Israël et la francophonie

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La francophonie en Israël est relativement importante, le pays comprenant en 2022 528 000 francophones, soit 6 % de la population israélienne[1].

Le sociologue Eliezer Ben Rafael distingue quatre types de francophonies en Israël. La francophonie d’Afrique du Nord, au sein de laquelle uniquement les couches aisées ont maintenu une certaine pratique du français, aux côtés de la pratique d’autres langues. Une francophonie d’élites venues de pays où le français jouait le rôle de marqueur social : cette francophonie a tendance à disparaitre.

Il y a également la francophonie de certains Israéliens nés en Israël qui apprennent le français de manière instrumentale, pour atteindre des objectifs précis[réf. nécessaire]. Enfin il existe une nouvelle francophonie transnationale constituée des nouveaux immigrants français qui ont des caractéristiques sociologiques très particulières. Après un déclin de la francophonie en Israël, elle connait un certain renouveau, porté notamment par ce dernier groupe[2].

La ville de Netanya constitue le noyau de la francophonie en Israël. La plupart des commerces et restaurants possèdent une devanture et des menus en français. De même, certains panneaux publicitaires sont exclusivement en français. Entendre parler dans la rue en français est relativement courant. On estime qu'un tiers des habitants de Netanya sont français[3].

Israël et la francophonie internationale[modifier | modifier le code]

L’usage répandu de la langue française a parfois été mis en avant par l’État d’Israël et même par le Yichouv, notamment par David Ben Gourion, qui au cours des années précédant la création de l’État juif tentait de s’assurer le soutien et la reconnaissance de la France[4].

Israël n’a cependant jamais fait partie des institutions de la francophonie.

Lors de l’émergence de la francophonie institutionnelle dans les années 1960 et 1970, Israël s’intéresse au projet francophone et participe même à titre d’observateur informel aux conférences intergouvernementales des chefs d’État et de gouvernements francophones de 1969 et 1970. Par la suite, la rupture des relations entre Israël et l’Afrique francophone, notamment, provoque l’arrêt du débat portant sur une participation israélienne aux institutions de la francophonie internationale[5]

Ce débat n’émerge de nouveau qu’au début des années 1990. Israël tente alors de rejoindre la francophonie. En , Yehuda Lancry, ambassadeur d’Israël en France, obtient l’accord du ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’Yitzhak Rabin, Shimon Pérès, pour enclencher la procédure d’adhésion. Israël réussit à s’accorder le soutien de la France, qui organise notamment une enquête sur la francophonie en Israël en 1994.

Cependant, le Liban, dont le Sud est à l’époque occupé par Israël, s’oppose à l’adhésion qui requiert l’unanimité des membres[6]. Même depuis l’évacuation du sud du Liban par Israël, le Liban continue à s’opposer à l’adhésion d’Israël.

Parallèlement à ces efforts, plusieurs appels de la société civile ont été lancés en faveur de l’adhésion d’Israël à la francophonie. En 2007, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a ainsi pris l’initiative de demander à des personnalités politiques de soutenir l’entrée d’Israël dans la francophonie. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle française de 2007 l’ont soutenue, dont François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ou d’autres personnalités, comme Bernard Pivot.

Israël a toutefois le statut de membre associé de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF)[notes 1].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • David Mendelson (textes réunis et présentés par) (préf. Shimon Peres et Albert Memmi), La Culture francophone en Israël, vol. 1, Paris, éd. L’Harmattan, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », , 351 p., 22 cm (ISBN 2-7475-2217-2, BNF 38915373)
  • David Mendelson (textes réunis et présentés par), La Culture francophone en Israël, vol. 2, Paris, éd. L’Harmattan, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », , 337 p., 22 cm (ISBN 2-7475-2218-0, BNF 38919512)
  • Till R. Kuhnle (dir.), Carmen Oszi (dir.) et Saskia Wiedner (dir.), Orient lointain : proche Orient : La présence d’Israël dans la littérature francophone, Tübingen, Narr, coll. « Édition lendemains » (no 15), , 160 p., 22 cm (ISBN 978-3-8233-6516-7, DNB 994608187, lire en ligne)
  • Eliezer et Miriam Ben-Rafael (2013) Sociologie et Sociolinguistique des Francophonies Israéliennes, Frankfort, Berlin, NY: Peter Lang

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. dans la région Europe de l’Ouest et non dans la région Moyen-Orient.
Références
  1. La langue française dans le monde, 2022, Éditions Gallimard, p. 35.
  2. Intervention d’Eliezer Ben Rafael lors de l’atelier sur Israël et la francophonie organisée par le Centre Begin Sadate (BESA) d’Études Stratégiques à l’université Bar Ilan le .
  3. « Israël : à Netanya, un habitant sur trois est français », sur Franceinfo, (consulté le )
  4. Tsilla Hershco, Entre Paris et Jérusalem, La France, le Sionisme et la création de l’État d’Israël 1945-1949, Éditions Honoré Champion, Bibliothèque d’Études juives, 2003 (avec une préface de Shimon Peres).
  5. Intervention du Tsilla Hershco et d’Amos Schupak lors de l’atelier sur Israël et la francophonie organisée par le Centre Begin Sadate (BESA) d’Études Stratégiques à l’université Bar Ilan le .
  6. Intervention de Yehuda Lancry, lors de l’atelier sur Israël et la francophonie organisée par le Centre Begin Sadate (BESA) d’Études Stratégiques à l’université Bar Ilan le .