Isaac Thuret

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Isaac Thuret
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Famille Thuret (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Jacques Thuret (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Isaac Thuret (ca 1630-1706) et Jacques Thuret (1669-1738), horlogers du roi.

Biographie d’Isaac Thuret[modifier | modifier le code]

Isaac Thuret, horloger ordinaire du roi, a été marié en à Madeleine Hellot et logeait dans une maison de la rue Neuve Saint-Louis (paroisse Saint-Barthélemy) à Paris. Ils ont donné naissance à plusieurs enfants dont Jacques Thuret, également horloger ordinaire du roi et Suzanne Thuret épouse de Charles-François Silvestre, dessinateur et graveur du roi. Isaac a été l’horloger chargé de l’entretien des « machines » de l’Académie des sciences, ce qui lui permit d’entrer en contact avec des savants étrangers tels que Christian Huygens dès 1662 et Ole Christensen Rømer dès 1675 pour concevoir des instruments scientifiques. En 1672, il réalisa deux horloges destinées aux observations astronomiques de Jean Richer à Cayenne et qui permirent à ce dernier de découvrir que le pendule battait plus lentement à Cayenne qu'à Paris[1]. En 1675, Christiaan Huygens fait exécuter par Thuret père la première montre à ressort spiral réglant, autrement appelée montre marine capable de mesurer des longitudes à bord d’un bateau.

En , il s’installa avec sa famille dans un logement — précédemment occupé par le peintre Charles Errard, premier directeur de l'Académie de France à Rome[2] — situé sous la Grande Galerie du Louvre à la suite de l’octroi d’un brevet de logement du roi[3]. En 1688, Isaac Thuret s’est fait représenté par le plus célèbre portraitiste du règne de Louis XIV, Hyacinthe Rigaud. Le tableau dont on ne connaît pas la localisation, ni même l’histoire, a été commandé à l’artiste pour la somme de 67 livres et 10 sols, ce qui laisse supposer une représentation en buste[réf. nécessaire]. L’analyse de l’inventaire a révélé le goût d’Isaac Thuret père pour la peinture avec dix-sept tableaux de Colandon, Lemaire, Bertin et Boyer, la sculpture – notamment un groupe en bronze représentant le ravissement de Proserpine par Pluton – et la gravure. Aucun portrait de famille n’est mentionné[4].

Deux machines astronomiques[modifier | modifier le code]

Lors de deux séances de l’Académie des Sciences, les 17 et , Ole Römer fit part à ses collègues de deux projets : la construction d’une « machine pour les planètes » et d’une « machine pour les éclipses ». Précédemment, il avait inventé deux machines, l’une montrant les mouvements de Jupiter et de ses satellites, l’autre, les mouvements de Saturne et de ses anneaux (1678). À la fin de l’année 1680, les ultimes démonstrations achevées, on décida donc de faire construire les deux nouvelles « machines » par un habile « horlogeur », chargé de surcroît de l’entretien des pendules de l’Académie, Isaac Thuret. En , juste avant son départ définitif pour le Danemark, Römer exposa devant les académiciens sa machine pour les nouvelles lunes et les éclipses. Malgré des progrès sensibles dus à l’observation de la rotation des satellites de Jupiter, aux résultats plus précis et plus fréquents, on avait encore recours en 1690 à l’observation des éclipses de lune et de soleil, lorsqu’il s’agissait de déterminer la longitude. Cet intérêt des académiciens pour les observations astronomiques était indéniablement lié à la volonté de produire des cartes géographiques précises et un membre comme Jean-Dominique Cassini ne pouvait qu’approuver les orientations que Römer donnait à la recherche appliquée. La nouvelle « machine des éclipses » fabriqué par Isaac Thuret dans son atelier des Galeries du Louvre permit d’anticiper et de prévoir le cycle lunaire sur deux siècles, soit jusqu’en 1881 avec une erreur d’un jour. La machine des planètes présentait quant à elle les mouvements des astres du système solaire.

Biographie de Jacques Thuret[modifier | modifier le code]

Jacques Thuret par Suzanne Silvestre d'après Joseph Vivien

Jacques Thuret exerça le métier d’horloger ordinaire du roi. Il reçut en survivance le la permission de loger sous la Grande Galerie après le décès de son père[5]. En , il épousa Louise Marguerite Berain, fille et sœur des dessinateurs du roi Jean Berain. Ils n’auront qu’une fille unique Louise Bonne mariée au président Handiqué.

Jean Racine, au moment de son décès, possédait une pendule des horlogers Thuret.

Travaux remarquables[modifier | modifier le code]

  • Pendule vers 1670 signé Thuret, Science Museum de Londres
  • Les deux cadrans astronomiques octogones en ébène et en cuivre doré (1680-1681) du département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France dont il existe une autre paire au Danemark.
  • Pendule sur gaine vers 1690 signé Jacques Thuret, mobilier de Boulle, dessin de Jean Berain, au Metropolitan museum of art, New York

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Yves Sarazin, « Belles et obsolètes : deux "machines" astronomiques », dans Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2003, no 14, p. 46-48. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georges Huard, « Les logements des artisans sous la Grande galerie du Louvre », dans Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1939, p. 26.
  • Reiner Plomp, « A longitude timekeeper by Isaac Thuret with the balance spring invented by Christiaan Huygens », dans Ann. Sci., tome 56, no 4, 1999, p. 379-94.
  • Pierre Thuret, Histoire et généalogie des Thuret, Paris (9 av. Porte-de-la-Plaine, 75015), P. Thuret, 1985, 536 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Dominique Augarde, « Les ouvriers du temps, la pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon 1er », dans Ornamental clocks and clockmakers in XVIIIe century, Paris, 1996. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Sources[modifier | modifier le code]

Paris, Archives nationales, Minutier central des notaires :

  • étude LIII, liasse 134, inventaire après décès du .
  • étude LIII, liasse 289, inventaire après décès du .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Richer, Observations astronomiques et physiques faites en l'Isle de Cayenne, Mémoires de l'Académie Royale des Sciences depuis 1666 jusqu'en 1699, Tome VII, Partie I, Édition de Paris, p. 236, chapitre II, Des instruments avec lesquels les observations suivantes ont été faites
  2. Henry Jouin (directeur de publication), Société de l’histoire de l’art français : ‘’Nouvelles archives de l’art français : recueil de documents inédits’’, J. Baur ; Charavay frères, Paris, 1873, p. 77 (voir en ligne)
  3. Paris, AN, O1* 1051 folio 402
  4. Paris, AN, Minutier, étude LIII, liasse 134, inventaire après décès du 15 avril 1706
  5. Paris, AN, O1 38 folio 226

Voir aussi[modifier | modifier le code]