye de Prouilhe, fut faite en 1611 Coadjutrice de l'abbaye Notre-Dame de Jouarre dont elle devint abbesse en 1624. Elle mourut en 1638 - voir : Toussaints Du Plessis - Histoire de l'Église de Meaux, Tome I - Jean-Michel Gandouin - Paris 1731 [1]
  4. Ainsi que le note Yvonne David-Peyre, la dédicace à Jeanne de Lorraine, religieuse, «nous rappelle que Sainte Thérèse d'Avila dans ses Fondations laisse transparaître ses préoccupations et ses inquiétudes devant le nombre de cas de mélancolie qui viennent troubler la paix de sa communauté» - Yvonne David-Peyre - Jacques Ferrand, médecin agenais (1575 - 16..?) - page 304 - voir : ci-dessous dans la bibliographie. Sur le thème de l'acédie, on se reportera à : Giorgio Agamben - Stanze - La parola e il fantasma nella cultura occidentale - Trad. française: Stanze : parole et fantasme dans la culture occidentale - traduit par Yves Hersant - Payot & Rivages - Paris, 1998
  5. Sous le nom de mathématiciens judiciaires on désigne les astrologues. Voir : Isabelle Moreau - Les avatars de la figure, de l'enchanteur au mathématicien - in Libertinage et philosophie au 17e siècle - Numéro spécial de Science et littérature à l'Âge classique - Publications de l'Université de Saint-Étienne - 2008 - page 78. Pour une compréhension de l'importance de la dispute sur la question de l'astrologie au début du 17e siècle, voir : F. de Cauvigny - Réfutation de l'astrologie judiciaire - Toussainct du Bray - Paris, 1614 [2]
  6. M. Desbarreaux-Bernard, op. cit., page 227. Yvonne David-Peyre remarque que cette interdiction intervint un an après la condamnation par le parlement de Toulouse et l'exécution du philosophe hérétique et libertin Giulio Cesare Vanini.
  7. Michel Jeanneret – Un médecin poète, Jacques Ferrand - in Vulgariser la médecine - Du style médical en France et en Italie - Études réunies par André Carlino et Michel Jeanneret - Librairie Droz - Genève, 2001 - pages 79 et 80
  8. Yvonne David-Peyre - op. cit., page 304
  9. Edmund Chilmead (1610 - 1654), mathématicien, musicien, chapelain de Christ Church (Oxford). L'ouvrage parut sous le titre : Erotomania or a Treatise Discoursing of the Essence, Causes, Symptomes, Prognosticks, and Cure of Love, or Erotique Melancholy. L'influence du Traité de Ferrand en Angleterre et en particulier sur Robert Burton (1577 - 1640), auteur de The Anatomy of Melancholy (1621), est discutée dans : Angus Gowland - The worlds of Renaissance melancholy - Robert Burton in context - Cambridge University Press - 2006 - pages 33 et suiv. [3]
  10. Michel Jeanneret, op. cit., pages 77 et suiv.
  11. Arnau de Vilanova (1238 - 1311) - Tractatus de amore heroico
  12. Marsile Ficin (1433 - 1499) - Commentarium in convivium Platonis. De Amore. « L'âme de l'amant est entraînée vers l'image de l'objet aimé, inscrite dans son imagination, et vers l'objet aimé lui-même ; les esprits sont attirés vers ce même but, mais leur vol obsédant les épuise... Le corps se dessèche et dépérit, et les amants deviennent mélancoliques. » cité d'après : Yves Hersant - Mélancolies - De l'Antiquité au XXe siècle - Robert Laffont, Collection Bouquins - Paris, 2005 - page 624
  13. Yves Hersant - Mélancolies - De l'Antiquité au XXe siècle - Robert Laffont, Collection Bouquins - Paris, 2005 - page 624
  14. Pierre Bayle - Dictionnaire historique et critique - onzième édition, tome VI - Desoer Libraire - Paris, 1820 - page 433 [4]
  15. Le chapitre 10 du discours d'André Du Laurens traite D'une autre espèce de mélancholie qui vient de la furie d'amour
  16. A treatise on Lovesickness (traduction et présentation du texte de la 2e édition de 1623) - Donald A. Beecher and Massimo Ciavolella - Syracuse University Press - 1990 - page 104. Dans l'édition de 1623, Jacques Ferrand cite Du Laurens « parmi les médecins qui ont traité de la guérison de l'amour, desquels l'auteur s'est servi »
  17. Jacques Ferrand - Traicté de l'essence et guérison de l'amour ou de la mélancholie érotique - Colomiez éditeurs - Toulouse, 1610 (1re édition) - page 3
  18. Jacques Ferrand - De la maladie d'amour ou mélancholie érotique - Denis Moreau - Paris, 1623 (2e édition) - Avis au lecteur, page 1
  19. Jacques Ferrand, ibid. - page 26
  20. Jacques Ferrand, ibid. - page 32
  21. La pagination suit ici celle de la 1re édition (1610)
  22. Oswald Spengler - Der Untergang des Abendlandes (Munich, 1923) - traduction française de M. Tazerout - Le déclin de l'Occident - Tome 2 - Perspectives de l'histoire universelle - Gallimard - Bibliothèque des idées - Paris, 1976 - page 267
  23. Giorgio Agamben, Stanze : La parola e il fantasma nella cultura occidentale, cité d'après l'édition anglaise : Giorgio Agamben, Stanzas : Word and Phantasm in Western Culture, traduction de Ronald L. Martinez, University of Minnesota Press, Minneapolis, 1993, p. 14.
  24. Jean Starobinski, L’Encre de la mélancolie, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », Paris, 2012, p. 62.
  25. Charles de Bovelles, Le Livre du néant, introduction, nouvelle traduction et notes par Pierre Magnard, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2014, p. 8.
  26. Love's Labour's Lost, acte Ier, scène 2. Le thème de la mélancolie est principalement associé, chez Shakespeare (1564-1616), au personnage d'Hamlet. En 1586, le médecin anglais Timothy Bright publiait son ouvrage A Treatise of Melancholy, que Shakespeare a pu connaître. Sur le sujet « Shakespeare et la mélancolie », il y a une très abondante littérature. On peut voir en particulier Gary Schmidgall, Shakespeare and the Courtly Aesthetic, University of California Press, Berkeley, 1981, p. 241 et suiv.
  27. Traduit de l'anglais : Virginia Woolf, Orlando, Oxford World's Classics, Oxford, 1998, page 44. Le philosophe auquel l'auteur se réfère est sans doute Robert Burton
  28. Rappelons que le roman de Miguel de Cervantes a été publié en deux parties en 1605 et 1615.
  29. José Ortega y Gasset, Lettre du 28 avril 1905 à son père, cité dans Javier San Martin Sala, « Ortega y Gasset, Cervantes y Don Quijote », dans Meditaciones sobre Ortega y Gasset, Editorial Tebar, Madrid, 2005, p. 193 et suiv.
  30. « Ya estoy tan enamorado que no sé si vivo en mí. ». Tirso de Molina, El Melancólico, acte Ier.
  31. (es) Roger Bartra, El Siglo de Oro de la Melancolia : Textos espanoles y novohispanos sobre las enfermedades del alma, Universidad iberoamericana, Mexico, 1998. On pourra lire en particulier l'ouvrage du médecin andalou Andres Velázquez, publié à Séville en 1585 : Libro de la melancolía, en el cual se trata de la naturaleza de esta enfermedad, así llamada melancolía, y de sus causas y síntomas, H. Diaz, Sevilla, 1585. Pour une vue d'ensemble sur la mélancolie au Siècle d'or, voir ci-dessous, dans la bibliographie, l'ouvrage de Teresa S. Soufas.
  32. Professeur de psychopathologie à l'université de Paris XIII, auteur de plusieurs ouvrages sur la mélancolie. Voir en particulier : Le Discours mélancolique : De la phénoménologie à la métapsychologie, éditions Érès, Toulouse, 2012
  33. Marie-Claude Lambotte, « Mélancolie », Vocabulaire européen des philosophies, Barbara Cassin (dir.), éditions du Seuil / dictionnaires Le Robert, Paris, 2004, p. 764.
  34. Psychologie clinique, t. 2, sous la direction de Serge Netchine, professeur honoraire de psychologie de l'enfant et de l'éducation de l'université Paris VIII, Bréal, Paris, 2002, p. 27.
  35. Jakob Böhme - De quatuor complexionibus - 1621. [5] Traduction française dans : Le chemin pour aller au Christ - Gotthard Schlechtiger - Berlin, 1722 - pages 380 et suiv. [6]. Le texte cité est à la page 383
  36. Roger Bartra - Cultura y melancolia. Las enfermedades del alma en la España del Siglo de Oro - Editorial Anagrama - Barcelona, 2001 - page 83. On peut lire une étude généalogique et herméneutique de la mélancolie, et de son rapport au nihilisme dans : Alina N. Feld - Melancholy and the Otherness of God - Lexington Book - Plymouth, 2011 [7]
  37. On trouve une analyse de la mélancolie chez Descartes, dans Jacques Darruilat, Descartes et la Mélancolie, Revue philosophique de la France et de l’étranger, no 4, Paris, PUF, octobre-décembre 1993, p. 465-486 (lire en ligne). Sur les sources de Descartes concernant les pathologies mélancoliques évoquées dans la première des Méditations métaphysiques, en particulier Du Laurens, et sur la mélancolie d’Élisabeth de Bohême dans la correspondance de Descartes, voir également: Annie Bitbol-Hespériès, Descartes face à la mélancolie de la Princesse Élisabeth, in: Une philosophie dans l’histoire, hommages à Raymond Klibansky, édité par B. Melkevik et J.-M. Narbonne, Presses de l’Université de Laval, Québec (Canada), 2000, pages 229-250 (lire en ligne).
  38. Paul Mengal, Quand la maladie d'amour devient hystérie : Le Tournant de l'âge classique, Revue des littératures de l'Union européenne, no 7, 2007, p. 117 et suiv. Voir ci-dessous dans la bibliographie.
  39. compte-rendu par Pierre Servet, dans Réforme, Humanisme, Renaissance, 2003, no 56, p. 146

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Giorgio Agamben (trad. Yves Hersant), Stanze : Parole et fantasme dans la culture occidentale [« Stanze : La parola e il fantasma nella cultura occidentale »], Paris, Payot et Rivages, . On lira notamment les trois premiers chapitres sur « Le Démon de midi », « Melencolia I » et « Éros mélancolique ».
  • (en) Michal Altbauer-Rudnik, « Love, Madness and Social Order : Love Melancholy in France and England, in the Late Sixteenth and Early Seventeenth Century », Gesnerus : Swiss Journal of the History of Medicine and Sciences, Bâle, Schwabe AG Verlag und Druckerei, vol. 63,‎ , p. 33-45 (lire en ligne).
  • (es) Roger Bartra, Cultura y melancolia : Las enfermedades del alma en la España del Siglo de Oro, Barcelone, Editorial Anagrama, .
  • Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, 5e édition, Vol. 2, Amsterdam, 1740, page 456 (lire en ligne. Original conservé à la bibliothèque de l’université de Chicago.
  • Yvonne David-Peyre, « Jacques Ferrand, médecin agenais (1575 - 16..?) », Histoire des sciences médicales, Société française d'histoire de la médecine, no 4,‎ , p. 303-313 (lire en ligne).
  • Yvonne David-Peyre, « Deux exemples du mal d'amour dit « héroïque » chez Cervantès (du langage médical à la transcription rhétorique) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, no 41,‎ , p. 383-suiv. (lire en ligne).
  • Yvonne David-Peyre, « La Mélancolie érotique selon Jacques Ferrand l'Agenais ou les Tracasseries d'un tribunal ecclésiastique », Littérature, médecine, société, université de Nantes,‎ , p. 113-130.
  • Tibulle Desbarreaux-Bernard, « Notice biographique et bibliographique sur Jacques Ferrand », Mémoires de l'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, Toulouse, imprimerie Douladoure : Rouget frères et Delahaut, successeurs, 7e série, t. 1,‎ , p. 216-237 (lire en ligne).
  • Didier Foucault, « Jacques Ferrand, la « mélancolie érotique » et la censure des théologiens toulousains », dans Cahiers du CEHM, 2009 (lire en ligne)
  • Frédéric Gabriel, « Genèses de la mélancolie : La Figure d'Adam et sa réinterprétation aux XVIe et XVIIe siècles », Gesnerus, vol. 63, nos 1-2,‎ , p. 61-72 (lire en ligne).
  • Pierre Giuliani, « En amont d'un vers de Racine. Le sang et la lisibilité du corps à l'Âge classique », dans La Parole Masquée, Cahiers du Gadges - no 2, Université Jean Moulin - Lyon 3, Librairie Droz, Genève, p. 293-suiv..
  • Yves Hersant, Mélancolies : De l'Antiquité au XXe siècle, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », .
  • Michel Jeanneret, « Un médecin poète, Jacques Ferrand », dans André Carlino (dir.) et Michel Jeanneret (dir.), Vulgariser la médecine : Du style médical en France et en Italie, Librairie Droz, Genève, 2001 (lire en ligne).
  • Docteur Letourneau, « De la maladie d'amour, ou mélancolie érotique », dans L'Union médicale, 1863, tome 79, p. 1-10 (lire en ligne)
  • Paul Mengal, « Quand la maladie d'amour devient hystérie : Le Tournant de l'âge classique », Revue des littératures de l'Union européenne (RiLUne), no 7,‎ (lire en ligne).
  • (en) Ian Frederick Moulton, « Jacques Ferrand's On Lovesickness : Love and Medicine », dans Love in Print in the 16th Century : The Popularization of Romance, New-York, Palgrave Macmillan, (présentation en ligne), p. 145-182.
  • (en) Teresa Scott Soufas, Melancholy and the Secular Mind in Spanish Golden Age Literature, Columbia (Missouri), University of Missouri Press, (présentation en ligne).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]