Isabeau de Bavière

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Isabeau de Bavière
Illustration.
La reine Isabeau de Bavière sur une miniature réalisée entre 1410 et 1414.
Titre
Reine consort de France

(37 ans, 3 mois et 4 jours)
Prédécesseur Jeanne de Bourbon
Successeur Marie d'Anjou
Biographie
Dynastie Maison de Wittelsbach-Ingolstadt
Nom de naissance Elisabeth von Wittelsbach-Ingolstadt
Date de naissance
Date de décès
Lieu de décès Paris (France)
Sépulture Basilique de Saint-Denis
Père Étienne III de Bavière
Mère Taddea Visconti
Conjoint Charles VI de France
Enfants Charles de France
Jeanne de France
Isabelle de France
Jeanne de France
Charles de France
Marie de France
Michelle de France
Louis de France
Jean de France
Catherine de France
Charles de France Roi de France
Philippe de France

Isabeau de Bavière
Reines consorts de France

Élisabeth de Wittelsbach-Ingolstadt, dite Isabelle de Bavière, ou Isabeau de Bavière (1371 - ) est reine consort de France par son mariage avec Charles VI. Son règne coïncide avec l'essentiel de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

Biographie

Famille

Isabeau est la fille d’Étienne III de Wittelsbach, duc de Bavière-Ingolstadt et de Taddea Visconti, fille du seigneur de Milan.

Le duc Philippe II de Bourgogne, tuteur du roi mineur Charles VI et régent de France, se lance dans une politique d'alliances matrimoniales à travers toute l'Europe, afin de conforter sa propre puissance et renflouer le Trésor royal. En avril 1385, il marie son fils Jean à Marguerite de Bavière, fille d'Albert Ier de Hainaut, et négocie pour le compte du roi de France avec Étienne III, déjà allié au duc de Milan : Barnabé Visconti avait marié son fils Marco Visconti à Élisabeth, fille de Frédéric II de Bavière-Landshut, et sa fille Taddea Visconti à Étienne III.

Isabeau de Bavière est mariée le , à Amiens, à l'âge de 14 ans avec Charles VI de France qui en a 16 et devient reine consort de France. Ils ont douze enfants. Louis d'Orléans, frère de Charles VI, épouse Valentine Visconti, cousine au deuxième degré de Taddea Visconti. Le mariage d’Isabeau de Bavière avec le roi Charles VI n'apporte rien au royaume de France et seul le duc Philippe II de Bourgogne tire bénéfice de ces arrangements matrimoniaux en visant le Hainaut.

On sait peu de choses de l'enfance d'Isabeau, le duc Étienne III semble avoir à cœur de contracter le mariage entre sa fille et le roi de France et pour réaliser ce projet élude les questions d'usage. Il se montre évasif tant sur la ville et l'année de naissance de sa fille, situant son âge entre 13 ou 14 ans au moment des pourparlers diplomatiques. Cependant, d'autres sources laissent à penser qu'Isabeau pourrait avoir 16 ans lorsqu'elle est demandée en mariage pour le compte du jeune roi de France.

Par ailleurs, le duc de Bavière refuse pour sa fille l'examen des matrones comme c'est l'usage en France, refusant l'humiliation d'un examen pré-nuptial à sa fille et le risque d'un renvoi en Bavière si d'aventure on lui trouve des défauts physiques[1]. La jeune fille est présentée à Charles VI qui la choisit immédiatement pour reine, selon Froissart.

Reine consort de France

Entrée dans Paris d'Isabeau de Bavière d'après Jean Fouquet.

Une fois le mariage décidé, Isabeau vient en France accompagnée de sa nourrice, d'une amie et de quelques suivants.

Le mariage d'Isabelle et Charles VI en 1385 débute sous d'heureux auspices. Une fête splendide est donnée dans la capitale à laquelle assistent de nombreux nobles étrangers. Isabelle conserve sa suite auprès d'elle. Confinée volontairement, elle n'apprend que tardivement le français et ne visite jamais les provinces. Soucieuse de se préserver, elle amasse des richesses et dote ses proches.

La guerre de Cent Ans bat son plein et le Grand Schisme déchire la chrétienté occidentale. Charles VI ayant sombré dans la démence, elle préside à partir de 1393 un Conseil de Régence, où siègent les Grands du Royaume. Isolée politiquement — le pouvoir est entre les mains des oncles du roi —, non préparée à assumer la régence d'un pays comme la France, parlant peu et mal la langue de ce pays, sans alliés à la cour, elle reste en contact avec sa famille proche en recevant notamment, en 1400, son père Étienne III puis son frère Louis VII de Bavière en 1402, qu'elle fait entrer à la Cour de France. Manipulée par ce dernier, elle pille le Trésor royal pour son compte.

Le contexte est particulièrement difficile : le pouvoir réel est partagé entre les ducs d'Orléans (Louis d'Orléans, chef du parti des Armagnacs) et de Bourgogne (Philippe le Hardi puis à la mort de ce dernier en 1404, Jean sans Peur). Pour sa part, elle ne semble pas à la hauteur de la dignité qui lui échoit, d'autres reines de France avant elle avaient su gérer des situations aussi périlleuses dans des contextes aussi difficiles : Anne de Kiev nommée régente pour le compte du futur Philippe Ier, Blanche de Castille nommée régente pour le compte du futur Louis IX, etc.

Malgré la médiation du duc Jean de Berry, la rivalité entre les deux partis s'accentue pour aboutir à une véritable guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

La jeune reine de 22 ans soutient dans un premier temps le parti bourguignon. Puis, se rapprochant de Louis d'Orléans (les Bourguignons la soupçonnent d'être sa maîtresse et donc le futur Charles VII d'être leur fils adultérin), à la mort du duc de Bourgogne elle soutient le parti des Armagnacs. De plus, elle aurait donné naissance en 1407 à un fils illégitime caché, Philippe, qui aurait été travesti en Jeanne d'Arc. Jean sans Peur, se sentant évincé du pouvoir, menace Paris en 1405 et fait assassiner le duc d'Orléans en 1407. Il entraîne la révolte des Cabochiens, pour prendre le pouvoir à Paris en 1413.

Le roi Henri V d'Angleterre, profitant de ces troubles, porte le fer en France : il remporte la bataille d'Azincourt en 1415, véritable désastre pour l'armée française, et s'empare de la Normandie.

Pourtant, consciente de représenter le pouvoir légitime, Isabeau, avec le dauphin Louis, échoue à unir les deux factions ennemies. Exilée à Marmoutier (près de Tours) par les Armagnacs, elle épouse la cause du duc de Bourgogne, qui la délivre. À la fin de l'année 1417, elle organise à Troyes un gouvernement étroitement contrôlé par les Bourguignons.

Jean sans Peur est assassiné lors d'une entrevue avec le dauphin Charles au pont de Montereau le 10 septembre 1419, par des hommes de mains des Armagnacs qui craignent un rapprochement du dauphin avec les vues politiques bourguignonnes.

Henri V s'alliant, par le traité de Troyes (1420), avec la reine Isabeau et le jeune duc de Bourgogne, Philippe III désireux de venger le meurtre de son père, se fait reconnaître comme héritier du trône et régent, après avoir épousé Catherine, fille d'Isabeau et de Charles VI. Ce dernier conserve néanmoins le titre de roi de France. Son dernier fils vivant (le futur Charles VII) est renié dans le traité comme « soi-disant dauphin de Viennois », « en raison de ses crimes énormes ». Charles installe à Bourges un gouvernement armagnac et contrôle environ la moitié sud du royaume.

La reine Isabeau, après avoir tenté en vain de négocier avec Henri V sur des bases différentes de celles du duc de Bourgogne, se résigne donc à la solution de ce dernier, qui instaure le principe d'une double monarchie, franco-anglaise, au profit du roi d'Angleterre. En 1422, la mort d'Henri V puis celle de Charles VI rendent cette « double monarchie » difficile à mettre en place, le nouveau « roi de France et d'Angleterre », Henri VI (petit-fils d'Isabeau) n'ayant qu'un an.

Isabeau de Bavière avec ses dames d'honneurs
Entrée d'Isabeau de Bavière dans Paris

Fin de vie

Isabeau, retirée dans l'hôtel Saint-Pol, meurt en 1435, à peine une semaine après la réconciliation entre Bourguignons et Armagnacs (traité d'Arras). Un chroniqueur a affirmé qu'elle aurait pleuré à l'annonce de cette nouvelle.

Son tombeau est situé dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis (chapelle des Valois).

Isabeau meurt dans la plus stricte indifférence, abandonnée de tous. Les cérémonies funèbres se réduisent à leur plus simple expression. Son corps n'est pas amené à Saint-Denis en carrosse et par la rue Saint-Denis comme le veut l'usage pour les rois et les reines de France. Son cercueil est posé dans une barque qui navigue de nuit dans la plus grande discrétion de Paris à Saint-Denis en suivant les courbes de la Seine.

Christine de Pisan, ses Épîtres du Débat sur le Roman de la Rose à Isabeau de Bavière

Descendance

  1. Charles (1386-1386) ;
  2. Jeanne (1388-1390) ;
  3. Isabelle (1389-1409) mariée en 1396 à Richard II d'Angleterre, puis en 1406 à Charles d'Orléans ;
  4. Jeanne (1391-1433) mariée en 1396 à Jean V, duc de Bretagne ;
  5. Charles (1392-1398) ;
  6. Marie (1393-1438), abbesse de Poissy ;
  7. Michelle (1393-1422), mariée en 1409 à Philippe III de Bourgogne ;
  8. Louis (1397-1415), duc de Guyenne puis dauphin ;
  9. Jean (1398-1417), duc de Touraine puis dauphin ;
  10. Catherine (1401-1437), mariée en 1420 à Henri V, roi d'Angleterre puis (secrètement) en 1429, à Owen Tudor ;
  11. Charles (1403-1461), roi de France ;
  12. Philippe.
Mort d'Isabeau de Bavière

Généalogie simplifiée

Légende

Conçue au XIXe siècle, une thèse sans fondement historique prétend que le 12e enfant d'Isabeau de Bavière serait illégitime et qu'il s'agirait en fait de Jeanne d'Arc, fille d'Isabeau de Bavière et de Louis Ier, duc d'Orléans[2]. Cette thèse a été régulièrement démentie par tous les historiens spécialistes de Jeanne d'Arc depuis deux siècles[3].

Voir aussi

Liens externes

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Isabeau de Bavière dans la littérature

  • La reine Isabeau et Le Pont de Montereau, de Michel Zévaco, 1918, éd. Tallandier, Le Livre national, #148 et 149).
  • Le Trône d'argile, série de bandes dessinées de Nicolas Jarry et Theo, éd. Delcourt.
  • La reine violée (3 tomes), roman de Chantal Touzet, éd. Anne Carrière.
  • Histoire secrète d'Isabelle de Bavière, reine de France, dans laquelle se trouvent des faits rares, inconnus, ou restés dans l'oubli jusqu'à ce jour, et soigneusement étayés de manuscrits authentiques, allemands, anglais, et latins, roman biographique-historique du Marquis de Sade, écrit à Charenton en 1813 ou auparavant. Gilbert Lely en a donné des fragments au journal Arts en août 1953; ensuite, il a fait imprimer le roman en entier cette même année, par éd. Gallimard, NRF[4].

Bibliographie

  • Françoise Autrand, Charles VI, Paris, Fayard, 1986, (ISBN 978-2213017037)
  • Marie-Véronique Clin, Isabeau de Bavière, la reine calomniée, Paris, Perrin, 1999, (ISBN 978-2262008598)
  • Jean Verdon, Isabeau de Bavière, Paris, Tallandier, 1981, (ISBN 978-2235011044). Réédité en 2001 sous le titre : Isabeau de Bavière, la mal-aimée.
  • Tracy Adams, The Life and Afterlife of Isabeau of Bavaria, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2010, (Rethinking Theory), (ISBN 978 0801896255)
  • Rachel Gibbons, « Isabeau de Bavière : reine de France ou « lieutenant-général » du royaume ? », dans Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck, coll. « Bibliothèque du Moyen Âge », , 656 p. (ISBN 978-2-8041-6553-6), p. 101-112.

Notes et références

  1. François Autrand, Charles VI, Fayard, 1986, p. 153.
  2. Pierre Marot, « La genèse d'un roman : Pierre Caze inventeur de la "bâtardise" de Jeanne d'Arc » in Jeanne d'Arc, une époque, un rayonnement, Paris, Éditions du CNRS, 1982, p. 276.
  3. Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, l'Histoire à l'endroit, éditions CLD 2008.
  4. Œuvres complètes du Marquis de Sade, éd. Annie Le Brun et Jean-Jacques Pauvert, Tome Douzième ([Paris?]: Société Nouvelle des Éditions Pauvert, 1991), p. 9-10, 12.