Isotopes de l'uranium

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L'uranium, de symbole U, possède 26 isotopes connus, de nombre de masse variant de 217 à 242. Il possède également sept isomères nucléaires. L'uranium est un élément radioactif naturel et il ne possède donc aucun isotope stable, mais il possède deux isotopes primordiaux (l'uranium 238 et l'uranium 235) qui possèdent une longue demi-vie et sont présents en quantité appréciable dans la croûte terrestre, avec leur produit de désintégration, l'uranium 234.

L'uranium naturel est composé de trois principaux isotopes, l'uranium 238 (99,2739 à 99,2752 % d'abondance naturelle), l'uranium 235 (0,7198 - 0,7202 %) et l'uranium 234 (0,0050 - 0,0059 %)[1].

Sa masse atomique moyenne est de 238,02891(3) u[2].

Parmi les trois isotopes naturels, le plus abondant et le moins instable est l'uranium 238 avec une demi-vie de 4,4688 Ga (soit proche de l'âge de la Terre). L'uranium 235 a une demi-vie de 0,703 8 Ga, et l'uranium 234 (fils du 238) une demi-vie de 245 000 ans. D'autres isotopes sont produits artificiellement, par exemple l'uranium 232 et l'uranium 236 formés dans les réacteurs à fission ordinaires ou les surgénérateurs. L'uranium 233 est, lui, préparé à partir du thorium 232 par bombardement de neutrons.

Isotopes notables[modifier | modifier le code]

Isotopes naturels[modifier | modifier le code]

Isotope Abondance naturelle
238U 99,2739 à 99,2752 %
235U 0,7198 à 0,7202 %
234U 0,0050 à 0,0059 %

L'uranium 234 (234U) possède une demi-vie de 245 500 années, et constitue une très faible partie de l'uranium naturel. C'est un descendant de l'uranium 238 et il était historiquement appelé Uranium II.

L'uranium 235 (235U) possède une demi-vie de 703,8 millions d'années. Il sert dans les réacteurs nucléaires, pour produire de l'énergie par fission. Il constitue 0,711 % de l'uranium naturel. Il était historiquement appelé actino-uranium.

L'uranium 238 (238U) est le plus commun des isotopes de l'uranium et le plus stable, avec une demi-vie de 4,4688 milliards d'années. Il était historiquement appelé Uranium I.

Quand on le bombarde avec un neutron, il se transforme, au bout de plusieurs étapes, en plutonium 239 :

À l'époque du début du fonctionnement des réacteurs naturels d'Oklo il y a 1,95 × 109 ans la teneur en uranium 235 de l'uranium terrestre était de 3,66 % ; à la formation de la Terre elle était de près de 32 %. Au moment de l'explosion de la supernova - supposée unique - ayant produit les matériaux lourds existants sur la Terre et dans le système solaire, il y a 1,65 fois plus d'atomes d'uranium 235 que d'uranium 238 de formés dans l'explosion suivant la modélisation de l'explosion. Ceci correspond à un « enrichissement » en uranium 235 par rapport au total 235U + 238U de : 1,65 / (1 + 1,65) = 62,3 %. L'explosion peut dès lors être datée : il y a 5,366 × 109 ans. L'uranium 238 est un émetteur α, et il se désintègre via les 18 membres de la chaîne de désintégration de l'uranium 238 en plomb 206. La chaîne de désintégration de l'uranium 235 comporte 15 membres et se termine sur le plomb 207. Les taux constants de désintégration de ces séries permet en comparant les ratios d'isotopes parent/fils la datation radiométrique. L'isotope 235U est important, aussi bien pour le nucléaire civil que militaire, car c'est le seul isotope fissile naturel en quantité appréciable. L'isotope 238U est aussi important car il peut absorber des neutrons et former un radioisotope qui se désintègre par la suite en plutonium 239, qui est aussi fissile.

Autres isotopes[modifier | modifier le code]

Uranium 232[modifier | modifier le code]

L'uranium 232 (232U) est l'isotope dont le noyau est constitué de 92 protons et de 140 neutrons. Il possède une demi-vie de 68,9 années et est un sous produit du cycle du thorium.

Uranium 233[modifier | modifier le code]

L'uranium 233 (233U) est l'isotope dont le noyau est constitué de 92 protons et de 141 neutrons. Il possède une demi-vie de 159 200 années.

Uranium 236[modifier | modifier le code]

L'uranium 236 (236U) est l'isotope dont le noyau est constitué de 92 protons et de 144 neutrons. Émetteur alpha de la chaîne de désintégration du thorium 4 n + 0. Il possède une demi-vie de 23,42 millions d'années.

Uranium 237[modifier | modifier le code]

L'uranium 237 (237U) est l'isotope dont le noyau est constitué de 92 protons et de 145 neutrons. Il possède une demi-vie de 6,75 jours.

Uranium 239[modifier | modifier le code]

L'uranium 239 (239U) est l'isotope dont le noyau est constitué de 92 protons et de 147 neutrons. Il est habituellement produit en exposant de l'238U à un faisceau de neutrons dans un réacteur nucléaire. 239U a une demi-vie d'environ 23,45 minutes et se désintègre en neptunium 239 par désintégration β, avec une énergie de désintégration totale d'environ 1,29 MeV[3]. La désintégration gamma la plus commune à 74,660 keV représente la différence d'énergie entre les deux canaux principaux d'émission bêta, à 1,28 et 1,21 MeV[4].

239Np se désintègre ensuite en plutonium 239, fissile (utilisé en nucléaire civil et militaire).

Table des isotopes[modifier | modifier le code]

Symbole
de l'isotope
Z (p) N (n) Masse isotopique Demi-vie Mode(s) de
désintégration[5],[n 1]
Isotope(s)

fils[n 2]

Spin nucléaire
Énergie d'excitation
217U 92 125 217,02437(9) 26(14) ms
[16(+21-6) ms]
1/2-#
218U 92 126 218,02354(3) 6(5) ms α 214Th 0+
219U 92 127 219,02492(6) 55(25) ms
[42(+34-13) ms]
α 215Th 9/2+#
220U 92 128 220,02472(22)# 60# ns α 216Th 0+
β+ (rare) 220Pa
221U 92 129 221,02640(11)# 700# ns α 217Th 9/2+#
β+ (rare) 221Pa
222U 92 130 222,02609(11)# 1,4(7) us
[1,0(+10-4) us]
α 218Th 0+
β+ (10−6 %) 222Pa
223U 92 131 223,02774(8) 21(8) us
[18(+10-5) us]
α 219Th 7/2+#
224U 92 132 224,027605(27) 940(270) us α 220Th 0+
225U 92 133 225,02939# 61(4) ms α 221Th (5/2+)#
226U 92 134 226,029339(14) 269(6) ms α 222Th 0+
227U 92 135 227,031156(18) 1,1(1) min α 223Th (3/2+)
β+ (0,001 %) 227Pa
228U 92 136 228,031374(16) 9,1(2) min α (95 %) 224Th 0+
CE (5 %) 228Pa
229U 92 137 229,033506(6) 58(3) min β+ (80 %) 229Pa (3/2+)
α (20 %) 225Th
230U 92 138 230,033940(5) 20,8 j α 226Th 0+
FS (1,4 × 10−10 %) (divers)
β+β+ (rare) 230Th
231U 92 139 231,036294(3) 4,2(1) j CE 231Pa (5/2)(+#)
α (0,004 %) 227Th
232U 92 140 232,0371562(24) 68,9(4) a α 228Th 0+
DC (8,9 × 10−10 %) 208Pb
24Ne
DC (5 × 10−12 %) 204Hg
28Mg
FS (10−12 %) (divers)
233U 92 141 233,0396352(29) 1,592(2) × 105 a α 229Th 5/2+
FS(6 × 10−9 %) (divers)
DC (7,2 × 10−11 %) 209Pb
24Ne
DC (1,3 × 10−13 %) 205Hg
28Mg
234U[n 3],[n 4] 92 142 234,0409521(20) 2,455(6) × 105 a α 230Th 0+
FS (1,73 × 10−9 %) (divers)
DC (1,4 × 10−11 %) 206Hg
28Mg
DC (9 × 10−12 %) 184Hf
26Ne
24Ne
234mU 1421,32(10) keV 33,5(20) ms 6-
235U[n 5],[n 6],[n 7] 92 143 235,0439299(20) 7,04(1) × 108 a α 231Th 7/2-
FS (7 × 10−9 %) (divers)
DC (8 × 10−10 %) 186Hf
25Ne
24Ne
235mU 0,0765(4) keV ~26 min TI 235U 1/2+
236U 92 144 236,045568(2) 2,342(3) × 107 a α 232Th 0+
FS (9,6 × 10−8 %) (divers)
236m1U 1052,89(19) keV 100(4) ns (4)-
236m2U 2750(10) keV 120(2) ns (0+)
237U 92 145 237,0487302(20) 6,75(1) j β- 237Np 1/2+
238U[n 4],[n 5],[n 6] 92 146 238,0507882(20) 4,468(3) × 109 a α 234Th 0+
FS (5,45 × 10−5 %) (divers)
β-β- (2,19 × 10−10 %) 238Pu
238mU 2557,9(5) keV 280(6) ns 0+
239U 92 147 239,0542933(21) 23,45(2) min β- 239Np 5/2+
239m1U 20(20)# keV >250 ns (5/2+)
239m2U 133,7990(10) keV 780(40) ns 1/2+
240U 92 148 240,056592(6) 14,1(1) h β- 240Np 0+
α (10−10 %) 236Th
241U 92 149 241,06033(32)# 5# min β- 241Np 7/2+#
242U 92 150 242,06293(22)# 16,8(5) min β- 242Np

Constante de désintégration (ʎ)[modifier | modifier le code]

La constante de désintégration des atomes, sert à calculer le temps que prendra un atome ou un groupe d'atomes pour se désintégrer. Elle est notée ʎ (lambda en grec) et est donnée par l'équation suivante : N(t) = N * e(-ʎ*t), où N est le nombre initial d'atomes radioactifs et e(-ʎ*t) est l'exponentielle de ʎ*temps. On peut calculer ʎ en effectuant l'opération suivante :

ʎ = Ln(2) / t1/2 où Ln(2) est le logarithme népérien de 2, et t1/2 la demi-vie de l'atome

Par exemple, avec l'uranium 237, ʎ = Ln(2) / 6,75 jours = Ln(2) / (6,75/365,25) année = 37,5069641 années-1

Si on avait, par exemple, 100 g d'uranium 237, et que l'on cherche combien il y en aura dans 1 an, on fait l'opération suivante : N(1 an) = 100 g * exp (-37,506941*1) = 5,14E-15 g, soit une quasi-disparition de l'uranium 237.

Remarques[modifier | modifier le code]

  • L'évaluation de la composition isotopique est valable pour la plupart des échantillons commerciaux, mais pas tous.
  • La précision de l'abondance isotopique et de la masse atomique est limitée par des variations. Les échelles de variations données sont normalement valables pour tout matériel terrestre normal.
  • Des matériaux disponibles dans le commerce peuvent avoir été soumis à un fractionnement isotopique involontaire ou non indiqué. Il est possible d'avoir des écarts importants entre la masse et la composition données.
  • Il existe des échantillons géologiques exceptionnels dont la composition isotopique est en dehors de l'échelle donnée. L'incertitude sur la masse atomique de tels spécimens peut excéder les valeurs données.
  • Les valeurs marquées # ne sont pas purement dérivées des données expérimentales, mais aussi au moins en partie à partir des tendances systématiques. Les spins avec des arguments d'affectation faibles sont entre parenthèses.
  • Les incertitudes sont données de façon concise entre parenthèses après la décimale correspondante. Les valeurs d'incertitude dénotent un écart-type, à l'exception de la composition isotopique et de la masse atomique standard de l'IUPAC qui utilisent des incertitudes élargies.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Abréviations :
    DC : désintégration par émission de cluster ;
    CE : capture électronique ;
    TI : transition isomérique ;
    FS : fission spontanée.
  2. Isotopes stables en gras.
  3. Utilisé en datation uranium-thorium.
  4. a et b Utilisé en datation uranium-uranium.
  5. a et b Radioisotope primordial.
  6. a et b Utilisé en datation uranium-plomb.
  7. Important dans les réacteurs nucléaires.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en)« Uranium Isotopes » (consulté le )
  2. « Pictures, stories, and facts about the element Uranium in the Periodic Table », sur www.periodictable.com (consulté le )
  3. CRC Handbook, 57th Ed. p. B-345
  4. CRC Handbook, 57th Ed. p. B-423
  5. (en)Universal Nuclide Chart

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Masse des isotopes :

Compositions isotopiques et masses atomiques standards :

Demi-vies, spins et données sur les isomères sélectionnés :

Bibliographie[modifier | modifier le code]


1  H                                                             He
2  Li Be   B C N O F Ne
3  Na Mg   Al Si P S Cl Ar
4  K Ca   Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
5  Rb Sr   Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
6  Cs Ba La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
7  Fr Ra Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl Mc Lv Ts Og