Jacques Artaud

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Jacques Artaud
Biographie
Nom de naissance J. Artaud d'Aix
Naissance Diois
Ordination sacerdotale
Décès
(Gap ?)
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
Dernier titre ou fonction Evêque
Evêque de Gap
Evêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux
Autres fonctions
Fonction religieuse
Chanoine de la cathédrale de Die
Fonction laïque
Bachelier en droit

Blason de Jacques Artaud d'Aix

Jacques Artaud d'Aix est le quatrième fils de Guillaume Artaud, seigneur d'Aix, de Bellegarde et de la Motte-Chalancon[1]. Il est évêque de Saint-Paul puis de Gap au XIVe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Son père fut un combattant de Varey (1326) et accompagna le dauphin Humbert II lors de son pèlerinage en Orient (1345), avant de décéder peu après 1374 et d'être inhumé dans l'église des Cordeliers de Die[2].

Après être reçu bachelier en droit, Jacques Artaud intègre le chapitre de la cathédrale de Die et y attire l'attention du pape Urbain V qui le nomme évêque le alors qu'il n'a pas encore été ordonné prêtre[3]. Il reçoit la consécration épiscopale de l'évêque d'Avignon le et rejoint son diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, aux confins du Dauphiné, du Comtat Venaissin et du comté de Valentinois et de Diois. C'est en tant qu'évêque de Saint-Paul qu'il participe au concile provincial d'Apt le .

Le [4], il est transféré au siège épiscopal de Gap tout en conservant l'administration du diocèse de Saint-Paul jusqu'en 1367[5].

Artaud arrive à Gap dans un contexte difficile : il lui faut éloigner rapidement des bandes armées descendant rejoindre Louis d'Anjou et Bertrand du Guesclin pour attaquer la reine Jeanne en Provence. Il réussit à les détourner moyennant 30.000 florins, dont il va demander le remboursement aux villes de son diocèse[6]. Celles-ci refusent, arguant qu'Artaud n'a pas payé sur ses propres deniers et en appellent au pape, dont les commissaires donnent raison aux habitants le [7]. C'est le début d'une cohabitation tendue entre l'évêque et ses administrés.

C'est à lui que revient le soin de clore une vieille affaire entre l'un de ses prédécesseurs au siège épiscopal et les vicomtes de Tallard, par un traité de paix du avec Louis de Trians obtenu grâce à la médiation de Rodolphe de Commiers, seigneur de La Bâtie-Champrond[8].

Un épisode assez banal aura des répercussions importantes : dans le courant de l'année 1377, Artaud exonère dame Françoise de la Bréoule de sa participation financière à l'entretien des remparts de Gap. Aussitôt, les consuls de la ville rappellent à l'évêque qu'eux seuls sont habilités à y définir les rôles d'imposition. Le conflit qui s'ensuit est résolu en faveur des Gapençais le par la mise en place d'une Grande Charte établissant les droits et privilèges de Gap[9]. Cette charte sera approuvée par le pape peu après son élection[10].

Durant l'hiver 1382-1383, des officiers épiscopaux refusent de nourrir les préposés aux portes de Gap. Devant ce refus d'un droit établi, ces officiers sont chassés de la ville et, le ton montant, l'évêque se réfugie au château de Lazer[11] en emmenant avec lui sa cour de justice. Soutenus par l'inquisiteur François Borrel[12], les gapençais font à nouveau appel au pape pour obtenir, par le traité de Tallard du , la condamnation de l'évêque qui revient dans sa ville épiscopale[13]. Cet épisode permettra au gouverneur Charles de Bouville de se mêler des affaires juridiques de l'évêque pour le compte du Dauphiné et son successeur Enguerrand d'Eudin obtiendra en 1387 de coopter avec le prélat les juges de Gap, puis le gouverneur Jacques de Montmaur en 1391 deviendra destinataire de la moitié des amendes infligées aux prêtres convaincus d'usure[4].

Dans le cadre de son administration, l'évêque Artaud assiste aux assemblées des Trois États de Provence et, notamment, à celle constitutive de l'Union d'Aix contre Turenne ; il confirme en 1392[14] les libertés et franchises de La Bâtie-Neuve, La Bâtie-Vieille, Poligny, La Fare et Le Glaizil puis reprend en 1394 les tracés des territoires des deux Bâties[15]. En 1391, il sera également confronté, en Champsaur, à l'usurpation de terres épiscopales en bordure du Drac par un certain Gabriel de Bonne : le conflit sera résolu le sur l'intervention du gouverneur du Dauphiné[16].

Le , le siège épiscopal de Gap est déclaré vacant : Jacques Artaud est mort peu avant cette date[17].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : sources principales utilisées pour la rédaction de cet article

  • François-Antoine Arbaud (évêque de Gap), Recueil des circulaires, mandemens, etc. : précédé d'un aperçu sur les traditions religieuse de cette église (par l'abbé Aucel), Gap, J. Allier, , LXXXVIII-336 p. (lire en ligne)
  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Justin Brun-Durand, Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, vol. 1 : lettre A à G, Grenoble, Librairie Dauphinoise, , 413 p. (lire en ligne)
  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Théodore Gautier, Précis de l'histoire de Gap : suivi de Notes et éclaircissements..., Gap, A. Allier, , xv-399 (lire en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gautier 1844 le nomme Jacques d'Artaud de Montauban, mais la famille Artaud n'accole Montauban à son nom qu'à l'issue d'un mariage au début du XVe siècle.
  2. Brun-Durand 1900, p. 36. Jusqu'au milieu du XVe siècle, l'église Saint-Vincent des Cordeliers se trouve encore hors-les-murs, au quartier de Chabestan.
  3. C'est sans doute l'une des raisons qui poussent les chanoines de Saint-Paul, à qui Artaud avait été désigné en avril pour occuper le siège épiscopal, à tergiverser trois mois sans donner suite. Une autre raison semble être que le chapitre avait en vue d'autres prétendants : Arbaud 1838, p. XLVIII, n° 50.
  4. a et b Brun-Durand 1900, p. 36.
  5. Dans une lettre du 18 octobre 1367, Artaud se présente comme évêque de Gap et administrateur de Saint-Paul (Arbaud 1838, p. XLVIII).
  6. Gautier 1844, p. 38 : Gap, La Bâtie-Neuve, La Bâtie-Vieille, Rambaud, Poligny, La Fare, Le Noyer et Le Glaizil.
  7. Gautier 1844, p. 39, qui place par erreur cet épisode en mars 1367, sans tenir compte de l'habitude provençale de commencer l'année au 25 mars.
  8. Gautier 1844, p. 37, qui place l'évêque Jacques de Deoncio à l'origine du conflit. Rodolphe de Commiers, issu d'une grande famille dauphinoise, était alors bailli des montagnes du Dauphiné.
  9. Il est probable que Bouville, gouverneur du Dauphiné, ne soit pas étranger à ce résultat.
  10. Gautier 1844, p. 40 & note p. 41.
  11. Une partie du château et du bourg castral ont bénéficié en 2008 d'une fouille préventive consécutive à l'agrandissement d'une carrière : voir le site ArkeMine.
  12. François Borrelli, frère cordelier natif de Gap, lettré, collègue de Nicolas Eymerich, nommé avant l'été 1375 par Avignon Grand inquisiteur de la Foi dans les provinces d'Aix, Arles, Vienne et Embrun contre les Vaudois (Gautier 1844, p. 148).
  13. Artaud doit désavouer ses officiers indélicats, donner aux portiers le pain et le vin qui leur est dû, payer son écôt à l'entretien des murailles de la ville, y rétablir sa cour de justice et jurer à nouveau de respecter la Grande Charte : Gautier 1844, p. 41-42.
  14. La même année, sur le conseil de Borrel, il accorde à Gap une baisse de la dîme sur le vin : Gautier 1844, p. 42.
  15. Gautier 1844, p. 316 ; le bréviaire de Gap, qu'il fait établir en 1393, est l'un des plus anciens connus.
  16. Gautier 1844, p. 224-225.
  17. Gautier 1844, p. 317.

Succession[modifier | modifier le code]