Jacques Balsan

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Louis Jacques Balsan est un aviateur français, pionnier de l’aéronautique, né à Châteauroux (Indre) le et mort à New York le des suites d’une insolation.

En 1921, à Londres, il devint le second époux de la milliardaire américaine Consuelo Vanderbilt, divorcée du 9e duc de Marlborough, cousin de Winston Churchill ; vers 1930, ce dernier peint seul ou avec Paul Maze les environs du domaine de Saint-Georges-Motel près de Dreux, résidence estivale des Balsan.

Biographie[modifier | modifier le code]

Sa famille[modifier | modifier le code]

Jacques Balsan, fils d'Auguste Balsan, est issu d’une dynastie industrielle drapière[1],[2].

Après avoir repris en 1856 l’ancienne Manufacture royale (1751) de drap de Châteauroux, la famille Balsan va, pendant près d’un siècle, y fabriquer du drap cardé destiné à la confection des tenues de l’administration et aux uniformes militaires ; c’est dans les ateliers de Châteauroux que « Balsan (entreprise) » a mis au point pendant la Première Guerre mondiale le fameux drap bleu horizon.

Son frère Étienne Balsan fut le compagnon et le premier protecteur de Gabrielle Chanel, qui fréquenta également l'aristocratie anglaise en la personne du duc de Westminster.

Engagé volontaire[modifier | modifier le code]

Cavalier émérite et grand sportif, Jacques rejoint le , en tant qu’engagé volontaire pour une durée de cinq ans, le 2e régiment de hussards à Châlons-sur-Marne (actuellement Châlons-en-Champagne).

Grand voyageur[modifier | modifier le code]

Jacques Balsan.

Libéré en 1892 avec le grade de sous-lieutenant, il parcourt le Globe pour le compte de l'entreprise lainière familiale, à la recherche de laines de qualité (Amérique du Sud, Australie, Philippines et Chine).

Aéronaute célèbre du début du siècle[modifier | modifier le code]

Dans le cadre des Jeux de la IIe olympiade de l’ère moderne, Jacques Balsan est présent au concours international d’aérostation qui se déroule à Paris en 1900 au moment de l'Exposition universelle internationale.

Participant entre le et le à douze épreuves sur un total de quatorze, il se classe second immédiatement derrière le comte Henry de La Vaulx.

Le , Jacques Balsan, avec comme second passager Louis Godard, à bord du ballon Le Saint-Louis, porte même le record français d’altitude à 8 558 mètres.

Le , avec son assistant Albert Corot, Jacques Balsan, à l’époque vice-président de l’Aéro-Club de France[3], participe depuis le jardin des Tuileries à Paris, à bord du ballon le Ville-de-Châteauroux, au premier départ de la Coupe aéronautique Gordon Bennett. L’équipage, opposé à seize autres ballons, atterrit au château de Dowe près de Singleton en Angleterre, et se classe cinquième.

Pionnier de l’aviation[modifier | modifier le code]

Jacques Balsan et son Blériot à Issy-les Moulineaux (septembre 1909).

Jacques Balsan achète son premier avion à Louis Blériot en 1909 ; c’est un Blériot XI type “traversée de la Manche ”.

Le , Balsan obtient le brevet no 22 de l’Aéro-club de France à l'école Blériot de Pau[4].

En , à Héliopolis en Égypte, parmi douze concurrents, Balsan cumule les bons classements : il arrive deuxième du prix de la plus grande distance sans escale (prix du baron Édouard Empain) et dans le Grand Prix d'Égypte (prix de la totalisation des distances), il se classe troisième avec 139,5 km.

Début 1911, il contribue à la diffusion du sport aéronautique en créant l'association générale aéronautique, société populaire de tourisme aérien. Cette société, placée sous le patronage de l'Aéro-club de France, s'est rapidement développée et est devenue la ligue aéronautique de France.

Balsan accomplit ensuite deux stages volontaires sans solde au Maroc, le premier du au , où il est attaché comme observateur à la colonne du colonel Charles Mangin au Tadla, le deuxième du au . Il prend part aux opérations de l’escadrille mise à la disposition du général Gouraud pour la jonction des deux Maroc (le Maroc oriental et le Maroc occidental), jonction des colonnes Baumgarten et Gouraud, qui fut effective à Taza le .

La Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Jacques Balsan devant un Nieuport de chasse équipé de fusées contre les ballons captifs (1916).

Pendant la Première Guerre mondiale, affecté à la VIe armée du général Joseph Maunoury, Jacques Balsan fait partie de la poignée d’officiers observateurs brevetés d’état-major qui constatent le changement général d’orientation des colonnes de l’armée von Kluck au moment où s’engage la première bataille de la Marne.

Créée le , l’Escadrille 124 (l’“Escadrille américaine ”) est transformée le en “Escadrille Lafayette ”. L’homme qui est choisi pour la diriger est le capitaine Georges Thenault mais, si l’on en croit Victor Chapman (en) et Georges Thenault lui-même, Jacques Balsan avait également été pressenti pour ce poste. Jacques Balsan achève la Première Guerre mondiale à la tête de la mission française aéronautique à Londres avec le grade provisoire de lieutenant-colonel.

Retour à la vie civile[modifier | modifier le code]

Jacques et Consuelo dans leur château de Saint-Georges-Motel, en Normandie (1930-1940).

Le , Balsan se marie à Londres avec Consuelo Vanderbilt (1877-1964), épouse divorcée de son premier époux Charles Spencer-Churchill, duc de Marlborough.

Elle est la fille d'Alva Belmont et du milliardaire William Kissam Vanderbilt, qui gérait avec ses deux frères un vaste empire familial construit aux États-Unis dans les domaines du transport des marchandises et du chemin de fer. William Kissam Vanderbilt est également connu pour avoir été pendant la guerre l’un des principaux mécènes de l'escadrille Lafayette.

Consuelo et Balsan mènent ensuite une vie mondaine partagée entre la France et les États-Unis.

En France, Consuelo achète peu après son second mariage une propriété à Èze dans les Alpes-Maritimes et y fait aménager le château Lou Sueil ; profitant de la douceur du climat, le couple y passe en général la saison hivernale, recevant nombre de célébrités comme le duc de Connaught, le plus jeune fils de la reine Victoria, le maharajah de Kapurthala Jagatjit Singh, Charlie Chaplin, ainsi que Winston Churchill avec son épouse.

À Paris, le couple réside dans un hôtel particulier construit par l’architecte René Sergent pour Jules Steinbach, au 9, avenue Charles-Floquet dans le VIIe arrondissement, juste à côté de la tour Eiffel.

Le Pavillon Balsan de l'hôpital Foch a été renommé en souvenir de la milliardaire Consuelo Vanderbilt, sa deuxième épouse et qui fut à l'origine de la collecte de fonds pour la construction de l'hôpital.

La Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En , Balsan bien qu’âgé de 73 ans et alors que le couple est à New York, qui ne peut rester impassible devant les événements, s’engage volontairement dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL).

En , il quitte New York pour Londres ; à son arrivée, le colonel Balsan se retrouve affecté à l’état-major F dont le chef est le général Cochet.

En , au moment de la dissolution de la “Force F ”, il est muté à la mission air aux États-Unis d’Amérique[5], jusqu'en .

Décorations[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Généalogies Balsan », sur www.genea-bdf.org
  2. (en) « "pierfit" - Geneanet », sur gw.geneanet.org
  3. Jacques Balsan en fut président d'honneur et vice-président actif de 1905 à 1921
  4. Jacques Balsan aviatechno
  5. Jacques Balsan œuvre pour la France libre depuis février 1942, tout d'abord aux États-Unis, puis à Londres où il sert à titre militaire de juin 1943 à août 1945.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yves Saint-Yves - "Histoire des 100 premiers pionniers de l'aviation", juil.2009, p. 60, autoéditeur
  • Journal L’Aérophile : oct.1900 (Portrait de Jacques Balsan : p. 129–131), déc.1900 (De France en Russie en ballon : p. 164–174), mai et (Concours de Bordeaux : p. 123,139-145), juil.et déc.1901 (Balsan/Corot Le nuage : p. 167–168,303-304), aout 1909 (banquet en l'honneur de Louis BLERIOT : p. 376), sep.oct.1909 (Issy : p. 430,467), oct.1909 (Boulogne s/mer : p. 477), déc.1909 (Pau et Issy : p. 554–555), jan.1910 (Pau : p. 6,28), fév.1910 (Héliopolis : p. 75,79-81,97-98)
  • Archives du Service historique de la Défense à Vincennes - Département de l’Armée de l’Air.
  • François Balsan - "Les vieux jeunes du Parc - Industrie, ballons et chevaux d'une belle époque", (Chronique familiale), 1969, 138 pages, p. 2–12, 18, 34-39, 105, 133
  • François Balsan - Au Parc entre les deux guerres (chronique familiale), 1970, 88 pages, p. 44–46, 84
  • Didier Dubant - 50 ans d’aviation dans le ciel de l’Indre 1909-1959, Éditions Alan Sutton, 2006, 160 pages, p. 12
  • Didier Dubant - Base américaine de Châteauroux-Déols, 1951-1968, Éditions Alan Sutton, 2008, 144 pages.
  • Georges Bellenger pionnier de l’aviation (1878-1977) - Pilote d’essais du cerf-volant à l’aéroplane, L’Harmattan Mémoires du XXe siècle 1995, 271 pages.
  • Stéphane Nicolaou - "Belfort et l’Armée d’Alsace" dans Icare no 193, « L’aviation française en août- », 2005/2, p. 23–44.
  • Georges Thenault (lieutenant-colonel). - L’escadrille La Fayette - , Librairie Hachette 1939, 127 pages.
  • Consuelo Vanderbilt Balsan - The Glitter and the Gold, 1953, George Mann Maidstone rééd., 1973, 270 pages, p. 27, 61, 11, 167, 189-193, 202-214, 218-219, 228, 237, 240-241, 243-245, 247-251, 253-259
  • (fr) Consuelo Vanderbilt Balsan, Une duchesse américaine, New York - Londres - Paris, mémoires, éditions Tallandier, Paris, . Traduit, préfacé, postfacé et annoté par Olivier Lebleu
  • Anne-Cécile Baudouin, « Churchill une palette de talents », Paris-Match du 4 au .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]